N° 033 Si les Allemands le disent !

« L’euro a coûté cher à la France » : une dépêche de l’AFP largement reprise par les médias français. (ici BFMTV)

Selon Le point une étude bidon (voir l’article accessible dans les commentaires).

Selon le Centre d’études de politique européenne, le PIB de la France a été amputé de 374 milliards d’euros sur la seule année 2017, du fait de l’adoption de l’euro voici 20 ans. Les auteurs de l’étude invitent l’Hexagone à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour améliorer sa compétitivité.

Introduit en 1999 (sous sa forme virtuelle et non fiduciaire), l’euro fête ses vingt ans cette année. Pour l’occasion, le Centre d’études de politique européenne, un groupe de réflexion allemand, a dressé le bilan de la monnaie unique en tentant de répondre à une question, à savoir: quel serait le PIB par habitant d’un pays donné s’il n’avait pas adopté l’euro?

Et les résultats sont édifiants. Rappelant que l’euro a connu une grave crise en 2009, obligeant plusieurs pays à être placés sous assistance financière, le Centre d’études de politique européenne  estime que la majorité des États membres n’ont pas profité de l’instauration de la monnaie unique. Ils seraient même tous perdants sur le plan économique, à l’exception de l’Allemagne et des Pays-Bas.

Afin de mesurer les effets de l’introduction de l’euro, les auteurs de l’étude ont appliqué une méthode visant à comparer la santé économique de huit états membres (Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique, Espagne, Grève, Portugal et Italie) avec celle d’un groupe de pays avant et après l’adoption de la monnaie unique.

La France et l’Italie, grandes perdantes 

Pour chacun des Etats membres, le groupe utilisé comme échantillon comparatif devait être composé de pays dont la trajectoire de croissance et le PIB par habitant étaient proches de ceux du pays étudié avant introduction de l’euro. Par ailleurs, ils ne devaient pas avoir été touchés par des chocs majeurs au cours de la période 1980-2017, ni faire partie de la zone euro.

La France, dont la situation a été comparée à celles de l’Australie et du Royaume-Uni, aurait enregistré un PIB supérieur de 374 milliards d’euros en 2017 si elle n’avait pas adopté l’euro, selon les conclusions de cette étude. Ce qui représente une perte de 5570 euros de PIB par habitant. L’Hexagone serait ainsi l’un des plus grands perdants de la Zone euro. Seule l’Italie arrive derrière avec un manque à gagner de 530 milliards d’euros en 2017, soit 8756 euros du PIB par habitant.

Manque de réformes

Parmi les huit pays étudiés, seuls l’Allemagne (+280 milliards d’euros, soit 3390 euros par habitant) et les Pays-Bas (+19 milliards d’euros, soit 1116 euros par habitant) ont réellement profité de l’introduction de l’euro. La Grèce semble également y avoir gagné avec une hausse cumulée de son PIB de 2 milliards d’euros entre 1999 et 2017 (+190 euros par habitant), mais elle a surtout bénéficié de son adhésion dans les premières années. Car depuis 2011, « l’euro a eu une influence négative sur la prospérité grecque », note l’étude.

Les effets de l’introduction de l’euro sur le PIB en 2017

Effets cumulées d’une introduction de l’euro sur le PIB de 1999 à 2017

Avec l’introduction de l’euro, les états membres n’ont plus la possibilité de dévaluer leur monnaie pour renforcer leur compétitivité et enrayer le ralentissement de la croissance et la hausse du chômage. D’où l’importance de faire les réformes structurelles.

Le PIB estimé par Français sans et avec l’euro

« Cette tendance montre que la France n’a toujours pas trouvé le moyen de renforcer sa compétitivité sur le marché de la zone euro. Dans les décennies qui ont précédé l’introduction de l’euro, la France a régulièrement dévalué sa monnaie pour atteindre cet objectif. Depuis l’introduction de l’euro, cela n’est plus possible », rappellent les auteurs de l’étude qui encouragent la France à « absolument suivre le chemin de la réforme ». Ils prennent notamment l’exemple de l’Espagne qui a su mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour profiter de l’euro.

[Le 1er mars 2019, 23 H30, ICEO] : L’étude allemande est peut être bidon, mais elle semble confirmer les travaux de Ashoka MODY, qui elle n’est pas bidon.

[Le 1er mars 2019,17 H50, E M, Dunkerque] : Le jour même où vous avez mis en ligne cet article (28 février, 14 H29), Le Point (16 H26) a publié un article très critique sur l’étude allemande : L’étude allemande bidon sur les perdants de l’euro . En cliquant sur l’hyperlien, indiqué par la couleur bleue, vous pourrez lire la version intégrale de l’article du Point.

[ Le 1er mars 2019, 9 H45, P C, Montpellier] : Une photo de «Captain Europe» accompagnée d’un appel à participer aux élections de mai a été publiée sur le compte Twitter du parlement européen mardi 26 février. Au lieu de s’occuper de l’euro Captain Europe s’amuse à faire le zouave (comme dirait le professeur Tournesol).

L’infantilisation des électeurs est à son comble. Dernièrement, on avait eu droit aussi à des «euro-lapins», des personnages tout aussi ridicules, dans une campagne censément humoristique, aux prises avec des loups se prénommant Vladimir, Ping et Donald. On pourrait croire que ce genre de campagne vient contrebalancer l’habituelle dramatisation à grand renfort de points Godwin pour fustiger les eurosceptiques. Mais il n’en est rien. Cela procède exactement du même postulat: l’électeur en général, et celui qui se méfie de l’UE en particulier, est un enfant qu’il faut éduquer par tous les moyens, qu’ils soient outranciers ou ridicules. En tout cas si des souverainistes se laissaient aller à de telles mises en scène, qu’est-ce qu’on entendrait: populisme, trumpisation, etc. Et on aurait raison!

[Le 28 février 2019, 19 H 30, A P, Guidel] : La dépêche de l’AFP a été largement relayée dans la presse et l’ensemble des médias. Vous avez choisi le communiqué de BFMTV. Il est intéressant de noter que ce communiqué est différent de celui du Parisien et et de celui d’Orange, entre autres.

Dans Le Parisien (conclusion du communiqué) : La ligne Macron préconisée          Les auteurs de l’étude jugent que « des réformes structurelles sont nécessaires maintenant. Pour profiter de l’euro, la France doit suivre avec rigueur la voie de la réforme du président Macron ». L’Allemagne, elle, s’est servi de la stabilité de l’euro pour exporter ses produits de haute valeur ajoutée.

Orange (conclusion du communiqué) :  « Pour profiter de l’euro, la France doit suivre avec rigueur la voie de la réforme du président Macron« , estiment les auteurs de l’étude qui détaillent : « le pouvoir des syndicats a été réduit et la négociation des salaires et des conditions de travail au niveau de l’entreprise a été facilitée ».

[Le 28 février 2019,19 H00, F M, Bourges] : Et dire que François MITTERRAND disait fièrement : « Avec l’euro, on a cloué la main des Allemands sur la table ! »…et c’est exactement l’inverse qui s’est produit !

[Le 28 février 2019,18 H30, L Q, Versailles] : Sur le site de Valeurs Actuelles un certain [Pêchou – 28/02/2019 – 10:42] a écrit en commentaire :  C’est drôle, sur le site du Figaro, l’article traitant de ce rapport a reçu plus de 1 100 commentaires, ici sur VA (Valeurs Actuelles) on plafonne à 6 commentaires: les lecteurs de VA n’en auraient ils rien à faire de se faire plumer par notre « grande amie » l’Allemagne à cause de l’euro ??