N° 121 Pologne : un pays qui revient de très loin

« La Pologne est clairement l’un des anciens pays communistes qui a le mieux réussi sa transition économique et politique pour se rapprocher des standards occidentaux de l’Union. » Frédéric PETIT, (député de la 7e circonscription des Français établis à l’étranger).

C’est en Pologne, plus précisément à Cracovie que l’idée de créer l’Institut de Coopération avec l’Europe Orientale (ICEO) a pris naissance. Les membres fondateurs de l’Association étaient  parfaitement conscients des difficultés que les pays de l’Est devraient surmonter pour passer de l’économie socialiste à l’économie libérale, mais en raison de la connaissance qu’ils avaient acquise de ces pays, pour certains durant une trentaine d’années, ils savaient que l’optimisme de la volonté pallierait le pessimisme de la raison.

Rien de tel, qu’une longue et étroite coopération scientifique, pour apprendre à saisir, ce qu’on appelle communément, l’âme d’un peuple. Lorsque de plus, on a la chance d’être instruit par un ami qui fait tout pour vous faire aimer son pays, il est facile de voir et de comprendre.

Il suffit de connaître quelques rudiments de l’ Histoire de la Pologne, et de l’évolution territoriale de la Pologne, pour mesurer combien il a fallu de force morale, de résilience, de courage et d’intelligence au peuple polonais pour arriver à survivre, En Pologne, avant de porter un jugement, il faut donc garder à l’esprit que :

de 1815 à 1918, la Pologne a cessé d’exister, et de 1939 à 1945, le pays a été RAVAGÉ– [doc] 

de 1815 à 1918, la Pologne a cessé d’exister, et de 1939 à 1945, le pays a été RAVAGÉ– [pdf]

En 1986, après  seulement quinze jours de travail à  la Faculté de Pharmacie de Cracovie, aux cotés de ses homologues polonais, un post-doctorant  français, écrivit une lettre à un de ses collègues de la Faculté de Pharmacie de Montpellier, qui, 33 ans après, s’avérera tout à fait prémonitoire.

Pour lire ce document  cliquez sur l’adresse (hyper lien) : 1 La Coopération Scientifique Cracovie Montpellier 1973-2009

La coopération scientifique Montpellier Cracovie a tenu toutes ses promesses. En 2009, avant de partir à la retraite, l’ancien post-doctorant français, qui était à Cracovie en 1986, pouvait faire le bilan de 36 ans de collaboration :

1 La Coopération Scientifique Cracovie Montpellier 1973-2009   

2 Współpraca Naukowa pomiędzy Krakowem a Montpellier 1973-2009

En 2019, la coopération scientifique franco-polonaise continue et l’Économie polonaise est florissante. La Pologne est un pays qui revient vraiment de très loin.

Sans doute parce qu’il sous-estimait le niveau d’excellence de l’enseignement et de la formation atteint par le pays à sa sortie  du système soviétique,  dans l’article de La Croix, reproduit ci-dessous, le journaliste présente la réussite économique de la Pologne comme une « divine surprise« .

ICEO, qui ne peut que se féliciter de ces bonnes nouvelles, se doit d’appeler à la lucidité. La réussite économique de la Pologne est certes due aux qualités propres du pays acquises au cours de son histoire déchirante, mais aussi, ne l’oublions pas, à une géographie actuellement particulièrement favorable. Aux portes de Berlin, qui se trouve à 80 kilomètres de sa frontière, la Pologne a tous les avantages de sa proximité avec son riche et puissant voisin allemand, sans avoir les inconvénients inhérents à la zone euro.

Le premier ministre polonais Mateusz MORAWIECKI, à la tête du gouvernement ultraconservateur du parti Droit et Justice (PiS), lors d’une conférence de presse à Varsovie, le 27 août. Agencja Gazeta/Reuters

Début septembre, 5 000 dirigeants politiques et économiques venus de toute l’Europe orientale et centrale se sont retrouvés dans le sud-est de la Pologne, à l’occasion de la 29e édition du Forum économique de Krynica-Zdroj, station thermale et de ski au décor de carte postale. Son invité vedette était sans conteste le premier ministre Mateusz MORAWIECKI, désigné « homme de l’année » par les organisateurs de l’événement.

« Nous pouvons espérer que dans quatorze ans nous serons au niveau de l’Espagne ou de la France quant au PIB par habitant. Nous sommes de plus en plus près du G20 puisque nous occupons la 22e place. Bientôt, nous dépasserons Taïwan », a lancé lors de sa conférence cet ancien banquier d’affaires libéral qui a rallié, il y a deux ans, le gouvernement ultraconservateur du parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir depuis 2015.

Des performances sans limites

Si les promesses de ce type sont habituelles en période de campagne électorale – les élections législatives auront lieu le 13 octobre –, tout le monde, ici, semble les prendre au sérieux tant les performances de l’économie polonaise paraissent sans limites.

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Chef du service économique régional Europe centrale et balte à l’ambassade de France en Pologne, Vincent FALCOZ égrène les indicateurs qui permettent de prendre la mesure de ce succès. « En 2004, le revenu par habitant n’excédait pas 40 % de la moyenne européenne. Il atteint aujourd’hui 70 %, à 29 548 € par an. En quinze ans, la Pologne est le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir connu de récession, y compris après la crise de 2008. Au contraire, la croissance polonaise s’est maintenue à un niveau très élevé, jusqu’à 5 % en 2018 », souligne-t-il.

La Commission européenne prévoit un léger fléchissement en 2019, avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 4,4 %. Mais ce niveau reste parmi les plus élevés en Europe, où la croissance n’excédera pas 1,5 % en moyenne pour l’ensemble de l’Union et à peine 1 % pour les 19 pays de la zone euro.

Une transition économique exemplaire

À cela s’ajoute un taux de chômage historiquement bas, à 3,8 % – contre 6,3 % pour l’UE –, un déficit public stabilisé à 1,6 % du PIB et une dette publique ramenée sous les 50 % de la richesse nationale.

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« Ces résultats font de la Pologne l’un des anciens pays du bloc de l’Est qui ont le mieux réussi leur transition économique pour se rapprocher des standards occidentaux », résume Frédéric Petit, député de la 7e circonscription des Français établis hors de France, lui-même installé en Pologne depuis une vingtaine d’années.

Cette marche forcée vers l’économie de marché, entamée en 1989 dès la chute du régime communiste, les Polonais l’ont payée d’importants efforts, en particulier sous le gouvernement de Jerzy BUZEK (1997-2001). Celui-ci a impulsé une série de réformes, notamment celle des retraites, socialement difficiles mais indispensables pour préparer l’entrée du pays dans l’UE, en 2004.

L’intégration européenne, moteur de la réussite polonaise

« L’intégration européenne a été et reste un puissant moteur de la réussite polonaise », poursuit Vincent FALCOZ. La manne des fonds dits structurels alloués par Bruxelles – une enveloppe qui aura représenté 86 milliards d’euros pour la période 2014-2020 – a notamment permis à la Pologne de moderniser son réseau d’infra­structures. Le pays est depuis plusieurs années le principal bénéficiaire des fonds de la politique de cohésion.

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L’Union a aussi fourni un cadre de référence et de confiance pour les investisseurs étrangers – allemands d’abord, mais aussi français – qui, dès les années 1990, se sont implantés en nombre dans ce pays doté d’une main-d’œuvre qualifiée et peu chère, et d’un marché de 40 millions d’habitants qui ne demandent qu’à consommer.

Maciej WITUCKI, 52 ans, fait partie de la génération SZ – de szczescie, « la chance », « la prospérité » en polonais – qui a profité à plein de ce mouvement. Diplôme d’ingénieur en poche, il débarqua en 1995 en France pour achever sa formation à l’École centrale Paris puis retourna en Pologne deux ans plus tard. À 39 ans, il préside aujourd’hui le conseil de surveillance d’Orange Pologne, ainsi que l’organisation patronale Lewiatan, le Medef polonais. « La fin du communisme a ouvert une fenêtre d’opportunités où tout paraissait possible. Aujourd’hui, la croissance est toujours là, mais les choses sont plus compliquées », explique-t-il.

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Car les défis à relever sont nombreux, de la faiblesse de l’épargne à la difficile montée en gamme d’une économie encore largement basée sur des secteurs traditionnels – mines, acier, chantiers navals, agriculture. Sans oublier la question démographique : « Ces quinze dernières années, le pays a perdu 2 millions de travailleurs partis à l’étranger et il doit faire face à un afflux massif d’Ukrainiens pour combler ce déficit, souligne Zygmunt BERDYCHOWSKI, président-fondateur du Forum de Krynica. Si cet exode n’est pas enrayé, la Pologne n’a aucune chance de rattraper l’écart de développement avec l’Ouest. »

Une redistribution sociale généreuse

Le gouvernement en place s’est attaqué au problème en exemptant d’impôt les travailleurs de moins de 26 ans, espérant ainsi freiner l’immigration. Exploitant habilement les bénéfices d’une conjoncture économique favorable, il a également multiplié les mesures sociales en faveur des retraités et des familles. Cette redistribution généreuse explique en grande partie sa popularité, notamment dans les campagnes et les villes moyennes.

Les sondages le confirment : la récente large victoire du PiS aux élections européennes de mai prépare celle des législatives d’octobre. Si le scénario se réalise, le parti de Jaroslaw KACZYNSKI aura alors les mains libres pour poursuivre ses réformes controversées sur la justice, l’immigration ou la politique énergétique et installer la Pologne comme le pays fort de la région cherchant à imposer sa « révolution conservatrice » au reste de l’Europe.

[Le 10 octobre 2019, 10 H55, J-M. WR, Alet-les-Bains] : Et en plus, sur les conseils très éclairés via les Journées oenologiques de Zakopane et l’assistance technique d’ICEO, les Polonais se sont mis à produire et à boire du vin, dont la qualité est de plus en plus honorable. Ils ne peuvent donc que progresser et se rapprocher de notre Midi…. S’ils ne se laissent pas trop gangrener par l’anglomania européenne !

[Le 10 octobre 2019, 10 H30, M. L., Aire-sur-Adour] : À la lecture de cet article, comment ne pas penser à notre ami Alain POULIQUEN  N° 025 Pour “rendre à César ce qui est à César”