N° 482 D’où vient le mot djadja ?

Le mot djadja a été popularisé en 2018 par la chanteuse Aya NAKAMURA, dans une chanson qui a rencontré beaucoup de succès. Après des recherches sur ce mot, on ne trouve aucune trace écrite de djadja avec le sens de « menteur » avant la sortie de la chanson.

Le mot  « djadja » proviendrait en fait d’une interjection employée au Mali, notamment en bambara. On dirait djadja !, avec une certaine intonation, quand on se rendrait compte des réelles intentions de quelqu’un, quand on réaliserait qu’un homme est un menteur, un tricheur. D’où le fait que, dans les interviews, Aya NAKAMURA ait décrit ce terme comme synonyme de menteur.

à ne pas confondre avec :

À cent jours du début des Jeux olympiques, le 15 avril, le président MACRON est revenu sur l’éventuelle participation d’Aya NAKAMURA à la cérémonie d’ouverture, affirmant espérer que l’artiste y participerait.

Évoquant la polémique autour de la participation de la star franco-malienne à l’évènement, il a dit regretter les réactions « franchement racistes » envers la chanteuse.

« Les réactions m’ont choqué… Il y a eu des réactions vraiment racistes, … »

Il a pointé du doigt par ailleurs des « incompréhensions » : « Beaucoup de gens n’ont pas compris. [À] La cérémonie d’ouverture, on va avoir des centaines d’artistes mobilisés. […] Il y aura de grands artistes lyriques, de variété, français, internationaux… […] C’est un spectacle complet. J’espère qu’Aya NAKAMURA fera partie de la liste, parce qu’elle fait partie des grandes artistes françaises plébiscitées à travers le monde. Mais ça ne sera pas la seule. »

Lorsqu’il se déclare choqué par les réactions provoquées par l’annonce du choix de la chanteuse franco-malienne, notre président est attendrissant. Sa fausse ingénuité est tellement mal jouée, que les Français comprennent parfaitement que la chanteuse a été mise en avant pour pouvoir instrumentaliser l’antiracisme de service, une fois encore, à 3 mois des élections européennes.

Mais Aya NAKAMURA n’a pas été choisie seulement pour la couleur de sa peau. Les Français sont si imprévisibles qu’ils auraient pu oublier qu’elle était noire, comme ils l’ont fait si souvent tout au long de leur histoire, avec Joséphine BACKER, Sydney BECHET, Gaston MONERVILLE, Henri SALVADOR, Omar SY, entre autres. Rappelons, ce qui est totalement oublié aujourd’hui, que Gaston GERVILLE-RÉACHE, élu en 1904 vice-président de la Chambre des députés, était noir.

Les Français sont en effet parfois imprévisibles et souvent schizophrènes, comme un article paru dans Télérama en 2012 se plaisait à le souligner : Les « Noirs de France », les oubliés de l’histoire officielle.

Aya NAKAMURA a la peau noire, mais elle a aussi dans son répertoire des chansons dont les paroles peuvent facilement blesser gravement les amoureux de la langue française, notamment celles de sa chanson phare djadja.

C’est pourquoi, ceux qui l’ont choisie étaient sûrs que la simple évocation du nom de KAMURA ferait réagir beaucoup beaucoup de gens.

À la veille d’une échéance électorale importante, ce grand bruit était censé permettre de délivrer des leçons de morale et d’antiracisme, et de culpabiliser, tous ceux qui sont de plus en plus nombreux à « voter mal ».

Objectif atteint ?

A-t-on le droit de ne pas goûter les paroles d’une chanson chantée par une femme de couleur, sans être pour autant raciste ?

À l’exception des plus jeunes, la plupart de ceux qui se sont exprimés sur les paroles de djadja n’en avaient jamais pris connaissance avant qu’elles fassent polémique.

Aux lecteurs de se faire un avis sur pièce !

Notons que le traducteur google est impressionnant. Il réussit en effet à traduire en anglais, un texte français, que les « vieux Français » semblent avoir, pour la plupart, beaucoup de mal à comprendre. Comme les « vieux Bambaras » d’ailleurs ! (voir le commentaire de Bamako, ci-dessous].

[Le 26 avril 2024, 22 H40, J-M. R., Alet-les-Bains] : Personnellement, comme je suis probablement un vieux réac, mais pas raciste pour autant, ce n’est pas la couleur de l’artiste qui me gène, j’en ai dans ma famille, c’est la vulgarité du style assortie à la vulgarité des paroles.

Il fut un temps où la chanson française brillait par ses mélodies et la qualité poétique de ses paroles.

[Le 26 avril 2024, 20 H45, O. D., Bamako] :   Vieux Bambara, je confirme que djadja est une interjection, couramment utilisée, qu’on pourrait traduire en français par Oh là ! ou Éh là !. À part çà, ces paroles sont pour moi aussi incompréhensibles que çà l’est pour les vieux toubabs.

[Le 26 avril 2024, 17 H50, M. B., Le Bleymard] :  Difficile à comprendre ces paroles. Plus difficile encore à comprendre la forme grammaticale de ces phrases.