N°199 Un GRAND MERCI à ICEO !

Président d’ICEO du 24 février 1994 au 21 mars 2003, Pierre BECQUÉ raconte « sa » coopération internationale, au coté d’ICEO.

À tout seigneur, tout honneur ! Merci au premier de cordée !

J’ai toujours été un passionné de relations internationales. C’est pourquoi, en dehors des gènes familiaux  (3 générations de juristes avant moi et 2 après moi !), j’ai choisi après mon  (mes) bac(s) de faire du droit, et surtout du droit public. Ma formation universitaire s’est d’ailleurs terminée par une année en qualité d’assistant à la Faculté de droit de Heidelberg, jumelée avec celle de Montpellier.

Pendant 5 ans j’ai présidé le Club universitaire franco-allemand de notre ville qui a compté jusqu’à près de 1 000 adhérents. A plusieurs reprises, dans les années noires de l’état de siège, j’ai organisé des convois de médicaments et de vêtements pour la Pologne (destinés à un hôpital tenu par des religieuses situé à proximité de Kielce).

C’est donc très naturellement que, même si je n’en ai pas été fondateur, j’ai rapidement adhéré à ICEO sur les recommandations de mon frère Philippe, avant d’en devenir plus tard président pour quelques années.

C’est avec mon frère que mon premier voyage [en Roumanie] s’est déroulé, dans le cadre d’ICEO, à Bucarest, Alba Julia et Cluj.  Ce voyage mériterait à lui seul un roman, tant les circonstances nous ont permis de découvrir la Roumanie de l’immédiat après chute de CEAUSESCU : hébergements pour le moins austères avec une seule heure d’ouverture de l’eau et pannes fréquentes d’électricité),  routes défoncées, crevaisons en série (une demi-journée pour réparer), et surtout pénurie d’essence ce qui a failli nous bloquer au centre de la Roumanie (l’expérience africaine de Philippe ayant permis de trouver in extremis une solution : rachat très cher par siphonage du carburant d’un taxi !).

Ce voyage fut suivi de plusieurs autres séjours, ICEO s’étant alors proposé pour aider à la modernisation du droit foncier roumain. C’est à ces différentes occasions que ma curiosité professionnelle m’a conduit à chercher à rencontrer les notaires de Bucarest, qui étaient encore notaires d’État, petits  fonctionnaires chargés de quelques certifications de signatures dans des conditions terribles ; à Bucarest 70 tables réparties dans une grande salle, sans aucune confidentialité, et à chaque table une queue de « clients » debout, munis d’un numéro d’ordre.

Cette visite m’a permis de rencontrer le «  Notaire en Chef » , Maître BOLINTIN, qu’ICEO a reçu plusieurs fois à Montpellier et surtout de proposer aux confrères de Bucarest de leur présenter la profession notariale telle que pratiquée en Europe Occidentale . Inutile de dire que cette présentation, faite dans une salle délabrée où il pleuvait, a fait rêver les quelques dizaines de notaires présents dont j’ai découvert que la majorité parlaient français.

C’est donc grâce à cette « mission » ICEO que j’ai pris les premiers contacts  avec les notaires roumains (ils étaient alors environ 600, dont 95% de femmes).

Le Conseil Supérieur du Notariat français s’est très vite lancé dans le développement des relations avec les notariats des pays qui venaient de s’ouvrir et, ayant appris mes pérégrinations roumaines précédentes, m’a chargé de prendre contact avec le notariat roumain, et d’y  représenter  le notariat français.

Très vite le notariat roumain, face aux bouleversements sociaux et économiques qui ont suivi la chute du communisme, a compris l’urgence qu’il y avait à moderniser leur système. Et s’est produit alors une chose extraordinaire : le modeste  notaire provincial que j’étais alors s’est retrouvé associé à la réforme du système juridique  roumain, auprès du Ministre de la Justice, de ses plus hauts responsables et de quelques figures notariales émergeant de la masse : des jours et des nuits passés dans les bureaux du ministère avec comme seule aide les textes français et ma petite expérience, et celle d’un confrère italien, responsable de l’Union Internationale du Notariat.

Ce travail acharné devait accoucher d’une loi du 18 mai 1995, règlementant « Les notaires publics et l’activité notariale » ( le mot public équivaut ici à « libéral » ). Ce résultat a permis de doter la Roumanie d’un système notarial très proche du notre et je suis très heureux d’y avoir apporté ma contribution. J’ai eu la fierté de recevoir du ministre de la Justice de l’époque la médaille d’honneur du ministère.

18 mai 1995, première page du journal officiel roumain promulguant la loi sur le notariat, avec les signatures de tous ceux qui ont contribué à sa rédaction.

15 septembre 1995 Brasov, tribune officielle lors du premier Congrès des Notaires roumains

Remise de la médaille d’honneur du Ministère roumain de la Justice des mains du ministre M. CHIUZBAIAN

Le premier Congrès des notaires s’est tenu quelques semaines après, le 10 septembre 1995 à Brasov. J’y ai naturellement représenté le notariat français et ce congrès a été l’occasion de la mise en place de l’Union Nationale des Notaires Publics de Roumanie, équivalent de notre Conseil Supérieur, dont l’adresse sonne pour moi comme un clin d’œil, puisque le siège est situé à Bucarest rue du Général BERTHELOT (du nom du général français qui a réorganisé l’armée roumaine pendant la première guerre mondiale).

Durant plus de 20 ans, j’ai été le représentant du notariat français en Roumanie, ai contribué à la signature d’accords de coopération qui perdurent, et réussi à mettre en place un jumelage entre la Chambre des Notaires de Brasov et le Conseil Régional de Notaires du Nord Pas de Calais.

Les notaires roumains sont aujourd’hui plus de 2 500, dont 50% sont des hommes, et le notariat est très intégré dans la société du pays.

Cet engagement roumain a donné l’idée aux responsables successifs du notariat français de me charger des relations avec d’autres pays  d’Europe Centrale : Bulgarie, Moldavie, Croatie, Bosnie, Macédoine, Albanie, Kosovo, et avec deux notariats plus récents ceux de Serbie et du Monténégro.

Mais le coup de pouce initial d’ICEO ne s’est pas arrêté en si bon chemin, puisque, sur la base des expériences vécues dans ces pays, j’ai été sollicité pour devenir Secrétaire Général de l’Union Internationale du Notariat, mandat d’une durée de 3 ans, quasiment à temps plein, qui n’a été possible que le jour où j’ai pris ma retraite de notaire en exercice,  et qui m’a fait faire le tour du monde en m’amenant du Canada à la Chine en passant par les pays d’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient.

J’ai terminé mon engagement au sein de l’Union Internationale comme président de la Commission des Affaires Européennes, et depuis j’accepte encore quelques missions internationales pour le notariat français et reste son représentant au Liban, pays encore francophone et très bien placé géopolitiquement. Voilà résumée en quelques lignes la vie passionnante qu’une profession à la réputation pourtant sédentaire m’a permis de mener et tout cela, finalement GRÂCE À ICEO.

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OUVRE TOUT GRAND SES ARCHIVES

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                  EXPOSÉ DES MOTIVATIONS : …                       » Aide à des pays où tout est à faire« .

Le 11 décembre 1991, à Varsovie avec les professeurs Jean CASTEL (président d’ICEO) et Maurice JACOB

Le 11 décembre 1991, à Varsovie avec les professeurs Jean CASTEL (président d’ICEO) et Maurice JACOB

Le 13 décembre 1991, à Cracovie avec Jacek JUREK, chez les docteurs Zophia et Zygmunt RYZNERSCY

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Le vendredi 17 décembre 1993, le Bureau d’ICEO reçoit 2 éminents juristes venant de Roumanie.

Délégués par leur gouvernement, Serban DIMITRESCU-BOLONTIN et Florin SCRIECIU , font appel à ICEO. [1993.12.17]

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Le 26 février 1994, assemblée générale d’ICEO

Le 26 février 1994, Jean CASTEL cède la présidence d’ICEO à Pierre BECQUÈ

Le 26 février 1994, l’ancien et le nouveau présidents se donnent l’accolade

Mai 1994, le professeur Marek SYCH, ancien recteur de l’Université Jagellonne, invité à Montpellier, dîne avec les principaux membres du Bureau d’ICEO (président, trésorier, secrétaire général, interprète) et leurs épouses. À la fin du repas il accepte de présider l’Académie du Vin de Cracovie, lorsqu’elle sera créée.

16 août 1994, inauguration du siège de l’Académie du Vin de Cracovie, sise au cœur de la vieille ville historique. Le recteur SYCH et le président d’honneur d’ICEO, Jean CASTEL, lèvent leur verre.

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Le mardi 6 décembre 1994, Serban DIMITRESCU-BOLONTIN et Florin SCRIECIU  de nouveau à Montpellier

Pour signer, au nom du gouvernement roumain de l’Agriculture, un protocole de coopération avec ICEO. [1994.12.06]

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Le 24 février 1995, le président d’ICEO découvre le siège de l’Académie du Vin de Cracovie

Le 24 février 1995, le bureau de l’Académie du Vin de Cracovie, salue la venue du président d’ICEO

Le samedi 25 février 1995, le président d’ICEO assiste au Bal de Charité organisé par la ville de Cracovie

Juin 1996, Florin SCRIECIU est une nouvelle fois invité à Montpellier

Pour faire de nouveau appel aux experts d’ICEO, dont Serge RENAULT, ancien président de la CAL.

CAL : Coopérative Agricole Lauraguaise

Août 1996,  Nouveau passage de Florin SCRIECIU dans l’Hérault pour retrouver ses amis d’ICEO

Durant son séjour, le conseiller juridique près le ministère de l’Agriculture de Roumanie a pu bénéficier de l’assistance d’une interprète d’exception, Kati NISIPASU, la fille du professeur Marin NISIPEANU (Craïova). La veille de son départ le juriste roumain assiste à un dîner amical organisé pour les adhérents de l’Association.  .

 

Le 21 mars 2003 à Palavas-les-Flots, Pierre BECQUÉ cède la présidence d’ICEO à Jean-Paul FERNANDEZ.

De gauche à droite, Jean CASTEL (25.02.2013 †) (président 1989-1994), Jean-Michel PENAS (vice-président délégué 1989- ), Jean-Paul FERNANDEZ (31.01.2015 †) (président 2003-2006), Jean-Louis ROBERT (vice-président 1999-2006), Pierre CHEVALLET (secrétaire général 1989-2020), Jean-Claude CABANIS (vice-président 1999-2008), Pierre BECQUÉ (président 1994-2003)

Le 21 mars 2005, AG d’ICEO, Centre Sully, Maison des Relations Internationales de Montpellier.

Les adhérents ont le plaisir de retrouver Jean CASTEL, Pierre BECQUÉ, et Jean-Paul FERNANDEZ. A la fin de la réunion Pierre BECQUÉ déclarait :  « Je suis très heureux de l’occasion qui m’est donnée à l’occasion du quinzième anniversaire de la création d’ICEO, de saluer le travail accompli et la réussite d’un groupe … d’hommes passionnés et convaincus (à défaut d’être toujours convaincants comme le montre malheureusement l’intérêt relatif accordé à l’opération « francophonie » par nos élus).

Pourtant la genèse d’ICEO aurait fait penser que l’alchimie ne prendrait pas, tant les fondateurs, puis les responsables successifs étaient différents: universitaires ici, chefs d’entreprises ou professionnels libéraux là, hommes catalogués de gauche face à d’autres étiquetés à droite (ou pire encore au centre!), tempéraments opposés…Eh bien, grâce à l’opiniâtreté et la conviction de quelques fédérateurs, le ciment a pris: ICEO est devenu d’abord une équipe d’amis, ensuite un groupe d’experts reconnus dans des domaines aussi divers que l’agriculture, la formation universitaire, l’œnologie ou le droit. C’est pourquoi ICEO a, avec l’aide des collectivités locales, réussi à se faire un nom dans la coopération internationale avec les pays d’Europe Centrale et Orientale, notamment la Pologne et la Roumanie.

[Le 15 mars 2020, 21 H30, J-M. R., Alet-les-Bains] : Merci à Pierre B. cela valait la peine de se lancer dans cet exercice. Excellent article qui permet de montrer une activité à la fois très concrète et utile en faveur des pays « de notre champ », pour parler le jargon diplomatique du MAE. Et comment ICEO a donné l’occasion à Pierre B. de se lancer dans une carrière internationale a priori n’allant pas de soi comme il le dit lui-même. Donc Bravo et félicitations ! Je dirais même mieux …..
[Le 14 mars 2020, 12 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Un grand merci à notre deuxième président pour services rendus pendant près de dix ans.