
N°423 Guerre en Ukraine : attention cela devient particulièrement aventureux
Les généraux les plus va-t-en guerre sont souvent ceux qui n’ont jamais connu le feu. Depuis Sebrenica, les Pays-Bas sont plus célèbres pour l’excellence de leurs diamantaires que pour la clairvoyance de leurs soldats.
.
Dimanche 29 janvier, l’un des chefs du comité militaire de l’Otan, Rob BAUER, a déclaré que l’Alliance atlantique était prête à une « confrontation directe » avec la Russie.

Robert Peter « Rob » BAUER (né en 1962) est lieutenant-amiral de la Marine royale néerlandaise, actuellement président du Comité militaire de l’OTAN depuis juin 2021. Il a précédemment été chef de la défense d’octobre 2017 à avril 2021, et vice-chef de la défense des forces armées des Pays-Bas du 1er septembre 2015 au 13 juillet 2017.







Halte au feu : la guerre en Ukraine entre dans une phase critique
Depuis plus de 30 ans, en toute irresponsabilité et en toute inconséquence les Américains et leurs alliés divers et variés prétendent imposer partout, par la force, leur « paix », leur « démocratie » et leur « respect des droits de l’homme », avec les « succès » que l’on connaît.
Les premiers gagnants de ces « brillantes » interventions militaires sont bien sûr les ennemis, notamment islamistes, de l’Amérique, qui n’ont jamais eu aussi peu de mal à enrôler de nouvelles recrues pour faire la guerre aux occidentaux, surtout quand ils se vantent d’être « mécréants ».
Les seconds gagnants sont les sociétés travaillant pour le complexe militaro-industriel américain, dont les successeurs du président EISENHOWER, ne cherchent plus depuis longtemps à faire semblant de limiter les nuisances.
Toutes ces « guerres » sont bien sûr toujours justifiées pour de très bonnes raisons « morales ».
Le 10 janvier 2021, dans un entretien avec un journaliste du Figaro, Régis DEBRAY jugeait très sévèrement ces désastreuses aventures guerrières : «C’est le destin des guerres dans nos démocraties contemporaines de passer par trois phases: l’euphorie de la cause juste, la morosité de la guerre d’usure et la préparation du rapatriement des troupes»
Depuis le 24 février 2022, la quasi totalité des commentateurs politiques occidentaux, même parmi ceux qui s’étaient toujours montrés les plus critiques vis-à-vis de la politique interventionniste des Américains, affichent un soutien sans faille à l’armée ukrainienne.
Pour la plupart des Européens, aider sans limite l’Ukraine, le pays agressé, à vaincre le pays agresseur, la Russie, c’est non seulement un devoir moral, non seulement défendre une juste cause, mais c’est faire preuve d’une grande intelligence stratégique et géopolitique.
Malheureusement, l’Histoire nous enseigne que les décisions les plus courageuses doivent rester avant tout éclairées par la raison, et non prises sous le coup de l’émotion. On trouve sur ce site de nombreux articles qui s’efforcent de le rappeler, citons : N° 294 « Guerres justes », morale, et/ou bonne politique ?
Aujourd’hui le général de GAULLE est regardé quasi unanimement par les Français comme un monument national, comme un grand homme, comme notre grand homme du xxe siècle. Les communistes le citent désormais avec respect, l’extrême droite se l’annexerait presque après avoir tenté de l’assassiner, les socialistes s’inclinent pieusement devant sa statue, et même les héritiers des giscardiens, qui l’ont éhontément trahi, en viennent à l’encenser.
Mais, si l’homme du 18 juin 1940 est placé désormais sur un piédestal, sa pensée stratégique d’une exceptionnelle clairvoyance géopolitique tend à être totalement méconnue, voire pire, tend à être délibérément ignorée, par la classe politique française.
L’expression profondeur stratégique désigne, dans la littérature militaire, et pour une armée donnée, la distance qui sépare les lignes de front (ou lieux de bataille) des principaux centres industriels, centres de décisions, et bassins de population.
Par analogie, en économie et en géopolitique, on parle aussi de profondeur stratégique d’un pays, pour évaluer sa vulnérabilité en matière d’approvisionnement, et pour prévoir son indépendance en matière de décision politique et militaire.
Dans le JDD daté du 19 novembre 2022, le ministre des armées, Sébastien LECORNU, interrogé sur l’intérêt pour la France de maintenir sa présence militaire au Sahel, a déclaré : « Les Russes l’ont compris : l’Afrique fait partie de notre profondeur stratégique, avec notre histoire, avec le partage de la francophonie … ».
La déclaration du ministre, qui pourrait laisser croire à une approche gaullienne de la politique internationale de la France en Afrique, repose malheureusement sur un contresens historique. Il n’est pour s’en convaincre que de visionner la vidéo mise en ligne par l’ESCE il y a deux ans : Y a-t-il une approche Gaullienne spécifique de la Géopolitique ?

Rien n’est perdu parce que cette guerre est une guerre mondiale.
Dès son premier discours à la BBC, dans son Appel du 18 juin, le général de GAULLE insista sur l’importance qu’il fallait accorder à la profondeur stratégique : « Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des États-Unis. Cette guerre n’est pas limitée au territoire de notre malheureux pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. »
En 1940, face à l’Allemagne d’HITLER, l’Empire français en Afrique, pouvait apporter, et a apporté une immense profondeur stratégique à la France Libre.
En 2023, face à la Russie de POUTINE, les pays issus des anciennes colonies françaises en Afrique, non seulement n’apportent plus aucune profondeur stratégique à la France, mais sont de plus en plus enclins à contrarier ses volontés politiques, économiques et militaires. Les votes à l’ONU, et les sentiments de plus en plus antifrançais et prorusses qui se sont répandus dans les médias africains annoncent des jours difficiles pour les diplomates français en Afrique, et pour les forces de l’ordre dans les grandes métropoles de l’hexagone.
Les Européens ont pu constater au cours de la pandémie qu’ils étaient sanitairement très démunis. La crise ukrainienne vient de leur apprendre qu’ils étaient aussi énergétiquement gravement dépendants.
Les Occidentaux avaient eu la légèreté de croire que l’opération spéciale russe en Ukraine serait condamnée par une large majorité de pays, et que les sanctions économiques internationales qu’ils avaient immédiatement décrétées contre la Russie obligeraient le président POUTINE à mettre un terme à ses aventures militaires.
Mais, un an après le déclenchement de l’opération spéciale, les Occidentaux sont obligés de reconnaître qu’ils avaient très mal évalué la résilience de l’économie russe face aux sanctions, et que leurs tentatives pour isoler la Russie dans le monde ont largement échoué.
Dans la crise ukrainienne, les pays européens qui ont tenu à s’engager aux côtés des États-Unis sans réserve, n’imaginaient certainement pas qu’ils se retrouveraient, paradoxalement, de ce fait, plus isolés que la Russie.
Les pays qui condamnent l’invasion de l’Ukraine par la Russie sont environ trois fois plus nombreux que les pays qui refusent de le faire. Mais ces derniers représentent à eux tous réunis 75% de la population mondiale. Ceci explique pourquoi les sanctions infligées à la Russie sont si peu efficaces.
Malgré leur pitoyable récent retrait d’Afghanistan, les États-Unis ont réussi à embarquer la plupart des pays Occidentaux dans leur nouvelle croisade contre le mal. Mais, malgré leur violation du droit international, les russes réussissent à convaincre les trois-quarts des habitants de la planète que leur intervention en Ukraine est l’occasion unique pour tous les peuples de la terre de se libérer du joug occidental, en commençant par dédollariser l’économie mondiale.
Mais, alors qu’ils accumulent depuis des années les revers militaires, les Occidentaux ont la grande folie de se croire encore les seuls maîtres du monde [N°385].
Le 1er mars 2022, le jour même où le président Volodymyr ZELENSKY signait la demande d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, 8 des 27 pays de l’UE lui ont immédiatement apporté leur soutien.
En raison des relations continûment conflictuelles qu’ils ont vécues avec la Russie, rien d’étonnant à ce que les 3 pays baltes, la Pologne, la République tchèque, et la Slovaquie, entendent les premiers le vœu des Ukrainiens.
Par contre, il est fort inquiétant que la commission européenne puisse envisager de reproduire avec l’Ukraine, en pire, les mêmes erreurs que celles commises pour une éventuelle adhésion de la Turquie, alors que c’est précisément la volonté explicite des États-Unis de détacher définitivement toute l’Ukraine de la Russie qui est le motif principal des combats acharnés qui se déroulent actuellement dans le Donbass.
Après 1870, après la défaite du pays face à la Prusse, les responsables politiques français ont compris l’importance fondamentale, économique, politique et militaire,. des relations de la France avec la Russie,

L’amitié franco-russe dans les assiettes en 1888. L’emprunt russe commence.
C’est pourquoi les gouvernements antimonarchistes de la Troisième République n’ont pas hésité à signer un traité d’alliance avec la Russie tsariste en 1892. Alliance qui ne sera dénoncée unilatéralement par le gouvernement russe qu’à la suite de la révolution d’Octobre.
C’est pourquoi, avant que toute l’Alsace soit libérée, le général de GAULLE, se rendit à Moscou pour signer avec STALINE le 10 décembre 1944 un pacte d’alliance franco-soviétique.
La droite française, largement vichyste pendant toute l’occupation, voulut voir aussitôt dans ce déplacement la preuve de la complicité du général avec les communistes, alors que c’est grâce à la signature de ce pacte que la France a pu se retrouver à la table des vainqueurs le 8 et le 9 mai 1945, et surtout qu’elle a pu obtenir un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU.
Dans l’intérêt supérieur du pays, le général de GAULLE fit tout pour s’opposer à la vassalisation de la France par «l’ami américain», mais durant la crise de Cuba, lorsque les États-Unis furent vraiment menacés par l’URSS, il les assura de son indéfectible soutien. Car pour lui, l’indépendance de la France, à laquelle il était si attachée, ne pouvait se confondre avec un sentiment d’ingratitude.
Durant ses deux septennats, François MITTERRAND se montra un allié si loyal des États-Unis, que les Français ont pu croire avant la fin de sa vie qu’il était beaucoup moins critique que le général de GAULLE vis à vis des Américains.
Mais les confidences que fit le président socialiste à la veille de sa mort prouvent qu’il était pleinement conscient de la duplicité dont pouvait faire preuve nos alliés nord-américains, lorsque leurs intérêts étaient en jeu.
Dans son livre Le dernier MITTERRAND, le journaliste Georges-Marc BENHAMOU rapporte : «La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.»
En 2015, la revue Slate enfonça le clou dans un article dont le titre est sans équivoque : Les hommes d’État français sans illusion à l’égard de l’allié américain.
Depuis 1823, depuis que le président James MONROE a exposé devant le congrès des USA la fameuse doctrine qui a pris son nom, les Européens auraient dû finir par comprendre que les Américains n’aiment rien tant que le pouvoir sans partage, rien tant que la première place. Pendant exactement deux siècles, les présidents des États-Unis n’ont jamais fait mystère de leur volonté d’acquérir et de préserver une position hégémonique mondiale.
En 1916, le président Woodrow WILSON n’a pas attendu Donald TRUMP pour faire campagne avec le slogan : « America first ».
De 1945 à 1989, le temps a paru bien long aux États-Unis, obligés de partager le pouvoir avec les soviétiques. Après la chute du Mur de Berlin les Occidentaux ont eu la folie de se croire mandatés, par la providence, pour faire, au côté de leur suzerain américain, la gendarmerie de la planète.
Convaincus de l’énorme supériorité de leur puissance cumulée, convaincus de leur avance dans presque tous les domaines, les Occidentaux ont cru présomptueusement, qu’ils pourraient exporter « leur démocratie » sans trop de difficultés, et jouer le jeu de la mondialisation sans trop de risques.
Les États-Unis, pensaient pour eux-mêmes les risques encore moindres, puisqu’ils savaient depuis longtemps comment devenir éventuellement facilement juges et arbitres.
Mais, dès le 11 décembre 2001, après que la Chine fut devenue membre de l’Organisation Mondiale du Commerce, dans les pays occidentaux, le rêve mondialiste s’est vite transformé économiquement en cauchemar notamment pour les plus humbles.
Les Européens, idiots utiles de la mondialisation à l’exception de l’Allemagne, défenseurs suicidaires de la concurrence libre et prétendument non faussée, ont mis longtemps à comprendre que la globalisation sans limite menait inéluctablement à la désindustrialisation et à la montée de graves tensions sociales et culturelles dans leur pays.
Pascal LAMY, Commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce de 2005 à 2013, principal artisan de la mondialisation de l’économie, n’eut de cesse de vanter les mérites et les avantages d’une large ouverture du marché européen. Il se faisait fort d’expliquer à tous les incrédules que leurs angoisses étaient infondées, et que leurs réserves étaient politiquement immorales, car elles condamnaient de fait les pays en voie de développement à la stagnation.
Ce que Pascal LAMY et les Occidentaux n’avaient pas voulu voir, c’est que l’économie mondialisée en flux tendu peut mener rapidement à des aberrations économiques, écologiques, et sanitaires, comme la pandémie l’a montré, ainsi qu’à des aberrations militaires, comme la guerre en Ukraine est en train de le démontrer.
Mais, les tenants de la mondialisation avaient surtout sous estimé la vitesse avec laquelle les deux pays les plus peuplés du monde arriveraient à rattraper, voire dépasser, les pays occidentaux dans leurs domaines d’excellence propres, au point de pouvoir contester l’hégémonisme occidental en général, et l’hégémonisme nord américain tout particulièrement.
Sous la présidence de Barack OBAMA (2008–2017), les Américains ont compris que c’était du Pacifique que leur place de leader mondial était la plus menacée. Après l’élection de Donald TRUMP (2017–2021), les Américains ont compris que leurs relations avec la Chine ne pouvait qu’être de plus en plus tendues, au point de devenir militairement conflictuelles.
Depuis la Seconde guerre mondiale, grâce à l’OTAN, grâce au dollar, et grâce à la justice américaine, les États-Unis avaient réussi progressivement à imposer leur vues et leurs lois à l’ensemble des pays d’Europe.
Lorsqu’en 2005 la Russie et l’Allemagne ont annoncé et commencé la construction, via la mer Baltique, du gazoduc Nord stream1, les États-Unis ne s’y sont pas frontalement opposé.
Par contre, après la mise en service effective de Nord stream 1 en 2012, après l’annonce de la construction de Nord stream 2, et l’annonce de deux projets supplémentaires, les États-Unis ont manifesté une opposition ferme, résolue, et définitive à tout nouveau gazoduc russo-allemand en mer Baltique.

Évolutions des PIB [Banque mondiale] de 2006 à 2022 en milliards de dollars US
Bien que de 2006 à 2022, au regard de l’évolution des PIB de leurs principaux, acheteurs, vendeurs et/ou concurrents, les États-Unis soient restés économiquement ultra hégémoniques, les Américains ont compris, avant même l’élection de Donald TRUMP, que leur ultra-puissance était de plus en plus, contestée et menacée, notamment et surtout en Asie.
En 2012, alors que le gazoduc Nord stream 1 était inauguré et que le lancement de projets similaires étaient annoncés, les américains, empêtrés dans leurs expéditions militaires à répétitions, avaient déjà pleinement pris conscience des problèmes que ces voies d’approvisionnement de l’Europe, en gaz, hors de leur contrôle, en provenance de la Russie, ne manqueraient pas de leur poser si elles venaient à se multiplier et à se généraliser partout dans le monde.
L’industrie pétrolière est née en Roumanie. La première raffinerie de pétrole a été construite en 1857 à Ploieşti, à 60 kilomètres au Nord de Bucarest, à 700 kilomètres d’Istanbul (Constantinople). La Roumanie fut ainsi en 1857 et 1858 le premier pays producteur de pétrole au monde, avant d’être rejointe (et dépassée) par les États-Unis (Pensylvanie) dès 1859, et l’Autriche-Hongrie en 1861, avec le gisement de Boryslav, actuellement en Ukraine, qui a été en Pologne de 1918 à 1939 et en URSS de 1939 à 1941 et de 1945 à 1991.
Après la ruée vers l’or en Californie qui dura environ huit ans (1848–1856), en 1859 commença pour les Américains la ruée vers l’or noir. Une ruée « mondiale » qui, elle, ne s’est jamais terminée.
En 160 ans, les États-Unis ont pu vérifier à maintes reprises le rôle essentiel joué par le pétrole dans leur exceptionnelle réussite économique et dans leurs succès militaires, notamment face à l’Allemagne et au Japon, [voir le siècle de l’or noir].
À la veille de la Première Guerre mondiale les deux-tiers des hydrocarbures étaient extraits en Amérique du Nord. Les États-Unis devinrent dès 1913 le premier pays consommateur et en même temps le premier pays producteur dans le monde.
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis étaient devenus de très loin la première puissance pétrolière du monde, contrôlant près des trois-quarts de la production.
Ceci explique pourquoi, depuis la fin du XIXe siècle, tous les gouvernements américains, quel que soit leur couleur politique, surveillent avec la plus grande attention l’évolution du marché mondial du pétrole (lieux d’extraction, réserves estimées, disponibilités, moyens de transport, et stockages).

En 2021, les États-Unis étaient le plus gros consommateur et le plus grand producteur de pétrole dans le monde
En matière pétrolière et gazière, grâce à une mise en alerte permanente de tous leurs informateurs potentiels, grâce à leurs experts en prospections et en forages, souvent sollicités partout dans le monde, en raison de leurs savoir-faire reconnus internationalement, les dirigeants américains ont toujours été les premiers avertis de l’imminence de crises énergétiques, avant même qu’elles surviennent.
Depuis qu’ils ont créé leur État, les Américains ne craignent rien tant que de perdre leur indépendance et/ou leur suprématie, notamment énergétique.
Pour garder leur rang, pour acquérir ce qu’ils considèrent comme leur revenant d’un quasi droit divin, les États-Unis n’ont jamais lésiné sur les moyens, fussent-ils les plus brutaux ou les moins loyaux, les Amérindiens peuvent en témoigner.


Les lecteurs de Tintin ont appris très jeune que pour l’or noir les hommes sont prêts à tout .
Dans la préface rédigée par Éric BRANCA pour le livre L’ombre d’HITLER, on peut lire :
…, en dehors de l’Église catholique, la République fédérale américaine fondée en 1776 est la seule entité constituée à oser s’identifier à la morale universelle. La « raison d’État », au sens classique que pouvaient lui assigner RICHELIEU ou NAPOLÉON – tout subordonner, hic et nunc, à l’intérêt de la collectivité dont le gouvernement est comptable – lui est donc largement étrangère. Ce qui compte n’est donc pas tant de sauver la nation américaine, dont l’existence n’a jamais été menacée par quiconque depuis la Guerre d‘indépendance, que de lui permettre d’imposer ses normes, de gré ou de force, à tout ce qui n’est pas elle – comprendre : The Rest of the World, formule qui, à elle seule, en dit long…
En proclamant que la « cause de l’Amérique est celle de toute l’humanité », Georges WASHINGTON n’a pas seulement légué à ses successeurs un formidable instrument d’ingérence internationale ; il a institué le gouvernement des États-Unis en juge planétaire… Un magistrat universel nanti du pouvoir exorbitant de calquer les attendus de ses décisions sur ses intérêts du moment !
Cette critique caustique des États-Unis est tout à fait fondée, car les mauvaises manières que les Américains ont été capables de faire parfois à leurs « meilleurs amis » sont particulièrement bien documentées, et cela depuis des années, mais ce qui est malheureusement gênant c’est que ces reproches proviennent d’un ressortissant d’un pays dont la politique internationale, notamment coloniale, s’est à maintes occasions apparentée à celle des Américains, et parfois en pire.
Pendant près de quatre siècles les Européens se sont crus autorisés à squatter et piller la planète entière. Grâce à leur supériorité militaire, et leur forte démographie, ils ont réussi à conquérir d’immenses territoires. Toutes ces conquêtes les ont follement convaincus de leur supériorité essentielle. Ainsi en France, au XVIIIe siècle, de nombreux philosophes n’ont pas hésité à prétendre dans leurs travaux, qu’il y avait à l’évidence une hiérarchie des « races », les habitants du vieux continent présentés bien sûr comme appartenant à une essence supérieure.
Certains Occidentaux découvrent et condamnent désormais le comportement général des Américains vis-à-vis du reste du monde, surtout lorsqu’ils sont les premiers à en souffrir. Mais ils oublient benoîtement que les maux dont ils se plaignent aujourd’hui sont ceux-là mêmes qu’ont endurés pendant des siècles et endurent encore les trois-quarts de l’humanité.
Face au monde entier, les Occidentaux pris de plus en plus en défaut !
Vers un basculement planétaire ?
Dans l’entretien que Sergueï MEDVEDEV a accordé le 17 février 2022 au journal Le Figaro, le politologue russe pointe la maladie aiguë d’un régime poutinien qui a repris des traits saillants des deux grands totalitarismes du XXe siècle : «Un fascisme postmoderne a émergé en Russie».
Pour Jean-François COLOSIMO, le 22 février dans le même journal : «La guerre en Ukraine, [est] un conflit mondialisé qui ne fait que commencer»
S’ils ont gardé un minimum de lucidités, les Occidentaux qui lisent ces deux articles ne peuvent qu’être saisis d’effroi. En effet, à l’occasion de la guerre en Ukraine, face au fascisme post moderne dont a accouché le système soviétique après son effondrement, face au post chiisme iranien, face au post sunnisme ottoman, face au post confucianisme chinois, face au post hindouisme indien, face au post colonialisme africain, les Occidentaux post chrétiens ont la tristesse de constater le peu d’empathie qu’ils suscitent encore à travers le monde.
En octobre 2022, l’ancien ambassadeur de France, en Allemagne, en Chine et au Japon, notamment, Maurice GOURDAULT-MONTAGNE, a publié un livre dont le titre, à lui seul, résume l’analyse : Les autres ne pensent pas comme nous.
Jeune diplomate, l’auteur a reçu de son maître un conseil précieux : « gardez bien en tête, souvenez-vous que les Allemands ne sont pas des Français qui parlent allemand ».
Le grand drame des Occidentaux c’est que, malgré les difficultés récurrentes et de plus en plus graves qu’ils rencontrent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils restent convaincus d’être encore et toujours l’avant-garde éclairée de toute l’humanité.
Conscients que les Européens de l’Est ne sont pas des Français qui parlent une autre langue, les fondateurs qui ont créé ICEO, l’ont fait parce qu’ils avaient acquis la conviction profonde, en raison de leur longue expérience, qu’il était essentiel pour la paix que tous les Européens apprennent à se connaître pour pouvoir [essayer de] se comprendre.
D’où la devise d’ICEO : « apprendre à se connaître pour savoir se comprendre ».
Mais comment espérer comprendre l’autre, en essayant de se mettre le plus possible à sa place, quand on ne sait rien de lui ? Ou pire, lorsque ce que l’on croit savoir de lui ressort de stéréotypes simplistes, trompeurs et mensongers.
Enfin, il y a plus grave que l’ignorance, ou la méconnaissance, il y a l’aveuglement idéologique. L’exemple le plus triste est bien sûr celui de la Turquie, où les Européens ont refusé délibérément de voir ce qui crevait les yeux dès mars 2003, lorsque Recep Tayyip ERDOĞAN est devenu premier ministre : [N°250 Les Européens : idiots utiles d’un nouvel Empire ottoman et de l’islamisme].
Chaque peuple porte en lui une charge d‘émotions collectives longuement façonnée par son histoire, sa géographie, sa culture, sa langue, ou ses langues.
Malheureusement, les Occidentaux semblent de moins en moins curieux de savoir ce qui les différencie de leurs semblables, et ce qui fait la richesse des diverses cultures.
Depuis une quarantaine d’années, depuis que les réseaux sociaux et les calculettes ont imposé leur omniprésence, les jeunes, branchés sur internet du matin au soir, croient pouvoir connaître, sans avoir à faire l’effort d’apprendre.
En France, quelques années après l’adoption de la loi HABY en 1975, de nombreux professeurs de lycée se sont plaints de la baisse générale de niveau de leurs élèves, notamment en orthographe et en grammaire. Comme les enseignants qui faisaient ces remarques étaient surtout des professeurs en fin de carrière, les observations des anciens furent traités par le mépris et la moquerie par les modernes : « depuis que le niveau baisse il devrait avoir touché le fond ! »
Malheureusement, les faits et le réel sont têtus. Toutes les enquêtes comparatives montrent que les petits Français ne cessent de décrocher au niveau scolaire dans les classements internationaux, alors même que le niveau général dans le monde tend lui aussi à baisser.
Les performances sportives des élèves ont elles aussi énormément baissé. Une enseignante d’éducation physique qui fait passer les épreuves sportives du baccalauréat depuis près de 30 ans l’a récemment facilement vérifié à l’aide des rapports d’examen qu’elle a conservés depuis qu’elle exerce son métier. Alors que dans les années 90 le temps médian des élèves pour l’épreuve du 800 mètres était de 3 minutes environ, il se rapproche désormais des 4 minutes.
Cette évolution est bien évidemment due à l’inquiétante augmentation de l’obésité chez les Français, dans toutes les tranches d’âges.
Intellectuellement et physiquement les Français sont de moins en moins performants. Cette tendance n’est pas surprenante. Elle reflète l’évolution de la société française, dans laquelle le mot effort est en train peu à peu de disparaître.
À un an des jeux olympiques à Paris, la devise « mens sana in corpore sano », que l’on attribue à Pierre de COUBERTIN, est en voie de devenir méconnue en terre de France.
À la suite de la mondialisation des esprits via internet, l’innumérisme, l’inculture, et l’obésité, ont notablement progressé de conserve et de concert dans la plupart des pays du monde. L’amollissement cérébral et physique des jeunes générations tend ainsi à se généraliser.
Tous les grands pays occidentaux sont parmi les plus affectés, mais c’est aux États-Unis que le phénomène est le plus massif et depuis le plus longtemps installé, notamment en ce qui concerne l’obésité. Dans le top 30 des pays les plus d’obèses du monde publié en 2022, les USA, avec un taux de 36,2 % d’obèses, n’apparaissent qu’à la 12ème place, derrière le Koweit 11ème, avec un taux de 37,9 %.
Mais parmi les pays de plus de 5 millions d’habitants les États-Unis deviennent les premiers, devant la Jordanie 13ème avec un taux de 35,5 %, et l’Arabie Saoudite 14ème avec un taux de 35,4 %
Notons que le premier pays sur la liste est Nauru, une petite île de l’océan Pacifique Sud. Sur une population totale de 9 770 habitants, 61 % sont obèses et 94,5 % sont en surpoids.
Cela faisait déjà une décennie que l’espérance de vie à la naissance stagnait aux USA. Mais en 2022, elle a plongé brutalement reculant de 2,7 ans en deux ans. Elle est désormais moins élevée qu’en Chine. La crise covid et sa mauvaise gestion sanitaire sont bien sûr deux des causes principales de ces mauvais chiffres, mais si la pandémie a eut d’aussi néfastes effets sur les Américains c’est parce que la santé physique générale de la population ne cesse de se dégrader depuis plusieurs années. La vive régression de l’espérance de vie ébranle le modèle américain.
Trois ans après le début de la pandémie, les taux de mortalités dans les différents pays apparaissent sans appel.
Apparaissent en effet, car les données dont on dispose recensent toutes les morts qui ont été attribuées à la covid, sans qu’on distingue les morts du covid et les morts avec le covid. Dans les pays qui ont massivement testé les patients il est probable que le nombre de morts du covid est surévalué et que dans les pays qui n’ont pas testé du tout ce nombre est sous évalué.
Après trois ans de reculs et de calculs, sur l’évolution des espérances de vie par pays, de nombreux statisticiens avancent que la crise covid a été inconséquemment et délibérément dramatisée par tous les acteurs politiques et économiques qui trouvaient un intérêt à le faire.
Cette pandémie a eu de lourdes conséquences économiques et sociales, mais plus grave à long terme, aux yeux du monde entier, elle a pris en défaut les Occidentaux dans le secteur de la santé, domaine dans lequel ils avaient la prétention d’être de loin les meilleurs.

Données sur la pandémie le 7 mars 2023
L’Union européenne, les États-Unis, et le Royaume-Uni, qui représentent à eux trois environ 11 % de la population mondiale, recensent à eux seuls près de 40 % des décès, et plus de 46 % des cas de covid testés et déclarés.
Selon les chiffres mis en ligne quotidiennement par Wikipedia, on note qu’après trois ans de pandémie, les pays occidentaux, qui ont le plus massivement confiné et vacciné, déplorent 3,6 fois plus de morts par million d’habitants que le reste du monde.
On doit aussi remarquer que c’est dans les pays anglo-saxons qui hébergent les revues scientifiques les plus prestigieuses, notamment The New England Journal of Medicine , The Lancet, et Nature, en Grande-Bretagne, que les traitements de la pandémie ont été parmi les moins performants.
L’épidémie à la covid-19 a montré que l’obésité représentait le principal facteur de comorbidité. Ceci explique pourquoi aucun des pays de l’Union européenne, dans laquelle le surpoids se généralise et devient massif, n’a déclaré un nombre de morts par million d’habitants inférieur à 1 400.
Ni le taux d’obésité, ni l’âge moyen de la population, ni aucun autre paramètre, ne peut expliquer à lui seul les taux de mortalité différents selon les pays.
Comment expliquer que les nombres de morts par million d’habitants des trois pays de l’Afrique du Nord soient si éloignés, Algérie (153), Maroc (435), Tunisie (2 373), alors qu’ils sont si proches dans tant de domaines, notamment en ce qui concerne l’obésité (30 % environ pour les femmes) ?
Comment expliquer que soient si proches les nombres de morts par million d’habitants de la Tunisie (2 373), de la France (2 434) et de l’Union Européenne (2 699), alors que la Tunisie et l’Europe sont si éloignés, en ce qui concerne leur démographie et leurs modes de vie ?
La réponse à ces deux questions vient probablement du Canada, pays bilingue et biculturel. Le Québec francophone compte 8,70 millions d’habitants, et l’ensemble des provinces anglophones représentent 29,76 millions de Canadiens. Pour tout le Canada le nombre de morts par million d’habitants est de 1 341, pour la part anglophone du pays ce nombre est de 1 124, et pour le Québec il est de 2 085, soit prés du double.
Radio-Canada a publié en septembre 2022, un article révélant que : dans l’ombre, la firme McKinsey était au cœur de la gestion de la pandémie au Québec.
Pendant la crise du covid-19, le nom McKinsey & Company, longtemps considéré comme étant celui d’un des cabinets de conseil en stratégie les plus prestigieux au monde, est peu à peu apparu comme celui d’une société intriguante, suspecte de pratiques économiques déloyales, voire carrément délictueuses.
Le cabinet américain a compté jusqu’à 45 000 employés. Accusé d’avoir été impliqué dans de nombreux scandales d’État avant la crise covid, il est aujourd’hui surtout accusé d’avoir cherché à imposer aux gouvernements de tous les pays, où il est depuis longtemps présent, LEUR protocole sanitaire ayant pour objectif principal de défendre les intérêts économique de l’industrie pharmaceutique américaine, notamment ceux du groupe Pfizer, dénoncé dans la presse et au parlement européen comme étant l’entreprise la plus condamnée au monde dans le domaine de la santé.
Bien évidemment, cette dénonciation vise tout particulièrement la société McKinsey & Company, dont les conseillers ont réussi à imposer dans le domaine de la santé leur méthode de gestion purement managériale, avec les « succès » que l’on sait.
Cédant aux injonctions de cabinets de conseil principalement anglosaxons, en quelques dizaines d’années les ministres de la Santé français ont tout fait pour que, la médecine, un métier artisanal, passe de l’artisanat médical à l’industrie du soin.
On a appris pendant la crise covid que McKinsey était financé par les agences régionales de santé (ARS), depuis des années.
Les résultats obtenus dans tous les pays qui ont le plus suivi les conseils de McKinsey s’avèrent si désastreux que les mauvais esprits se demandent si le cabinet a tout fait pour endiguer la crise covid ou bien fait en sorte qu’elle naisse (?) et dure.
Cette accusation n’est pas gratuite, quand on sait que McKinsey a accepté en février 2021 de payer 570 millions de dollars pour clore les procédures engagées par 49 États américains l’accusant d’avoir sciemment contribué à la mortelle crise des opioïdes aux États-Unis.
Complexe médico-industriel, complexe militaro-industriel, et autres …
Bien que le complexe militaro-industriel américain soit reconnu officiellement de nuisance publique depuis plus de 60 ans, la majorité des habitants de la planète n’arrivent toujours pas à imaginer que les hommes soient assez cupides et assez cyniques pour en venir à inventer et créer délibérément des motifs de déclencher une guerre, dans le seul vil espoir d’en tirer un profit pécuniaire.
Depuis la fin du XXe siècle, au nom de la défense des droits de l’homme, alors que les prétextes invoqués, et les provocations utilisées, quasiment toujours les mêmes, sont parfaitement documentés depuis fort longtemps, le droit d’ingérence et le devoir d’intervention, permettent de justifier les expéditions militaires les plus hasardeuses, pour des motifs moraux mis en avant, totalement fallacieux.
Pour que le choc de l’émotion fasse perdre tout sens de la raison à celui qui entend la description d’un événement qu’on tient à lui présenter comme tragique, il faut que le récit qu’on lui fait soit rempli d’horreurs, telles qu’elles puissent soulever son indignation, telles qu’il acquière immédiatement la profonde conviction que non : on ne peut pas laisser faire çà.
Le soldat ne découvre malheureusement le plus souvent, que lorsqu’il revient de guerre, que ce pour quoi on l’a envoyé tuer des ennemis, ne correspond en rien à ce pourquoi on lui a expliqué qu’il devait absolument le faire.
Depuis leur création, la liste des interventions militaires des États-Unis dans le monde est si longue, et leurs justifications se sont avérées si souvent mensongères, qu’il faut aux Européens beaucoup d’aveuglement et/ou de duplicité pour qu’ils arrivent encore à croire sur paroles leurs alliés américains, sans la moindre réserve.
Pourtant de nombreux Américains ont été souvent les premiers à dénoncer fermement les crimes et les mauvaises pratiques de leur société et de leurs propres gouvernements.
Les bons journalistes européens savent, et rappellent souvent, que c’est en 1961, en quittant la présidence des États-Unis, que le président Dwight David EISENHOWER tint à avertir solennellement ses compatriotes des graves dangers que la puissance croissante du lobby militaro-industriel américain faisait peser sur la politique du pays. Comme si avant cette date, il n’y avait pas eu de coups tordus fomentés pour de biens sombres raisons, comme si les lobbies n’étaient pas encore à la manœuvre.
Certes, c’est l’avertissement de l’ancien général en chef de l’US Army qui eut le plus grand retentissement mais il ne fut ni le premier, ni le plus percutant.
War Is a Racket, le livre autobiographique publié en 1935 par le général américain du corps des US marines, Smedley Darlington BUTLER, est certainement le témoignage le plus à charge contre la politique étrangère des États-Unis au début du XXe siècle.

En lisant ce témoignage plein d’amertume on comprend pourquoi, après la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants américains ont tout fait pour le faire oublier.
Le général de division de l’U.S. Marine Corps Smedley BUTLER est certainement celui qui a le mieux exposé la logique, la symbiose qui peut exister entre l’armée et l’oligarchie économique des États-Unis. Voici en quels termes il exprima ses remords :
J’ai été un racketteur
J’ai passé trente-trois ans et quatre mois de ma vie en service actif en tant que membre de la force armée la plus performante de notre pays — l’U.S. Marine Corps. Je suis passé par tous les grades d’officier, depuis celui de sous-lieutenant à celui de général de division. Et, au cours de cette période, j’ai passé le plus clair de mon temps comme homme de main de haut niveau au service du grand capital, de Wall Street et des banquiers. Bref, j’ai été un racketteur à la solde du capitalisme.
Ainsi ai-je aidé à faire du Mexique, et notamment de Tampico, un lieu sûr pour les intérêts pétroliers américains en 1914. J’ai contribué à faire de Haïti et de Cuba des lieux décents pour que les hommes de la National City Bank viennent y faire des affaires. En 1909–1912, j’ai participé à l’épuration du Nicaragua au profit de l’International Banking House des frères Brown. Puis, en 1916, j’ai apporté la lumière à la République Dominicaine pour servir les intérêts sucriers américains. En 1913, j’ai contribué à mettre le Honduras « sur le bon chemin » dans l’intérêt des compagnies fruitières américaines. En 1927, en Chine, j’ai veillé à ce que Standard Oil puisse poursuivre ses activités en toute tranquillité.
Durant toutes ces années, j’ai pratiqué un racket épatant, comme diraient les habitués du « café du coin ». J’en ai été récompensé par des honneurs, des décorations, des promotions. Quand je me retourne sur mon passé, j’ai le sentiment que j’aurai pu rendre des points à AL CAPONE. Alors qu’il ne pouvait au mieux pratiquer son racket que dans trois quartiers, nous autres, les « marines », agissions sur trois continents. »
Général Smedley BUTLER, War is a racket, Round Table Press Inc., New-York, 1935.
En 1933, l’année suivant l’élection de Franklin ROOSVELT à la présidence des États-Unis, deux ans avant la parution du livre autobiographique du général de division BUTLER, son nom fit la une de tous les journaux des États-Unis, après qu’il eut révélé que de riches hommes d’affaires lui avait proposé de prendre la tête du coup d’État qu’ils se préparaient à lancer pour renverser le président démocrate fraîchement élu.
Ce complot d’affaires contre le président, this business plot against the president, est resté dans l’histoire des USA sous le diminutif : Business plot.
Les historiens se sont longtemps demandés si un coup d’État avait été ou non sur le point d’être exécuté, la plupart s’accorde aujourd’hui à dire qu’un plan a effectivement été envisagé.
En 2012, après l’élection du premier président noir des États-Unis, vint le moment de reparler du Business Plot de BUTLER.
En 2022, après l’assaut du Capitole par des partisans de Donald TRUMP le 6 janvier 2021, le cinéma américain a tenu à faire redécouvrir, dans le film Amsterdam, l’histoire de la « conspiration fasciste » dévoilée par BUTLER.
Depuis 1967, à la mort d’un président américain pendant son mandat, son vice-président lui succède immédiatement automatiquement. Ni la mort naturel, ni l’assassinat du président ne peut donc plus provoquer la moindre vacance du pouvoir à la tête des États-Unis, sauf si le vice-président meurt aux côtés de son président.
Les Américains savent cela, et il savent que, même pendant le guerre de sécession, la mort brutal de leur président n’a jamais sérieusement menacé leur démocratie, qu’ils pensent exemplaire et unique.
Pour les États-Unis, où 8 présidents sont morts pendant leur mandat, dont quatre ont été assassinés, l’assassinat d’un cinquième président ne remettrait nullement en cause le modèle démocratique du pays. Par contre la survenue d’un premier coup d’état, qu’il aboutisse ou qu’il échoue, ne manquerait pas de bouleverser tout l’imaginaire démocratique américain.
Car paradoxalement, bien qu’ils sachent pertinemment que l’on trouve dans l’histoire la main de Washington derrière un très grand nombre de putschs, les Américains semblent les plus mal préparés pour affronter chez eux une telle éventualité.
Ils connaissent d’expérience la façon dont on peut renverser un gouvernement en dehors du suffrage universel. C’est pourquoi, ils savent que si un tel événement survenait dans leur pays, centre de gravité du monde occidental, il signifierait aux yeux du monde entier et à leurs propres yeux la marque d’une grande faiblesse,et le signe du début du déclin de l‘imperium américain.
Les dirigeants des grandes sociétés internationales peuvent tous témoigner qu’il n’est pas simple, ni même parfois pas possible, d’essayer de défier des homologues américains alors qu’ils sont devenus ultrapuissants, et souvent hégémoniques, dans leurs domaines d’excellence.
En effet, grâce au parapluie monétaire juridique et militaire que tous les gouvernements leur ont garanti, au cours des siècles, et s’efforcent de continuer à leur garantir aujourd’hui, les multinationales américaines ont bénéficié, et bénéficient toujours, d’avantages si exorbitants que leurs concurrents potentiels sont souvent contraints de renoncer à leurs projets avant même d’avoir pu essayer de les lancer.
Les grands groupes économiques américains sont parfaitement lucides, ils connaissent les conditions très particulières dans lesquelles ils ont pu asseoir leur pouvoir. Ils imaginent donc très facilement comment ils pourraient le perdre, si les conditions réglementaires et géopolitiques qui leur sont jusque là si favorables venaient à changer brusquement en leur défaveur. Dès qu’ils pressentent que leurs privilèges risquent d’être abolis, ils adressent au Capitole et à la Maison-Blanche leurs cahiers de doléances rédigés dans un style comminatoire, et voire même souvent dans un mode Far West.
Les présidents des États-Unis, savent très précisément ce que les dirigeants des milieux économiques du pays attendent d’eux, surtout lorsqu’il s’agit de ceux qui ont soutenu financièrement leur campagne électorale. Les groupes financiers et les donateurs qui ont misé sur l’élection d’un candidat comptent, une fois élu, sur sa reconnaissance, et son savoir-faire pour répondre au mieux à leurs desiderata. Les groupes de pression économicopolitique sont très exigeants en ce qui concerne les résultats, mais peu regardant pour ce que sont les modi operandi.
C’est en Angleterre en 1830 que le mot lobby a fait sa première apparition avec l’acception qu’on lui donne aujourd’hui. Mais c’est aux USA qu’il a pris tout son sens, et qu’il s’est fait connaître à travers le monde entier après la Guerre de Sécession.
Paradoxalement, alors que c’est aux États-Unis que les lobbies ont le plus clairement démontré leur danger mortel, malheureusement désormais imités en cela par les Européens, les Américains continuent à garder pour le principe du lobbying une incompréhensible tolérance.
Mais, instruits par le drame de leur sanglante guerre civile, les Américains s’efforcent depuis bientôt 160 ans d’externaliser le plus possible la résolution leurs différents, en faisant faire les guerres qu’il ne veulent pas, ou ne peuvent plus faire, par d’autres.
La politique d’un pays est souvent façonnée par l’événement traumatique qui a le plus durablement marqué à lui seul l’imaginaire de ses habitants.
Au cours de la Première Guerre mondiale, les pertes humaines totales pour la France équivalurent à 4,3 % de sa population et pour le Royaume-Uni à 2,2 % de la sienne.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les pertes humaines totales pour la France équivalurent à 1,35 % de sa population et pour le Royaume-Uni à 0,94 %.
Pour les soldats français, la Guerre de 1870 fut 14 fois moins meurtrière que le Grande Guerre, nom qu’on donne souvent au premier conflit mondial.
C’est pourquoi la Bataille de Verdun pour les français, et la Bataille de la Somme pour les Britanniques restent les plus sanglants et les plus douloureux souvenirs de leurs histoires respectives.
Alors que les Européens ont attendu le début du XXe pour s’entretuer massivement en inventant les armes modernes les plus meurtrières, les Américains ont fait cette folie un demi-siècle plutôt.
On peut voir sur le tableau ci-dessous que, des principales guerres que les États-Unis ont faites, la Guerre de Sécession fut celle dont le bilan humain fut le plus lourd, en valeur absolu et plus encore en valeur relative.
Bilan des pertes humaines des États-Unis au cours de leurs principaux engagements militaires
Au cours de leurs guerres les plus meurtrières, de même durée (4 ans), les Américains et les Britanniques ont eu à déplorer des pertes humaines de valeurs relatives extrêmement proches, 2,4 % pour les USA et 2,2 % pour le Royaume-Uni. Mais tandis que les 994 000 morts britanniques de la Première Guerre mondiale furent tués par des Allemands, des ennemis, les 750 000 morts de la Guerre de Sécession furent victimes de combats entre Américains, qui jusqu’en 1861 se considéraient tous comme des compatriotes, des concitoyens, électeurs d’un même président.
Pour la France, la Première Guerre mondiale représente la catastrophe démographique majeure qui a failli la faire sortir de l’Histoire.
Le jour de la déclaration de guerre, le pays comptait 41 630 000 habitants. Les années les plus sombres de la démographie française allaient malheureusement suivre, avec en 1919 et en 1944, respectivement 38,6 et 38,8 millions d’habitants.
Le nombre d’habitants en France n’arrivera à dépasser celui de 1914 qu’en 1950 avec 41,8 millions.
D’un point de vue démographique, aux États-Unis, les conséquences de la Guerre de Sécession ne furent en rien comparables à celles de la Première Guerre mondiale en France.
Car, tandis que l’augmentation de la population française n’a jamais cessé de ralentir tout au long du XIXe siècle, et a stagné durant la première moitié du XXe siècle, la population des États-Unis, elle, a continûment et massivement augmenté durant le XIXe et le XXe siècle.
De 1800 à 1900, le nombre d’habitants en France n’a augmenté que de 40% (12 millions), tandis qu’aux États-Unis, la population a été multipliée par plus 13, en passant de 5 à 67,6 millions d’habitants.
Évolution de la population de la France de 1820 à 2020
Évolution de la population des États-Unis de 1820 à 2020
Au XXIe siècle, avec un taux de fécondité de près de 7 enfants par femme, le Niger est le pays qui a le plus haut taux de fécondité au monde. Depuis 1960, la population du Niger a ainsi quasiment doublé tous les 20 ans, passant de 3,4 millions à 24 millions en 2020.
Au XIXe siècle, de 1800 à 1820, la population des États-Unis a elle aussi quasiment doublé, mais ce n’est pas un taux de fécondité record qui explique cette très forte augmentation, cela est dû à une vingtaine d’années d’immigration tout à fait exceptionnelles.
De 1820 à 1920, les États-Unis ont connu une immigration constante et très importante, et conséquemment une augmentation de la population forte et continue. On voit dans le tableau-ci-dessus l’impact de la Guerre de Sécession sur la démographie américaine. On note en effet qu’entre 1880 et 1900, le pourcentage d’augmentation de la population a été de moitié moindre que pendant les 20 ans avant 1880 et que pendant les 20 ans après 1900. Cela est évidemment lié au fait que les centaines de milliers de jeunes hommes qui ont été emportés par la guerre n’ont pas pu procréer.
Les historiens peuvent donner la date du jour où une guerre a commencé. Par contre ils sont souvent incapables de dire quand elle s’est définitivement terminée. Pour la Guerre de Sécession, ils savent, que les Confédérés ont signé une première capitulation le 9 avril 1865, et que l’ultime reddition d’un général confédéré eut lieu le 23 juin, après l’assassinat du Président Abraham LINCOLN le 15 avril, mais ils savent aussi que la fin des affrontements sur le terrain militaire ne signifia ni le retour de la paix dans tous les esprits, ni encore moins le retour de la paix dans les cœurs.
Guerre de Sécession : 700 000 soldats tués, soit plus de 15% des hommes engagés
En 2023, comme Roger PIERRE et Jean Marc THIBAULT le faisaient remarquer avec humour en 1974 dans l’un des plus fameux de leurs sketchs, la guerre civile qu’ils ont vécu au XIXe siècle reste pour les États-Unis un drame sans fin, car après 160 ans les Américains qui l’ont perdu n’arrivent toujours pas à admettre que la Guerre de Sécession a cessé, c’est sûr !
L’engagement tardif des Américains dans la Première Guerre mondiale, est souvent imputé principalement aux séquelles de leur guerre civile. On imagine que, comme les conscrits français après les horreurs de la bataille Verdun, les Américains n’étaient pas pressés de faire vivre à leurs éventuels conscrits les horreurs d’une bataille telle que celle de Gettysburg.
Si les Présidents des États-Unis ont toujours été très réticents, pour finalement envoyer les boys à la guerre, et s’ils se montrent de plus en plus avares de la vie de leurs soldats, c’est bien sûr parce qu’ils veulent absolument éviter la folie de nouveaux massacres, rendus possiblement pires avec les armes modernes, mais c’est surtout parce qu’ils savent que la cohésion de leur immense pays est très fragile.
Aux USA, l’accroissement des dissensions entre les multiples communautés a toujours été problématique, car les tensions peuvent à tout moment raviver les blessures du passé qui n’ont jamais pu vraiment cicatriser et conduire à de affrontements particulièrement violents.
Aux USA, l’accroissement des dissensions entre les multiples communautés a toujours été problématique, car les tensions peuvent à tout moment, raviver les blessures du passé qui n’ont jamais pu vraiment cicatriser, et conduire à des affrontements particulièrement violents.
Dans la liste des pays par taux d’armement établie en 2007, les États-Unis occupaient la première place avec une moyenne de 888 armes à feu pour 1000 habitants, devant la Serbie, deuxième avec un taux de 582, devant la Suisse, avec un taux de 245, la France, avec un taux de 150, la Russie, avec un taux de 89, et le Japon, en fin de classement avec un taux de 6.
Dans la liste des pays par taux d’homicide volontaire établie en 2017, on note que la Russie à un taux de 108 homicides par million d’habitants, et les États-Unis un taux de 54, exactement moitié moindre, alors que les Américains possèdent 10 fois plus d’armes pour 1000 habitant que les Russes. Il est donc évident que le taux « homicidité » des pays ne s’explique pas seulement par leurs taux d’armement. Cela est confirmé par les données de la France, de la Serbie, de la Suisse, et du Japon, comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous.
Pas de corrélation simple entre les taux d’armement et les taux d’homicides volontaire
Bien que le classement dans la liste des pays par taux d’homicide volontaire doive être regardé avec beaucoup de circonspection, en raison de qualifications et de comptabilisations différentes des homicides volontaires selon les États, il reste un bon indicateur de la violence endémique qui peut exister dans les 211 pays et régions du classement.
Le Salvador est à la première place avec le taux record de 828 par million d’habitants, le Honduras est 2e avec un taux de 565, la Colombie est 17e avec un taux de 255, devant le Mexique classé 21e avec un taux de 193.
Pour la France, le classement propose deux chiffres : les données de la France, sans la Guyane, classée 155e avec un taux de 14, et la Guyane seule, classée 31e avec un taux de 133.
La Guyane rejoint ainsi les pays du peloton de tête du classement, qui sont pour la plupart des narco États d’Amérique centrale ou d’Amérique du Sud.
En Amérique latine, une grande part des d’homicides est lié à la drogue et au grand banditisme. La Guyane est malheureusement devenue une plaque tournante très importante du trafic de la cocaïne vers le vieux continent, et le terrain de chasse des orpailleurs, rien d’étonnant donc à ce que la société guyanaise française soit la plus criminogène de toute la France, et apparaisse comme une des plus violentes du monde.
[Le 23 février 2023, 19H 30, JM. R., Alet-les-Bains] : – Et nos irresponsables européens qui suivent aveuglément la politique américaine dans sa volonté affichée de casser la Russie et de la fragmenter en plusieurs morceaux, ne réalisent pas, avec leur incapacité à anticiper le long terme, que la Russie est le tampon qui nous protège de la Chine ; que celle-ci est déjà occupée à nous étrangler méthodiquement avec ses « routes de la soie« , moins poétiquement définies en leur version anglaise de « Road and Belt Initiative » qui montre mieux qu’il s’agit de nous ceinturer pour mieux nous étrangler.
Casser la Russie serait donc pain béni pour elle : elle ne tarderait pas à prendre possession de la Sibérie. Nous aurions l’air malin, nous, les Européens, si nous nous retrouvions avec les Chinois directement à nos portes.
N’oublions pas que pour les Chinois, l’objectif de dominer l’Occident est la vengeance poursuivie par elle pour effacer la perte de face qu’ont été les guerres que nos pays lui ont faites pour lui imposer l’ouverture au commerce (y compris de l’opium), la prise et le sac de la Cité interdite et enfin le régime des concessions internationales.
Les Chinois ont la mémoire longue alors que nous l’avons courte ; ils ont une stratégie patiente et froide fondée sur la durée alors que nous fonctionnons dans le court-termisme électoral et l’émotivité.
[Le 18 février 2023, 15 H35, J. E, Narbonne] : la politique est un art impossible pour les responsables incultes et sans expérience !