N° 554 Les postures purement morales des Européens sont de plus en plus mal perçues.

Gérard ARAUD partage son regard d’ancien ambassadeur et de fin connaisseur des relations internationales dans Leçons de diplomatie, le dernier livre qu’il vient de publier.

Date de parution : 16 octobre 2025

RÉSUMÉ

«Il y a des moments où soudain l’Histoire s’accélère, sans qu’on sache si ce n’est qu’un remous ou si les rapides se rapprochent. Nous devons nous préparer sans jamais exclure le pire. La France a trop souffert de l’avoir oublié dans le passé pour ne pas le comprendre.»

Dans cet essai stimulant, Gérard ARAUD nous livre sa méthode d’analyste et de négociateur chevronné des relations internationales. À partir d’exemples concrets tirés de son expérience et de l’actualité, l’ex-ambassadeur de France décrypte la guerre en Ukraine, le conflit au Proche-Orient, le moteur franco-allemand ou encore le protectionnisme agressif des États-Unis. Si le rapport de force mondial s’est modifié aux dépens de l’Occident, la brutalité du retour de Donald TRUMP a fait voler en éclat l’ordre international. Face à la volonté de puissance de la Chine et à la dynamique impérialiste russe, Gérard ARAUD nous offre des perspectives inédites sur le rôle que la France et les Européens pourraient jouer afin de réaffirmer leur influence sur la scène mondiale. Ces leçons de diplomaties nous aident à faire face avec lucidité au monde qui vient.

ENTRETIEN

Pourquoi et comment réhabiliter la Realpolitik ? En mettant leurs principes moraux au cœur de leur politique étrangère, les pays occidentaux se retrouvent aujourd’hui mis à mal face à leurs propres contradictions.

D’une part, on leur reproche d’appliquer un double standard dans leurs prises de position internationales. D’autre part, leurs choix guidés par des valeurs affichées comme universelles se révèlent parfois déconnectés des rapports de force réels, produisant des résultats contraires à leurs intentions initiales.

Loin de renforcer leur légitimité, cette posture morale peut ainsi fragiliser leur crédibilité sur la scène internationale. De MACHIAVEL à la Realpolitik formulée et pratiquée par Henry KISSINGER, en passant par la construction de l’ordre international libéral après 1945, la morale a toujours occupé une place ambiguë dans l’exercice du pouvoir : invoquée comme fondement de légitimité, mais souvent contournée lorsqu’elle se heurte aux intérêts stratégiques des États.

Or, dans un monde voyant émerger un nouvel ordre international, l’Occident doit repenser sa stratégie et réhabiliter la Realpolitik, à savoir adopter une vision réaliste de la géopolitique et des rapports de force internationaux, sans pour autant renoncer à ses principes.

Quelles sont les conséquences de la realpolitik et de la diplomatie morale ? Le réalisme permet-il de mieux appréhender le monde contemporain que les approches fondées sur la morale, notamment au regard de la rivalité sino-américaine et des conflits en Ukraine et au Proche-Orient ? Dans quelle mesure les instituts de recherche peuvent-ils contribuer à faire évoluer la politique étrangère en collaborant avec les acteurs diplomatiques ? Autant d’enjeux abordés avec Gérard ARAUD, ancien ambassadeur de France aux États-Unis et en Israël, auteur du livre « Leçons de diplomatie » aux éditions TALLANDIER.

Entretien géopolitique « Comprendre le monde », le 19 novembre 2025

00:00 : Introduction

 00:27 : De BISMARCK à Walt Disney : la morale, un vernis géopolitique ?

 05:29 : Ukraine : un positionnement moral au détriment d’un réalisme géopolitique ?

 07:30 : Le président de la République, un devoir d’incarner une Realpolitik ?

 08:46 : L’Europe victime de sa propre moralité : entre double standards et perte de crédibilité à l’international

 16:29 : Lecture du conflit israélo-palestinien à travers le prisme du réalisme

 20:02 : La faiblesse des contre-pouvoirs intellectuels en France

 22:03 : La Chine est-elle susceptible de bénéficier des écueils de l’administration TRUMP sur la scène internationale ?

Comme François BAYROU l’a rappelé en février 2002, « si on pense tous la même chose c’est qu’on ne pense plus rien ». D’où l’importance des débats et de la disputatio.

[Le 21 novembre 2025, 18 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Un entretien particulièrement intéressant !