N° 324 La prime aux sortants, une belle prime en cas d’abstention.

Régionales 2021 : Xavier BERTRAND [42,1%] se félicite d’avoir « brisé les mâchoires » du RN [ CHENU 24,5%] – (participation 33%). Sondage Opinion Way le 16 juin BERTRAND [33%] – CHENU [32%].

Le premier tour des élections régionales qui se sont déroulées le dimanche 21 juin 2021, a déjoué la plupart des pronostics donnés par les instituts de sondage. Alors que depuis des mois le Rassemblement national était annoncé possible vainqueur dans 6 régions, il n’y finalement qu’en PACA qu’il vire en tête, et ce, de justesse.

Dimanche soir, le président sortant de la région des Hauts de France n’a pas pu cacher sa joie devant les nombreux journalistes qui voulaient absolument entendre l’élu de droite qui a annoncé depuis plusieurs mois vouloir défier Emmanuel MACRON aux prochaines élections présidentielles.

Les résultats dans sa région peuvent en effet lui donner de très grands espoirs. Le parti du président sortant est éliminé avec moins de 10%. À moins de 19% la liste de Gauche unie (bien que ce soit la seule région où le PS, EELV, le PC et les Insoumis (LFI) se sont présentés sous une bannière commune) ne représente plus aucun danger. En première analyse, le Rassemblement national arrivé à 24,5%, non plus.

Xavier BERTRAND avec plus de 41%, euphorique, a déclaré qu’il avait « brisé les mâchoires » du RN.

Bien que les spécialistes les plus expérimentés aient émis de fortes réserves sur les conclusions hâtives que les journalistes voulaient tirer des résultats électoraux, l’ambiance était au soulagement devant cet «échec patent du RN».

À chaque élection, les analystes politiques rappellent la prime dont bénéficient les sortants et l’importance des taux de participation dont on doit tenir compte pour juger des performances électorales des candidats.

La prime au sortant est souvent évoquée mais rarement mesurée, car très difficile à évaluer.

De nombreux observateurs considèrent que l’avantage électoral des élus en place est beaucoup surestimé.

Pour approcher les réalités les plus complexes, en politique comme en physique, il faut faire appel à des modèles simplifiés. Pour étudier les gaz on imagine un gaz parfait, pour étudier les élections on peut imaginer une élection parfaite.

« Élection parfaite » 1

On imagine une circonscription électorale de 100 000 électeurs inscrits. Si les électeurs se répartissent en 5 groupes équipotents, et votent à 100% pour 5 candidats correspondant à chacun de ces 5 groupes, chaque candidat obtient 20% des suffrages, soit 20 000.

« Élection parfaite » 2 : candidat 1 sortant – affiliation politique 1

Hypothèse1° Bien qu’il y ait un candidat sortant aucun électeur n’est son obligé

Si les 100 000 électeurs se répartissent toujours en 5 groupes politiques équipotents, et votent à 100% pour 5 candidats correspondant à chacun de ces 5 groupes, chaque candidat obtient encore 20% des suffrages. Quel que soit le taux de participation, chaque candidat obtient 20% des suffrages.

Hypothèse 2° Dans chacune des 4 familles opposées au candidat sortant, 5% des électeurs INSCRITS sont devenus ses obligés = 4 x 1 000 = 4 000.

Quel que soit le taux de participation, le candidat sortant bénéficie de 4 000 votes de plus que son groupe d’origine et les 4 autres candidats perdent chacun 1 000 votes.

Avec 100% de taux de participations le candidat sortant obtient 24% des suffrages, avec 50% il obtient 28%, et avec 25% il obtient 36%.

« Élection parfaite » 3 : candidat 1 sortant – affiliation politique 2

Hypothèse 3° Si les 100 000 électeurs ne se répartissent plus en 5 groupes politiques équipotents, et si aucun électeur n’est l’obligé du candidat sortant, quel que soit le taux de participation, chaque candidat obtient le pourcentage correspondant à son groupe d’affiliation.

Hypothèse 4° Si les 100 000 électeurs se répartissent en 5 groupes, identiques à ceux de l’hypothèse 3°, et si le nombre d’électeurs INSCRITS devenus les obligés du candidat sortant  est identique à ceux de l’hypothèse 2°, quel que soit le taux de participation, le candidat sortant bénéficie de 4 000 votes de plus que son groupe d’origine et les 4 autres candidats perdent chacun 1 000 votes

On voit que même dans le cas où le pourcentage des électeurs INSCRITS favorable au parti du candidat sortant [17%] devient nettement inférieur à ceux des 4 autres partis [23%], [19%], [19%], et [19%], le candidat sortant comble rapidement son retard lorsque le taux de participation diminue.

Avec 100% de taux de participations le candidat sortant obtient 21% des suffrages, avec 50% il obtient 25%, et avec 25% il obtient 33%.

Plus la participation est faible plus le sortant bénéficie du vote de ses obligés.

Rien d’étonnant donc que les présidents sortants de région, qui sont candidats à leur réélection, se hissent en tête pour la quasi totalité d’entre eux.

[Le 22 juin 2021, 18H 35, P. C., Valleraugue] : En 2016, le président HOLLANDE a fait procéder à un «savant» redécoupage des régions de la France métropolitaine. Pour complaire aux instances européennes, de 22 régions, il a fait 13 régions. Cinq ans après la réforme, le bilan que l’on peut tirer n’est guère brillant. Le rapport rédigé par Philippe SUBRA – Professeur à l’Institut français de géopolitique, Université Paris, est sévère. Quel bilan tirer de la nouvelle carte régionale ? [Vie publique 14 avril 2021].

D’un point de vue économique et administratif, les avantages avancés ne sont pas du tout au rendez-vous. Le dimanche 20 juin, on a pu vérifier que cette réforme «ni faite ni à faire» avait aussi de graves conséquences politiques.

La comparaison des taux de participation aux élections régionales des différentes régions est très instructive. C’est dans la région la plus petite, en Corse, que le taux de participation est le plus élevé [57,08%].

C’est dans la région Grand Est, qui a regroupé, les trois anciennes régions, Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace, que le taux de participation est le plus faible de TOUTE la France [29,61%]. Dans les seuls deux départements alsaciens qui forment « Alsace Collectivité européenne », le taux de participation est encore plus faible [29,03%].

En 2016, un redécoupage régional « ni fait ni à faire »

 

Participation

29,03%

Participation

57,08%

C’est dans la région Grand EstChampagne-Ardenne, Lorraine et Alsace, que le taux de participation est le plus faible de TOUTE la France [29,61%].

C’est dans la région la plus petite, en Corse, que le taux de participation est le plus élevé [57,08%]. La région a la plus forte identité culturelle de toutes les régions.

Une petite vivace vaut deux fois mieux qu’une grande mollasse

[Le 22 juin 2021, 6 H55, P. M., Saint-Denis] :  Dans les départements où les taux d’abstention sont très élevés depuis des années, souvent proche de 80%, il suffit aux élus en place d’avoir l’appui fidèle d’une faible minorité des électeurs inscrits pour garantir leur réélection.  Ceci explique pourquoi les minorités, religieuses notamment, sont si choyées. Ceci explique pourquoi les islamo-gauchistes arrivent à faire la loi.

[Le 21 juin 2021, 18 H15, F M., Jarnac] : Vous avez tout compris !

[Le 21 juin 2021, 16 H 10, J. S., Gignac] : Il y a indéniablement une prime aux sortants, mais il y a aussi une prime aux « enfants de sortants ». En apprenant le score électoral obtenu dimanche en Corrèze par le binôme BOUNIECHIRAC Claude, les média ont presque tous salué une belle prouesse. À vous de juger !                                                                            Départementales en Corrèze: avec 58% des voix, Claude CHIRAC échoue de peu à être élue au 1er tour.