N° 062 Notre-Dame-de-Paris : un incendie inattendu, mais pas imprévisible

Dès le début du drame, les réseaux sociaux ont été envahis par les rumeurs les plus folles et les infox (fausses nouvelles) les plus scandaleuses, voire les plus délirantes. C’est pourquoi le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent NUNEZ s’est empressé de  faire savoir que l’origine de cet incendie SANS PRÉCÉDENT dans l’histoire de l’édifice restait encore inconnue.

Pour combattre les rumeurs nauséabondes, complotistes et le plus souvent racistes,  les journalistes de leur coté rappellent bien que l’enquête sur le sinistre qui a ravagé lundi soir la cathédrale Notre-Dame de Paris a été ouverte du chef de « destruction involontaire par incendie » .

La piste d’un départ de feu accidentel depuis le chantier en cours sur le toit de la cathédrale retient l’attention des enquêteurs en l’état des investigations. Dès la nuit de lundi à mardi, les enquêteurs ont commencé à recueillir les témoignages des personnes qui travaillaient sur le chantier. Le feu, apparemment d’origine accidentelle, a pris dans les combles de l’édifice peu avant 19 heures. Il semble être parti au niveau d’échafaudages installés sur le toit de l’édifice, en travaux depuis plusieurs mois.

Bien que la piste criminelle ne puisse être totalement écartée, la cause la plus probable est l’incendie accidentel involontaire, mais contrairement à ce qu’a déclaré secrétaire d’État à l’Intérieur, ce drame n’est pas sans précédent.

C’est d’ailleurs ce qui est le plus ahurissant et le plus incompréhensible. Ne serait-ce qu’en France,  l’incendie de Notre-Dame-de-Paris n’est en rien singulier, n’est absolument pas sans précédent.

> Le 15 juin 2015, Basilique Saint Donatien (Nantes),  feu lié à des travaux d’étanchéité réalisés sur la toiture.

> Le 28 janvier 1972, le toit de la cathédrale gothique Saint-Pierre-et-Saint-Paul au cœur de Nantes, construite entre le XVe et le XIXe siècle, partait en flammes. Le sinistre s’était déclaré suite à des travaux effectués par un couvreur.

C’est pratiquement à chaque fois, dans les mêmes circonstances,  pour les mêmes causes, pour les mêmes négligences, que les charpentes multiséculaires s’embrasent à la vitesse d’un feu de paille.

Les Français peuvent se consoler, apaiser leur tristesse et leur colère, en répétant que ce drame était inimaginable, mais les responsables des travaux, à tous les niveaux, ne peuvent prétendre que cet incendie était imprévisible.

On apprend, que deux heures avant le début de l’incendie, aux alentours de 17 heures, tous les ouvriers avaient quitté le chantier, et qu’il n’y avait donc plus personne dans les combles.

Sous entendu,  personne  qui aurait pu allumer un incendie volontairement. Sous entendu, rien à voir avec La Fenice (en français : « le Phénix ») le célébrissime opéra de Venise construit au xviiie siècle  qui a été détruit l par un incendie criminel causé par deux électriciens d’une entreprise de maintenance, soupçonnés d’avoir mis le feu au théâtre pour éviter de payer des pénalités pour retard de travaux.

En regardant à la Maison blanche, la cathédrale brûler en direct, le président TRUMP, n’a pu s’empêcher de prodiguer ses conseils.  Dans une tradition typiquement américaine, il a proposé d’éteindre l’incendie avec un bombardier d’eau. Là n’était évidemment pas la solution. Il faut féliciter les sapeurs pompiers de Paris qui ont réussi à circonscrire l’incendie sans détruire l’édifice et sans avoir à déplorer de graves blessés.

Tous ceux qui  ont déploré « les moyens insuffisants et inadaptés » dont disposaient les soldats du feu, ne connaissent visiblement pas les savoirs fondamentaux de la lutte contre l’incendie. Pour un  même budget, forcément limité,il ne sert à rien d’investir massivement dans le curatif, si on n’investit pas d’abord, encore plus massivement, dans le préventif. Il est quasiment impossible d’éteindre  les feux qui ont pris trop d’ampleur, d’où l’importance des mesures préventives, de surveillance permanente.

La charpente de la cathédrale, qui a nécessité l’abattage  des arbres de près de 24 hectares de bois, était  appelée la forêt. Les gardes forestiers savent que la meilleure façon, et souvent la seule, de sauvegarder  une forêt est de la surveiller de très très près, pour pouvoir éteindre au plus vite les départs de feu. Pour cela ils mobilisent, dans les périodes à risque, de nombreux guetteurs incendie.

À 17 heures il n’y avait plus personne sous les combles, c’est çà qui est coupable, voir criminel.  NON, les ouvriers absents ne sont sûrement pas coupables. Mais les chefs des travaux qui n’ont pas pensé à mobiliser des guetteurs incendie pour prévenir un incendie hautement prévisible,  OUI.

Dans toute chose, malheur est bon ?

Que peut-il y avoir de bon dans un tel drame ?

À moins d’un mois des élections  européennes, on a la réponse à une question qui a fait polémique.

L’Europe a-t-elle des racines chrétiennes ?
À entendre les messages du monde entier, seuls les Français semblent encore en douter.

[Le 22 avril 2019, 13 H00, N. N., Nantes] :   En 1972, j’habitais à Nantes  à 500 mètres de la cathédrale Saint Pierre, Le vendredi 28 janvier vers 16 heures je rentrais  chez moi par la route de Paris, lorsque j’ai vu de la fumée.  Arrivée à l’appartement, après avoir récupéré  les enfants à l’école, j’ai regardé à la fenêtre pour voir s’il y avait toujours de la fumée. Je peux donc témoigner que vers 17 heures le toit était en flamme. Mon mari est allé prendre des photos avant la nuit (18 heures ?). Sur les photos que je conserve on voit nettement que le feu avait gagné tout le toit.

Sur le site wikipedia on peut lire à propos de l’incendie de la cathédrale de Nantes en 1972: Les violents bombardements du 15 juin 1944 conduisent également à des travaux de restauration de l’édifice qui sont presque achevés lorsque, le , se déclenche dans les combles un gigantesque incendie (dû à la mauvaise manipulation d’un chalumeau par un ouvrier couvreur soudant un chéneau) qui embrase la toiture. Les pompiers parviennent à maîtriser le sinistre, mais la charpente est largement détruite, et de nombreux autres dommages sont à déplorer. Les suites judiciaires qui seront données à cette affaire après huit ans de procédure concluront à la responsabilité de l’État (et non celle de l’entreprise nantaise RINEAU Frères) qui sera finalement condamné à payer les dégâts. Les juges reprocheront en effet à l’État de ne pas avoir fait nettoyer la poussière (matière très inflammable) qui s’y était accumulée depuis des décennies avant d’y envoyer des ouvriers. Après cet incendie, les cathédrales Saint-Maurice d’Angers et Saint-Julien du Mans avaient été dépoussiérées.

[Le 21 avril 2019, 17 H00, J. J., Palavas-le-Flots]: Qu’est-ce qui vous permet d’écrire :  « Bien que la piste criminelle ne puisse être totalement écartée, la cause la plus probable est l’incendie accidentel involontaire » ? Certaines données sont troublantes .

[Le 20 avril 2019, 19 H00, J. J., Palavas-le-Flots :  Intéressant article publié dans Marianne.

Il y a trois ans, Paolo VANNUCCI, professeur d’ingénierie mécanique à l’université de Versailles, a effectué une recherche sur les risques d’attentat et la sécurité de la cathédrale Notre-Dame de Paris dans laquelle il évoquait aussi les risques d’incendie en raison du manque de dispositifs de sécurité. (lire son interview parue dans Marianne)

[Le 16 avril 2019, 16 H00, S. P., Varsovie] : chers amis français d’ICEO, je vous adresse l’expression de toute mon empathie pour le drame qui vous touche. En Pologne,nous savons combien il est douloureux de voir partir en flamme son patrimoine architectural. Les Allemands (nazis) ont  voulu nous anéantir . Ils ont voulu détruire tout Varsovie. Nous avons reconstruit toute la vieille ville à l’identique. Je ne doute pas que vous restaurerez votre cathédrale très prochainement.

[Le 16 avril 2019, 15 H40, J. 0., Cracovie] : chers amis français, tristesse partagée. À Cracovie nous avons une église, Santa Maria, qui est pour les Polonais, notre Notre-Dame-de-Cracovie. Du haut du beffroi de cette église, toutes les heures, deux pompiers donnent l’heure en jouant de la trompette. Ce qui signifie que 24 heures sur 24, il y a deux guetteurs incendie en haut de l’édifice.