N° 185 Le « Kanal Istanbul » : Le projet fou de trop pour la présidence turque ?
Un canal désiré de longue date, aux bénéfices socio-économiques potentiellement majeurs.
Analyse d’Émile BOUVIER publiée dans Les clés du Moyen-Orient le 12 mars.
Émile BOUVIER
Émile Bouvier est étudiant à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, où il prépare les concours de la fonction publique. Diplômé d’un Master 2 en Géopolitique, il a connu de nombreuses expériences au Ministères des Armées, notamment au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), à l’État-major des Armées dans une cellule d’analyse géopolitique, ou encore en Mission de Défense (MdD) en Turquie.
Son grand intérêt pour la Turquie et la question kurde l’ont amené à voyager à de nombreuses reprises dans la région et à travailler sur les problématiques turques et kurdes à de multiples occasions.
« Mon rêve » : c’est ainsi que le Président turc Recep Tayyip ERDOGAN a désigné, le 16 janvier 2020, le projet du « Kanal Istanbul », qui ambitionne de relier la mer Noire à la mer de Marmara, parallèlement au détroit du Bosphore.
L’idée initiale d’un canal remonte au XVIème siècle, alors que la Turquie était le cœur battant de l’Empire ottoman. Annulé, reporté ou abandonné, il ne verra finalement jamais le jour jusqu’à ce que le 26 avril 2011, le projet du canal d’Istanbul soit officiellement évoqué par Recep Tayyip ERDOGAN, alors Premier ministre, dans un discours au cours duquel il affirme « qu’un rêve va devenir réalité ».
Pour cause, le projet du canal d’Istanbul apparaît comme un chantier pharaonique et devrait permettre un développement socio-économique de la Turquie ou, en tous cas, de la région stambouliote, une fois réalisé. Sa réalisation s’inscrit dans la continuité des espoirs initialement formulés par les autorités ottomanes : accroître sensiblement la croissance économique turque et doter la Turquie d’une position résolument stratégique sur la scène internationale.
Le projet du Canal Istanbul ne se montre pas seulement colossal en raison de ses objectifs, mais aussi en raison du choix de sa localisation, de l’impact socio-économique majeur qu’il induira dans la région, et de la remise en question de plusieurs traités maritimes internationaux majeurs qu’il provoquera. Le projet est également sous le feu de critiques, qui soulignent tant les dégâts environnementaux que pourrait causer le canal, que l’intérêt limité qu’il pourrait, finalement, représenter d’un point de vue économique et géopolitique.
Cet article, après avoir présenté les modalités de ce canal et les motivations des autorités turques à l’origine du lancement du projet (première partie), exposera les défis substantiels auxquels la construction du canal fera face et les critiques dont il fait actuellement l’objet (deuxième partie).
[Le 26 mars 2020, 17 H20, G. T., Eskisehir] : Un grand projet qui fait rêver beaucoup de Turques et de Turcs.
[Le 25 mars 2020, 10 H55, J. J., La Grande-Motte] : Un article particulièrement intéressant [knal istambul(Marmara /M Noire )]
Voir : Le « Kanal Istanbul » : le « projet fou » de trop pour la présidence turque (1/2) et (2/2) ?
[ICEO ] : Merci de votre information.