N° 516 À Mayotte, l’État de droit fait-il tout pour aller droit dans le mur ?

François BAYROU a annoncé lundi 30 décembre, à Mayotte, une série de mesures destinées au redressement de l’archipel contenues dans le plan « Mayotte debout », qui doit s’étendre sur deux ans. Pour des raisons démographiques, ce plan a peu de chance de régler les problèmes de l’île..

L’Insee n’a effectué qu’en 2021, pour la première fois, le recensement de la population sur le modèle de la méthode applicable à tous les départements de l’Hexagone et à ceux d’Outre-mer. Résultat, au 1er janvier 2022, Mayotte comptabilisait 300.000 habitants, selon cet organisme. Au 1er janvier 2024, la population de Mayotte est estimée à 321 000 personnes, soit encore une augmentation de 3,5 % par an.

Pour l’Insee, la dynamique démographique de l’archipel est spécifique. « Depuis 1958, la population de l’île a décuplé et elle a doublé entre 1997 et 2017. (…) Mayotte est, de loin, le département dont la croissance démographique est la plus rapide : près de 4% par an entre 2012 et 2017 [François HOLLANDE était alors président]. Par comparaison, la croissance démographique a été de 3% par an à Madagascar entre 1993 et 2018 [Instat] et de 2,3% par an aux Comores ». « La population croît d’un ordre de grandeur semblable à celui de pays africains en pleine explosion démographique tels que le Niger, la Guinée équatoriale ou l’Angola(…) Près de la moitié des habitants sont de nationalité étrangère [Insee, 2019] et les trois quarts des naissances sont de mères étrangères. »

De 1978 à 2017, en 40 ans,  la population de Mayotte a été multipliée par 5 environ

Mayotte : une île sinistrée avant le passage du cyclone « Chido ».

Une île qui a en 2024 de plus en plus d’habitants et de moins en moins de ressources à partager

L’essentiel sur Mayotte (source INSEE 2024)

Avant de quitter l’île, le lundi 30 décembre, le Premier ministre a affirmé que l’État et les pouvoirs publics locaux s’étaient engagés à « empêcher la reconstruction des bidonvilles » à Mayotte, précisant que ces dispositions pourront être « inscrites dans la loi ». Propos qu’il a répété, mardi 31 décembre, à La Réunion. François BAYROU, téméraire, a promis d’« intervenir » pour démanteler les habitations déjà reconstruites à Mayotte et que l’une des priorités serait de repenser l’urbanisme.

Des promesses démographiquement inconséquentes

D’après l’étude de l’INSEE publiée le 15 juillet 2020, la population de Mayotte à l’horizon 2050, devait être comprise entre 440 000 et 760 000 selon l’évolution des migrations. En 2017 la population était estimée officiellement à 256 500 habitants et en 2024 à 321 000 habitants, soit une augmentation de plus de 25 %, et une moyenne de 3,6 % par an pour les 7 dernières années.

À ce rythme, la population pourrait donc être de 760 000 habitants au début de l’année 2050, comme l’a indiqué l’INSEE.

Il faut malheureusement prendre conscience que ces chiffres ne sont que des estimations, considérées comme largement sous évaluées par de nombreux responsables politiques qui vivent dans l’île depuis de nombreuses années.

Il y a en effet une forte suspicion que la population vivant sur l’archipel soit très sous-estimée par l’administration, notamment en raison du montant des importations de riz, lui, connu précisément.

Des promesses juridiquement inconséquentes

En 5 ans, les compagnons ont réussi à reconstruire Notre-Dame, à l’identique.

Certains esprits forts, n’ont bien sûr pas manqué de sommer Emmanuel MACRON de faire pour rebâtir Mayotte ce qu’il avait fait pour rebâtir Notre-Dame.

Tous ceux qui se sont exprimés de la sorte ont montré qu’ils méconnaissaient totalement la réalité de la situation sur l’île de Mayotte.

Les compagnons qui ont reconstruit Notre-Dame avaient le savoir, la volonté, l’argent, et surtout les plans pour le faire.

Parler de rebâtir Mayotte pourrait faire sourire s’il n’y avait pas tant de vies à secourir urgemment.

Pour des raisons arithmétiques, juridiques, et des questions de normes, le problème de Mayotte est quasiment impossible à régler, dans l’état actuel du droit en France.

Des promesses économiquement inconséquentes

La lecture de l’article que consacre Wikipédia à l’Économie de Mayotte est triste à en pleurer.

En 2015 la somme des importations était de 522 millions d’euros, tandis qu’en 2013, la somme des exportations était inférieure à 12 millions d’euros. Mayotte importait ainsi 40 fois plus qu’elle n’exportait. Ce rapport, dû essentiellement à l’immigration, n’a fait que croître

En 2016 le PIB par habitant était d’environ 37 000 euros en France métropolitaine et sur l’île d’environ 9 000 euros, soit quatre fois inférieur. En fait l’écart entre le pouvoir d’achat des Mahorais et celui des Français métropolitains était beaucoup plus grand. Pour deux raisons. Premièrement, le nombre d’habitants était déjà sous-évalué. Deuxièmement, le PIB relativement élevé de Mayotte, pour la région, n’était déjà dû qu’à la présence sur l’île, dans tous les services, de nombreux métropolitains bien payés.

Wikipédia nous apprend aussi que Mayotte se démarque des autres Départements et Régions d’Outre-Mer avec une surface agricole utile équivalente en proportion à celle de la métropole, avec 53 % du territoire catégorisé comme tel. La production locale permet ainsi de couvrir environ la moitié des besoins alimentaires de l’île. Reste que pour importer l’autre moitié il faut la payer, et qu’une grande partie de la population vit avec très peu de ressources : 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté national, soit cinq fois plus qu’en France.

L’île n’est autosuffisante dans aucun domaine, même pas en eau, alors que les précipitations annuelles y sont de 50 % supérieures à celle de la Métropole, plus de 1 500 millimètres.

On peut lire aussi une information tragi-comique en matière de souveraineté alimentaire : « Mayotte produit également de petites quantités de miel avec un peu plus d’une vingtaine de ruches recensées ». Même avec d’excellents rendements, ces 20 ruches ne doivent pas produire plus 400 kilogrammes de miel. Cela fait moins de 2 grammes par habitant, par an.

Des promesses écologiquement inconséquentes

Pour ce qui est de tragi-comédie, Marine TONDELIER, secrétaire générale des Écologistes EÉLV, est certainement l’une des plus talentueuses actrices. Le rapport officiel de la visite accompagnée qu’elle a effectuée sur l’île de Mayotte en avril 2024, à la veille des élections européennes de juin, prouve, s’il en était encore besoin, que les écologistes idéologisés sont devenus totalement incapables de clairvoyance, incapables de regarder la triste réalité en face.

Dans l’article titré : Les défis et initiatives des Écologistes à La Réunion et à Mayotte, on peut lire notamment :

Mayotte : des défis et des initiatives pour un avenir plus durable

[Notre] visite à Mayotte a mis en lumière une série de défis majeurs : collecte de déchets insuffisante, systèmes d’approvisionnement en eau et assainissement inefficaces, bidonvilles, précarité étudiante, problèmes de santé publique, etc.

Par ailleurs, l’épidémie de choléra à Mayotte a montré les graves lacunes des autorités publiques : en laissant la situation se détériorer et en négligeant de fournir les infrastructures nécessaires comme l’eau potable et le réseau d’assainissement.

C’est par exemple le cas du bidonville de Kaweni à Mayotte, qui est le plus grand bidonville de France.   Beaucoup d’habitant•es sur place n’ont pas accès à l’eau courante et s’exposent à des risques sanitaires importants. L’accès à l’eau est le besoin humain le plus fondamentale (sic). Nous y étions pour alerter les pouvoirs publics sur cette situation.

De toute évidence, les Mahorais.es n’ont pas été sensibles aux discours tenus par Marine TONDELIER lors de son bref séjour, la liste qu’elle soutenait n’a obtenu que 0,40 % des voix des électeurs inscrits tandis que celle soutenue par Marine LE PEN a recueilli 9,71 % des suffrages (52,42 % des suffrages exprimés).

Au premier tour des élections présidentielles d’avril 2022, la candidate, qui avait le plus fortement lié les problèmes de l’île aux désordres migratoires, avait obtenu des résultats encore bien plus significatifs : Marine LE PEN (16,23 % des inscrits) contre (0,32 % des inscrits) pour Yannick JADOT, le candidat des écologistes.

Au second tour Marine LE PEN avait recueilli le vote de 24,56 % des électeurs inscrits (59,10 % des suffrages exprimés).

Il faut rappeler aux écologistes, en usant de l’écriture inclusive qu’ils affectionnent tant, que les Mahorais.es sont des comorien.es musulman.es comme la quasi totalité des imigrant.es qui arrivent massivement sur l’île. Le droit à la polygamie a été abrogé en 2010 à Mayotte et en 2012 dans les Comores.

On ne peut donc accuser de racisme systémique ni les Mahorais ni les Mahoraises.

Comme la plupart des métropolitain.es, en refusant l’immigration quand elle devient invasive, les Mahorais.es ne font pas preuve de racisme, mais de lucidité.

Tous les partis politiques qui refusent de voir le lien évident qu’il y a entre immigration incontrôlée et nuisances (notamment la délinquance), pour ne pas faire le jeu du RN, ont réussi l’exploit d’en faire, en 40 ans d’aveuglement idéologique, le « premier parti de France ».

Comment peut-on sérieusement imaginer régler le problème du traitement des déchets, le problème de l’approvisionnement en eau, le problème des bidonvilles dans le département le plus pauvre de France, sans endiguer le flot continu de nouveaux arrivants sur l’île ?

Estelle YOUSSOUFFA, députée de Mayotte divers droite depuis 2022, réélue en juillet 2024 dès le premier tour avec un score sans appel, recueillant 29,87 % des voix des électeurs inscrits et 79,48 % des suffrages exprimés, s’épuise à dénoncer depuis 2 ans le grand aveuglement, le déni de réalité, dont ne cessent de faire preuve tous les dirigeants français depuis des décennies, cause première de leur totale impuissance à agir efficacement.

Des promesses politiquement inconséquentes

Concernant l’immigration, par aveuglement idéologique et/ou cyniquement pour des raisons bassement politiciennes, par antiracisme instrumentalisé et dévoyé, les partis qui gouvernent alternativement la France depuis 1981 ont refusé constamment et presque unanimement d’entendre les doléances des Français vivant en métropole, et moins encore les plaintes de ceux qui vivent dans les DROM.

Après le passage du cyclone « Chido » sur l’archipel, étant donné l’ampleur du désastre, face à l’évidence, les responsables de la classe politique française, aux affaires depuis des dizaines d’années, ne peuvent plus oser prétendre, qu’à Mayotte, comme en métropole, l’immigration n’est pas un problème, n’est pas LE problème.

En matière migratoire, la belle unanimité dont faisaient preuve les responsables des partis de gouvernement, et leurs soutiens, vient de voler en éclat.

Qui en effet aurait pu imaginer que  Daniel COHN-BENDIT en vienne à déclarer le dimanche 5 janvier sur la chaîne LCI : « Je crois que la situation de Mayotte est exceptionnelle et qu’il ne faut pas discuter du problème du droit du sol idéologiquement ; il faut voir Mayotte, ce n’est pas la France (sic) », avant d’ajouter : « Si l’on discute des problèmes de Mayotte, je suis tout à fait d’accord qu’il faut freiner et rendre impossible cette immigration qui est, là, vraiment, un grand bouleversement, un grand remplacement de la population. C’est une vérité ! »

Cette déclaration, on ne peut plus iconoclaste pour la gauche française, ne manqua bien sûr pas de faire réagir en premier la commissaire politique la plus vigilante, Sandrine ROUSSEAU : «Honte à toi Dany»

De même, la députée LFI Sarah LEGRAIN a lancé sur X « En toute tranquillité, COHN-BENDIT reprend à son compte le concept de grand remplacement. Mais il nous donnera sans doute bientôt des leçons sur la bonne façon de battre l’extrême droite aux prochaines élections ».

Dans la tribune publiée dans Le Figaro le 6 janvier, les trois ministres d’État signataires, Bruno RETAILLEAU, Manuel VALLS, et Sébastien LECORNU, font aujourd’hui preuve de lucidité : « Sans fermeté migratoire, nous reconstruirons Mayotte sur du sable ».

Hasard de l’Histoire, ou caprice de la providence, l’Ankou (la mort pour les Bretons) a fauché le « Menhir », Jean-Marie LE PEN, le jour du dixième anniversaire de l’attentat islamiste de Charlie Hebdo, et le dernier jour de la visite, quasi triomphale, à Mayotte de sa fille, la présidente fondatrice du Rassemblement national.

À l’occasion de la disparition du « diable », à l’exception de ceux qui ont excusé, voire approuvé, les manifestations festives organisées dans plusieurs villes de France, le soir même de sa mort, l’immense majorité des commentateurs politiques ont reconnu, contrits, et forcés, que les faits avaient fini par donner raison à titre posthume au président du Front national.

Malheureusement, les antifas qui se sont réjouis place de la République mardi 7 au soir sont plus à plaindre qu’à blâmer, car ils ont prouvé par leur comportement indigne, un homme cela s’empêche, qu’ils étaient aussi pauvres de cœur que pauvres d’esprit.

En effet, ils sont si inconscients, depuis tant d’années, qu’ils restent toujours incapables de comprendre que se sont eux, les antifas patentés, qui ont fait la gloire, et scellé la victoire des idées, de celui dont ils viennent de fêter la mort.

En imitant François MITTERRAND, en instrumentalisant et en dévoyant cyniquement et éhontément l’antiracisme durant près de 40 ans, la gauche « morale » et paresseuse a réussi à accéder et rester au pouvoir, alors même que ses idées étaient de plus en plus minoritaires dans le pays.

Tous ceux qui ont refusé d’entendre la complainte des pauvres gens, Français de souche ou non, ont fait objectivement le lit de l’extrême droite qu’ils prétendaient combattre.

Le lien entre l’immigration et la délinquance, parfaitement documenté par des données statistiques, a été délibérément occulté pendant des décennies. Le lien entre terrorisme et islamisme a été lui longtemps minoré.

Sources : INSEE, Fondation Ifrap, ministère de l’Intérieur

Quand bien même la délinquance et le terrorisme islamique n’auraient pas été très supérieur chez les immigrés que chez les « gaulois réfractaires », pour une raison d’intendance, purement arithmétique, l’arrivée aussi massive que chaotique de nombreux migrants, de cultures très diverses, ne pouvaient qu’engendrer des tensions interethniques, et être le moteur principal des votes dits populistes et xénophobes.

Paradoxe de la vie politique française en 2025, après des décennies de lutte contre la « bête immonde », c’est dans l’île de Mayotte que les électeurs de couleurs musulmans votent le plus pour le RN, parti accusé d’être le plus raciste et le plus islamophobe qui soit.

Les terroristes intellectuels de la gauche française, qui depuis la Libération refusent tout débat de fond sur les questions politiques et sociales qui engagent l’avenir du pays, et qui visent à ôter toute légitimité à leurs contradicteurs, en les assimilant par essence aux forces du mal, ont réussi l’exploit de faire du RN la principale force politique du pays, et placer Marine LE PEN à la porte du pouvoir.

BRAVO LES ARTISTES  !!!!

[Le 10 janvier 2025, 20 H50, A. M., Causse de la Selle] : Désaccord complet !   Nous mettons en ligne ci-joint le commentaire critique longuement argumenté d’un lecteur de ce cite, longuement commenté par ICEO.

[Le 10 janvier 2025, 14 H05, J-M. R., Alet-les-Bains] : Bien sûr qu’il faut mettre fin à cette invasion migratoire sur Mayotte mais vu l’état de nos forces aéronavales dans la zone (je crois qu’il n’y a que deux ou trois petits vaisseaux militaires basés à La Réunion qui est à plus de 1 000 kms pour lesquels il faut contourner Madagascar et que nous n’avons sur place aucun avion gros porteur. On a des mesures de rétorsion à prendre contre les Comores voisines mais nos gouvernants ne les prennent pas (comme vis à vis de l’Algérie d’ailleurs).

J’avais personnellement imaginé que, pour sauver et justifier une Mayotte française, il faudrait y installer une base navale militaire, tant pour la protéger de l’invasion que pour assurer notre contrôle sur nos « iles éparses » du canal du Mozambique dont Mayotte est l’entrée nord. C’est là qu’il faudrait investir.

[Le 3 janvier 2025, 12 H10, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Quand on aime on ne compte pas !