N° 370 Les oligarques russes et ukrainiens ne sont pas nés par génération spontanée!

Depuis une semaine, les avoirs de plus de 500 personnalités ou entités russes, dont ceux de plusieurs oligarques, sont susceptibles d’être saisis par le service des douanes françaises.

Dans le dernier classement des personnes les plus riches du monde, publié par le magazine américain Forbes pour l’année 2021, figuraient 724 milliardaires Américains, suivis de 698 Chinois, puis 117 Russes, 42 Français et 7 Ukrainiens.

En 2013, le Crédit Suisse estimait qu’une centaine d’oligarques détenaient 35 % de la richesse privée de la Russie, soit 415 milliards de dollars sur 1 180 milliards, ce qui représentait un degré d’inégalité qui ne se retrouvait alors dans aucun autre grand pays.

Aux États-Unis, et en France, vieux pays capitalistes, on sait précisément comment les milliardaires ont fait fortune, et en combien d’années. En Chine, la réforme des règles économiques adoptée en 1980 a permis à de très nombreux Chinois créatifs et entreprenants de construire des entreprises performantes et compétitives, avec l’aide intéressée de l’État, ou sans.

Le 11 décembre 2001, lorsque la Chine put enfin adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après quinze longues années de négociation avec les États-Unis et l’Union européenne, de nombreux Chinois avaient fait notablement fructifier leur capital travail et/ou financier.

Avant la fin de l’Union soviétique en décembre 1991, en Russie comme en Ukraine, il n’y avait de privatisable et de privatisé, depuis novembre 1986, que le petit commerce et l’artisanat. Rien donc qui puisse permettre à un citoyen soviétique de devenir milliardaire.

Dès 1994, sous la présidence de Boris ELSTINE, des Russes et des Ukrainiens, qui n’avaient encore rien créé ni rien inventé, ont réussi à devenir soudainement, quasi miraculeusement, milliardaires.

En les qualifiant d’oligarques, les Russes ont montré qu’ils avaient bien compris comment ces nouveaux riches avaient construit leur fortune.

Dans tous les anciens pays du bloc soviétique, pour privatiser les biens qui avaient été collectivisés, les gouvernements ont procédé, peu ou prou, de la même façon.

En Roumanie par exemple, où toutes les terres avaient été collectivisées, pour partager les terres entre ceux qui les travaillaient, et dédommager les anciens propriétaires qui avaient été expropriés, le gouvernement a divisé toutes les terres agricoles en parcelles de 5 hectares. Chaque ancien propriétaire reçut ainsi un coupon correspondant à une parcelle, échangeable contre un titre de propriété, ou vendable au cours du jour. De même toute personne travaillant dans une ferme eut droit à une parcelle. Un couple d’agriculteurs recevait donc deux parcelles.

Les anciens propriétaires qui avaient quitté la terre depuis longtemps, et qui ne comptaient pas y revenir, furent les premiers prêts à vendre leur coupon. Suivi rapidement par les ouvriers agricoles qui ne souhaitaient pas devenir propriétaires.

En 1991, quand les premiers coupons commencèrent à être distribués, le seul matériel agricole disponible, qui n’était adapté, et utilisable pratiquement, que pour les très grandes exploitations, était celui des fermes d’État.

Ceux qui voulurent exploiter eux-mêmes leurs 5 hectares immédiatement n’eurent d’autre choix que d’utiliser le matériel existant près de chez eux. On vit donc ainsi, grand paradoxe, d’anciens ouvriers de fermes collectives, créer des coopératives agricoles pour pouvoir exploiter de concert leurs terres.

À peine créées, les coopératives nouvelles, offrirent l’occasion aux coopérants les plus ambitieux d’agrandir leur surface agraire personnelle en rachetant les parts d’associés et les coupons des citadins notamment, avec l’aide indispensable de banquiers et d’agioteurs improvisés roumains, et étrangers. Il y a actuellement en Roumanie de très grands domaines agricoles et viticoles.  En 2018, la plus grande ferme d’Europe à vendre (57 000 hectares) était roumaine.

En octobre 2021, à la mort de Dan PETRESCU, l’un des hommes les plus riches de Roumanie, on apprit que le montant de sa fortune était estimée à 3 milliards d’euros.

Dan PETRESCU était à la tête d’un grand groupe de construction et possédait des supermarchés et centres commerciaux, depuis plusieurs années, lorsqu’il a disparu.

Il fallut ainsi plus de 20 ans, à l’un des hommes les plus riches de Roumanie pour devenir milliardaire.

En Russie, alors que la privatisation de l’économie avait commencé deux ans après celle de la Roumanie, de nombreux multi-milliardaires ont fait leur apparition dès les « années Elstine ».

Bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre !

Ce qui est surtout étrange, c’est que les Occidentaux qui dénoncent continûment les oligarques russes et ukrainiens, n’expliquent pratiquement jamais comment leurs mystérieuses fortunes se sont construites.

En Russie, comme nous l’avons vu pour la Roumanie, la distribution de coupons à tous les ayant droit (ouvriers, ingénieurs, employés, directeurs des diverses entreprises industrielles, commerciales et agricoles), a offert à tous ceux qui avaient les « bonnes » informations techniques et comptables, et les « bons » réseaux politiques, l’opportunité de faire main basse sur les montagnes de coupons, dont la valeur ne cessait de baisser en raison du marasme économique et social engendré par la chute de l’Empire soviétique.

Pour pouvoir acheter des montagnes de coupons, même s’ils étaient de plus en plus à vil prix, il fallait disposer de larges facilités bancaires. Les nomenclaturistes, devenus en une nuit les banquiers d’affaire des banques privées dès leur apparition, eurent alors rapidement de nombreux amis.

Les sommes nécessaires pour réussir une grosse opération étaient telles que le système bancaire russe balbutiant était bien incapable à lui seul d’apporter les sommes et les garanties nécessaires pour réussir les plus gros coups.

Heureusement pour les futurs oligarques, de nombreux Occidentaux sont venus en courant prêter main forte aux prédateurs des restes de l’économie soviétique, pour les aider à démarrer leur vie de futurs milliardaires.

Le pillage des anciens pays du bloc soviétique effectué avec l’indispensable complicité d’Occidentaux aussi cupides qu’inconséquents, a exalté partout les sentiments les plus nationalistes.

En humiliant et en dépeçant l’Allemagne et l’Empire austro-hongrois, lors du traité de Versailles, les alliés vainqueurs ont fait naître tous les ressentiments qui ont permis au nazisme d’arriver au pouvoir, avec l’aide des conglomérats industriels allemands.

En arrivant en terrain conquis à l’Est, dès la fin de l’Union soviétique, les Occidentaux ont fait naître en Russie tous les ressentiments, et fourni toutes les circonstances, qui ont permis à Vladimir POUTINE d’asseoir son pouvoir personnel.

Vladimir POUTINE est le premier coupable du drame qui se produit aujourd’hui en Ukraine. Mais les Oligarques russes, qui l’ont soutenu pour qu’il arrive et pour qu’il reste au pouvoir, sont aussi responsables.

Quant aux Occidentaux qui ont aidé les Oligarques russes à devenir milliardaires, ils ne peuvent pas aujourd’hui les dénoncer, comme s’ils étaient nés de génération spontanée.

[Le 8 mars 2022, 18 H25, A. B., Les Sables d’Olonnes] : Que la Russie soit gouvernée par un autocrate et des oligarques avides, cela ne nous concerne en rien. Ce régime doit être adapté au pays qui n’a jamais connu autre chose. La seule affaire importante pour nous est la politique étrangère du pays. Celle-ci a toujours été hostile, sauf la malheureuse alliance du début du XX° siècle, ruineuse pour la bourgeoisie française escroquée via une presse parisienne corrompue, et désastreuse sur le plan militaire mais qui est pour beaucoup responsable du suicide européen de 14-18. Pendant cinquante ans, l’URSS a occupé la moitié est de l’Europe et menacé l’autre moitié – et le reste du monde – à cause d’un appareil militaire démesuré et ruineux.

L’effondrement de ce système absurde n’est regretté que par des fanatiques idéologiques ou d’ex tueurs du KGB. Les ukrainiens – massacrés par STALINE dans les années 30 – ont découvert la liberté et ont vocation à intégrer l’Europe. Que ça ne plaise pas à POUTINE est tout à fait compréhensible et il a le droit de fulminer. Mais nous …

[Le 8 mars 2022, 15 H55, J-M. R., Alet les Bains] : Il n’y a pas que les oligarques russes ou ukrainiens que les Occidentaux ont aidés depuis la chute de l’URSS et la catastrophe économique et sociale qui s’est ensuivie. L’Occident n’est pas blanche colombe innocente et pure comme neige dans la situation actuelle de l’Ukraine que l’on a fortement encouragée, depuis 30 ans, à se mettre dans une situation qui ne pouvait qu’indisposer Moscou. Un peu de prise en considération de l’histoire de ce pays, de sa géographie et de sa composition pluriculturelle aurait dû permettre de lui éviter certaines erreurs.

En particulier, après le renversement du régime pro-russe de février 2014 (il est interdit de parler de coup d’État mais de révolution populaire), était-il intelligent de décréter qu’il n’y aurait pas d’autre langue officielle sur tout le territoire ukrainien que la langue ukrainienne avec suppression du russe qui l’était aussi jusque là, provoquant la révolte, peut-être excessive mais explicable des régions du Donbass les plus russophones. Et pour calmer cette révolte, était-il plus intelligent d’envoyer les troupes les plus nationalistes bombarder ces régions pour les reconquérir, au lieu de calmer le jeu en leur accordant une autonomie interne sur les questions linguistiques et culturelles ? Rappelons aussi en passant que l’Ukraine comprend d’autres régions ethnoculturelles, non seulement polonaises au nord-ouest mais aussi hongroise et roumaine au sud-ouest (Tchernivtsi, chef-lieu de la Bucovine du Nord arrachée à la Roumanie par l’URSS, s’appelait Cernovici et une part importante de sa population garde des liens linguistiques, culturels et familiaux avec la Roumanie).

Qu’aurions-nous dit si, plus près de chez nous, lorsque la Catalogne (Catalunya), pourtant déjà dotée d’une large autonomie, a revendiqué l’indépendance, le gouvernement de Madrid avait envoyé l’armée bombarder Barcelone et les villes catalanes ? Il a eu la sagesse de ne pas le faire et, tout en étant ferme sur les principes, de chercher d’autres voies. Le souvenir de la guerre civile reste dans toutes les mémoires et incite à la modération. Les gouvernements ukrainiens auraient eu la même sagesse, ils auraient évité le jusqu’au-boutisme militaire et peut-être (je dis bien « peut-être ») évité la situation actuelle. Dire cela, ce n’est pas pour autant nier la réalité de l’agression russe actuelle ni être un porteur d’encensoir de POUTINE. C’est seulement, dans les jugements que l’on porte ou les réflexions que l’on exprime, éviter l’unilatéralisme systématique, d’un côté ou de l’autre, qui efface toute objectivité, ne conduit qu’à la démesure et n’incite les protagonistes qu’à commettre d’autres erreurs en jouant les boutefeux.

[Le 8 mars 2022, 15 H40, D. B., Clapiers] : Merci pour ces propos qui sortent la bien-pensance!

[Le 8 mars 2022, 14 H00, J-L. C., ???] : Courriel de Jean-Louis CHAMBON Président-fondateur du Cercle Turgot. Pièce jointe pdf : OTAN en emporte le vent !

Extrait : « Tous nos efforts, notre diplomatie, notre communication, doivent se focaliser sur les oligarques, en positionnant POUTINE en paria. C’est l’une des clés, en tout cas pour le court terme. Pour le moyen et le long terme, nous le savons, seule l’émergence d’une « Europe puissance » pourra garantir par sa défense commune la paix et sa survie. »

[Le 7 mars 2022, 20 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Sur le site web du  GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité) on pouvait lire le 23 août 2016 l’article intitulé : L’Ukraine : une nouvelle source pour le trafic d’armes. Le texte renferme des informations qui devraient inviter à la circonspection, tous ceux qui veulent livrer des armes à l’Ukraine. Des armes vers l’Ukraine, bien sûr oui, mais pour qui ? Pour finir où ?

En 1999, pendant la guerre du Kosovo, les combattants de l’UCK ont reçu beaucoup d’armes fournies par l’OTAN. Plusieurs de ses armes continuent à être saisies en France.