J°010 – La Turquie saisit toutes les opportunités, dans sa reconquête méthodique des Balkans.

Les Balkans sont depuis longtemps un enjeu stratégique au cœur de l’Europe pour diverses ambitions. On a vu dans les années 1990 combien la fin de la fédération yougoslave a créé de conflits entre les anciennes républiques fédérées, suscitant les interventions hasardeuses de l’OTAN et de l’Union européenne pour y mettre fin, arrêter les massacres et finalement bombarder la Serbie pour lui faire abandonner le Kosovo devenu depuis ce que l’on sait.
La Russie a joué son propre jeu pour reprendre pied dans des pays qui lui sont liés par leur culture slave et orthodoxe. La Chine a fait aussi dans la zone des avancées spectaculaires en offrant ses crédits et ses investissements à des pays en mal de ressources.
Et depuis longtemps, la Turquie avance ses propres pions, notamment dans les pays islamisés de l’ancien empire Ottoman (Albanie, Bosnie, Macédoine, Kosovo) mais pas seulement, en jouant à la fois sur les souvenirs d’un passé commun dont beaucoup oublient les aspects négatifs de la conquête et de la domination pour ne plus voir que les aspects positifs – qui existaient aussi – d’une gestion plus ou moins décentralisée de ce vaste empire.
En jouant sur tous les plans, des liens culturels aux partenariats économiques, la Turquie a su patiemment avancer ses pions sur l’échiquier des Balkans et se créer une clientèle qui va volontiers faire son marché à Istanbul. Le but avoué, depuis que la candidature turque à l’entrée dans l’Union européenne semble vouée à l’échec, est de contrer cette dernière et de recréer au moins en partie le vaste ensemble que fut l’empire Ottoman dans sa partie européenne ou d’y jouer à nouveau un rôle de suzeraineté.
La crise du Covid-19 lui a offert un nouveau prétexte pour offrir ses services et prouver sa solidarité avec ces pays touchés par la pandémie et leur montrer qu’elle était bien plus efficace que l’UE perdue dans ses hésitations et son manque de vision stratégique, pour leur apporter avec grande réactivité l’aide médicale et sanitaire dont ils avaient besoin. Ne doutons pas qu’elle saura en tirer parti au mieux de ses intérêts. L’article ci-dessous, du Courrier des Balkans, nous en fait la démonstration (JMR).
[Le 14 2020, 8 H10, G. T., Eskisehir] :  La Turquie a fourni une assistance sanitaire à 57 pays. Qui dit mieux !