N° 533 8 (9) mai 1945 : il ne faut pas confondre mémoire et histoire

Pourquoi les États-Unis passent-ils pour le pays ayant le plus contribué à la victoire sur l’Allemagne alors que sur les 48 millions de morts provoqués par la guerre en Europe, 73 % sont nés en Union soviétique ?

L’histoire n’est souvent qu’une question de point de vue. L’historien et journaliste Éric BRANCA, qui laboure depuis des années tous les aspects de la Seconde Guerre mondiale, revient sur la fin de ce conflit en prenant un angle fort original : étudier dans le détail les 300 jours qui séparent l’opération soviétique sur l’Allemagne (l’opération Bagration) de la chute définitive du IIIe Reich.

Trois cents jours effroyables ponctués par de multiples tragédies, notamment le massacre de Varsovie, la difficile progression des GI dans le bocage normand, la répression féroce de la tentative manquée d’assassinat contre HITLER, la découverte des camps de la mort ou la contre-offensive des Ardennes …

Pourquoi ?

Pourquoi les États-Unis passent-ils aujourd’hui pour le pays ayant le plus contribué à la victoire sur l’Allemagne ?

Total  1945 =  89 %   –  Total  1994 = 90 %   – –   Total 2004  = 94 %   –  Total  2015 = 95 %

Le journaliste et historien français Éric BRANCA, spécialiste du gaullisme et des services secrets, répond à cette question longuement dans le livre qu’il vient de faire paraître : 300 JOURS : 13 juillet 1944-9 mai 1945 : dix mois pour en finir avec HITLER.

Ce que dit l’Éditeur

Juillet 1944. Tandis qu’à l’Est l’Armée rouge casse les reins de la Wehrmacht et qu’à l’Ouest Américains et Britanniques, qui piétinaient depuis le Débarquement, percent enfin les défenses allemandes, les chefs alliés sont optimistes : la guerre en Europe sera finie à Noël. Tous se trompent. Elle durera dix mois encore. Trois cents jours : les plus coûteux en vies humaines de tout le conflit. Du fiasco sanglant de Market Garden au suicide d’HITLER en passant par la bataille des Ardennes, et nombre d’affrontements homériques, le conflit revêt un visage d’apocalypse, à l’instar de la découverte horrifique des camps de la mort.

Comment l’Allemagne, dont les forces vives ont été saignées à blanc, a-t-elle pu tenir si longtemps ? Pourquoi HITLER, au contraire de MUSSOLINI, n’a-t-il pas été renversé ? Comment l’Union soviétique, dont plus de 20 millions de citoyens ont été exterminés en trois ans, est-elle parvenue, en quelques mois, à recouvrer le terrain perdu, s’emparer de la moitié de l’Europe et planter le drapeau rouge au sommet du Reichstag ?

Pourquoi les États-Unis passent-ils pour le pays ayant le plus contribué à la victoire sur l’Allemagne alors que, sur les 34 millions de morts alliés provoqués par la guerre en Europe, 73 % étaient soviétiques et 0,4 % seulement américains ?

Même illusion d’optique s’agissant des accords de Yalta (février 1945) et du prétendu « partage du monde » qui en a résulté : sait-on que ce n’est pas ROOSEVELT – trop rapidement taxé de complaisance envers STALINE – qui a entériné les visées territoriales soviétiques sur l’Europe centrale, mais le très anticommuniste CHURCHILL, cinq mois plus tôt à Moscou, pour préserver la sphère d’influence britannique sur la Grèce et la Méditerranée orientale ?

Après tant d’ouvrages écrits sur la Seconde Guerre mondiale, raconter l’histoire de son achèvement européen permet de tordre le cou à nombre d’idées reçues.

Aperçu de 30 pages

L’Association Dialogue France-Russie a invité récemment Éric BRANCA a présenter son dernier livre dans ses locaux à Paris. L’enregistrement de la vidéo de sa présentation  a été mise en ligne ce jour, jeudi 15 mai.

Nous vous invitons à regarder les 40 minutes de cette vidéo.

01:00 Pourquoi la date du 8 (9) mai 1945 est importante?

01:52 L’année 1941

03:50 De Gaulle croit que la Russie ne peut pas perdre

04:30 Le tournant de la guerre, c’est Koursk

05:18 La France et la Russie

06:00 La résistance russe en France

06:30 Le détachement de résistance féminine russe « Rodina »

08:46 La mémoire et l’histoire

09:09 Overlord et le débarquement

11:02 Les sondages en 1945 et en 2015 et les morts

13:36 L’opération Bagration

16:00 La stratégie russe a gagné contre la stratégie allemande ( le profondeur et l’attrition contre le Blitzkrieg)

19:20 Le révisionnisme

20:24 Le pacte Molotov – Ribbentrop en réalité

24:10 Les Britanniques

24:48 La libération de l’Europe de l’Est et ce qui s’est passé après, ce sont des choses différentes

26:10 Churchill et Staline

27:50 L’occupation allemande versus l’occupation soviétique

28:58 « Dénier aux Soviétiques la libération des camps d’extermination est une monstruosité ».

30:30 Nous effaçons l’histoire et la mémoire des 27 millions de Soviétiques

32:40 Le mur de Berlin

33:30 Les missiles de Cuba ou comment cette affaire résonne aujourd’hui?

Comme François BAYROU l’a rappelé en février 2002, « si on pense tous la même chose c’est qu’on ne pense plus rien ». D’où l’importance des débats et de la disputatio.

[Le 15 mai 2025, 18 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Durant plus de 2 siècles, en dehors de très brèves périodes, 1907-1917, et 1941-1945, contrairement aux Français qui ont été très longuement slavophiles puis soviétophiles, les Anglais ont affiché une russophobie constante, qui n’a fait que se renforcer et s’enraciner profondément durant la période soviétique. La russophobie, qui pousse à essentialiser « les Russes », est un racisme systémique banal, moralement condamnable, mais il est surtout une lourde infirmité qui altère le jugement et la capacité de réflexion de tous ceux qui en sont gravement atteints.

La russophobie est une pathologie très contagieuse, provenant d’une jalousie maladive.