N° 388 Les écologistes politiques croient-ils encore vraiment à l’écologie? 

La sobriété énergétique et le respect de la nature, comme les bonnes manières, cela doit s’apprendre très jeune. Sans discipline collective, aucune économie d’énergie fossile n’est sérieusement envisageable.

 

Supérieur à 60 minutes, le temps de lecture de cet article de fond peut rebuter les lecteurs pressés. Il est malheureusement impossible d’aborder sérieusement un sujet complexe de façon courte et forcément simpliste.. Afin que tous ceux qui le souhaitent, puissent découvrir les articles progressivement, au fur et à mesure de leur avancée, et puissent prendre part à leur rédaction collective, nous les mettons en ligne et nous le signalons, avant qu’ils ne soient totalement terminés
En lisant ce qu’un habitant a écrit sur l’ardoise qu’il a placée devant la grille de son jardin, on doit tristement déplorer que l’urgence écologique et climatique, qui fait tant parler et tant écrire, fasse si peu agir.

Message écologique délivré par le locataire d’une maison avenue de l’agriculture à Montpellier 

Durant la campagne électorale du premier tour de l’élection présidentielle presque tous les candidats ont tenu à professer une grande foi écologiste. Alors que tous les politologues et tous instituts de sondages ont répété que l’écologie était une des préoccupations principales des jeunes, les résultats du premier tour semblent démentir cette assertion. En effet, les deux candidats, qui pensaient pouvoir revendiquer la plus grande légitimité dans ce domaine en raison de l’ancienneté de leur engagement ou en raison de leurs réalisations, n’ont recueilli que très peu de suffrages de leur part.

Les maires socialistes ne sont plus du tout à l’écoute de leurs électeurs, et réciproquement!

Le candidat d’EELV (Europe écologie les verts) avec 4,63% des voix ne franchit pas la barre des 5%, mais il approche quand même le record des Verts, les 5,25% recueillis par Noël MAMÈRE en 2002, tandis que la maire de Paris, qui a tant fait pour imposer aux parisiens sa vision verte de la vie en ville, obtient moins de 1,75%, soit le pire score obtenu par le PS depuis sa création, toutes élections confondues.
Selon le dicton, nul n’est prophète en son pays. À Paris, Anne HIDALGO l’a confirmé de façon particulièrement exemplaire. En effet, elle n’est arrivée à ne déplacer, sur son nom, que 4 432 voix dans la ville de plus 1,3 million d’électeurs, employant 53 000 employés, dont elle est la maire réélue il y a un an.
En ne votant pas pour la candidate présentée par le Parti socialiste, les électeurs, qui ont la fibre écologique, n’ont pas fait preuve d’ingratitude, ils ont tout simplement fait preuve de lucidité.

En 41 ans, depuis l’élection de François MITTERRAND le 10 mai 1981, la France a eu pour Premier ministre un membre du PS pendant près de 20 ans. Pour la plupart des Français le Parti socialiste a donc un long passé au pouvoir, mais malheureusement il y a laissé aussi un considérable passif.

On prête au général de GAULLE d’avoir affirmé : « Je n’aime pas les communistes parce qu’ils sont communistes. Je n’aime pas les socialistes parce qu’ils ne sont pas socialistes. »

Lorsque le premier président de la Ve République fit cette déclaration le PS n’était pas visé, puisqu’il n’existait pas encore, mais si le général revenait aujourd’hui, il pourrait assurément porter le même jugement, tant les socialistes du PS ont montré qu’ils n’avaient rien à envier à leurs ainés de la SFIO.

La pandémie a fait ressortir combien la mondialisation irénique encensée par les têtes pensantes du PS, dans les années 2000, était une pure folie sociale, sociétale et écologique. Le principal artisan de la large et catastrophique ouverture du marché européen aux produits chinois a un nom et une étiquette politique.

Commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce de 2005 à 2013, Pascal LAMY a occupé ces hautes positions en raison de son appartenance au PS. On notera, en grinçant des dents, que l’auteur d’un des plus grands désastres économiques et industriels que la France ait connu au XXe siècle, a été un de ceux qui a reçu le plus de distinction honorifique dans le monde.

Après le tournant de la rigueur en 1983, et plus encore après la création de SOS racisme en 1984, nombre d’ouvriers et d’employés, qui jusqu’alors votaient massivement à gauche, et souvent massivement socialiste, ont commencé à apporter leurs suffrages au parti de Jean-Marie LE PEN, en signe de protestation, pour faire connaître leur détresse économique et leur misère affective.

La gauche bien pensante les a immédiatement accusés de trahir leur camp, de trahir leur classe. Incapables d’entendre la souffrance des classes populaires, qui se sentaient de plus en plus incomprises, parce qu’à l’évidence de plus en plus trahies, les stratèges du PS ont résolu de rééduquer le peuple, en lui donnant des leçons d’antiracisme, des leçons de savoir vivre ensemble.

Depuis près de 20 ans, les parisiens ont eu le grand privilège d’avoir des cours de rééducation intensive supplémentaires et complémentaires, notamment en matière de lutte contre la pollution de l’air.

À l’heure où l’éducation nationale multiplie les évaluations, il est regrettable que les cours de savoir vivre républicain prodigués par des milliers de municipalités en France n’aient pas été sérieusement évalués.

Car il apparaît que, plus les Français ont été accusés collectivement d’être racistes, xénophobes, islamophobes, homophobes, moins ils ont hésité à apporter leurs suffrages aux « partis politiquement incorrects », se comportant comme les écoliers lorsqu’ils sont persuadés d’être victimes de reproches par trop injustes.

1 Le populisme n’est pas né tout seul

Le 13 février 1984, quatre mois avant les élections européennes, Jean-Marie LE PEN fut invité pour la première fois à l’Heure de vérité, une émission politique, présentée par François-Henri de VIRIEU, créée en mai 1982.

Dés 1993, les dessous de cette invitation furent dévoilés par le journaliste Franz-Olivier GIESBERT. Il expliqua la stratégie délibérée de déstabilisation de la droite parlementaire (RPRUDF) conçue par le président MITTERRAND. Le journaliste rapporta que l’Élysée avait fait pression sur les chaînes de télévision pour qu’elles ouvrent davantage leurs antennes au chef du FN.

Résultats électoraux FN-RN (%)

Infographie et données Laurent de BOISSIEU pour France politique.fr

Résultats électoraux FN-RN (voix)

Infographie et données Laurent de BOISSIEU pour France politique.fr

L’évolution du vote FNRN depuis la création du FN en 1972, montre clairement que la croissance de l’extrême droite en France résulte essentiellement d’une construction médiatique, voulue et instrumentalisée par tous les pouvoirs en place depuis 40 ans ; (voir François MITTERRAND et le bon usage du FN et Instrumentalisation de l’extrême droite par la classe dominante).

Les gens de gauche en général et les socialistes en particulier, ont tout fait pour faire oublier que François MITTERRAND et l’extrême droite avaient souvent cheminés de concert. Certains ont même voulu faire croire qu’ils ne l’avaient appris qu’en 1994, à l’occasion de la parution d’Une jeunesse française, le livre de Pierre PÉAN.

François MITTERRAND, lui, n’avait rien oublié de ses engagements de jeunesse. Il savait, mieux que personne, où il fallait placer un coin pour fendre la droite en deux. Il savait que l’électorat catholique, qui votait encore très majoritairement à droite dans les années 80, ne craignait rien tant que de se fourvoyer une nouvelle fois avec l’extrême droite.

Grand stratège et fin tacticien, le premier président socialiste de la Ve République savait qu’un bon outil est un outil forgé pour l’usage précis qu’on veut en faire.

Lors des élections municipales de mars 1983, à Dreux, la liste conduite par Jean-Pierre STIRBOIS a permis au FN de franchir pour la première fois la barre des 10%, en recueillant 16,7% des suffrages exprimés.

De ce résultat singulier, François MITTERRAND compris immédiatement tout l’intérêt général qu’il pouvait tirer. En 1983, le bloc de droite restait très majoritaire, mais une possibilité de le fracturer se faisait jour pour les socialistes, sous réserve qu’ils arrivent à couvrir de honte le vote de certains électeurs, interdisant ainsi toute possibilité d’unité de la droite.

2 Heureusement les antifas veillent

En 1983, la diabolisation du vote FN n’avait pas encore eu lieu. Le 27 avril 2002, après l’élimination de Lionel JOSPIN,  le journal Libération ne manqua pas de le rappeler : Dreux, 1983: la droite s’allie au FN. Il faudra attendre 1985 pour que Jacques CHIRAC impose la consigne : « Aucune alliance avec l’extrême droite, même au niveau local.« 

Pour que le stratagème politique de François MITTERRAND puisse s’étendre à la France entière, il fallait que le FN réalise dans tout le pays une percée équivalente à celle de Dreux. Pour cela il fallait qu’il soit connu partout, d’où l’intervention de l’Élysée pour que Jean-Marie LE PEN apparaisse plus à la télévision.

Couvrir de honte une partie des électeurs de la droite, fut la tâche assignée à SOS-Racisme, association créé à dessein, avec la bienveillante sollicitude de l’Élysée, le 15 octobre 1984.

En 1983, de plus en plus déçu, l’électorat populaire, qui assurait jusqu’alors les victoires électorales de la gauche, commença a cesser de soutenir le gouvernement, et se mit à très mal voter. Pour retenir SON électorat, la gauche résolut alors d’agiter la peur du fascisme, dont Lionel JOSPIN reconnut qu’elle était purement tactique, car totalement infondée. En 2007 il déclara même : « Durant les années du mitterrandisme, tout antifascisme n’était que du théâtre, il n’y a jamais eu de menace fasciste».

De 1984 à aujourd’hui l’instrumentalisation systémique de l’antiracisme, et de l’antifascisme, n’a plus cessée, avec les résultats que l’on sait.

Notons un grand paradoxe que relèvent de nombreux étudiants africains venus étudier en France, comment croire que les Français soient massivement racistes, alors que tant d’étrangers n’aspirent qu’à venir y vivre.

Quant au fascisme, autre paradoxe, celui qui existe effectivement en France, l’islamofascisme, qui a déjà fait des centaines de morts, est le seul fascisme que les antifascistes refusent obstinément de voir.

Pourtant, à les entendre et à les lire, ils ont l’œil affuté. Ils sont toujours en éveil, mais ils ont une vision sélective, le fascisme pour eux reste le privilège de l’homme blanc.

La vidéo ci-dessous est emblématique du combat caricatural qu’ils mènent contre des menaces aussi dérisoires qu’imaginaires, en se faisant le frisson de la mort.

Comment les « antifa » surveillent et s’informent sur les groupes d’extrême-droite toulousains ?

Le 10 octobre 2019, un reportage effectué par FR3 Occitanie, montre comment à Toulouse les antifas veillent sur la ville. Un vieux monsieur de 80 ans arrive en marchant lentement, Représente-t-il une sérieuse menace pour la République ?

L’antifascisme n’est le plus souvent qu’une posture qui donne à ceux qui la tienne un sentiment de toute puissance et d’impunité.

Au nom de l’antifascisme tout est permis. En utilisant les méthodes les plus violentes type Black Bloc, les antifas arrivent à imposer leurs vues mêmes quand ils sont ultra minoritaires.

La grande mansuétude dont font preuve les responsables politiques à l’égard des casseurs antifascistes interroge.

Il n’y a malheureusement que de basses considérations politiciennes qui puissent expliquer l’attitude des politiques.

De crainte d’éloigner les électeurs qui mythifient encore la révolution, avec ses violences subséquentes, les élus de gauche répugnent à condamner les actes de vandalisme, dès lors qu’ils sont faits au nom de l’antifascisme, cause on ne peut plus noble.

Et de peur de passer pour des défenseurs d’un ordre par trop moral et trop conservateur, les élus de droite tolèrent de façon totalement inconséquente la multiplication des plus grands désordres.

3 Face aux désordres et au vandalisme, des silences coupables

Aucun de ceux, qui descendait dans la rue le samedi 17 novembre 2018 revêtu d’un gilet de sécurité routière, n’imaginait que la manifestation à laquelle il participait était la première d’une très longue série.

Le mouvement des gilets jaunes a jouit longtemps d’une très importante popularité. Les nombreux sondages indiquaient un soutien massif de l’opinion (plus de 65 à 75 % les premiers mois), toutes classes sociales ou socioprofessionnelles confondues. Le soutien s’est maintenu dans la durée. Il faiblit progressivement, mais resta tout de même majoritaire plus de 6 mois, bien que les violences des manifestants se fussent beaucoup accentuées et se fussent généralisées.

À coté des manifestations lancées de samedi en samedi par des gilets-jaunes, une multitude d’autres manifestations se sont, elles aussi, terminées dans la plus grande des violences, avec ou sans black-blocs à la manœuvre.

Bien sûr, il ne faut pas oublier les émeutes de banlieues qui ont fait d’extraordinaires progrès dans le domaine pyrotechnique, notamment en matière de mortiers d’artifices, depuis 1970.

Rien d’étonnant donc à ce qu’en octobre 2020 un sondage, effectué par l’institut IPSOS, ait indiqué que 82% des Français aspiraient à être gouvernés par des « vrais chefs », capables de remettre de l’ordre dans le pays.

Sondage effectué par IPSOS le 15 octobre 2020

Par contre il est surprenant, et surtout particulièrement inquiétant, que le désordre ambiant semble pousser les Français à redevenir majoritairement favorables au rétablissement de la peine de mort (55% en 2020 et encore 50% en 2021).

Évolution de l’opinion en faveur de la peine de mort

Ce qui est le plus inquiétant encore, c’est le changement d’opinion extrêmement rapide des franges de la population jusque là très opposées à la peine de mort. Le sondage IPSOS indique que les partisans de La France Insoumise et les partisans du Parti communiste sont passés de 8% à 39%, de 2019 à 2020.

Sondage effectué par IPSOS le 15 octobre 2020

L’allongement de la liste des attentats islamistes en France depuis une dizaine d’années n’est sans doute pas étrangère à cette évolution. Mais les attentats de Charlie hebdo en janvier 2015 semblent paradoxalement ne pas avoir eu d’influence toute particulière sur l’opinion. L’étude publiée en décembre 2021 sur l’évolution du sentiment d’insécurité dans la société française, effectuée pour le ministère de l’intérieur, en fait la remarque : « La recrudescence des attentats à partir de 2015 n’a pas amplifié ce sentiment [d’insécurité], même si le terrorisme est devenu une préoccupation majeure des Français. »

Au delà du sentiment d’insécurité, les chiffres officiels concernant les faits de délinquance et les nombres d’homicides ont toujours été contestés, pour d’évidentes raisons politiciennes. Mais ils sont désormais discutés, non pas pour leur valeur intrinsèque, mais pour la façon dont ils sont analysés. Le professeur Alain BAUER, pense que pour approcher vraiment la réalité de la situation il faut faire appel à une notion nouvelle : l’« homicidité ». Pour le criminologue les homicides ont certes diminué mais les «homicidités» ont bondi de 90% en France depuis vingt ans, notamment en raison de la forte augmentation des vols à l’arraché.

Comme en matière de pouvoir d’achat, ou en matière d’immigration, la vision qu’ont les experts des problèmes de sécurité diverge, entre eux, et diverge de celle de la très grande majorité des Français.

En revanche, comme nous l’avons vu supra, un point fait largement consensus c’est la nécessité de remettre de l’ordre dans la « maison France ».

On apprenait au service militaire : « l’ordre et la discipline constituent la force principale de l’armée ». Malheureusement, depuis trop longtemps, souvent pour complaire à leur clientèle électorale, de trop nombreux responsables politiques ont voulu oublier cette sage maxime.

4 Le désordre a un coût, dans tous les domaines

Les premiers à oublier cette banale vérité d’expérience sont malheureusement ceux qui devraient constituer demain l’élite du pays : les jeunes à l’université. Depuis le Moyen âge, les étudiants se pensent exemptés du lot commun, et depuis 1968, ils se croient autorisés au vandalisme, dés lors qu’il est fait au nom de la révolution.

Le 13 avril, entre les deux tours de l’élection présidentielle, mécontents du résultat du premier tour, 400 étudiants ont investi et bloqué la Sorbonne. Pour immortaliser leur fait d’arme, ils n’ont pu s’empêcher de taguer les murs. À l’annonce de cette information, les politiques, faisant preuve d’une rare unanimité, ont évité de commenter l’événement, par trop banal.

Pourtant cet événement méritait d’être commenté avec une attention particulière en cette période électorale, et en cette période de changement climatique.

Des remarques et des questions s’imposent en effet. Comment 400 étudiants, représentant une infime minorité des étudiants, contestant de façon infantile le résultat des urnes, peuvent-ils prétendre sauver la République?

[Pour évaluer la représentativité du mouvement rappelons qu’en 2021 : on compte dans la France entière 1 696 000 étudiants inscrits, dont seuls 4% participent aux élections des instances les représentant. L’université de la Sorbonne-Panthéon compte actuellement 40 000 étudiants. Rappelons que le plus ancien syndicat étudiant, l’UNEF, ne revendique plus que 20 000 membres.]

Comment tant de journalistes peuvent-ils avoir relayé si complaisamment les propos ineptes des occupants de la Sorbonne? Pourquoi les ont-ils présentés comme l’avant-garde éclairée de l’antifascisme, alors qu’ils ne sont que des casseurs socialement et écologiquement inconséquents.

Le rectorat de Paris fut malheureusement quasiment le seul à condamner un mouvement qui a conduit à des « violences inacceptables et à des dégradations importantes (bris de verre, portes fracturées, carreaux cassés, mur abattu, destruction des dispositifs de sécurité incendie, destruction de matériel pédagogique, multiples graffiti y compris sur le patrimoine historique) ».

Une très couteuse dictature des toutes petites minorités

S’il est un lieu qui n’a jamais été menacé par une menace fasciste depuis la Libération c’est l’université. Par contre c’est devenu à l’évidence un lieu où la liberté d’expression et la liberté d’enseigner est de plus en plus en danger.

Paradoxalement, c’est aussi le lieu où le message pour la défense de l’environnement semble avoir le plus de mal à passer dans les faits, alors que les médias ne cessent de vanter la conscience écologique particulièrement affutée qu’aurait la jeunesse à l’écoute de Greta THUNBERG.

Dans nombre d’universités, dont l’une des plus anciennes, la Sorbonne, ont doit déplorer avec tristesse que des étudiants s’affranchissent des règles élémentaires qu’ils prétendent imposer à toute l’humanité, pour sauver la planète.

Le coût des dégâts que vient de subir la plus vieille université de Paris n’est pas encore établi avec précision, mais il peut être facilement estimé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les mêmes dégradations occasionnent les mêmes frais pour les faire disparaître.

L’occupation des universités s’étant malheureusement banalisée, l’estimation du coût des dégâts est de plus en plus rapide à faire. En Avril 2018, Ouest France évaluait à plus d’un million d’euros l’ensemble des dégradations constatées, dont 300 000 euros pour l’université Paul-Valéry de Montpellier, et 200 000 à 300 000 euros pour Paris-1 Tolbiac. Pour la Sorbonne en 2022, l’addition doit donc approcher les 200 000 euros.

Lorsqu’en juillet 2017 l’exécutif a annoncé une baisse de 5 euros, par mois et par foyer, des aides au logement (APL), baisse à laquelle les étudiants devaient aussi être soumis, les syndicats étudiants ont fortement protesté. Lorsque quelques centaines d’étudiants ont dilapidé l’équivalent de 40 000 fois 5 euros en quelques jours, les syndicats étudiants sont restés étrangement muets.

Que des syndicats ne veuillent pas condamner les méfaits de certains de leurs adhérents n’a rien de surprenant. Par contre, qu’aucun de ceux qui avaient appelé à la sobriété énergétique pendant toute leur campagne électorale ne réagissent à des méfaits aussi stupidement anti-écologiques laisse triste à pleurer.

Il est triste en effet que ceux qui se présentaient comme les plus aptes à diriger la France à l’heure du changement climatique se soient avérés, par leur silence, les plus écologiquement inconséquents.

5 Hommes et animaux : héritiers et légataires 

« L’héritage n’appartient qu’à l’homme. Nous sommes des héritiers », écrivait le philosophe Régis DEBRAY dans Transmettre (Odile jacob, 1997).

Et d’ajouter : « Si l’homme est l’animal qui a une histoire, la transmission non biologique, artificielle, de caractère acquis est l’autre nom de la culture humaine. » Une étude récente remet en question cette idée et attire l’attention sur l’existence d’une transmission de patrimoine matériel et culturel chez de nombreux animaux. Des héritages, et non seulement des hérédités, selon une opposition classique.

On imagine facilement qu’en apprenant que l’existence des cultures animales [était désormais] officiellement reconnue les animalistes ont bondi de joie, tant la prétention de l’homme à appartenir à une espèce supérieure unique leur est insupportable.

Que les animalistes se réjouissent que l’homme ne soit qu’un animal comme les autres, n’a rien de grave, par contre qu’ils en viennent à n’avoir plus conscience du fossé qui sépare l’homme des autres « espèces animales », même les plus évoluées, est très inquiétant pour l’avenir de l’humanité et de la planète.

Une petite histoire mêlant noix de coco, riz et singes permet de mesurer la largeur de ce fossé.

Une technique mise au point par des fermiers indiens non violents, lassés de voir leurs cultures détruites par des singes, illustre simplement et parfaitement la différence qui existe entre l’espèce humaine, et l’espèce animale considérée comme étant la plus proche.

« Il y a, dit-on en Inde, une façon très intelligente d’attraper les singes.  L’histoire raconte que les chasseurs font dans une noix de coco un trou dont la taille permet à un singe d’y passer juste la main. Puis ils forent deux trous plus petits à l’autre bout, y font passer un câble et fixent la noix de coco à la base d’un arbre. Ils glissent ensuite du riz dans la noix de coco et se cachent. Le singe descend, passe la main dans le trou et attrape le riz. Le trou est taillé pour y laisser entrer une main ouverte, mais pas pour en laisser sortir un poing fermé. Pour être libre, il suffit au singe de lâcher le riz. Mais il s’avère que la plupart des singes ne pense pas à rouvrir la main.»

Bien sûr, les tout petits d’hommes amenés à glisser la main dans le trou d’une noix de coco sont probablement aussi obstinés à ne pas lâcher prise que les singes, mais en vieillissant ils sont de moins nombreux à le faire, soit parce qu’ils comprennent seuls les raisons de leur infortune, soit parce qu’ils sont en âge de profiter de l’expérience et de la sagesse acquises par leurs ascendants.

Que les animaux soient, à l’égal des hommes, des héritiers, et donc des légataires, est certainement une très bonne nouvelle pour tous ceux qui adorent plus que tout leurs animaux, mais cela ne change en rien le regard lucide que l’on doit porter sur les affaires d’héritage.

« Au-delà de 12 millions, je prends tout. Si vous n’avez pas 12 millions d’héritage de prévu, vous ne risquez rien avec moi », a dit le 9 janvier Jean-Luc MÉLENCHON au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Selon lui, cette mesure visera « 0,01 % de la population ».

Dix jours après que le candidat des Insoumis aux élections présidentielles a fait connaître son programme, un sondage, effectué pour Bfmtv, indiqua que 81% des Français souhaitaient un allègement des droits de succession, quel que soit leur niveau de revenu.

Paradoxalement, les partisans d’une augmentation massive des droits de succession, furent souvent les plus satisfaits d’apprendre que les animaux étaient eux-aussi susceptibles d’«hériter», comme si leur mode d’héritage était seul digne d’intérêt, comme si la transmission de patrimoine matériel et culturel chez les  animaux était la seule méritant d’être scrupuleusement préservée, par respect du monde animal et de la biodiversité.

6 Héritage

C’est un sujet intime, touchant à la mort et à la famille, au lien particulier entre parents et enfants, à la transmission entre générations. L’héritage met en jeu une équation complexe, où l’aspiration légitime de chacun à protéger ses proches s’entrechoque avec l’espoir collectif [pour les humains] d’une société plus juste.

Mais c’est aussi un enjeu économique, social, scientifique, culturel, et existentiel majeur. Car l’héritage, contrairement à ce que trop de gens ont encore la faiblesse de penser, ne se réduit nullement à la transmission de biens matériels et financiers.

Bien avant que de savantes études sociologiques en fassent le constat, la tendance des humains à l’homogamie, c’est-à-dire à s’apparier avec des personnes issues du même milieu social, ayant le même niveau culturel et le même niveau de richesse, était bien connue.

Depuis des siècles, la littérature du monde entier fourmille d’histoires d’hommes et de femmes cherchant à épouser un beau parti et une belle personne, montrant que les humains cherchent à transmettre à leurs descendants le meilleur patrimoine matériel et génétique possible.

Les zoologues savent depuis que la zoologie existe, que les animaux et les humains choisissent leurs partenaires selon les mêmes critères. Les hirondelles, les cigognes, comme de très nombreux animaux, sont fidèles à leur site de reproduction et reviennent d’année en année nicher au même endroit.

Il est donc surprenant que, selon le journal Le Monde, l’importance du patrimoine dans le choix du conjoint n’ait été démontrée pour la première fois qu’en 2015.

Il est désormais bien établi qu’hériter n’est pas le propre de l’homme, de même les études les plus récentes tendent à prouver qu’il existe une forme de conscience animale.

L’humanité ne peut donc plus prétendre avoir l’apanage de l’héritage et de la conscience, pour autant l’espèce humaine serait folle de ne se croire qu’une espèce animale comme les autres.

Car, en admettant qu’il n’y ait plus de différence de nature entre l’homme et l’animal, il demeure entre eux une différence de niveau de conscience telle, que l’on peut sérieusement douter de la « grande proximité » de l’espèce humaine et de l’espèce animale.

Jusqu’à ce que le philosophe australien Peter Albert David SINGER , publie en 1975 La libération animale, les hommes avaient la faiblesse de penser que la dignité d’un être humain imposait de ne jamais le comparer à un animal et encore moins à un objet.

L’abolition de la peine de mort pour tous les crimes, dans tous les pays occidentaux, à la notable exception des États-Unis, devait marquer la reconnaissance de la sacralité de toute vie humaine.

Mais la pensée humaniste traditionnelle, héritée du judéo-christianisme, a cédé la place au relativisme, à l’utilitarisme et à l’individualisme. Dès lors, le caractère sacré de la vie humaine a cessé d’être un absolu.

Dès lors que l’homme et l’animal sont considérés comme de même nature, égaux en tout, la dignité d’un homme handicapé physique et plus encore d’un handicapé mental devient une valeur toute relative.

À propos de l’infanticide, le professeur SINGER, titulaire de la chaire d’éthique de l’université de Princeton (États-Unis), considère ainsi que le meurtre d’un nouveau-né n’est pas équivalent à celui d’une personne qui vit en pleine conscience.

Sa conception utilitariste le pousse aussi à défendre la nécessité de l’euthanasie non volontaire de nouveau-nés, enfants et personnes handicapés ou malades.

En 1945, parmi toutes les horreurs commises par le régime nazi, l’euthanasie massive de nombreux handicapés fut dénoncée comme l’un des crimes contre l’humanité les plus attentatoires à la dignité de l’homme.

Au XXIe siècle, au-delà des questions morales essentielles qu’il pose, l’avènement du relativisme nuit à la façon de penser. Il empêche de voir et mesurer la réalité. En entendant les animaux parler dans les dessins animés, des générations d’enfants les ont humanisés au point de leur prêter la capacité de construire des raisonnements.

En survalorisant les qualités et les mérites des animaux, les humains ont malheureusement tendance à dévaloriser les dons incomparables qu’ils ont reçus à la naissance (innés) et en héritage (acquis), comme pour s’excuser d’une sorte d’injustice faite au monde animal, et surtout pour s’affranchir des devoirs qu’ils savent que cela leur crée.

Bien que la société soit de plus en plus sécularisée, même ceux qui ne connaissent pas la parabole des talents ont intégré que ceux qui ont des dons particuliers ont l’obligation morale de les cultiver, de les faire grandir, et de les mettre au service de l’humanité.

L’expérience montre que cette obligation morale recoupe, autant l’intérêt personnel bien compris de celui qui s’y soumet, que l’intérêt collectif.

Au début de la Ve République, pour répondre aux besoins pressants de l’économie, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur ont dû augmenter considérablement et rapidement leurs effectifs.

De 1960 à 1975 le nombre de bacheliers a été multiplié par de 2,5. Le pourcentage de reçus est ainsi passé de 10 à 25% des jeunes en âge de passer le baccalauréat.

De 1960 à 1980 le nombre étudiants dans l’enseignement supérieur a été presque multiplié par 4.

À la suite de la massification de l’enseignement secondaire et après les évènements de mai 1968, le ministère de l’Éducation nationale tint à modifier profondément sa façon de concevoir sa mission, en mettant en œuvre la loi HABY.

Les mots utilisés en 1966 par Pierre BOURDIEU dans La reproduction, avaient fortement marqué les esprits : « La reproduction des inégalités sociales par l’école vient de la mise en œuvre d’un égalitarisme formel, à savoir que l’école traite comme « égaux en droits » des individus « inégaux en fait » c’est-à-dire inégalement préparés par leur culture familiale à assimiler un message pédagogique. »

Alors que sous la IIIe République l’enseignement secondaire avait pour priorité d’offrir à tous les enfants méritants, quelle que soit leur origine sociale, une formation d’excellence leur permettant de suivre un enseignement supérieur, à partir de 1975, la lutte contre les inégalités au collège est devenue progressivement la préoccupation principale du ministère de l’Éducation nationale.

Cette lutte contre les inégalités a malheureusement été conduite plus pour répondre à des exigences idéologiques que pour satisfaire des besoins pédagogiques.

Facteur d’équilibre important de la société, l’égalité permet à chacun de disposer des mêmes droits en échange des mêmes devoirs. Mais, bien qu’elle donne à chacun ses chances en fonction de ses mérites et de ses mérites seulement, elle génère aussi, comme tout bienfait, sa propre perversion, «l’égalitarisme».

L’égalitarisme est une perversion qui pénalise en premier, ceux qui recherchent l’égalité en tout, même lorsqu’elle n’est ni souhaitable, ni possible.

En 2007, alors que la Chine « communiste » comptait déjà 3 fois plus de milliardaires que la France, le philosophe Yvon QUINIOU, ancien membre du PCF, posait encore la question :  Le communisme est-il possible ?

En 2017, malgré la tournure prise par le communisme chinois, des idéologues marxistes continuaient à affirmer : Le communisme n’est pas une utopie.

L’histoire a malheureusement prouvé le contraire. La pensée communiste est utopique, en ce sens qu’elle veut s’affranchir du réel, mais elle est surtout aporétique. En voulant à toute fin façonner un homme nouveau pour faire aboutir leur révolution, les révolutionnaires ont tous reconnu implicitement que le communisme était une aporie.

Depuis 1789, les promesses d’avènement de « sociétés égalitaires » ont toutes été trahies. Non pas à cause de la mauvaise volonté des révolutionnaires, mais en raison simple de ce qu’est la nature humaine.

L’Histoire a montré que, lorsqu’elle était menée sans discernement et sans frein, la lutte contre les inégalités, conduisait à des catastrophes économiques et humanitaires. Avant que les économistes ne théorisent les méfaits des impositions excessives, « trop d’impôt tue l’impôt », les paysans ukrainiens ont appris, dans la douleur, que l’excès d’imposition est mortelle, au sens littéral du terme.

Prélèvements confiscatoires, accaparements massifs, suppressions du droit d’héritage, les mesures drastiques que les révolutionnaires ont appliquées avec l’espoir de faire advenir un monde plus juste se sont toutes montrées économiquement contre productives.

7 Héritiers

Jusqu’à l’effondrement du système soviétique, malgré l’échec de plus en plus patent de l’URSS, en matière économique, les dirigeants et les idéologues communistes ont vanté les bienfaits du collectivisme et continué à distiller leur détestation de la propriété privée.

En janvier 1962, on pouvait lire dans Le Monde que  l’académicien STROUMILINE affirmait doctement : Avec l’avènement du communisme en U.R.S.S. le sentiment de la propriété privée dépérira.

Trois jours après la chute du Mur de Berlin, le 12 novembre 1989, le secrétaire général du PCF, Georges MARCHAIS, « invité du  » Club de la presse d’Europe 1 », maintenait que le bilan des pays de l’Est était «globalement positif», selon l’expression qu’il avait employée en 1979.

Rien d’étonnant à ce que les dirigeants communistes et les membres de la nomenklatura aient trouvé le système politique, dont ils étaient les principaux bénéficiaires, globalement positif.

Par contre il est attristant que tant d’intellectuels occidentaux n’aient pas voulu voir ce qui crevait chaque année un peu plus les yeux. Faut-il qu’ils aient été aveuglés par leur haine des riches, pour refuser si longtemps de prendre en compte le réel

Prendre aux riches pour redonner aux pauvres est une idée aussi simple qu’ancienne, qui hantait probablement l‘imaginaire populaire, avant l’ère de Robin des Bois et avant que Pierre-Joseph PROUDHON ne déclare : La propriété, c’est le vol !

Cette idée simpliste a fait au cours de l’Histoire beaucoup de déçus et beaucoup de dégâts, matériels, économiques, sociaux et culturels.

La confiscation des biens du clergé, décrétée le 2 novembre 1789, constitue probablement l’une des décisions les plus irréfléchies de l’Assemblée nationale constituante. Il fallait en effet que les élus de la Révolution soient bien faibles d’esprit pour céder d’inestimables joyaux de l’architecture mondiale au seul prix de la pierre. Fort heureusement, la fureur destructrice fut limitée dans le temps et dans l’espace, et en deux siècles, de nombreux édifices ont pu retrouver toute leur splendeur. Ainsi, au XXIe siècle, l’exceptionnel patrimoine architectural que la France a conservé et restauré, fait que tous les Français sont parmi les plus riches héritiers.

Malheureusement les jeunes Français sont de moins en moins conscients d’être héritiers. Certains ont même la prétention d’affirmer : « moi je ne dois rien à personne», oubliant , ce disant, qu’ils ont reçu en héritage tous les mots qu’ils viennent de prononcer.

Être héritier offre des droits, mais crée aussi des devoirs : devoir de préserver, de faire fructifier et de transmettre. C’est sans doute pour ne pas avoir à accomplir leurs devoirs que tant d’héritiers indignes et ingrats refusent de reconnaître qu’ils le sont.

Tous les hommes, et les animaux aussi peut-être, sont héritiers, mais seuls les êtres humains peuvent avoir la pleine conscience de l’héritage et des dettes qu’ils reçoivent le jour de leur arrivée au monde.

C’est donc aux hommes, et aux hommes seuls, qu’il incombe de faire attention à la Terre. Prendre soin de la planète sur laquelle il vit n’est pas une option offerte à chaque être humain, c’est une obligation qui s’impose à chaque individu, pour la survie de son espèce, mais d’abord pour sa propre existence.   

Le premier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été rédigé en 1990. Depuis, tous les rapports postérieurs du GIEC ont confirmé que la température moyenne du globe augmentait de façon alarmante, que la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère était en hausse et que le dioxyde de carbone était le gaz à effet de serre influant le plus sur le réchauffement de la planète.

On sait déjà que le sixième rapport d’évaluation, dont la publication est prévue avant la fin de l’année 2022, sera tout aussi alarmiste que tous ceux qui l’ont précédé.

Mais paradoxalement, avec la guerre en Ukraine, alors que les données climatiques de plus en plus inquiétantes ne cessent de s’accumuler, la « détermination sans faille » des pays occidentaux pour lutter contre le réchauffement climatique semble avoir fortement fléchi, voire disparu chez certains d’entre eux. L’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas viennent notamment d’annoncer la relance de la production d’électricité dans d’anciennes centrales thermiques à charbon.

Le discours de Greta THUNBERG prononcé à New-York le 24 septembre 2019 à l’occasion du sommet sur le climat de l’ONU, reçut un exceptionnel retentissement dans le monde entier. Dans tous les pays occidentaux de très nombreux jeunes reprirent les violentes mises en accusation de la jeune militante écologiste suédoise contre les pays les plus pollueurs et l’inaction de leurs leaders : how Dare You!

En France, les responsables des partis écologistes saluèrent évidemment l’engagement de la jeunesse pour la cause climatique, convaincus que l’heure du triomphe de leurs idées avait enfin sonné. Les résultats obtenus par EELV aux élections municipales en 2020, pouvaient laisser penser que l’écologie devenait une des préoccupations prioritaires des Français. Les écologistes de pure obédience ne furent pas les seuls à le penser, preuve en fut la façon dont presque tous les candidats aux élections régionales et aux départementales de 2021, insistèrent sur leur « profonde fibre écologique ».

En 2022, tous les programmes des candidats aux élections présidentielles, cherchèrent à répondre au mieux aux angoisses écologiques supposées des électeurs. Convaincus d’avoir la conscience écologique la mieux aiguisée, Yannick JADOT et Jean-Luc MÉLENCHON, affirmèrent de concert que seules les mesures radicales qu’ils préconisaient pouvaient apporter un début de solution aux graves problèmes climatiques à résoudre.

La radicalité de mesures envisagées ne suffit pas à garantir l’efficacité de leur application. Radicale ou non une mesure ne mérite d’être sérieusement envisagée que si elle est pratiquement envisageable. C’est-à-dire si sa mise en œuvre peut être réellement effective.

Or, en matière de lutte contre le réchauffement climatique et/ou de défense de l’environnement, nombre de mesures très contraignantes annoncées n’ont pu être appliquées, car inapplicables et incomprises, et nombre de mesures ont dû être abrogées rapidement, car s’avérant contre productives.

8 Réduction des émissions de gaz carbonique

Il est aujourd’hui difficile d’afficher publiquement des doutes sur la pertinence des conclusions des cinq premiers rapports du GIEC. Avant que le sixième rapport ne soit publié, ont sait déjà qu’il fera lui aussi largement consensus. Ou plus exactement, aussi rares resterons ceux qui oseront nier que l’augmentation des gaz à effet de serre, dont en premier le gaz carbonique, est la cause principale du réchauffement climatique, et que les hommes en sont les premiers responsables.

Dans les pays occidentaux, il est très risqué, socialement et académiquement, de contester scientifiquement les conclusions des rapports du GIEC. En France, les quelques personnalités qui ont fait état de leur scepticisme se sont vues immédiatement vouées aux gémonies. Il suffit de lire les fiches wikipédia des professeurs émérites François GERVAIS et Vincent CORTILLOT pour voir l’opprobre dont font l’objet ceux qui osent douter.

Depuis 2016, depuis la signature de l’accord de Paris par la quasi totalité des États du monde, dont la Chine et les États-Unis, les deux plus gros pollueurs, il est acquis que les recommandations du GIEC finiront par être approuvées (sinon suivies ?) par tous les pays de la planète.

Même si elles ne semblent pas toutes fondées, les injonctions du GIEC s’imposent donc désormais, politiquement et écologiquement, à tous les États.

Depuis la guerre en Ukraine, pour les pays européens, la réduction de la consommation d’énergie, notamment fossile, n’est plus une option mais est devenue une obligation.

La France n’a plus le choix aujourd’hui, elle doit impérativement faire d’immenses économies d’énergies pour des raisons écologiques et économiques. À les entendre, tous les responsables politiques français sont heureusement convaincus de cette impérieuse nécessité.

Pour sortir du nucléaire, pour effectuer la transition écologique qu’ils appellent de leurs vœux, les écologistes ont prôné pendant des années une stricte sobriété énergétique,

Le 14 septembre 2020, dès le lendemain de la demande de moratoire sur le déploiement de la 5G de 70 élus de gauche et écologistes, dont Jean-Luc MÉLENCHON et Yannick JADOT, le président MACRON exprima ses réserves sur un ton ironique : «J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine».

Il est probable qu’aujourd’hui le ton serait bien différent, tant les appels à la baisse de la consommation d’énergie sont les bienvenus, d’où qu’ils viennent.

Même si la France opte pour un mixte énergétique faisant une large place au nucléaire, tous les Français sont condamnés à modifier, de gré ou de force, leurs habitudes en matière énergétique.

Pour des raisons écologiques, économiques et sanitaires la lutte contre toutes les inconséquences, tous les gâchis, et tous les gaspillages, doit devenir urgemment sans faille.

Malheureusement il y a beaucoup trop de gens qui continuent à ne se sentir nullement concernés personnellement par les problèmes économiques, écologiques et environnementaux.

Pour la première fois de leur vie, à l’occasion du premier confinement, du 17 mars au 11 mai 2020, de nombreux Français ont pris conscience que sans la solidarité et la complémentarité de toute l’espèce humaine ils ne pouvaient ni vivre ni survivre, et enfin, et surtout, que leur mode d’existence dépendait étroitement de leurs comportements individuels et collectifs.

Face à la situation exceptionnelle due à la pandémie, face aux mesures exceptionnelles prises par le gouvernement, les Français en plein désarroi ont adopté, pour une fois, une grande discipline, une attitude tout à fait exceptionnelle pour eux.

Après les périodes particulièrement éprouvantes que les Français ont traversées, on pouvait penser que l’attitude qu’ils avaient adoptée, contraints et forcés, leur servirait désormais de modèle. On pouvait espérer qu’après avoir applaudi les aides-soignants, les livreurs, les éboueurs, etc…, tous les Français changeraient leur regard sur la société, et comprendraient qu’ils ne peuvent se contenter d’être de simples spectateurs passifs de leur existence, mais qu’ils doivent en devenir les principaux acteurs. Car les conditions dans lesquelles ils sont amenés à vivre sont très étroitement liées à leur mode de vie collectif et à leurs comportements personnels.

Les gardiens des grands ensembles immobiliers ont maintes fois pu constater que des équipements collectifs identiques, mis à la disposition du même nombre d’habitants dans deux cages d’escaliers semblables, restaient très longtemps fonctionnels ou étaient hors d’usage rapidement, selon que les locataires faisaient tout pour en prendre le plus grand soin ou selon qu’ils les laissaient vandaliser.

 9 Un fabuleux héritage dilapidé ?

Dans un article publié le 22 juin 2022 dans Le Figaro, le journaliste François de CLOSETS, né en 1933, n’est pas tendre avec la génération née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : «Les boomers ont dilapidé l’héritage».
«… Dans les années 1970, la France est décrite par les Américains comme le dragon de l’Europe: une forte croissance, le plein-emploi, des finances solides, un prestige inégalé.

Aujourd’hui, la France affiche 100 milliards d’euros de déficit commercial et 150 milliards de déficit public. On se félicite d’être en dessous des 8% de chômeurs, mais la plupart des pays en Europe, sauf les pays méditerranéens, sont à 3 ou 4%. Les boomers ont dilapidé un héritage fabuleux et la France s’est révélée jusqu’à présent inguérissable.

À la fin des années 1960, les Français en avaient assez de la discipline républicaine imposée par le général de GAULLE. Ils ont adopté la liberté du «moi d’abord» et même, pardonnez-moi, du «rien à foutre». C’est ainsi qu’ils ont changé le régime sans changer la Constitution. L’individuel l’a emporté sur le collectif. La Ve République ne mettait plus les Français au service de la France, mais la France au service des Français.

Ce phénomène générationnel a affecté autant la droite que la gauche…

Cela a commencé avec le premier choc pétrolier en 1974. POMPIDOU, soucieux après Mai 68 de «ne pas emmerder les Français», décide que ce seront les entreprises qui paieront la hausse du prix du pétrole, au détriment de la croissance et des finances publiques. GISCARD et ses successeurs s’installent dans le déficit. Pendant la cohabitation, JOSPIN a été de connivence avec CHIRAC pour dépenser les surplus fiscaux, la «cagnotte», plutôt que rembourser la dette. Pendant la présidence SARKOZY, la Cour des comptes a constaté que, sur les 600 milliards d’euros de dettes supplémentaires, la moitié était imputable à la crise financière de 2008, le reste à une augmentation des frais de fonctionnement. Cet endettement a correspondu à une diminution de l’investissement public, à un sous-financement des services publics. … »

 10 Les Français en pleine dissonance cognitive ?

Les personnes qui se trouvent confrontées simultanément à des informations, des opinions, ou des attitudes qui sont incompatibles entre elles, ressentent un état de grave tension psychologique.

En 1957 le psychosociologue américain Leon FESTINGER a appelé cette tension particulière la dissonance cognitive.

Pour réduire la dissonance et pour se rapprocher de l’état inverse dit de « consonance positive », les individus n’ont souvent d’autre choix que d’évacuer le réel.

La façon la plus simple d’évacuer le réel, est de masquer la réalité des faits, mentir aux autres et se mentir à soi-même.

Les gouvernants, conscients que leur impuissance à agir est de plus en plus grande, ont dû devenir maîtres dans l’art de réduire les dissonances cognitives de leurs concitoyens, sous peine d’apparaître en pleine lumière, pour ce qu’ils sont, des rois nus, comme l’empereur du conte d’ANDERSEN.

Mais aujourd’hui, malgré tous leurs dons de prestidigitateurs, et malgré leur habileté à changer le sens des mots, « les mots qui changent de sens ouvrent des crises de l’âme : ils peuvent aussi ouvrir des crises de société », face à la crise mondiale provoquée par la guerre en Ukraine, les dirigeants de l’Union européenne n’arrivent plus à faire accroire à l’unicité et au bienfait de la politique qu’ils imposent à « leurs sujets » depuis 1992.

Le vendredi 24 juin 2016, lorsque les résultats du vote pour le Brexit devinrent officiels, la plupart des commentateurs de la vie politique européenne affichèrent une énorme stupéfaction. Comment le Britanniques avaient-ils été « assez stupides » pour vouloir abandonner une aventure promise à un si bel avenir ?

La veille du vote, le 22 juin, Daniel COHN-BENDIT face à Jean-Jacques BOURDIN, restait convaincu que le non l’emporterait, tout en expliquant longuement cependant tout ce qui ne fonctionnait pas dans l’Union européenne, et qu’il fallait changer d’urgence.

Ce qui est le plus stupéfiant, c’est que les observateurs de la vie politique européenne aient pu être si surpris du résultat du référendum de 2016 au Royaume-Uni, alors que depuis 2005 toutes les consultations électorales indiquaient l’animosité croissante des européens contre la construction européenne telle qu’elle était menée, et alors que le contenu de la dépêche lancée le 5 mai 2016 par l’agence de l’AFP à Rome, le 5 mai 2016, annonçait à l’évidence, l’arrivée de jours sombres pour l’Union européenne.

Les fortes déclarations du président du Parlement européen, Martin SCHULZ, et celles du président de la Commission européenne, Donald TUSK, faites le 5 mai au cours du débat organisé en Italie sur l’avenir de l’Europe, à la veille du Brexit, avaient tout pour les alerter. Malheureusement la plupart des observateurs n’ont rien vu venir, parce qu’ils avaient déjà perdu la vue depuis de nombreuses années (lire : N° 161 Divorce : vérité du couple -Brexit : vérité de l’Union européenne).

En 2022, les Européens en général et les Français en particulier peuvent constater que les propos de Martin SCHULZ demeurent d’une brulante actualité : « L’Europe [reste] une promesse, mais une promesse qui n’a [toujours] pas été tenue ».

En 2000, au moment où l’euro fit son apparition, la part de l’industrie dans le PIB de l’Allemagne et dans celui de la France était du même ordre, proche de 22%. En 2021, la part de l’industrie dans le PIB de la France est passée sous la barre des 13%, tandis que celle de l’Allemagne est supérieure à 26%.

La plupart des européens pensent aujourd’hui que les promesses de l’Europe et de l’euro ont été trahies. Mais aujourd’hui, les gouvernants français faisant entièrement leur depuis plus de 40 ans ces promesses, les Français, eux en plus, sont convaincus d’avoir été trahis deux fois.

Le soir des résultats du premier tour des élections présidentielles, les commentateurs ont eu la bonté de ne pas faire remarquer que les deux partis de gouvernement qui se succèdent au pouvoir depuis plus de 50 ans étaient ceux qui avaient été les plus sévèrement sanctionnés dans les urnes, 3,44% des électeurs inscrits pour la candidate du parti LR (Les Républicains), Valérie PÉCRESSE, et 1,26% pour la candidate du PS (Parti Socialiste), Anne HIDALGO.

Emanuel MACRON, qui est assurément le président qui s’est efforcé d’imprimer la marque la plus europhile à son quinquennat a recueilli 20,07% des suffrages des électeurs inscrits et Yannick JADOT, le candidat du parti EELV, chaud partisan de la construction européenne, a recueilli 3,34%.

Ce qui signifie que la somme des votes obtenus par les quatre candidats des partis qui soutiennent sans réserve la politique de l’Union européenne depuis le traité de Maastricht, représente en 2022 moins de 30% des électeurs inscrits, précisément 28,12%, et seulement 25,72% des Français de plus de 18 ans.

En effet, pour une population française de 67,80 millions, on ne compte que 48,75 millions d’électeurs inscrits, alors que l’on estime le nombre de ceux qui sont en âge de voter à plus 53,30 millions. (Voir Résultat du 1er tour des élections présidentielles 2022.)

Toutes les enquêtes d’opinion montrent que les Français sont de plus en plus critiques sur la façon dont leur pays est gouverné. La politique menée depuis la mort du général de GAULLE, est présentée aux Français par leurs dirigeants comme la seule raisonnable, les Français entendent, eux, la seule autorisée par Bruxelles. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que près des trois-quarts des Français rejettent les partis qui veulent continuer à appliquer les directives européennes, alors qu’à leurs yeux elles sont de plus en plus calamiteuses.

Déduire de ces données, comme le font continûment les politologues de plateau euro-béats, que les Français sont de plus en plus europhobes est une grave erreur. Contrairement à ce qu’affirment les pères fouettards de l’Union européenne, les Français n’aspirent nullement à imiter les Anglais, ne rêvent pas de Frexit. Depuis NAPOLÉON, les Français garde une haute idée de l’Europe, sous réserve que l’Europe ne construise pas au seul détriment des intérêts vitaux de la France.

En 2022, aucun candidat appelant explicitement à quitter l’Union européenne n’a pu se présenter. En 2019, aux élections européennes, la liste Ensemble pour le Frexit, la seule affichant le mot Frexit n’a recueilli que moins de 0,6% des votes des électeurs inscrits.

Le vote de défiance des Français n’est que la marque évidente du malaise existentiel qui les ronge, du profond malaise dû à l’état croissant de dissonance cognitive dans lequel les gouvernements les obligent à vivre.

Comment la majorité des Français qui voient le mur arriver, pourraient-ils continuer à faire crédit à des responsables politiques qui semblent les seuls à ne pas voir le danger approcher ?

Comment la confiance des Français pourrait-elle ne pas être écornée, alors que les faits qui contredisent les déclarations de leurs dirigeants ne cessent de s’accumuler ?

Comment les Français pourraient-ils ne pas être inquiets de la situation en Ukraine, après les bilans militaires enregistrés en Afghanistan, en Lybie, en Syrie, et tout dernièrement au Mali ?

La crise ukrainienne est certainement la plus emblématique de la grande inconséquence, dans laquelle les pays de l’Union européenne ont vécu jusqu’au 24 février 2022 en matière de défense, en matière énergétique, en matière économique et monétaire.

Fascinés par les énormes fortunes que la mondialisation pouvait leur permettre d’accumuler rapidement, les Occidentaux ont fort négligemment voulu oublier les non moins énormes inconvénients que la délocalisation et la gestion des stocks en flux tendu présentaient inéluctablement en cas de tensions internationales.

De même que l’assurance ne semble chère qu’avant l’accident, le coût des stocks ne semble vraiment prohibitif qu’avant la pénurie, et les coûts de production ne semblent élevés qu’avant la dépendance.

La crise sanitaire due à la covid-19, et la crise liée à la guerre en Ukraine, viennent rappeler aux Occidentaux, et particulièrement aux Européens, que l’impréparation et l’imprévoyance, et pire, la mauvaise évaluation des besoins, pouvaient rapidement avoir un coût exorbitant et conduire à la catastrophe.

Il est urgent que les dirigeants des pays de l’Union européenne se rappellent enfin que : gouverner c’est prévoir ! [Article N°395]

11 L’inconséquence, mère de tous les maux

Depuis que le calcul mental et la culture générale ont disparu de l’école, les élites françaises sont en passe de ne plus savoir, ni compter, ni mesurer, ni estimer, ni PRÉVOIRni DIRIGER.

Pour mettre fin à son déclassement, la France n’a d’autre choix que de viser et retrouver l’excellence. [Article N° 239]

Il devient absolument vital que la société française recouvre l’ordre nécessaire au savoir-vivre ensemble et la discipline indispensable au travail bien fait.

Pour se redresser la France n’a d’autre choix que de regarder vers les étoiles, libérer toutes ses énergies et reconstruire, ce qui a constitué pendant des siècles sa principale richesse, un système éducatif exigeant et performant, capable de former les élites dont elle a besoin, et capable d’apporter au peuple français cohésion et sentiment de commune appartenance.

Les Français doivent se ressaisir, faire preuve de discipline, remettre en route urgemment une école où l’on apprend à lire, écrire, et compter, à tous ceux qui le veulent, et à tous ceux qui le peuvent.

Le 14 juillet, au cours de son entretien dans le parc de l’Élysée avec deux femmes journalistes, Emmanuel MACRON, a tenu à insister sur les jours particulièrement difficiles que tous les Français devaient se préparer à vivre.

Pour le président de la République, la crise ukrainienne est amenée à durer très longtemps. Il prévient que les Européens, de gré ou de force, devront apprendre à se passer le plus tôt possible du gaz russe, et faire preuve d’une exceptionnelle sobriété énergétique, pour des raisons tant écologiques qu’économiques.

Le 16 mars 2020, dans le discours solennel qu’il prononça, pour insister sur la gravité de la situation sanitaire et marquer les esprits, le président teint à déclarer :

« Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. […]. Nous sommes en guerre. Toute l’action du Gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l’épidémie. De jour comme de nuit, rien ne doit nous en divertir. »
Au sujet de la guerre en Ukraine, dans l’allocution en direct de son bureau à l’Élysée le mercredi 2 mars 2020, le président MACRON a déclaré : « Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie ».

Nul doute donc, qu’en répondant aux questions des journalistes le 14 juillet, le Président de la République a fait particulièrement attention à ne pas utiliser le mot guerre. Nul doute non plus qu’il a eu la tentation de reprendre les termes qu’il avait utilisés en mars 2020, tant ils auraient pu refléter à l’évidence, le fond de sa pensée, à quelques modifications près :

« Nous sommes en guerre, en guerre économique, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. […]. Nous sommes en guerre. Toute l’action du Gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre la pénurie et le gaspi. De jour comme de nuit, rien ne doit nous en divertir. »

Gouverner c’est prévoir, c’est analyser, c’est décider, c’est agir, c’est-à-dire vérifier que les décisions prises sont judicieuses, et si oui qu’elles sont effectivement exécutées.

Dans son intervention du 14 juillet, le président de la République n’a pas cherché à dramatiser la situation. Il s’est même voulu plutôt rassurant, en expliquant que les Français devraient certes faire de gros efforts d’économie d’énergie, mais que si tous savaient faire preuve de sobriété, la crise due à la guerre en Ukraine pourrait être affrontée sans dommage majeur.

Les Russes et les Occidentaux s’accusent réciproquement d’être les principaux, voire les seuls, responsables de la crise inflationniste qui affecte l’ensemble de l’économie mondiale.

Les Occidentaux considèrent les Russes comme LES coupables de la catastrophe économique qui se profile à l’horizon proche. Le président POUTINE tient les Occidentaux pour les premiers responsables de leurs problèmes d’inflations. Il en veut pour preuve que la poussée inflationniste avait commencé bien avant son invasion de l’Ukraine, dès 2021. Le président accuse les banques centrales occidentales d’avoir mené une politique monétaire inconséquente, qui a favorisé la spéculation et causé l’inflation.

Les économistes les moins alarmistes prévoient que la guerre en Ukraine, quelle que soit son issue, va affecter gravement et durablement l’économie de presque tous les pays du monde, provoquant inflation et récession mondialisée, les plus touchés étant évidemment les pays de l’Union européenne les plus dépendants du « bon vouloir » de la Russie.

Bien que la crise ukrainienne et la crise climatique ne soient ni de même nature, ni de même origine, elles appellent la même réponse faite de rigueur, de cohérence, et de sobriété.

Avant févier 2022, les écologistes politiques appelaient à une diminution drastique de la consommation d’énergie fossile. À cause de la crise ukrainienne leur appel a toutes les chances d’être désormais entendu au-delà de leurs plus folles espérances.

Malheureusement, la diminution de la consommation du gaz et du pétrole (notamment russes) va inéluctablement s’accompagner d’une forte augmentation de la consommation de charbon et conséquemment une très forte augmentation d’émission de gaz carbonique.

Malheureusement, bien que les rapports du GIEC se soient avérés de plus en plus alarmistes sur les méfaits écologiques du gaz carbonique, après Tchernobyl, et plus encore après Fukushima, les écologistes politiques, notamment allemands, ont réussi à imposer leur vision irénique d’un monde « Kernkraftwerk-rein » (propre de toute centrale nucléaire).

Malheureusement, la crise ukrainienne a révélé au grand jour la politique irresponsable menée depuis des années par des dirigeants plus empressés de complaire à la fibre écologique de leurs éventuels électeurs que de répondre aux exigences climatiques, économiques et géopolitiques des heures à venir.

Pour sortir de la nasse écologique dans laquelle ils se sont follement fourrés, les responsables politiques français qui ont prôné les politiques énergétiques les plus inconséquentes, se rêvent aujourd’hui en champion de la rigueur et de la sobriété.

 12 Rigueur et sobriété, loin de la coupe aux lèvres

Appeler à la rigueur et à la sobriété, le jour où on ne peut plus faire autrement c’est juste faire preuve d’un minimum de lucidité et d’un peu de sagesse.

La prise de conscience tardive des dirigeants politiques ne présage rien de bon sur leurs futures préconisations. En paraphrasant Albert EINSTEIN on peut penser qu’il ne faut pas compter sur ceux qui [n’ont pas vu venir] les problèmes pour les résoudre.

Mieux vaut tard que jamais ?

Les résultats des dernières élections législatives et le chahut qui règne depuis près d’un mois dans la nouvelle Assemblée, montrent que la classe politique française doit profondément changer, si elle veut conserver le minimum de légitimé lui permettant de prétendre gouverner le pays.

Le 26 juillet 2022, on pouvait lire que d’après le FMI, « une cessation complète des exportations de gaz russe réduirait « nettement » la croissance dans la zone euro en 2022 et 2023. Cela forcerait en effet les pays européens à mettre en place un rationnement de l’énergie, touchant les grands secteurs industriels », [et surement aussi nombre de particuliers].

Le FMI a usé prudemment du conditionnel, mais, qu’ils ne veuillent plus, ou ne puissent plus du tout importer du gaz russe, les Européens se savent condamnés à mettre en place un rationnement de l’énergie par mesure de précaution et/ou par obligation.

Les économistes savent depuis longtemps que la croissance est une affaire d’énergie, on sait aujourd’hui que lorsque la consommation d’énergie primaire augmente de 10 %, le PIB tend à croître de 67 % en moyenne, avec éventuellement un retard pouvant aller jusqu’à dix-huit mois. Le rationnement de l’énergie qu’envisagent les Européens aura donc forcément un impact sur le PIB de l’Union européenne, plus ou moins important selon la façon dont la sobriété énergétique recherchée sera gérée et obtenue.

Pour que la récession qu’annoncent tous les économistes soit la plus faible possible, il faut absolument que l’Europe, obligée de consommer beaucoup moins, apprenne à consommer beaucoup mieux.

Lors de leurs brefs retours périodiques au pays, originaires de l’un des départements les plus pauvres de France, les maçons creusois qui construisaient le Paris d’HAUSSMANN n’oubliaient jamais de rappeler à leurs enfants, que seul l’ordre et la discipline permettent d’échapper à la misère. Ils utilisaient la formule « l’ordre et la discipline mènent toujours à une petite aisance ». Héritiers des compagnons, et souvent compagnons eux-mêmes, ils prônaient « l’ordre, sans lequel il n’y a pas de présent ; l’économie, sans laquelle il n’y a point d’avenir » [L’Ouvrier de Paris (1842)].

La construction de la Tour Eiffel, à la fin du XIXe siècle, qui s’est effectuée en un temps record dans des conditions particulièrement difficiles et périlleuses, sans aucun mort, a montré combien le respect de la discipline au travail était vitale, au sens propre et au sens figuré des termes.

Un historien s’est penché sur ce que mangeaient et ce que buvaient les ouvriers pendant le chantier : À table avec les ouvriers de la Tour Eiffel. Le chercheur nous apprend que Gustave EIFFEL avait interdit la consommation de bière ou de vin à la cantine. Mais on apprend aussi, qu’au cœur de l’hiver, quand la température ressentie était très négative, la consommation de rhum et d’eau-de-vie était autorisée, faute de pouvoir effectivement la prohiber. C’est donc grâce à la discipline stricte qu’ils ont observée, plus qu’à une totale abstinence, que les charpentiers de la Tour Eiffel n’ont eu à déplorer la mort d’aucun de leurs compagnons de travail.

Depuis mars 2020, crise de la covid oblige, les Français ont redécouvert l’importance essentielle de la discipline collective et individuelle. Ils ont redécouvert que l’indiscipline d’un seul pouvait compromettre la bonne santé de tous.

Depuis mars 2022, crise ukrainienne oblige, les dirigeants Français ne cessent d’appeler avec insistance les Français à la sobriété dans leur consommation d’énergie et à l’effort dans leur travail. Ils voient bien en effet, avec regrets, que leurs concitoyens ne savent plus que le travail est un trésor, faute de l’avoir appris à l’école.

En 1960, la population rurale, c’est–à-dire vivant dans des communes de moins de 2 000 habitants, représentait encore plus de 40% de la population française, et près de la moitié des ménages vivant à la campagne tiraient leur revenus de l’agriculture.

Sous la IIIe la IVe Républiques le calendrier scolaire et les dates des grandes vacances (du 14 juillet au 1er octobre), répondaient à l’attente des paysans, qui avaient souvent besoin que leurs enfants les aident pour les moissons et/ou les vendanges.

Jusqu’à la rentrée scolaire de 1960, avancée pour la première fois au 16 septembre, l’immense majorité des écoliers français avaient ainsi pu vérifier personnellement que, pour récolter il faut semer, et que pour pouvoir semer il faut travailler la terre.

Pour les enfants de la campagne, le besoin vital de travailler pour vivre était de tout temps une évidence. Les petits citadins, qui passaient pour la plupart leurs vacances chez des cousins restés à la ferme, comprenaient eux-aussi rapidement que pour pouvoir manger il faut cultiver.

Selon l’Insee, depuis 1960, l’alimentation représente une part de plus en plus réduite dans les dépenses de consommation des ménages : en moyenne, moins de 15 % en 2021 contre 35 % en 1960, et la part des dépenses pré-engagées (frais de logement, assurances et services financiers, dépenses de télécommunications et télévision, frais de cantine scolaire) dans le revenu des ménages est passée de 12 % dans les années 1960 à 29 % en 2019, selon l’Insee.

Au cours du xxe siècle, le salaire moyen d’un ouvrier a été multiplié par quatre en monnaie constante. La durée annuelle de son travail a été divisée par deux.

Entre 1950 et 1970, le pouvoir d’achat du salaire moyen a doublé en France.

Pendant 2 000 ans, jusqu’au XXe siècle, le verset 10, chapitre 3, de la deuxième épître aux Thessaloniciens, « si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus« , fit largement consensus au point qu’il fut repris par LÉNINE pendant la révolution russe.

Cette phrase ne pouvait pas choquer tant que le travail effectué apparaissait nettement utile aux autres et gratifiant pour celle ou celui qui le faisait.

Dès lors que l’une de ces deux conditions ne sont plus remplies, se pose la question du sens du travail : Vivre pour travailler ou travailler pour vivre ?

Au XXIe siècle, dans les pays occidentaux, en raison de la mondialisation et des lois sociales, les mentalités et les comportements ont tant changé, qu’affirmer celui qui ne travaille pas ne mange pas ! est devenu impensable, car aujourd’hui on n’a plus le droit ni d’avoir froid ni d’avoir faim! 

Depuis la Ve République le calendrier scolaire n’est plus établi pour permettre aux agriculteurs de rentrer au mieux leurs récoltes, mais pour convenir en priorité aux vacanciers et aux agences touristiques.

De 1960 à 2018, le nombre de fermes n’a cessé de décroître, tandis que le nombre de touristes internationaux a été multiplié par cinquante.

Au XXIe siècle, la majorité des Français qui font encore l’effort de travailler dur ne le font heureusement pas pour arriver à manger, mais pour pouvoir plus consommer et voyager.

Alors que de plus en plus d’emplois indispensables à la vie de la cité sont difficilement pourvus, voire pas pourvus du tout, dans les pays occidentaux, en France notamment, des adultes en âge et en capacité de travailler, arrivent à vivre en travaillant très peu, voire en ne travaillant pas du tout, et certains s’en vantent.

Cette situation est bien sûr économiquement et socialement intenable, mais elle est surtout écologiquement totalement insoutenable. En effet, le manque de main d’œuvre pour effectuer des tâches écologiquement durables, notamment manuelles, se traduit inévitablement par une augmentation de la consommation d’énergie, le plus souvent d’origine fossile.

Le 4 juillet 2022, le quotidien Libération donnait une liste de six mesures pour réduire dès maintenant la consommation d’énergie.

Ces mesures utiles pour limiter l’augmentation de la consommation d’énergie, sont notoirement insuffisantes, à elles seules, pour espérer enrayer significativement le réchauffement climatique d’origine anthropique.

Pour arriver à réduire notablement les émissions de gaz à effets de serre, il faut que les pays qui sont les plus consommateurs d’énergie deviennent ceux qui luttent le plus efficacement contre le gaspillage et les dépenses inutiles.

La lutte contre le réchauffement climatique nécessite la cohérence écologique des politiques économiques suivies, et de toute urgence de très lourds investissements

13 De la liberté de la presse à la pensée unique

Après chaque crise, tous les experts qui monopolisent le son et l’image dans les médias, tous les spécialistes autoproclamés qui n’avaient rien pressenti avant l’arrivée d’un évènement dramatique, se retranchent derrière la même excuse simpliste : l’imprévisibilité de ce qui s’est produit.

Ils avancent, avec l’assurance que leur donne leur prétention « scientifique », que s’ils n’avaient rien vu venir, c’est parce que rien ne leur permettait d’envisager la survenue du pire. Ils prétendent même avec aplomb que l’on ne peut pas leur reprocher leur erreur d’appréciation puisqu’aucun spécialiste sérieux n’avait contesté leur analyse de la situation, qui faisait consensus, voire l’unanimité, avant qu’elle ne soit contredite par les faits.

Le concept de consensus scientifique est-il vraiment scientifique? Il n’y a pas besoin d’être un grand scientifique pour répondre non à cette question, confer la déclaration que fit François BAYROU le 1er mars 2002 à Paris alors qu’il présentait sa candidature à l’élection présidentielle face à celle de Jacques CHIRAC : « si nous pensons tous la même chose c’est que nous ne pensons plus rien ».

Bien que souvent citée depuis 20 ans, cette phrase a malheureusement été bien mal entendue par le monde de l’information. Depuis la multiplication des chaînes d’information en continu, les journalistes qui s’efforcent de rechercher, la vérité des faits, quoi qu’il en coûte, se font de plus en plus rares. Au point que, comme le fait André BERCOFF, on peut se demander : Existe-il encore une PRESSE LIBRE ?

Après la chute du Mur de Berlin, non seulement la liberté de la presse ne s’est pas répandue sur toute la planète, comme on pouvait l’imaginer, mais dans les pays occidentaux, où elle avait pris forme, elle a progressivement massivement régressé.

Alors que la création de multiples chaînes d’information en continu et la mondialisation des réseaux internet auraient dû permettre aux diversités d’opinion de s’exprimer largement, la concentration des médias a permis aux hommes de pouvoirs et d’influence d’imposer leurs seules vues économiques, sociales, et politiques, conduisant à l’émergence d’une sorte de pensée unique.

En novembre 2020, le lanceur-d’alerte Frédéric LEMAIRE écrivait sur le site ACRIMED dans un article intitulé : Info en continu, journalisme à la chaîne : « Pointées du doigt comme modèles de la «  mal-information  », les chaînes d’information en continu concentrent les critiques : information spectacle, remplissage, prééminence du commentaire sur le reportage ou l’analyse de fond… L’information en continu apparaît cependant non comme une dérive, mais comme le miroir grossissant des travers du système médiatique actuel. »

Depuis les années 80, les médias publics se sont assignés comme mission prioritaire la lutte contre le mal (en particulier le racisme et le fascisme) et la définition du bien. Depuis leur création, les médias privés s’efforcent de faire le maximum d’audience pour le minimum de frais. Dans la presse écrite les journalistes les moins payés recopient les dépêches de l’AFP, et les journalistes les mieux payés commentent l’actualité, en relayant l’opinion des diverses personnalités qu’ils ont rencontrées.

Pour des raisons financières, des raisons d’audience, les rédactions de la presse écrite et audiovisuelle exigent de leurs journalistes qu’ils collent à l’actualité et répondent quasiment en direct aux questions que pose l’actualité. Aucun journaliste fut-il le plus cultivé et le plus talentueux ne peut produire instantanément une analyse sérieuse, surtout s’il ne sort pas de son bureau.

Pour ne pas rester muets, les journalistes des chaines d’information en continu font appel à des conseillers qu’ils présentent comme experts. Le fait que les journalistes n’aient plus ni le temps, ni les moyens, de se faire une opinion personnelle, les conduit à laisser dire à leurs invités les contre-vérités les plus grossières.

Dans la catégorie économistes de plateaux télé, Alain MINC le 5 janvier 2008 et Daniel COHEN le 7 juin 2008, quelques mois avant qu’éclate la crise des subprimes et l’affaire Bernard MADOFF, ont certainement fait les déclarations les plus stupéfiantes que puissent faire des économistes qui se prétendent sérieux.

Le moins que l’on puisse attendre d’un économiste, qui a micro ouvert sur toutes les radios et sur tous les plateaux de télévision, c’est qu’il connaisse les escroqueries financières les mieux documentées. En matière de cavalerie, le système de la Pyramide de PONZI est certainement l’un des plus simples et des plus connus. Comment nos deux experts ont-ils pu ne pas comprendre que MADOFF, et les initiateurs des subprimes, étaient de vils escrocs, et non des génies de la finance, comme le clamaient les journalistes des journaux spécialisés ?

Ceux qui lancent une Pyramide de PONZI et ceux qui y participent parmi les premiers ne sont ni tous crédules, ni tous ignorants de la façon dont cela ne peut que se terminer, mais tous espèrent gagner gros avant que l’escroquerie ne soit légalement interdite.

De 1992 à 1994 la chaine financière Caritas a réussi à convaincre 4 millions de Roumains qu’ils pouvaient devenir millionnaires en rentrant dans une « pyramide ». En juin 1995, le journal Libération relatait la fin du miracle à la chaîne pour le patron de Caritas, un certain Ioan STOICA, présenté par les rédacteurs de l’article comme un simple petit comptable.  

Il faut n’avoir pas suivi l’escroquerie du début à la fin pour croire qu’une telle opération, relayée par de nombreux journaux, dans toute la Roumanie, a pu être lancée et développée par un homme seul.

Les professeurs de mathématiques qui ont apporté leur caution et participé financièrement à cette manœuvre parmi les tous premiers, ne pouvaient pas ne pas savoir que cela allait mal se terminer. Mais ils savaient aussi que si la pyramide durait suffisamment longtemps, ils pourraient justifier l’origine de sommes qu’ils pouvaient espérer importantes.

C’est pourquoi plusieurs correspondants d’ICEO en Roumanie, étaient et restent convaincus que cette pyramide a été lancée par d’anciens apparatchik et/ ou membres de la Securitate pour blanchir les sommes importantes qu’ils avaient réussies à cacher à la mort de CEAUCESCU.

MADOFF et les créateurs des subprimes n’ont pu réussir leurs coups qu’avec la complicité de nombreux comparses financiers et grâce à l’aide involontaire (ou volontaire ?) de nombreux idiots utiles, trop heureux de saluer et de cautionner « l’extraordinaire inventivité des banquiers ».

L’exercice du journalisme en France est libre et non réservé aux journalistes détenteurs d’une carte de presse et ce document n’est en aucun cas obligatoire pour pratiquer le métier de journaliste, qui peut être exercé librement par n’importe quelle personne, sans que celle-ci ait besoin de diplôme spécifique.

Mais les journalistes qui sont « encartés » tiennent à le faire savoir car ils se considèrent souvent comme seuls sérieux, voire seuls légitimes, pour exercer leur profession.

Face aux trois pouvoirs indépendants incarnant l’État démocratique (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire), le contre pouvoir de la presse et des médias, souvent qualifié de « quatrième pouvoir », est primordial.

Les journalistes prétendent que la ligne de conduite de toute leur profession reste celle définie dans les années 1930 par Albert LONDRES : « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ».

Avec le traitement que de plus en plus de journalistes font subir aujourd’hui à l’information, il devient difficile de les croire tous sur parole.

D’année en année, les Français notent à regret, que les journalistes se montrent de plus en plus enclins à les sermonner, et de moins en moins aptes à les informer.

Depuis 2005, on ne compte plus les ratages de la profession, souvent incapable d’échapper à la facilité du politiquement correct et au confort de la pensée unique.

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ». Cette phrase que Jean JAURÈS prononça dans son discours du 30 juillet 1903 au lycée d’Albi à l’occasion de la distribution des prix, reste bien sûr l’idéal de tout journaliste, mais malheureusement ceux qui gardent aujourd’hui le temps de chercher et les moyens de trouver se font de plus en plus rares.

Dans Marianne, en avril 2012 déjà, Alexandre COSTE notait : «Journaliste, c’est la profession la plus détestée des français, c’est significatif…».

Dans La Croix, en novembre 2021, le chroniqueur Alain RÉMOND, s’interrogeait sur sa profession :   Journaliste, le pire métier du monde ?

Avec le sondage effectué par IPSOS en septembre 2021 pour connaître les professions qui leur inspiraient le plus confiance, on a appris que les Français n’avaient pas grande confiance dans leurs journalistes : 39% les jugent même indignes de confiance (plus que les 34% au niveau mondial), et que seuls 16% leur faisaient vraiment confiance. Ce qui place le métier de journaliste parmi les tous derniers.

À l’occasion de la pandémie les Français ont pu vérifier que les informations fausses (mais simples à diffuser) étaient plus largement et rapidement reprises que les informations avérées exactes (mais complexes à comprendre, et difficiles à divulguer) confer la publication du Lancet faisant de l’hydroxychloroquine un produit cardiotoxique.

Convaincus de la supériorité de leur modèle (économique et politique), et de leur toute puissance, les Occidentaux ont la grande folie de se croire encore les seuls maîtres du monde. [Article N° 385]

Les journalistes occidentaux, qui animent d’interminables débats sur les chaînes d’information en continu, restent à l’évidence les plus convaincus de l’inéluctable victoire du camp occidental, puisque représentant le camp du bien.

Alors que les régimes autoritaires dont ils ont annoncé l’inéluctable effondrement sont pour la plupart toujours en place, et bien qu’ils n’aient pas vu venir la chute du Mur de Berlin, les experts européens continuent à prédire sentencieusement l’avenir.

Après 6 mois de conflits, les experts en effondrement sont de plus en plus nombreux à penser possible, voire probable, l’enlisement de l’armée russe en Ukraine. Quant à eux, les experts en économie s’accordent quasiment tous, pour prédire en Russie l’arrivée de jours particulièrement sombres.

Sur la plupart des chaînes de télévision en continu, des journalistes et des experts totalement inconscients, commentent les images fournies par l’armée ukrainienne comme s’il s’agissait d’un match de boxe. Ils souhaitent tous bruyamment la victoire de l’Ukraine, confortablement assis dans leurs studios. Ils comptent les coups. Ils saluent la vaillance des Ukrainiens. Aucun ne songe à demander l’arrêt du combat, comme si pour eux la défaite de la Russie était plus importante que la vie de leurs champions, plus importante que la paix, et comme si les dégâts humains et matériels subis par les populations victimes n’étaient que quantité négligeable, en dépit des protestations hypocrites de compassion. [voir Si vis pacem para pacem].

Alors que la situation internationale et climatique devient de plus en plus préoccupante, sur les plateaux de télévision à Paris, certains consultants invités ne peuvent s’empêcher de ricaner à l’annonce des déboires militaires et économiques de la Russie.

Sur les plateaux de télévision à Moscou, les difficultés que rencontrent les Européens ne manquent pas non plus de provoquer des ricanements.

Malheureusement, à Paris comme à Moscou, les pleurs et les grincements de dent commencent à remplacer les ricanements.

Bien que, le président MACRON ait tenus des propos que l’on peut qualifier d’alarmistes, évoquant «la fin de l’abondance, de l’insouciance et des évidences», lors du conseil des ministres du mercredi 24 août, les Français semblent rester, très majoritairement, totalement inconscients des graves problèmes économiques auxquels la France, elle aussi, va devoir rapidement faire face.

14 Histoire d’eau, de gaz, de charbon, et d’écologie

Aussi inconscients, que la plupart des Français, de l’ampleur des problèmes à résoudre de toute urgence, les élus écologistes avancent des propositions dont la plupart sont dérisoires, quand elles ne sont pas tragi-comiques.

En raison de la sécheresse, l’eau a fait partie cet été de leurs principales préoccupations. Pour lutter contre le gaspillage de l’eau et au nom de la justice sociale, les écologistes veulent interdire les piscines privées.

En France métropolitaine, le réseau d’eau potable distribue chaque année 5,5 milliards de mètres cubes. En 2017 on comptait 2 millions de piscines privées, dont le volume d’eau moyen était descendu à 45 mètres cubes. Soit un total de 90 millions de mètres cubes.

Au cas où tous les propriétaires de piscine auraient l’idée saugrenue de vider chaque année leur piscine, ils utiliseraient donc moins de 2% de l’eau distribuée annuellement, pour les remplir. Les propriétaires savent que chaque année pour compléter le remplissage d’une piscine il ne faut compter que 10% de son volume. Toutes les piscines privées de France ne « détournent » donc que 0,2% de l’eau potable distribuée.

Les écologistes, qui veillent avec raison à ne pas « jeter » l’eau, devraient savoir que le réseau de distribution, souvent vétuste et/ou mal entretenu, ne livre effectivement que 80% de l’eau qui rentre dans les canalisations à cause de fuites, estimées à 20% en moyenne. Sur certaine portion du réseau les fuites peuvent atteindre 50%.

Avant de blâmer moralement les détenteurs de piscine privée, les écologistes seraient donc bien avisés de condamner tous les gouvernements qui ont fait preuve d’une insouciance écologique beaucoup plus coupable (100 fois).

-0JC0-

Cette histoire d’une éventuelle interdiction des piscines privées n’est pas anecdotique mais emblématique de la façon dont les écologistes politiques abordent les problèmes écologiques, toujours plus idéologues qu’écologues.

L’histoire de l’écologie politique en France remonte aux années 1974. Depuis bientôt 50 ans, que les Français sont alertés sur le changement climatique et les graves conséquences du réchauffement de la planète, leurs dirigeants avaient le temps d’en prévoir les conséquences, et d’essayer d’en prévenir les conséquences les plus graves et les plus probables.

Les rapports du GIEC étant de plus en plus alarmistes sur le rôle du CO2, la lutte contre la cause principale de la part du réchauffement climatique imputable aux hommes, aurait dû, et devrait continuer à s’imposer à tous les responsables politiques comme étant d’une urgence vitale pour l’humanité.

Depuis plus de 25 ans, les émissions de CO2 par kilowatt-heure électrique en fonction de l’énergie primaire utilisée dans le monde et en France sont, évaluées, et souvent contestées. Notamment en ce qui concerne l’énergie nucléaire et ce qu’on appelle les énergies renouvelables.

En revanche, en matière d’électricité décarbonée, le fait que le charbon conduise à une énergie électrique soit 100 fois moins décarbonée que toutes les autres n’est nullement discuté. [Données de mars 1995, issues de European Platform on Life Cycle Assessment (EPLCA)]

Dans l’émission C à vous du 31 août sur France 5, l’ingénieur Jean-Marc JANCOVICI, membre du Haut conseil pour le climat a rappelé en insistant sur les mots : « il faut faire baisser les émissions de CO2 le plus vite possible, car tant que les émissions continuent on aggrave le problème» [climatique].

Ce spécialiste du réchauffement climatique, a développé depuis de nombreuses années l’idée de «bilan carbone» à destination notamment des entreprises. Depuis plus de 20 ans, il ne cesse de marteler que le changement climatique est inarrêtable, et qu’une fois qu’on en voit les effets, il est trop tard pour faire machine arrière.

Ainsi, pour faire face aux problèmes que pose le réchauffement climatique, aucune réponse curative n’est envisageable. La diminution de la consommation d’énergie s’impose donc comme la seule option.

Mais, bien qu’écologiquement et économiquement irréfutables, les analyses chiffrées de Jean-Marc JANCOVICI attisent beaucoup les critiques et les animosités de tous ceux dont elles contrarient les intérêts idéologiques et/ou commerciaux.

Le langage de vérité de cet expert angoisse ceux qui mythifient la croissance, ceux qui refusent d’admettre que la croissance, c’est avant tout de l’énergie, et que par conséquent sobriété énergétique et croissance sont antinomiques.

Les écologistes qui sont antinucléaires pour des raisons idéologiques, n’arrivent pas quant à eux, à admettre que le nucléaire évite plus de risques qu’il n’en crée.

La NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), a annoncé le 31 août, que le taux de CO2 dans l’atmosphère venait d’atteindre un nouveau record en juin 2022.
Cette année, un été caniculaire a été observé dans tout l’hémisphère nord. L’été 2022 en France a été le plus chaud depuis 2003.

Les écologistes, qui professent depuis des années qu’il y a un lien de causalité entre l’augmentation du taux de CO2 et le réchauffement climatique, ont donc toutes les raisons d’être confortés dans leurs convictions, et d’en tirer toutes les conséquences écologiques et économiques.

Malheureusement, le mauvais exemple des verts allemands a fait des émules. De nombreux écologistes européens préfèrent ainsi, que l’on puisse de nouveau avoir recours au charbon pour palier le manque de gaz russe, plutôt que de sursoir au démantèlement des centrales nucléaires.

15 Dénucléarisation piégeuse de l’Allemagne

La crise ukrainienne a placé les responsables politiques européens devant des choix tragiques, des choix quasi impossibles.

Bruno LEMAIRE fut bien seul à n’afficher aucun doute. Le 22 février, avant même que la Russie ne commence à envahir l’Ukraine, il avertissait : «Les sanctions contre la Russie seront immédiates, lourdes et efficaces». Le 1er mars il confirmait : «Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe».

Six mois après cette forte déclaration l’effondrement de l’économie russe se fait attendre.

Le ministère que Bruno LE MAIRE dirige depuis plus de 5 ans a changé deux fois de nom : ministère de l’Économie et des Finances de 2017 à 2020, ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance de 2020 à 2022, et ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique depuis 2022.

Le dernier changement de nom n’est pas fortuit. Si le mot souveraineté fait son apparition en mai 2022, c’est bien évidemment parce que la crise ukrainienne est venu rappeler aux Européens l’importance vitale qu’avait l’indépendance énergétique.

Tous les économistes sérieux savaient que, l’industrie européenne, notamment allemande, serait dans une situation très difficile, au cas où l’approvisionnement en gaz et en matières premières russes viendrait à cesser. Aucun ministre de l’économie européen ne pouvait donc prétendre être surpris par la nature des contre-sanctions prises par le président POUTINE, lorsqu’il les a prises.

Après six mois de sanctions et de contre-sanctions, à la question : la Russie peut-elle se passer de l’Occident ?, les Occidentaux restent largement convaincus que non.

Selon les résultats du sondage Elabe « L’opinion en direct » publiés le 7 septembre, bien que 74% pensent qu’ils sont inefficaces, 72% des Français continuent paradoxalement à apporter leur soutien aux trains de sanctions décidé contre la Russie.

Ces réponses paradoxales s’expliquent certainement par le fait que, jusqu’à présent, les Français ont été beaucoup moins affectés par la crise ukrainienne que les autres Européens, grâce aux mesures du gouvernement en matière tarifaire.

D’autre part, les Européens sont encore si nombreux à vouloir mener cette guerre jusqu’au bout, par Ukrainiens interposés, qu’il est totalement impossible de parler de la levée des sanctions contre la Russie, sans être accusé d’être un soutien de POUTINE.

Ségolène ROYALE, qui a eu l’imprudence, le jeudi 1er septembre, d’émettre des doutes sur les crimes de l’armée russe, a vite compris qu’il y avait des sujets qu’il ne fallait pas aborder qu’à mots comptés.

Pour répondre à tous ceux qui se préoccupaient plus de ses mots que de la chose, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle en 2012 a longuement répondu à ses nombreux détracteurs, le mercredi 7 septembre sur la chaîne LCI.

En regardant l’interview en intégralité on est frappé par la mesure de son appel à la raison, militaire, politique, économique et écologique.

Le 19 août à Bornes les Mimosas (Var), le président MACRON a déclaré : « je pense à notre peuple auquel il faudra de la force d’âme pour […] accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». La liberté n’ayant pas de prix, chacun entend évidemment les mots du président comme à tout prix.

Lors de l’entretien, Ruth ELKRIEF accuse explicitement Ségolène ROYALE de relayer la propagande russe lorsqu’elle déclare vouloir faire la paix à tout prix. La journaliste demande : «Il faut laisser le Donbass et la Crimée à la Russie ?».

Après avoir refusé de préjuger des termes liminaires permettant d’entamer une éventuelle négociation, visiblement dépitée par la tournure de l’entretien, Ségolène ROYALE pointe avec gravité les risques économiques fous que les Européens prendraient en laissant perdurer le conflit russo-ukrainien, car «dans une guerre il n’y a pas de gagnant ».

Nul ne peut dire qui, de la Russie et des Occidentaux, tirera avantage de la guerre qui ensanglante aujourd’hui l’Ukraine, si avantage il y a ? Il y a des conflits territoriaux qui ne prennent jamais vraiment fin. Si tel était le cas en Ukraine, cela pourrait devenir mortel pour l’Union européenne.

Non seulement les Européens ne semblent pas craindre cette menace, mais certains ont même la faiblesse de penser que, le conflit ukrainien ayant resserré les liens entre les pays de l’Union, plus le conflit durera, plus l’Europe sera réunie autour de « ses valeurs ».

Si les dégâts de la fuite en avant militaire peut être relativisés, car malheureusement à l’Est on sait reconstruire ce qu’on a rasé, les dégâts écologiques [notamment ceux dus aux conflits] sont, eux, totalement irréparables.

Les écologistes, qui furent souvent les premiers à affirmer la nuisance durable des émissions de gaz à effets de serre, ne peuvent pas faire comme s’ils ne le savaient pas.

Alors que début septembre, en raison de leur empreinte carbone, ils viennent de reprocher vertement aux joueurs du PSG leurs déplacements en jet privé, après six mois de bombardements massifs de l’armée russe, les écologistes restent très discrets sur l’empreinte carbone du conflit ukrainien.

La veille de l’émission avec Jean-Marc JANCOVICI, dans l’émission C à vous du 30 août 2022, de retour d’Ukraine, Raphaël GLUCKSMANN, élu au parlement européen, tête de la liste Envie d’Europe écologique et sociale en 2019, avait martelé qu’il ne fallait «surtout ne pas succomber à la tentation de l’apaisement» et qu’il fallait «engager un rapport de force à long terme avec la Russie».

Le député européen est très lié à l’Ukraine pour des raisons familiales, il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il fasse une pause dans sa lutte contre le réchauffement climatique, pour mieux soutenir l’effort de guerre des Ukrainiens, qui lui sont proches. Par contre, qu’en Europe les écologistes soient si peu nombreux à exiger l’arrêt des combats pour tenter d’éviter au plus vite un écocide, est particulièrement troublant, et cela interroge.

À sa création en 1980, le parti des Verts allemands, Die Grünen, était farouchement antinucléaire et inconditionnellement pacifiste. Après la fin de l’Union soviétique, tout sauf une coïncidence, le pacifisme n’a plus fait l’unanimité au sein du parti des écologistes allemands,

Après la chute du Mur de Berlin, la plupart des pays européens ont eu la légèreté de croire que, sous le parapluie nucléaire américain, ils pouvaient toucher tranquillement les dividendes de la paix, en diminuant, en pourcentage du PIB, leurs dépenses militaires.

Comme s’ils ignoraient complètement les conséquences du traité de Versailles, les Occidentaux persuadés d’être les «vainqueurs» de la Guerre froide, n’ont rien fait pour comprendre l’amertume des «vaincus».

Après Fukushima, contrainte politiquement de fermer les centrales nucléaires, sous l’injonction des Verts, la chancelière Angela MEKEL a eu l’inconséquence de céder à la facilité, en augmentant simplement la part de l’énergie fossile importée de Russie, sans chercher précautionneusement à diversifier les sources d’approvisionnement de l’Allemagne.

Les Allemands ont commis l’erreur grossière de croire que les gazoducs qui les reliaient à la Russie leur donneraient un moyen de pression contre POUTINE, alors qu’en réalité les gazoducs ont représenté un puissant moyen de pression de POUTINE contre les Européens. 

Devenus ultra-dépendants du gaz russe en voulant dénucléariser vite et mal, les Allemands se sont piégés eux-mêmes, et ont piégé les Européens avec eux.

16 L’économie européenne bientôt à l’arrêt ?

La guerre en Ukraine, que les Occidentaux font débuter le 24 février 2022 et que les Russes font remonter au 18 février 2014, a malheureusement toutes les malchances de s’installer dans le temps et dans l’espace.

Le désastre écologique, économique, et humanitaire, mondial, qui se dessine est actuellement inévitable, tant sont nombreux ceux qui ont intérêt à ce qu’il ait lieu. Les marchands de cannons et les spéculateurs n’ont pas attendu le conflit ukrainien pour s’enrichir en détruisant et en affamant la planète, mais la guerre en Ukraine ne peut que les aider à développer leurs méfaits.

Triste réalité, malgré les catastrophes qui s’annoncent, les voix qui s’élèvent pour appeler à la sagesse et à la paix sont si rares et si faibles qu’elles n’ont aucune chance d’être entendues prochainement.

On peut encore espérer que les pays de l’Union européenne ne deviendront pas cobelligérants du conflit, par contre on ne peut déjà plus empêcher qu’ils en soient des victimes collatérales, lourdement touchées économiquement.

Après six mois de guerre, les Européens et leurs gouvernements semblent avoir pris enfin conscience des graves difficultés auxquelles il va leur falloir faire face dès cet hiver.

Malheureusement les mesures annoncées dans la plupart des pays ne répondent que très partiellement, et très modestement, aux exigences de la situation énergétique, économique et monétaire.

Bien sûr, l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’est pas pour rien dans l’ampleur de la crise économique et monétaire qui pointe dans les pays occidentaux, mais elle est plus révélatrice, que créatrice de la situation déjà particulièrement alarmante actuelle.

Cours de l’or le 14 septembre 2022 : 54 830 €/kg

Évolution des masses monétaires en $ et en €

On voit sur le schéma représentant l’évolution du cours de l’or depuis 20 ans, qu’après 2005, le prix de l’or, en dollars ou en euros, a considérablement augmenté, et que de 2018 à 2022, la valeur du dollar et celle de l’euro ont continué à fortement chuter.

Sur le schéma représentant la taille du bilan de la BCE et de la FED entre 2002 et 2021, on note qu’à partir 2020 les 2 banques centrales ont créé beaucoup de monnaie.

La cause profonde de l’inflation en zone euro et aux États-Unis n’est donc pas la hausse des prix à la consommation, mais la dépréciation de l’euro et du dollar.

L’inflation actuelle en Europe est d’abord monétaire : la masse monétaire de la zone euro a été multipliée par 4 depuis 2008 tandis que la production économique de la zone euro stagnait.

La France traverse depuis 4 ans des périodes agitées et particulièrement difficiles, avant hier la période des Gilets jaunes, hier la période covid, et aujourd’hui la période « ukrainienne ». Alors que l’on sait pertinemment que les difficultés rencontrées sont essentiellement dues à l’impréparation et à un manque d’anticipation, les dirigeants politiques français restent toujours aussi dépourvus de l’imagination, de la volonté et de la cohérence, qui peuvent seules permettent de surmonter durablement les crises.

En 1978, sous la présidence de Valérie GISCARD d’ESTAING, pour résoudre le problème de la dépendance énergétique qui s’était posé en 1973 et qui se reposait depuis 1976, pour faire la chasse au gaspi, l’agence pour les économies d’énergie réalisa une campagne de sensibilisation qui est restée très célèbre. Célèbre pour la forme et célèbre pour le fond du message.

À la question : les idées peuvent-elles se substituer à l’énergie? le spot d’information de l’agence reprenait le slogan apporté pour réponse dès 1976 : « en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ! »

En 2022, comme en 1976, pour régler dans l’urgence leur problème énergétique, les Français ne peuvent toujours compter que sur la puissance de leurs cerveaux, la force de leurs muscles, et sur un grand respect d’une saine discipline collective.

Mais en 2022, contrairement à ce qui s’est produit dans les années 1970, et contrairement à ce que laissent espérer les déclarations de nombreux responsables politiques, la période de sobriété énergétique qui s’impose aux Occidentaux, a tout pour durer. Invité le 14 septembre 2022 dans l’émission d’Apolline de MALHERBE « Face à face » sur BFM TV/RMC, Jean-Marc JANCOVICI explique très clairement pourquoi.

Les16 premiers fournisseurs de l’Europe devraient voir leur production divisée par 2 d’ici 2050. Guerre ou paix en Ukraine, l’approvisionnement en pétrole de l’Europe va donc inéluctablement décliner pour de simples raisons géologiques.

Depuis le 4 juillet, depuis que le ministère de la transition énergétique a fait connaître sa feuille de route pour les deux prochaines années : Sobriété énergétique : un plan pour réduire notre consommation d’énergie, les Français sont continûment informés de tous les écogestes qu’ils vont devoir tous observer, s’ils veulent arriver à passer l’hiver.

La stratégie énergétique française, annoncée par le Président de la République à Belfort le 10 février dernier, repose :

  • la sobriété énergétique, c’est-à-dire consommer moins ;
  • l’efficacité énergétique, c’est-à-dire consommer autrement ;
  • l’accélération du développement des énergies renouvelables (EnR) ;
  • la relance de la filière nucléaire française.

Aux 4 piliers de ce plan, en raison de la situation, s’impose l’addition d’un cinquième pilier :

  • la chasse au gaspillage du temps et de l’argent dans toutes les sphères de la société française.

17 Après l’hiver, réussir à passer le siècle

Depuis des semaines les ministres se relaient pour rappeler aux Français qu’il va leur falloir absolument faire preuve de sobriété énergétique, collectivement et individuellement, sous peine de passer une partie de l’hiver sans chauffage et sans électricité. L’accent est tellement mis sur la baisse du chauffage, que les Français interrogés peuvent relativiser les sacrifices qui leur sont demandés. Certains, bravaches, se déclarent même prêts à se doucher à l’eau froide et à mettre plusieurs pulls s’il le fallait.

Les Français sont-ils vraiment prêts à baisser le chauffage à 19°? La réponse apporté à cette question par les résultats du sondage publié le 15 septembre est pour le moins contrastée. Nos dirigeants auraient tort de croire que les Français vont se montrer aussi sages cet hiver que pendant la pandémie, et surtout comment pourront-ils repérer et sanctionner personnellement les consommateurs en infraction avec le code de sobriété énergétique qu’ils ont édicté ?

À coté des contrevenants cyniques et individualistes qui ne consentirons jamais à renoncer à leur confort personnel, les nombreux Français qui habitent des passoires thermiques auront quant à eux le plus grand mal à régler leur thermostat cet hiver, s’ils en ont un.

Depuis la crise des gilets jaunes le gouvernement français distrait une grande partie de son temps et dépense un pognon de dingue pour apporter, dans l’urgence, des aides conjoncturelles aux personnes qui traversent des périodes difficiles, alors que le 13 juin 2018, dans une vidéo devenue virale, le président MACRON avait expliqué que c’était précisément ce qu’il fallait cesser de faire.

La France a perdu en 2022 sa première place au classement des exportateurs net d’électricité en Europe, après qu’ EDF a été obligé de mettre à l’arrêt 12 réacteurs sur 56 pour des problèmes de corrosion, et 18 autres pour des opérations de maintenance programmées.

Jean-Bernard LÉVY, le directeur général d’EDF, accusé conséquemment d’imprévoyance par le gouvernement, a eu beau jeu pour sa défense de renvoyer les dirigeants Français à leurs injonctions et à leurs déclarations passées, changeantes, voire contradictoires.

Le 1er juillet 2020, au moment où Élisabeth BORNE, alors ministre de la Transition écologique, a déclaré devant un sénat agité : «l’arrêt de Fessenheim incarne l’écologie de responsabilité», elle n’imaginait certainement pas que le président MACRON serait amené à déclarer le 10 février 2022 à Belfort : «Il faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France.»

L’annonce par le président de la République de la relance massive et rapide de la filière nucléaire française a été bien sûr une mauvaise surprise pour tous ceux qui s’acharnent à faire sortir la France du nucléaire depuis une cinquantaine d’années, mais surtout un immense soulagement pour tous ceux qui ont participé, avec une très grande fierté, à la construction des 56 réacteurs encore en activité.

En effet, les bâtisseurs du parc nucléaire français désespéraient de voir leurs avertissements entendus, car ils avaient appris d’expérience que pour mettre en service un nouveau réacteur il faut beaucoup de temps, beaucoup d’argent, et qu’il faut surtout réunir de nombreux savoir-faire.

Maintenant que la stratégie du président français est définie, et qu’il devient de plus en plus improbable qu’elle soit modifiée, reste à la mettre promptement en œuvre, avant que cela ne devienne économiquement et techniquement impossible.

Depuis la déclaration d’intention du président MACRON, début février 2022, l’opinion des Français a considérablement évolué. Selon le sondage (Ifop) publié par le JDD, le 17 septembre, 65 % des Français sont aujourd’hui favorables à la construction de nouveaux réacteurs, alors qu’en octobre 2021 ils n’étaient que 51 %.

Désormais 75% des français se disent favorables au nucléaire, même parmi ceux qui votent pour les Insoumis (56%) et parmi ceux qui votent pour Europe Écologie-Les Verts (53%).

Bien sûr la crise ukrainienne a joué un rôle très important dans les changements d’opinion des Français de 2021 à 2022, mais elle n’a fait que confirmer et amplifier l’évolution des mentalités notée entre 2019 et 2021 (cf Ouest-France le 20 octobre 2021 : Nucléaire. L’opinion des Français change)

Les dirigeants français peuvent être satisfaits que leur choix d’investir dans l’énergie nucléaire soit largement approuvé, mais il doivent prendre garde à ce que cette approbation ne repose pas sur un malentendu.

En matière d’électricité, les Français sont-ils devenus des partisans du nucléaire par cohérence écologique (énergie électrique décarbonée), ou sont-ils simplement résignés par déshérence économique (envolée des prix des énergies importées) ?

Quels que soient la raison de cette re – conversion des Français à l’électricité nucléaire, elle offre au gouvernement la chance de pouvoir lancer son projet dans des conditions devenues si rares, qu’il ne faut surtout pas les gâcher.

Pour garantir l’avenir énergétique du pays, la décision rapide de construire de nouveaux réacteurs nucléaires est absolument nécessaire, indispensable, mais elle n’est pas suffisante.

Les Français savent désormais que, pour assurer le bon fonctionnement et la longévité d’un réacteur nucléaire, il faut prendre soin d’en assurer la maintenance, et prévoir son grand carénage, à temps. Ils ont surtout compris que, faute de quoi, ils auront du mal à passer l’hiver.

Avant que de nouveaux réacteurs commencent à être mis en service, il faut compter entre 5 et 10 ans, la France va devoir s’astreindre à une stricte sobriété énergétique et faire en urgence les investissements permettant de faire de grandes économies d’énergie.

Paradoxe qui échappe à ceux qui sont restés loin du monde de l’entreprise, pour pouvoir faire de faire de grandes économies, notamment d’énergie, il faut commencer par faire de grandes dépenses.

Pour pouvoir réunir les sommes énormes nécessaires aux travaux d’entretien, aux chantiers de rénovation et d’innovation, des choix budgétaires douloureux, voire déchirants, deviennent inéluctables.

Alors que lAllemagne se prépare à entrer en récession, la plupart des Européens, à l’exemple de la présidente de la commission européenne, Ursula Von DER LEYEN, ne semblent pas encore avoir mesuré la gravité de la situation économique et monétaire que va vivre l’Europe dès cet hiver.

Si on décernait un prix à l’élu européen qui s’est montré le plus inconséquent dans l’année, nul doute que pour 2022, un Français ou une Française aurait toutes les chances de le remporter.

À Constantinople, le 29 mai 1453, le jour où les forces turques allaient envahir la ville, les religieux byzantins ne trouvaient rien de plus urgent à faire que de discuter de la question théologique du sexe des anges.

Tandis que les problèmes économiques et sociaux s’accumulent, de nombreux responsables politiques français semblent vouloir tout faire pour fracturer d’un point vue sociétal et culturel le peu de cohésion nationale qui reste en France.

Oubliant que pour affronter les tempêtes, la cohésion des membres de l’équipage et leur bonne formation sont essentielles, des idéologues s’acharnent à diviser les Français, selon la couleur de leur peau, selon leur genre, et selon leur façon de penser l’avenir du pays.

À la fin du premier trimestre 2022, la dette publique de la France s’élevait à 2 902 milliards d’euros, soit 114,5 % du produit intérieur brut (PIB).

En 2022, pour un total de 522 milliards d’euros, dans le budget de la France, on trouve en un les remboursements et les dégrèvements d’impôts (25%), en deux l’enseignement scolaire (15%), en trois la défense (9,5% = 1,98% du PIB), en quatre les engagements financiers de l’État (soit le remboursement de la dette) (8,5%), et en cinq la Recherche et l’enseignement supérieur (5,6%).

À la lumière de toutes ces données, en raison de la situation internationale, faite d’inflation, de récession, et de tensions, il est évident que les marges budgétaires du gouvernement français, quel qu’il soit, sont extrêmement minces, voire inexistantes.

Le président MACRON a proposé de créer un Conseil National de la Refondation, pour tenter de remettre la France sur de bons rails. L’idée part certainement d’une bonne intention, mais l’acronyme du nom donné à cette instance de réflexions et de propositions, CNR, a acquis à La Libération un caractère sacré, qui interdit de chercher à en détourner l’usage.

Vieux pays millénaire, la France n’a nul besoin d’être refondée, en revanche, s’il elle veut passer le siècle, elle doit entreprendre à temps tous les travaux de maintenance nécessaires à sa prolongation.

Comme les navires et les réacteurs nucléaires, le pays doit subir un grand carénage.

Il faut faire d’urgence, une révision générale, un check-up complet, un bilan de santé, de l’économie et de la société française, tant les signes cliniques inquiétants apparaissent nombreux.

18 Avant le grand carénage, un grand consensus

Malgré les difficultés qui s’accumulent, et la majorité seulement relative dont il dispose à l’Assemblée, le gouvernement d’Élisabeth BORNE, répondant aux souhaits du président MACRON nouvellement réélu, affiche une forte ambition réformatrice, à vocation réparatrice.

La multiplication d’annonces de plans de réformes depuis trois mois donne l’image d’un pays dont les dirigeants ont bien pris conscience du nombre de chantiers à lancer d’urgence mais qui ne savent pas par où commencer.

Les Français n’ont pas besoin que les ministres leur égrènent la liste des domaines dans lesquels les rouages de l’État sont rouillés et doivent être dégrippés, ou remplacés : justice, sécurité, école, santé, immigration, islamisme …, ils ne les connaissent que trop.

Les Français ne sont pas exigeants, ils savent que tout ne peut pas être fait tout de suite. Ils aimeraient juste rapidement connaître les objectifs précis que se fixe le gouvernement, et l’art et la manière avec lesquels il espère les atteindre.

De même que la confiance réciproque entre le médecin et le patient est connue comme étant souvent le facteur déterminant pour l’efficacité d’un traitement, la confiance et l’estime que les gouvernants et les gouvernés ont les uns pour les autres conditionne grandement la réussite d’une politique.

Malheureusement en France, depuis près de 40 ans, le fossé entre les dirigeants et les dirigés n’a fait que se creuser, et la méfiance envers les élites n’a fait que s’aiguiser.

Pour des raisons économiques, sociales, sociétales, culturelles et cultuelles aujourd’hui bien documentées, que seuls les idéologues et les partis de gouvernement ont continûment refusé d’admettre, la France est devenue en quelques décennies «un archipel», de plus en plus complexe à gouverner.

Alors que pour réussir, en sport comme en politique, l’esprit d’équipe est essentiel, l’archipélisation croissante et généralisée du pays a rendu l’espoir de recouvrer une grande cohésion nationale de plus en plus illusoire.

En septembre 1984, durant l’émission L’heure de vérité, répondant à une question sur la nouvelle loi instaurant la représentation à la proportionnelle qui risquerait d’amplifier le phénomène LE PEN, alors premier ministre socialiste, Laurent FABIUS, avait déclaré « L’extrême droite ce sont de fausses réponses à de vraies questions« .

Malheureusement, à la suite de cette « heure de vérité », non seulement aucune réponse ne fut apportée à « ces vraies questions », mais les électeurs qui continuaient à les poser furent accusés d’être les responsables des maux dont ils disaient souffrir, et présentés comme des prédélinquants.

Le sociologue Paul YONNET fut le premier à pressentir, dans son livre Voyage au centre du malaise français, publié en 1993, à quoi tout cela allait conduire. En relisant ce livre en 2022, on comprend «Comment l’antiracisme a réinventé le racisme».

L’instrumentalisation de l’antiracisme et la mythification du multiculturalisme pour de médiocres raisons politiciennes ont fini par rendre les problèmes complexes d’immigration inextricables.

Pour ne rien arranger, de peur d’être taxés de racistes, les journalistes usent et abusent désormais de circonlocutions, méconnaissant ainsi les recommandations déontologiques de deux de leurs plus illustres anciens :

Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout-il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. (Charles PÉGUY)

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe …(Jean JAURÈS)

Le dévoiement de l’antiracisme conduit malheureusement la France dans l’impasse du racialisme, et le dévoiement du droit a rendu l’État de droit impuissant dans ses fonctions régaliennes.

Attendre que l’antiracisme ne soit plus dévoyé pour agir serait une folie, mais continuer à agir comme si les dévoiements n’existaient pas serait aussi insensé. Dans de nombreux domaines la suspicion de racisme systémique est tellement installée qu’il est vain actuellement de s’épuiser à lutter contre la banalisation de cette affirmation, bien qu’elle soit le plus souvent calomnieuse.

Alors que la fragmentation de la société croît continûment, la majorité des responsables politiques français refuse obstinément d’accorder l’importance qu’elle mérite à la fracturation démographique et démocratique qui secoue de plus en plus le pays.

Alors que dans de plus en plus de quartiers en France la situation est devenue explosive et pétaradante, au sens propre comme au sens figuré, pour complaire à leur clientèle électorale, les partis politiques continuent à se montrer plus prompts à proférer des accusations qui divisent qu’à faire des propositions qui rassemblent.

Lors de sa passation de pouvoir en novembre 2018 au ministère de l’Intérieur, l’ex-futur maire de Lyon Gérard COLLOMB, avait eu cette phrase qui avait fait couler beaucoup d’encre : « aujourd’hui, on vit côte à côte et je le dis, moi je crains que demain on ne vive face-à-face ».

Le fait que les propos du ministre en partance aient tant surpris, voire choqué, montre comment les élites et les journalistes de ce pays vivent dans un monde virtuel de bisounours déconnectés des réalités.

Depuis bientôt 40 ans, les dirigeants et les milieux culturels français tiennent à persuader les petites gens que s’ils étaient plus tolérants et plus accueillants, ils connaîtraient la chance et la richesse qu’apporte une cohabitation harmonieuse entre individus et/ou entre communautés, le fameux vivre-ensemble (nom masculin invariable).

Tant que les donneurs de leçons de cohabitation heureuse, vivront dans des maisons individuelles confortables entourées de hauts-murs, et que ceux qui les reçoivent seront condamnés à vivre dans des logements inadaptés mal isolés, relégués dans des zones où vivent de plus en plus d’habitants qui sont arrivés en France sans frapper avant d’entrer, le discours officiel vantant les bienfaits du multiculturalisme, ne pourra être accepté par ceux qui n’en connaissent que les désagréments, et qui l’entendent même comme une sorte de provocation cynique.

Pour une cohabitation, comme pour une soirée, pour qu’elle soit réussie il faut la souhaiter, bien la préparer, et surtout veiller à ce que personne ne vienne la gâcher.

Malheureusement, dans presque tous les pays de l’Union européennes les dirigeants ont laissé, par aveuglement, par paresse, par lâcheté, tous les problèmes liés à l’immigration s’accumuler dangereusement pour la paix sociale, la paix sociétale, la paix culturelle, et la paix cultuelle.

En octobre 2022, fort malheureusement, les appréhensions de Gérard COLLOMB apparaissent largement dépassées.

Le 13 octobre, à 3 jours des deux ans de la mort de Samuel PATY, la chaîne d’information en continu, franceinfo, a rapporté deux faits de menace de mort contre des enseignants. L’une en Alsace le 4 octobre, et l’autre dans l’Essonne le 10 octobre. En ce qui concerne cette dernière, effectuée par lettre, la police et le parquet semblent vouloir la minimiser, en évoquant la possibilité qu’il ne s’agissent que d’une très mauvaise blague.

À la lecture de la lettre qui lui était adressée, le proviseur du lycée Georges Brassens, où enseigne le professeur visé par la menace, n’a certainement pas, lui, pensé d’abord à un canulard.

On peut lire en effet :« Votre professeur le sale juif doit arrêter de faire le malin. On va lui faire une « Samuel PATY »à lui et son père le vieux rabbin sioniste. Les juifs on n’en veut pas dans des lycées. Restez dans vos synagogues. On va s’occuper de lui à la sortie du lycée ».

Devant les réactions convenues, presque résignées, des autorités et des médias, face à de telles horreurs, comment ne pas songer aux paroles prophétiques prononcées il y a plus de 16 siècles par Saint Augustin :

« À force de tout voir on finit par tout supporter… À force de tout supporter on finit par tout tolérer… À force de tout tolérer on finit par tout accepter… À force de tout accepter on finit par tout approuver ! »

Ne pas succomber à la tentation de l’islamophobie malgré la longueur de la liste des attentats islamistes en France depuis 1980, c’est faire preuve de sang-froid et de sagesse, mais ne pas dénoncer nommément les auteurs et les inspirateurs des attentats, en croyant préserver la paix civile, c’est faire le jeu des apprentis maîtres chanteurs terroristes, dont le but ultime est de faire taire, sous la menace, tous ceux qui refusent de se soumettre à leurs volontés.

Le 15 octobre, pour sa première exposition numérique réalisée en partenariat avec des collèges et des lycées, la direction du Musée-mémorial du terrorisme a choisi, « pour raison de sécurité », de ne pas publier les dessins sur lesquels avaient travaillé des élèves, notamment les caricatures de « Charlie Hebdo », bel exemple de la lâcheté ordinaire.

Malheureusement, ni une politique de l’autruche, ni une politique purement répressive ne peut plus apporter rapidement aujourd’hui de solution aux graves problèmes que la France doit affronter.

Espérer faire advenir prochainement dans le pays une cohabitation harmonieuse, relève du vœu pieux, tant les facteurs de divisions et les motifs d’incompréhensions se sont accumulés.

Les animosités entre communautés sont désormais si durablement installées, et si éhontément exacerbées, pour des raisons politiciennes et/ou idéologiques, que de plus en plus de Français doutent pouvoir continuer à vivre ensemble, et le font savoir quand ils vont voter.

À la question, combien y a-t-il d’étrangers en France ? l’Insee répondait en 2021 moins de 8%.

En janvier 2013, une étude Ipsos indiquait que 70% des sondés jugeaient qu’il y avait trop d’étrangers en France, et 62% des sondés déclaraient ne plus se sentir chez soi comme avant.

En 2022, en additionnant le pourcentage de ceux qui se sentent désormais étrangers « chez eux » et le pourcentage de ceux qui tiennent à le rester, bien qu’ils vivent dans l’hexagone depuis leur naissance, la France est en voie de devenir un étrange pays qui à terme ne sera plus peuplé que d’habitants pensant y être étrangers.

Depuis plus de 50 ans, non seulement les autorités françaises ont géré les problèmes liés à la croissance des flux migratoires avec beaucoup de désinvolture et d’inconséquence, mais elles ont cherché à reporter la responsabilité de la faillite de leurs politiques sur les Français les plus modestes, qui se voient chaque jour un peu plus dépossédés du peu qui leur reste. « L’instinct de survie des classes populaires est la seule réponse à la promesse du chaos. » [Christophe GUILLUY]

19 Un instinct de survie qui ouvre les voies de la sagesse

Trois jours après les attentats du 13 novembre 2015 en France, l’écrivain et politologue marocain, Omar SAGHI, donna pour  titre à son article publié par le NouvelObs : « La première guerre civile multiculturelle de notre histoire ». 

Cet article, avec son intitulé, publié par cet hebdomadaire, sonna comme un avertissement pour le lectorat de ce journal emblématique de la gauche humaniste.

La prise de conscience de la gravité de la situation fut très brutale. Tous ceux qui depuis des décennies idéalisaient les sociétés multiculturelles furent obligés d’admettre que le multiculturalisme est une utopie, et comme toutes les utopies, elle est pavée de bons sentiments et…mène à l’enfer.

La société multiculturelle est un fantasme tout droit sorti du cerveau pétri de repentance des universitaires « politiquement corrects » américains, honteux d’une histoire qui s’est bâtie sur le génocide le plus abouti, celui des amérindiens, et la déportation puis l’esclavage des africains.

Le multiculturalisme engendre le communautarisme, c’est-à-dire la juxtaposition de communautés très peu ouvertes sur l’altérité (pas ou peu d’exogamie), repliées sur leurs traditions culturelles, leur religion et leurs coutumes. De ce repli naît la méfiance, puis la xénophobie entre les différentes communautés. On en arrive enfin au racisme intercommunautaire, qui dégénère inévitablement en violence.

En d’autres termes – et ce n’est pas le moindre de ses paradoxes- le multiculturalisme, qui se définit comme un antiracisme absolu, aboutit à un racisme généralisé et paroxystique !

L’invitation à faire l’effort de vivre-ensemble que les Français reçoivent depuis des lustres, ou plus exactement l’injonction à laquelle les Français sont sommés de répondre est, elle, tout aussi paradoxale. En effet, dans un pays où les couples peuvent divorcer de plus en plus facilement, et où ceux qui le font sont de moins en moins dissuadés de le faire, il est cocasse d’entendre reprocher aux Français de refuser de vivre une sorte de mariage forcé avec la « diversité ».

Jusqu’à la moitié du XXe siècle le modèle français d’assimilation a permis d’accueillir et d’assimiler un nombre d’étrangers, parfois très important, souvent dès la première génération, même lorsque leur culture d’origine était très éloignée de la culture gréco-judéo-chrétienne matricielle de la France.

Au XXIe siècle, pour de simples raisons terre à terre multiples et variées (antennes paraboliques, téléphones portables, facilités de transports, …) le modèle traditionnel d’assimilation ne peut plus fonctionner comme avant.

Il est totalement irréaliste d’espérer pouvoir relancer l’assimilation à l’ancienne, même dans une forme modifiée, l’assimilation de papa est morte, car pour qu’une culture puisse être facilement assimilée il faut d’abord qu’elle reste hautement désirable, et qu’elle soit fortement désirée.

Désormais malheureusement, ces deux conditions sont de moins en moins réunies. Il est tristement trivial de rappeler que pour qu’il puisse y avoir l’assimilation d’une culture faut-il encore que subsiste un riche substrat culturel à assimiler.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Français ne cessent de laisser croître en eux une pathologique haine de soi, et ne cessent d’afficher leur désintérêt et leur désamour pour leur pays, sa culture, sa langue, et son mode de vie traditionnel. Il n’y a donc rien d’étonnant, dans ce climat culturel délétère, que tant d’étrangers vivant en France manifestent si peu de reconnaissance, d’empathie et d’estime pour le pays qui les a accueillis.

Non seulement il n’y a aucune chance que ce mauvais état d’esprit ambiant s’évanouisse prochainement, mais tout concourt à ce qu’il empire rapidement. Tant que pour des raisons cyniquement politiciennes les comportements les plus délictueux ne seront pas l’objet de condamnations unanimes, tant que les valeurs universelles sur laquelle s’est construit la République seront accusées d’être racistes, la fragmentation de la société française ne peut que croître et l’incantation au vivre ensemble ne peut être qu’une forme d’escroquerie intellectuelle. Bien sûr arriver à bien vivre ensemble reste une belle et bonne idée, mais laisser accroire que c’est pour demain ne peut que faire empirer les choses.

Lorsque les couples ont résolu de divorcer, les bons conseillers conjugaux les invitent à rechercher les accommodements raisonnables leur permettant de vivre le moins mal leur séparation, souvent douloureuse et conflictuelle.  

De même, lorsque les habitants d’un pays ne veulent plus, ou ne peuvent plus, cohabiter étroitement, les responsables politiques se doivent de trouver les accommodements raisonnables permettant aux différentes populations de coexister le mieux possible.

Qu’ils aiment le pays, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout, ceux qui y vivent actuellement, et qui doivent continuer à y vivre, ne peuvent rester totalement indifférents, ni à leur environnement, ni au changement climatique qui ne manquera pas d’affecter la France, leur pays de résidence principale, au cours des prochaines années.

C’est pourquoi, qu’ils aspirent à vivre ensemble, ou non, tous les êtres humains vivant en France doivent prendre conscience au plus tôt qu’ils sont tous condamnés à survivre ensemble.

L’universalisme républicain est une conception abstraite de la citoyenneté qui consiste à dire que la meilleure façon de ne pas discriminer un citoyen c’est de le définir en faisant abstraction de sa race, sa religion, ses opinions politiques, son orientation sexuelle, son sexe. Cet universalisme a permis à des milliers d’étrangers de couleur de trouver refuge en France et de s’y sentir bien. Joséphine BAKER représenta le plus emblématique exemple d’amour partagé entre une femme noire et une France blanche.

Mais l’universalisme républicain français est aujourd’hui mis en accusation et caricaturé. S’indigner comme Marianne le fit en 2019, dans un article intitulé : cessons de caricaturer l’universalisme républicain ne suffira malheureusement pas pour empêcher les promoteurs de la cancel culture et du wokisme de continuer éhontément à racialiser tous les rapports sociaux en France.

La culture de l’excuse absolutoire, de tous les actes commis par des présupposés dominés contre des présupposés dominants, accusés de racisme de façon quasi systémique, installe durablement la totale impuissance des États de droit européens à faire respecter la loi et l’ordre. La racialisation des rapports sociaux est d’une telle perversité qu’il est illusoire de croire pouvoir en dénoncer l’instrumentalisation simplement et encore moins efficacement.

Lorsque la racialisation des rapports humains s’est installée dans l’espace public depuis longtemps, il devient quasiment impossible de la faire disparaître rapidement totalement.

Dans les pays européens où la pression migratoire extra-européenne a cru et continue à croitre fortement, la cohabitation des anciens habitants avec les nouveaux arrivants devient de plus en plus problématique.

Dans les pays, tel l’Allemagne, où l’immigration est prise en charge et encadrée fermement et rapidement, les heurts avec les forces de l’ordre semblent encore relativement limités.

En France par contre, où l’immigration est de plus en plus nombreuse et chaotique, notamment dans les quartiers les plus défavorisés économiquement et culturellement, les affrontements avec la force publique ne cessent d’augmenter.

En décembre 1996 le ministère de l’intérieur a publié un décret donnant la première liste de 750 quartiers classés en zones urbaines (ZUS), 751 en 2000.

Depuis 2000, le nombre de ZUS n’a pas augmenté, mais les zones urbaines sensibles sont devenues de plus en plus sensibles, au point qu’on les qualifie désormais couramment de zones de non droit.

Dans les pays de l’Union européenne et en France tout particulièrement, confrontées aux désordres qui se banalisent et s’aggravent, les autorités se montrent aujourd’hui de plus en plus incapables de maintenir l’ordre de façon pérenne.

Le 20 août, le ministre de l’intérieur, Gérard DARMANIN, déclare dans le JDD : …«il serait idiot de ne pas dire qu’il y a une part importante de la délinquance qui vient de personnes immigrées». «48 % des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris, 55 % à Marseille et 39 % à Lyon sont des étrangers». «Bien sûr que l’étranger n’est pas par nature un délinquant. Mais il est évident que nous avons un problème de délinquance étrangère».

Le 2 novembre en direct de l’Assemblée nationale, sur BFMTV, le ministre enfonce le clou : « Une partie des étrangers dans les grandes métropoles commettent l’essentiel des actes de délinquance ».

Répondant aux accusations de Gérard DARMANIN, le 1er décembre le journal l’Humanité publie un article intitulé : Le fantasme de l’étranger délinquant, dans lequel on lit : « Les données sur la criminalité des immigrés ne peuvent être analysées sans tenir compte de l’impact des discriminations et des inégalités sociales qu’ils subissent ». En d’autres termes, pour le journaliste, l’étranger délinquant est responsable mais pas coupable.

Le 22 novembre sur TV5 Monde, Bertrand BADIE explique très sérieusement que le monde des États-nations, le vieux monde, est condamné à disparaître et que tous les populistes et les nationalistes qui veulent se réfugier derrière des frontières rêvent d’une société qui n’existera plus car : « Le monde ne sera plus comme avant ». Pour lui, l’avenir est à la mondialisation heureuse, à la gouvernance globale ?

Cette perspective ne peut malheureusement sérieusement enthousiasmer que des êtres qui méconnaissent l’histoire et la complexité du monde. Alors que les États-nations démocratiques les plus longuement installés se montrent de plus en plus impuissants à faire respecter un minimum d’ordre en leur sein, notamment en raison des problèmes migratoires, comment imaginer une instance mondiale capable d’imposer son autorité à 8 milliards d’individus.

Dès la chute du Mur de Berlin, les États-Unis ont tenté de s’imposer comme seul gendarme du monde.

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Dès la chute du Mur de Berlin, les États-Unis ont tenu à, et cru pouvoir, s’imposer comme seul gendarme et maître du monde, économiquement et militairement. En novembre 1997, dans le Monde diplomatique, l’historien et géo-stratégiste, François GÉRÉ, fut un des premiers à s’inquiéter des dangers que ne manquerait de faire courir au monde la prétention hégémonique illimitée de l’imperium américain.

Début janvier 2003, dans une longue vidéo intitulée, Mettre fin à la GUERRE en UKRAINE ?, le journaliste suisse Guy METTAN, déplorant, que la Confédération helvétique ait bradé en 48 heures deux cents ans de neutralité, pour répondre aux seules injonctions des États-Unis, explique pourquoi les Occidentaux en général, et les Européens en particulier, commettent depuis 30 ans une grave erreur géopolitique en soutenant de façon de plus en plus inconditionnelle la politique hégémonique des USA.

Paradoxalement en politique internationale, l’Union européenne en est venue à oublier le principe de subsidiarité alors qu’elle fut la première à en vanter, à la face du monde, l’importance essentielle en démocratie.

Bien que certaines de leurs « valeurs » soient aujourd’hui rejetées par les trois quarts des pays du monde, les Occidentaux continuent à vouloir les exporter et les imposer, en tentant de convaincre la planète entière, avec de moins en moins de succès, qu’elles ont vocation à devenir universelles.

En ce début d’année 2023, le rêve de certains Européens d’un monde unipolaire, d’une gouvernance mondiale sous tutelle et protection américaine, tourne au cauchemar.

Lorsque le mardi 1er mars 2022 les Français entendirent au réveil leur ministre de l’Économie, Bruno LE MAIRE, affirmer martialement : « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe », ils n’imaginaient certainement pas le coût exorbitant qu’aurait d’abord pour l’économie française les sanctions imposées par les États-Unis.

Les sanctions étaient-elles inévitables, étaient-elles bien calibrées ? À l’heure actuelle, il ne sert plus à rien de pleurer sur le lait renversé, car de toute façon, les effets des sanctions sont amenés à durer très longtemps, quand bien même elles pourraient être levées immédiatement miraculeusement.

20 Une situation « tragique mais pas désespérante »

Après la crise pandémique, la guerre en Ukraine fait apparaître toutes les graves insuffisances et les alarmants déclassements de la société française, dans les domaines dans lesquels elle était, jusqu’à il y a encore peu, unanimement considérée comme exemplaire. Le système de santé français a montré hier qu’il était à bout de souffle, le secteur de l’énergie montre aujourd’hui ses déficiences et ses défaillances. En ajoutant à cela la désindustrialisation massive, la baisse dramatique du niveau scolaire, la montée record de la dette, qui atteint les 3 mille milliards d’euros, l’augmentation continue de l’insécurité, et l’annonce de l’arrivée de la crise climatique, il est facile de comprendre l’angoissante inquiétude qu’éprouvent de plus en plus de Français.

En entendant le désespoir et la douleur des boulangers, on peut même croire que la situation de la France est devenue tragique.

Pour que les Français ne cèdent ni à l’inconséquence ni à la sinistrose, face à la tragédie qu’ils pressentent voir venir, il serait judicieux que leurs responsables politiques et leurs dirigeants s’instruisent et s’inspirent des travaux et de la pensée de Bruno LATOUR.

À la fois philosophe, anthropologue et sociologue, Bruno LATOUR, décédé le 9 octobre 2022, était une figure intellectuelle majeure de l’Écologie en France et dans le monde entier. Le 25 octobre 2018, le New York Times l’avait qualifié par exemple de « plus célèbre » et « plus incompris des philosophes français ».

À propos de la terre, Bruno LATOUR demandait aux hommes de faire preuve d’empathie envers elle. Il appelait cela la « géopathie ». Ce néologisme qu’il a créé, désigne en premier lieu le fait de se rendre sensible aux nouvelles connaissances de l’écosystème Terre (une forme d’empathie avec la géographie) et, d’autre part, de faire ressentir ce qu’a de pathologique les relations que beaucoup d’humains entretiennent avec elle.

Pour ce penseur de l’Écologie moderne de grand renom « tout n’est pas foutu, au contraire », sous réserve que les hommes cessent de vivre en « escapism » permanent, en train de se déplacer dans des mondes qui n’existent pas.

Pour Bruno LATOUR, on est loin d’une situation de catastrophe. La situation est tragique mais pas désespérante. Il faut juste se mettre au travail, urgemment, conscient qu’on n’est ni dans le temps infini ni dans l’espace infini, mais confinés dans un espace et dans le temps. Il faut juste œuvrer à la recherche de la prospérité, ici et maintenant, en luttant contre le développement absurde, et en cessant avant tout de repousser indéfiniment, inconséquemment, les conséquences de nos actions.

Par ses propos provocateurs, le 15 septembre 2022, la plus médiatisée et la plus controversée responsable de l’écologisme politique, Sandrine ROUSSEAU, apporta la preuve que, Bruno LATOUR fut vraiment, jusqu’à la veille de sa mort, le plus mal compris des philosophes français, en commençant par ceux et celle qui auraient dû être les plus réceptifs à ses réflexions et travaux.

En déclarant que « la société écologique, est une société de ralentissement », que « la valeur travail, est quand même une valeur de droite », et qu’« on a un droit à la paresse », la députée EELV laisse à penser que l’urgence écologique peut attendre, pire, qu’on peut bien s’accorder une pause.

Ces propos constituent surtout une aberration anthropologique et écologique.

21 Anthropologie et Écologie

Anthropologie :

L’Homme moderne occidental est un être pétri de contradictions de plus en plus inconséquent. Devenu hyper-individualiste, alors qu’il n’a jamais été aussi peu capable de répondre seul à ses besoins existentiels, à l’heure de l’animalisme triomphant, il a la prétention de croire pouvoir vivre en solitaire.

Dans notre société de consommation folle, remettre en cause la valeur travail, le travail pour le travail, peut être tout à fait légitime.

Mais, en parlant de droit à la paresse, brutalement, sans contextualisation, en pleine crise pandémique, climatique et économique, Sandrine ROUSSEAU, a fait preuve de beaucoup de légèreté et d’irresponsabilité.

En tenant ses propos qui ont fait polémique, la députée écologique semblait visiblement avoir oublié, ou ne pas savoir, que Le Droit à la paresse, était le titre d’un ouvrage de PAUL LAFARGUE paru en 1880. On peut noter que les journalistes qui l’ont interrogée semblaient aussi oublieux ou ignorants qu’elle.

Le travail est peut-être une valeur de droite, mais ce qui est sûr c’est que vivre du travail des autres sans rien faire pour autrui n’a jamais été une valeur de gauche, et ne peut le devenir pour aucun écologiste cohérent.

Sandrine ROUSSEAU, comme beaucoup de citadins, a probablement vécu loin de la campagne, où on ne confond pas la sieste, réparatrice de la force de travail, avec la paresse, car le monde paysan sait de façon atavique, que paresse rime avec famine.

Il est cocasse aussi que la députée écologiste, élue de la NUPES, ne connaisse pas mieux le monde ouvrier, qui a adopté pour hymne, dans le monde entier, l’Internationale, chant révolutionnaire, qui condamne de façon on ne peut plus claire l’oisiveté.

Madame ROUSSEAU méconnaît visiblement le poème d’Eugène POTTIER, qui a donné ses paroles au troisième couplet du chant.

Ouvriers, Paysans, nous sommesLe grand parti des travailleursLa terre n’appartient qu’aux hommesL’oisif ira loger ailleursCombien de nos chairs se repaissentMais si les corbeaux, les vautoursUn de ces matins disparaissentLe soleil brillera toujours

Un pays vandalisé, politiquement divisé, difficile à gouverner

Une France  coupée en quatre

Un pays où le désordre se veut roi

Une pays où la police se sent impuissante et honnie

Une police de plus en plus attaquée

Un vandalisme qui se généralise au « service » de la révolution

Leur ennemi à eux aussi c’est la finance

L’environnement  passera après la révolution

[Le 16 avril 2022, 17 H15, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Pauvre Sorbonne !
[Le 16 avril 2022, 17 H15, P.TEST