N° 292 Sutor, ne supra crepidam

L’ultracrépidarianisme est le comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée!

Sūtor, nē supra crepidam est une locution latine signifiant littéralement « Cordonnier, pas au-delà de la sandale », ou, dit autrement, « Cordonnier, tiens-t’en à la sandale ». Elle est utilisée pour avertir l’interlocuteur d’éviter de porter un jugement qui dépasse sa compétence.

On trouve son origine dans l’Histoire naturelle (Pline l’Ancien) [XXXV, 851 (Loeb IX, 323–325)] où Pline écrit que son cordonnier (sūtor) s’était approché du peintre Apelle pour lui signaler une erreur dans la représentation d’une sandale (crepida du grec krepis). Le peintre corrigea aussitôt son œuvre. Encouragé, le cordonnier commença à faire d’autres remarques sur d’autres erreurs qu’il considérait dans cette peinture, ce à quoi le peintre répondit nē suprā crepidam sūtor iūdicāret (un cordonnier ne devrait pas donner son avis plus haut que la chaussure). Le conseil était devenu proverbe.

L’équivalent français cette locution devenue proverbiale pourrait être : « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées ».

Sondage [1632] – question : donnez vous raison à PTOLÉMÉE ou à GALILÉE?

Sondage [1930] – question : donnez vous raison à Niels BOHR ou à Albert EINSTEIN?

Sondage [avril 2020] – question : donnez vous raison Olivier VÉRAN ou à Didier RAOULT?

Pour connaître son incompétence, il faut être compétent

L’effet DUNNING-KRUGER, aussi appelé effet de surconfiance, est un biais cognitif par lequel les moins qualifiés dans un domaine surestiment leur compétence. On peut le rapprocher de l’ultracrépidarianisme.

Ce phénomène a été démontré au moyen d’une série d’expériences dirigées par les psychologues américains David DUNNING (en) et Justin KRUGER. Leurs résultats ont été publiés en décembre 1999 dans la revue Journal of Personality and Social Psychology.

DUNNING et KRUGER attribuent ce biais à une difficulté métacognitive des personnes non qualifiées qui les empêche de reconnaître exactement leur incompétence et d’évaluer leurs réelles capacités. Cette étude suggère aussi les effets corollaires : les personnes les plus qualifiées auraient tendance à sous-estimer leur niveau de compétence et penseraient à tort que des tâches faciles pour elles le sont aussi pour les autres.

[Le 25 mars 2021, 21 H55, J-C. G., Lons-le-Saunier] : Albert EINSTEIN est considéré comme le plus grand savant du 20ème siècle suite à la célèbre découverte de la théorie de la relativité qui lui est attribuée. Depuis 1905,  son nom est associé à la théorie, on parle de la relativité d’EINSTEIN.

Pourtant depuis cette date, une controverse a eu lieu au sujet de cette découverte : certains physiciens ont remis en cause la paternité de la relativité qui lui est attribuée. Pourquoi cette controverse a-t-elle été si peu relayée par les médias traditionnels ? Pourquoi ne reste-t-elle vraiment connue que dans un milieu scientifique très fermé et initié, et pas du grand public ? On peut trouver facilement aujourd’hui sur internet de nombreux liens qui donnent accès à articles et vidéos dénonçant EINSTEIN comme faussaire.

Albert EINSTEIN : du génie à l’imposteurAlbert EINSTEIN : Le Plagiaire du SiècleHenry DE LESQUEN – EINSTEIN, génie du plagiat

Pour conforter votre article, je pose la question : combien de ceux qui lisent ces articles accusateurs ont une compétence scientifique leur permettant de porter un jugement argumenté personnel ? Ceux qui accusent EINSTEIN d’être un faussaire sont-ils crédibles pour le faire ? Et s’ils sont scientifiquement habilités à le faire, ne sont-ils animés que par de nobles sentiments ? Ceux qui mettent en doute la paternité scientifique d’EINSTEIN, ne mettent en doute ni sa filiation biologique, ni sa filiation religieuse. Ceci explique peut être cela ?