N° 194 ICEO : des nouvelles de nos correspondants confinés.

Expérience unique dans l’Histoire de l’humanité, l’ensemble de la population mondiale va connaître le confinement.

Après la province chinoise de Hubei et sa capitale Wuhan, berceaux de l’épidémie de Covid-19, de plus en plus de pays prennent des mesures coercitives pour confiner l’ensemble de leur population: l’Italie depuis le 10 mars, l’Espagne (14 mars), le Liban (15 mars), la République tchèque (16 mars), la France, Israël et le Venezuela (17 mars), et la Belgique (18 mars).

En Bulgarie, en Hongrie, au Liban, au Mali,  au Maroc, au Monténégro, en Pologne, en Roumanie, et en Turquie, nos correspondants connaissent, presque tous la ‘joie » du confinement, depuis plus de 15 jours. En appelant douze d’entre eux pour prendre de leurs nouvelles, nous avons recueilli beaucoup d’informations que nous vous livrons dans cet article.

La comparaison de l’évolution de la pandémie dans chacun des pays de nos correspondants, par rapport à l’évolution dans les quatre pays d’Europe les plus affectés, permet de rester relativement serein, sous réserve que les gouvernements ne commettent pas les mêmes erreurs qu’en France,en Espagne et en Italie.

À l’exception notable du Mali, qui est en guerre, et où la notion de confinement de toute la population a un coté surréaliste, dans tous les pays dans lesquels ICEO compte des amis,  les gouvernements ont imposé des mesures strictes de confinement, et ce bien avant que les nombres de cas contaminés n’affolent les compteurs.

Il semble raisonnable de penser que c’est grâce aux mesures coercitives imposées rapidement que la pandémie n’a pas encore atteint des sommets chez nos correspondants, et que vraisemblablement elle progressera moins rapidement qu’en Europe de l’Ouest.  

VARSOVIE

[Leszek K.] POLOGNE :

CRACOVIE

[Bozena K.] POLOGNE :

SOFIA

[Vassil V.] BULGARIE :

MEKNÈS

[Zidane A.] MAROC :

ESKISEHIR

[Cülhan T.] TURQUIE :

HERCEG-NOVI

[Svetlana T.] [Milos A.] MONTÉNÉGRO :

BAMAKO

[Ousmane D] MALI :

CONSTANTA

[Vlad T.] ROUMANIE :

ISTANBUL

[Suat Ö] TURQUIE :

BEYROUT

[Bassem B.] BEYROUT :

Dans tous les pays les mesures de confinement sont souvent très proches de celles appliquées en France, notamment.

BULGARIE :

Depuis 1 mois, les écoles et et les universités sont fermées. Depuis plus de 15 jours, les restaurants, la plupart des hôtels, et à l’exception des commerces alimentaires, les magasins sont fermés. Les horaires d’ouverture et les déplacements sont strictement encadrés. Il existe des plages horaires réservées aux personnes les plus âgées, pour leurs achats.

Ces mesures sont assez bien respectées. On doit noter cependant, qu’il existe, comme en France, des poches de résistance à la règle. Les populations gitanes ne se sentent pas concernées par le coronavirus.

LIBAN :

Dès  la mi-mars, le gouvernement Libanais a tenté d’imposer des mesures de confinement à tout le pays. En étudiant la géolocalisation des téléphones portables, il est vite apparu qu’au moins soixante pour cent de la population ne respectaient  pas les consignes. Depuis 10 jours, les règles sont devenues très strictes. On note notamment une mesure originale, qui vise à restreindre les déplacements. Les voitures ne sont autoriser à circuler qu’un jour sur deux, en fonction du dernier chiffre des plaques d’immatriculation (numéros pairs, jours pairs, et numéros impairs, jours impairs).

Le 6 avril, le Liban (5,8 millions d’habitants) annonce 541 cas confirmés de contamination au covid-19, et 19 morts. le même jours en Syrie (18,5 millions habitants) il n’y aurait que  19 cas confirmés et 2 décès. Est-ce possible ?  Pour les Libanais ce n’est pas impossible, pour plusieurs raisons. Les contacts entre la Chine et la Syrie sont très limités depuis 2011. Le petit nombre de personnes susceptibles de faire entrer le virus en Syrie, apporte une première explication. Une seconde raison pourrait être la paradoxale qualité du système de santé syrien, comparé au système libanais.

MALI :

Depuis plus de 1 mois, les écoles et et les universités sont fermées. Depuis plus de 15 jours, on parle de confinement au Mali, mais le confinement malien est théorique. Seul le couvre-feu imposé toutes les nuits, limite les déplacements dans le temps et dans l’espace.

Les médecins maliens espèrent que la saison chaude actuelle (plus de 40 °C) limitera la dissémination du virus. Ils espèrent aussi que les Européens n’auront pas la mauvaise idée de faire de tests cliniques en double aveugles en Afrique,comme certains virologues français ont eu le cynisme de le proposer. Les pharmaciens maliens n’ont pas peur de la chloroquine, antipaludique qu’ils connaissent depuis des dizaines d’années, ils veulent bien l’utiliser, mais ils ne veulent pas que les Africains servent de cobayes.

MAROC :

Comme dans tous les pays « confinés », les écoles et et les universités sont fermées, et le commerce est strictement limité.  La police est particulièrement vigilante.

On doit noter que, dans ce pays où la pratique religieuse est très importante, les mosquées sont fermées, même (et surtout ?) le vendredi. Le Ramadam doit commencer le 24 avril (?). On évoque une levée, partielle ou totale du confinement vers le 20 avril. Confinement ou pas, le Ramadam sera respecté, dans la forme et dans le fond.

Les déplacements sont très limités. À Meknès par exemple la ville a été divisée en 3 zones. Les habitants ne peuvent passer d’une zone à une autre que munis d’une autorisation officielle, enregistrée par la police. Pour chaque famille, une seule personne est autorisée à sortir brièvement pour  effectuer des achats de première nécessité.

Hydroxy-chloroquine : Les journaux français ont écrit que le Maroc avait acheté des tonnes de « Plaquénil » pour suivre les recommandations thérapeutiques du professeur Didier RAOULT. Cette information doit être précisée. Le Maroc n’a pas eu à importer de l’Hydroxy-chloroquine, car il en fabrique, seul, comme un grand. Le Maroc a simplement bloqué  les stocks actuels.

MONTÉNÉGRO :

Les écoles et et les universités sont fermées. Depuis plus de 20 jours, les restaurants, la plupart des hôtels, et à l’exception des commerces alimentaires, les magasins sont fermés. Les horaires d’ouverture et les déplacements sont strictement encadrés.

Outre le confinement, le gouvernement a instauré le couvre-feu : de 19 heures à 5 heure du matin en semaine, et le dimanche de 13 heures à 5 heures le lundi matin.

J°002 Monténégro : le covid-19 n’a pas laissé l’Association “Avenir” sans réaction ni sans initiatives.

POLOGNE :

Les écoles et et les universités sont fermées. Depuis plus de 20 jours, les horaires d’ouverture des magasins et les déplacements sont strictement encadrés. Les Polonais ne peuvent plus acheter, ni vins ni spiritueux dans les magasins spécialisés.

Comme en France, les offices religieux sont, de fait, interdits aux fidèles.Mais les églises restent ouvertes. Il était prévu au début du confinement qu’il ne pourrait pas y avoir plus de 5 personnes assistant ensemble à une messe. Il semble que, pour Pâques, le nombre pourra aller jusqu’à 50 personnes.   À Cracovie, ville de tradition religieuse et politique on trouve que c’est bien peu. À Varsovie, ville sécularisée longuement par 45 ans de régime communiste, on trouve que c’est bien trop.

Il faut noter que les mineurs sont censés continuer à travailler, bien que les réserves de charbon soient devenues pléthoriques, en raison de la concurrence du charbon ukrainien, provenant du Dombass (à vérifier).

ROUMANIE :

Comme en Bulgarie, depuis 1 mois, les écoles et les universités sont fermées. Depuis plus de 15 jours, les restaurants, la plupart des hôtels, et à l’exception des commerces alimentaires, les magasins sont fermés. Les horaires d’ouverture et les déplacements sont strictement encadrés.

Comme en Bulgarie, ces mesures sont assez bien respectées, mais on note ici encore qu’il existe des poches de résistance à la règle. Les populations rroms se montrent particulièrement rétives. Pour résoudre ce problème, le gouvernement ne lésine pas sur les moyens. Lorsque dans un village, les Rroms sont nombreux et trop irrespectueux des convenances sanitaires, l’armée est sommée d’encerclée la poche de résistance, et d’empêcher les Rroms de circuler.

TURQUIE :

Le 13 mars, le jour même où la Turquie a déploré le premier décès lié au coronavirus, le gouvernement turc a publié le décret concernant les mesures de confinement qu’il avait prévu d’appliquer depuis plusieurs jours. Le plan de confinement turc, particulièrement draconien, a le mérite de la cohérence. Il se veut aussi très pédagogique.

Partant des données qu’il avait, sur la plus grande vulnérabilité des personnes âgées, il a imposé un plan de confinement par tranches d’âge. Les personnes de plus de 65 ans ont été impérativement assignées à résidence, chez elles, ou à l’endroit où elles se trouvaient le 13 mars, afin de limiter au maximum le déplacement des séniors.  C’est ainsi que notre amie Gülhan, qui était partie passer quelques jours dans sa famille dans le Nord à Tokat, est bloquée chez sa sœur, avec interdiction absolue de rentrer à Eskisehir, et interdiction de sortir dans la rue.

Les séniors « séquestrés », qui n’ont pas le droit d’aller faire des achats, même de première nécessité, ne sont pas ravitaillés par les corbeaux, mais par les services sociaux des municipalités. La limite d’âge va passer de 65 à 60 ans. En revanche les jeunes de moins de 20 jouissent d’une liberté de circuler peu restrictive.  Pendant la période de confinement la bataille entre  le nouveau maire d’Istanbul, IMAMOGLU, et le président ERDOGAN,  s’est exacerbée. Le gouvernement étant accusé de ne pas être assez stricte. Depuis ce week-end les règles de confinement ont été étendues aux jeunes de moins de 20 ans.

Ajoutons que le port du masque est obligatoire depuis plusieurs semaines. Après la pandémie, on pourra juger si le protocole turc était le plus pertinent.

Les visage des hommes et des femmes seront bientôt mêmement masqués

oo0oo

Masques hier invisibles : même dans les mines de charbon.

20 décembre 1990, dernière remontée des mineurs à la fosse 9/9 bis d’Oignies. Les mineurs ont cessé le travail, pas pour droit de retrait, pas pour manque de masques.

Masques aujourd’hui omniprésents : avec une hausse spectaculaire du prix des importations chinoises.

Avant la pandémie de Covid-19, il fallait débourser 3 à 4 centimes par unité, contre environ 60 centimes aujourd’hui.

Cette article nous donne l’occasion de dire un immense merci à tous les correspondants d’ICEO, de vrais amis,

sans lesquels, l’Institut de coopération avec l’Europe Orientale ne serait pas.

[Le 7 avril 2020, 11 H35, R. P., Guidel] : Informations très intéressantes.