N° 179 1940-2020 Comme un air de déjà vu !

Le 16 mars, dans les beaux quartiers de Paris, certains concierges sont restés seuls, confinés dans leur loge, abandonnés par les habitants de l’immeuble, partis se mettre aux vert, au pays des gilets jaunes.

Mai 1940, GUDERIAN : l’armée française n’est pas la meilleure du monde.

Mars 2020, Coronavirus : le système de santé français n’est pas le meilleur du monde.

Confinement : que nous apprend l’Exode de 1940 sur ce que nous venons de vivre

Le dimanche 15 mars, 47,7 millions d’électeurs inscrits ont été invités à aller voter pour participer au premier tour des élections municipales. Plus de 21 millions (44,66%) ont répondu très civiquement à l’appel. Depuis que la crise pandémique au coronavirus s’est aggravée, les électeurs qui ont tenu à faire leur devoir de citoyens, et plus encore ceux qui les ont convoqués aux urnes sont accusés d’avoir été de dangereux irresponsables.

On peut effectivement s’interroger sur la cohérence de nos dirigeants, qui nous demandent en même temps à leurs concitoyens, d’aller voter, et de réduire tous leurs rassemblements.

Mais à la vue des images, on peut considérer, sans risquer d’être démenti, que les abstentionnistes ont plus participé à la diffusion du virus que ceux qui sont allés voter en respectant scrupuleusement les recommandations des pouvoirs publics et des virologues.

15 mars élections : participation au vote dans le respect des recommandations

15 mars élections : participation au vote dans le respect des recommandations

15 mars élections : participation au vote dans le respect des recommandations

15 mars élections : participation au vote dans le respect des recommandations

15 mars élections : abstention pandémio-responsable au marché

15 mars élections : abstention pandémio-responsable au bord du canal Saint Martin

15 mars élections : abstention pandémio-responsable au bord du canal Saint Martin « Collé collé« 

Pensez à regarder la vidéo. La compagnie créole : « c’est bon pour le moral »

À quelques heures de l’annonce – redoutée – d’un renforcement des déplacements annoncés par Emmanuel MACRON, lundi 16 mars, nombre de Parisiens, qui s’étaient « sagement » abstenus la vieille d’aller voter, se dépêchent de quitter l’Ile-de-France, en troupeaux, « libérés » par la mise en place généralisée du télétravail.

Cliquez sur l’une des 4 photos ci-dessous,  pour voir l’article, surtout voir la vidéo, mis en ligne le 16 mars par Le Parisien. … Un grand moment d’« altruisme » !

N’omettez pas de mettre le son  [X => O] si besoin.

De nombreux habitants de la capitale ont afflué sur les îles pour vivre le confinement dans leur résidence secondaire, encombrant les supermarchés et faisant craindre une propagation du virus dans ces zones sous-équipées.

Sur l’île de Ré, l’affluence a été telle qu’à en croire le préfet de Charente-Maritime, le pont reliant l’île à La Rochelle s’est retrouvé embouteillé «comme au mois d’août» (Lire l’article paru dans Libération).

Article publié dans Le Figaro le 20 mars 2020

FIGAROVOX/TRIBUNE – Les errements français dans la gestion de la pandémie témoignent de l’échec de l’idéologie de la start-up nation, considère Paul MELUN. Seul un sursaut national pourra selon lui sauver un système aujourd’hui à bout de souffle.

Paul MELUN est conseiller en stratégie et essayiste. Il vient de publier, avec Jérémie CORNET, Les enfants de la déconstruction. Portrait d’une jeunesse en rupture (éd. Marie B., 2019).

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La start-up nation est une promesse. Celle d’un XXIe siècle de l’intelligence artificielle et du digital, d’un monde occidental où partout règnent l’innovation et le progrès, d’un univers dans lequel les vieilles structures, les traditions et les services publics ne servent plus à rien, et sont remplacés par des algorithmes. La crise sanitaire que nous connaissons révèle désormais la fumisterie de cette promesse.

En quelques semaines, une banale épidémie venue de l’autre bout du monde, potentiellement transmise par un animal sauvage et insignifiant, met à genoux l’Europe tout entière. La résistance des pays européens face à la crise est même moins bonne que celle des pays dits «en voie de développement». Ainsi, le 19 mars, l’Italie, pays de 60 millions d’habitants comptait plus de morts du coronavirus que la Chine et ses 1,4 milliard d’habitants.

N’en déplaise aux startupeurs, défenseurs d’une mondialisation sans bornes et artisans du chaos actuel, la réponse à cette crise est bassement terre à terre.

Les États dits «autoritaires» ont été en mesure de mobiliser très rapidement des moyens logistiques (construction d’hôpitaux et distribution de masques) et répressifs (fermeture des frontières, confinement et contrôle de l’armée et de la police). L’Europe à l’inverse se révèle incapable de déployer les moyens logistiques et législatifs suffisamment tôt pour endiguer l’épidémie. Aujourd’hui, elle supplie l’aide des pays émergents.

N’en déplaise aux startupeurs, défenseurs d’une mondialisation sans bornes et artisans du chaos actuel, la réponse à cette crise est bassement terre à terre. Pour sauver des vies, il n’y a pas d’application magique, pas de brainstorming en baskets et pas non plus de campagne de levée de fonds de millions d’euros, mais seulement … des médecins, des masques, des lits ou des pompiers. Or ce sont les mêmes qui, au nom de la rentabilité économique et du progrès, ont fermé les hôpitaux et diminué les commandes de masques, jugés trop coûteux, trop inutiles. Les discours depuis des années sont les mêmes, les services publics sont dépassés et la médecine de proximité est inutile, priorité est donnée à la télémédecine et à l’hospitalisation à domicile. C’est ainsi que la France est passée de 11 lits pour 1000 habitants en 1980 à 6 aujourd’hui selon les données de la Banque Mondiale.

En 2020, la France, 6ème économie du monde, démocratie libérale soi-disant parmi les plus avancées du monde en matière d’innovation est confinée comme au temps de la grippe espagnole que l’on pensait pourtant révolue. À la manière du Titanic un siècle plus tôt la France mondialisée et innovante se croit insubmersible, jusqu’à ce qu’un simple iceberg ne coule le navire. Les constructeurs du navire ayant jugé inutile de mettre à bord suffisamment de gilets de sauvetage pour les passagers, des milliers de personnes périssent en mer. 108 ans plus tard, la France a jugé inutile de détenir suffisamment de masques de protection. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

La « main invisible  » aurait dû logiquement inventer un remède instantané à la crise, une solution digitale, moderne, agile et technique.

De leur côté, les startupeurs, ces urbains si prompts à la critique de la France des territoires, persuadés que c’est par l’oubli du passé que l’on crée l’avenir, ont été mis au pied du mur par la crise sanitaire. Eux qui pensaient que les épidémies, les guerres et les famines appartenaient aux livres d’histoire qu’ils ne lisent pas, sont aujourd’hui face au réel. La «main invisible», si efficace pour délivrer le monde de ses tourments aurait dû logiquement inventer un remède instantané à la crise, une solution digitale, moderne, agile et technique ; or non, rien, seulement du télétravail et la fermeture des espaces de «coworking» le temps de l’épidémie. Tout au plus les start-up apporteront aux Français le réconfort de la malbouffe devant une série TV téléchargée via une commande vocale depuis leur canapé. Une partie de jeux de société ou un bon livre aurait pourtant plus de vertu.

Outre leur incapacité à délivrer la France de la menace, ces urbains ont fui les métropoles dès l’annonce du confinement par le Président de la République. Ces campagnes qu’ils haïssent, peuplées de Gilets jaunes réactionnaires et de clochers qu’ils rêvent d’abattre, seront leur refuge le temps de la crise. En quelques heures, un flacon de gel sous le bras et une valise à roulette dans la main, ils ont quitté la ville pour un exode que l’on croyait lui aussi égaré dans les décombres du passé.

Cette crise révèle que c’est la course à la mondialisation qui a engendré la fragilité du vieux continent, une part de son déclin.

Si cette crise sanitaire a une vertu, c’est celle d’éveiller l’Occident sur l’incapacité de son modèle économique et civilisationnel à protéger son peuple. Cette crise révèle que c’est la course à la mondialisation (ouverture des frontières et fermeture des services publics) qui a engendré la fragilité du vieux continent, une part de son déclin.

Aujourd’hui le système à bout de souffle est sauvé par ceux-là mêmes qui ont été stigmatisés par la start-up nation: les soignants, les pompiers, les policiers, les ruraux et la solidarité. Finalement, face à la crise c’est la France qui nous sauve.

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La France, oui, mais pas tous les Français !

[Le 21 mars 2020, 20 H10, Y. L., Douarnenez] : Le coronarivus est un virus qui fait peur. Pourtant nous ne sommes qu’au début de cette pandémie. On ne sait toujours pas précisément d’où elle vient. II est impossible d’en connaître l’exacte étendue, et il est totalement impossible de prédire ses conséquences certainement dévastatrices sanitairement, humainement et économiquement.

Mais il y a un virus bien plus dangereux, c’est le virus mental qui affecte les pays occidentaux.  Gravement affectés par ce virus depuis des années, les Européens se montrent désormais incapables de voir la réalité en face,  n’ayant de cesse de dénier le réel. Les Européens s’ingénient à déconstruire maladivement  ce que des siècles de civilisation européenne ont réussi à construire patiemment et laborieusement.

« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. »

Sébastien-Roch Nicolas dit Nicolas de CHAMFORT

[Le 21 mars 2020, 12 H00, P. C., Lorient] : Les rats ont quitté le navire, c’est mauvais signe !