Ce n’est souvent qu’après la disparition des dictateurs qu’on peut mesurer vraiment l’horreur de leurs méfaits. Notable exception, le jour de la mort d’Adolf HITLER, le 30 avril 1945, depuis 3 mois déjà, depuis la libération du camp de concentration d’Auschwitz par l’Armée rouge, le 27 janvier 1945, le monde entier connaissait l’étendu de ses crimes.

Contrairement à ce que de nombreux idéologues se sont efforcés de faire accroire, dès le lendemain de la Seconde guerre mondiale, l’idéologie nazie s’est comme évaporée et l’engouement pour le fondateur du nazisme est devenue très rapidement presque anecdotique. Aucun réel regret donc et encore moins de manifestations de tristesse.

Par contre, lorsque Joseph STALINE mourut, le 5 mars 1953, tous ceux qui vivaient depuis des années en ayant réglé leur montre à l’heure de Moscou, défilèrent massivement dans les rues, pour montrer avec ostentation leur profond attachement au « petit père des peuples » et leur immense tristesse.

Il fallut attendre les dénonciations des crimes de STALINE par Nikita KHROUCHTCHEV le 14 février 1956 lors de l’ouverture du XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique, pour que les communistes du monde entier en viennent à reconnaître peu à peu les innombrables crimes du stalinisme.

Orphelin du stalinisme, de nombreux intellectuels occidentaux ont commencé à considérer le maoïsme comme un recours. Hors de Chine, le maoïsme est devenu ainsi un mouvement politique se réclamant de MAO Zedong, de ses pensées (dont le Petit Livre rouge est un condensé) et de ses actions. Il a atteint son apogée en France et en Europe vers 1968 en attirant les déçus du modèle soviétique.

Lorsque MAO Zedong meurt, le 9 septembre 1976, le président chinois n’a pas seulement subjugué tout un peuple, son aura est internationale. Les hommages affluent du monde entier, le plus discret émanant de Moscou, le plus élogieux étant peut-être celui du président français Valéry GISCARD d’ESTAING, qui déclara qu’«avec la mort du président MAO Tsé-toung s’éteint un phare de la pensée mondiale».

Il n’y a pas que la droite française qui fut fascinée par l’autocrate rouge. Une partie du monde intellectuel ainsi que de l’extrême gauche en a fait une source d’inspiration d’autant plus puissante qu’elle était une illusion

Comment peut-on expliquer qu’un homme tenu par les historiens pour responsable de la mort de 70 millions de personnes et dont un de ses secrétaires personnels, LI Rui, déclarait il y a quelques années qu’«il fut pire que STALINE ou HITLER», ait pu exercer un tel pouvoir d’attraction ?

Muets sur les crimes du président chinois jusqu’à sa mort, de nombreux intellectuels français ont maintenu leur aveuglement révolutionnaire en soutenant le plus grand criminel cambodgien, POL POT, jusqu’à la fin des années 70.

Après 1789, pour offrir aux « damnés de la terre » un hypothétique avenir meilleur, les intellectuels révolutionnaires, notamment en France, n’ont jamais été regardant sur les moyens mis en œuvre. Ils ont justifié continument  toutes les répressions et toutes les oppressions, dès lors qu’elles s’inscrivaient dans le sens qu’ils voulaient donner à leur histoire. À la Libération, dans tous les pays d’Europe, la justice révolutionnaire a été souvent expéditive. Les peines de mort prononcées hâtivement ont été fort nombreuses et expédiées rapidement.

Depuis la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989, la plupart des anciens communistes et communisants français se sont miraculeusement transformés en défenseurs sourcilleux des droits de l’homme. On peut  ainsi  avoir la surprise d’entendre d’anciens robespierristes, d’anciens staliniens, d’anciens maoïstes revendiquer sans vergogne la paternité de l’abolition de la peine de mort.

Depuis sa création, l’Institut de coopération avec l’Europe Orientale a pris grand soin de ne pas distiller la haine. Trente ans après la fin du régime soviétique, sans pouvoir être accusé d’instrumentaliser l’Histoire,  ICEO se doit de saluer la mémoire des victimes du bolchevisme.

ICEO est sans haine, mais pas sans mémoire !

[Le 18 juin 2019, 19 H05, A. V., Montrouge] :  Merci d’avoir publié ces bonnes pages. On peut espérer que ceux qui se sont si souvent et si gravement trompés ne pourront plus se faire passer aujourd’hui pour de savants visionnaires, seuls détenteurs de la lucidité, alors qu’ils furent incapables de voir ce qui crevaient les yeux pour tous les observateurs attentifs et honnêtes, tel que André GIDE dès 1936 dans Retour de l’URSS  et dans Retouches à mon Retour de l’URSS en 1937.

« Il arrive trop souvent que les amis de l’U.R.S.S se refusent à voir le mauvais, ou du moins à le reconnaître; de sorte que trop souvent, la vérité sur l’U.R.S.S est dite avec haine et le mensonge avec amour. » ( Retour de l’URSS, page 14)

En réaction aux procès de Moscou, GIDE revient à la charge avec Retouches à mon retour de l’URSS, où il ne se contente plus de faire part d’observations, mais dresse un réquisitoire contre le stalinisme« Que le peuple des travailleurs comprenne qu’il est dupé par les communistes, comme ceux-ci le sont aujourd’hui par Moscou ».

« Du haut en bas de l’échelle sociale reformée, les mieux notés sont les plus serviles, les plus lâches, les plus inclinés, les plus vils. Tous ceux dont le front se redresse sont fauchés ou déportés l’un après l’autre. Peut-être l’armée rouge reste-t-elle un peu à l’abri ? Espérons-le ; car bientôt, de cet héroïque et admirable peuple qui méritait si bien notre amour, il ne restera plus que des bourreaux, des profiteurs et des victimes. »

— André GIDERetouches à mon « Retour de l’U.R.S.S. », p. 132.

[Le 18 juin 2019, 00 H25, M. T., Aubervilliers] : Vive STALINE quand même !