N° 224 Hongrie : Le traité de Trianon (Versailles) a 100 ans.

  En juin 1920, 3,3 millions de Hongrois (soit plus de 30 % d’entre eux) sont passés sous domination étrangère, devenant qui Roumain, qui Tchécoslovaque, ou qui Yougoslave.

Le traité de Trianon signé le  au Grand Trianon de Versailles fait suite au traité de Versailles et vient officialiser la dislocation de la Hongrie austro-hongroise à la fin de 1918.
Il est signé d’une part par les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale : le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l’Italie, la Roumanie, le royaume des Serbes, Croates et Slovènes (qui devient le Royaume de Yougoslavie en 1929) et la Tchécoslovaquie qui s’appliquent à elles-mêmes le principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » énoncé par le président américain Woodrow WIlSON dans le dixième de ses fameux « 14 points », et d’autre part par l’Autriche-Hongrie vaincue, représentée par la Hongrie (séparée de l’Autriche depuis le ).
Au traité de Trianon, le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » est refusé aux Magyars comme il avait été refusé aux Allemands d’Autriche-Hongrie au traité de Saint-Germain. Cela a pour conséquence de faire passer 3,3 millions de Hongrois (soit plus de 30 % d’entre eux) sous domination étrangère.

[Le 7 juin 2020, 00 H20, J-M. R., Alet-les-Bains] : La question était de savoir si les Hongrois étaient majoritaires dans les territoires qu’ils ont perdu du fait de ce traité, ou s’ils y étaient minoritaires, alors qu’il y avait aussi plusieurs autres minorités ethnico-culturelles (Allemands, Slovaques, Bulgares, Serbes, Ukrainiens et d’autres encore) dans une forte intrication sur ces territoires.

Ce qui compliquait le problème, comme en Transylvanie, c’est que les Hongrois pouvaient être globalement minoritaires par rapport aux Roumains, avec aussi une autre forte minorité saxonne, comme en Transylvanie, mais qu’ils pouvaient être majoritaires dans les grandes villes, à côté des Saxons.

Ou l’inverse comme dans les judets d’Harghita et de Covasna. Démonstration parfaite du fait que le multiculturalisme sur un même territoire n’est jamais un long fleuve tranquille et peut engendrer de graves crises, voire des guerres intercommunautaires. Nos pays de l’Ouest, qui avaient des populations à peu près homogènes, mais qui sont en train de changer de profil démographique, risquent de se retrouver dans des situations conflictuelles comparables, voire plus graves à l’avenir.

Un article (voir ci-dessous), publié en roumain par un historien serbe à propos de la Voïvodine, autre région qui faisait autrefois partie de la Grande Hongrie et où se trouve encore une importante minorité hongroise, met en garde les Roumains contre les risques de cette dispute ethnico-culturelle entre Hongrie et Roumanie.

Cet article a été repris par diverses revues roumaines, et entre autres, par celle qui est liée à l’UZPR (Unionea Ziaristelor Profesionisti din Romania / Union des Journalistes Professionnels de Roumanie).

Son contenu, fondé sur des arguments historiques, est assez sévère contre les revendications hongroises et prévient les Roumains contre trop de complaisance envers leur minorité hongroise qui jouit déjà d’une grande autonomie dans les deux départements où elle est la plus importante. Il ne fait pas dans la nuance.

Laissons lui la responsabilité de ses commentaires qu’il peut être tout de même utile d’ajouter au dossier. Notons tout de même que, de part et d’autres, si les nationalistes tentent d’envenimer la situation,  beaucoup de Roumains de souche et beaucoup de membres de la population Sicule / Székely de Roumanie estiment qu’il est temps de tourner la page et de trouver un modus vivendi raisonnable pour tout le monde sans plus retourner le fer dans les plaies du passé.

Le traducteur Google donne une relativement bonne traduction du texte original. Ceux qui ne lisent pas le roumain peuvent lire l’article en français : Une lettre d’avertissement adressée au peuple roumain par un professeur d’histoire serbe.

[Le 5 juin 2020, 18 H00, F. W., Chartres] : Voilà comment un Hongrois est devenu roumain sans changer de ville ! Voilà comment Temeschwar  est devenue Timișoara.