N° 392 Si vis pacem para pacem

« Faire aujourd’hui des concessions à la Russie, c’est se plier à la loi du plus fort. N’en faire aucune, c’est se plier à la loi du plus fou. » Henri GUAINO

A la fin du IVe siècle dans De re militari, traité de l’art militaire, VÉGÉCE écrit : « Si vis pacem para bellum » (« si tu veux la paix, prépare la guerre »). L’ouvrage, fut utilisé comme manuel de moralisation du guerrier par l’Église catholique, jusqu’en 1963, date à laquelle Jean XXIII ordonna la publication de l’encyclique Pacem in terris.

En plein contexte de guerre froide, en plein risque d’un cataclysme nucléaire, le pape expliqua alors que les conflits ne peuvent plus être résolus durablement que par la négociation et plus jamais par les armes. Ce qui fut résumé par : « Si vis pacem para pacem» (« si tu veux la paix, prépare la paix »).

Sortis en grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, après avoir écrasé sous leurs bombes les villes allemandes et japonaises, les Américains ont cru pouvoir répliquer à l’infini leur méthode expéditive pour imposer leur vision de l’ordre mondial et la pax amiricana.

Depuis 1944, les États-Unis n’ont pas été avares en matière de bombardements, de crimes de guerre, voire de crimes que l’on peut qualifier de crimes contre l’humanité.

Le bilan humain et écologique de tous ces bombardements est proprement effarant.

Les vietnamiens, les Irakiens et les Afghans sont les premiers à pouvoir en témoigner.

Le bilan militaire de la première puissance mondiale est tout aussi affligeant.

Incapables de gagner durablement aucune des guerres asymétriques qu’ils ont faites, les États-Unis, imités par la plupart des pays Européens, se déclarent aujourd’hui convaincus que, grâce à leur assistance matérielle massive, l’Ukraine pourra regagner tous les territoires annexés par la Russie. En d’autres termes que l’Ukraine pourra infliger une défaite militaire cuisante à la Russie.

Sur la plupart des chaînes de télévision en continu, des journalistes et des experts totalement inconscients, commentent les images fournies par l’armée ukrainienne comme s’il s’agissait d’un match de boxe. Ils souhaitent tous bruyamment la victoire de l’Ukraine, confortablement assis dans leurs studios. Ils comptent les coups. Ils saluent la vaillance des Ukrainiens. Aucun ne songe à demander l’arrêt du combat, comme si pour eux la défaite de la Russie était plus importante que la vie de leurs champions, plus importante que la paix, et comme si les dégâts humains et matériels subis par les populations victimes n’étaient que quantité négligeable, en dépit des protestations hypocrites de compassion.

Dans la tribune qu’il écrit dans le Figaro, Henri GUAINO alarme les lecteurs sur la gravité extrême de la situation, sur les risques d’engrenages qui mènent à des guerres que personne n’avait voulues.

Le 17 mai, le président ukrainien Volodymyr ZELENSKY a écrit sur sa page Facebook. « L’Ukraine a besoin de ses héros vivants », en ajoutant que l’essentiel était de « sauver la vie de nos gars ». Il aurait pu ajouter et celle de nos populations civiles premières victimes.

Après que la loi martiale fut proclamée en Pologne, le 13 décembre 1981, de nombreux journalistes occidentaux étaient persuadés, qu’en raison de la puissance dont le mouvement Solidarnosc avait fait la démonstration, la population polonaise s’insurgerait violemment. Certains ne cachaient par le plaisir qu’ils auraient à voir le système communiste confronté aux mêmes affrontements qu’à Berlin en 1953, qu’à Budapest et à Poznan en 1956, qu’au bord de la Baltique en Pologne en 1970.

Le peuple polonais a prouvé pendant des siècles qu’il n’avait pas peur de la mort, en décembre 1981, il a montré qu’il avait acquis l’intelligence de la mort, qui permet de refreiner les pulsions politiquement et humainement suicidaires.

En 1981, sous le magistère de « leur » pape, les Polonais ont pensé, comme le président ZELENSKY le pense aujourd’hui, que l’essentiel était de « sauver la vie de nos gars ».

Il a fallu à la France et l’Allemagne deux Guerres mondiales pour que les Français et les Allemands comprennent leur folie.

Les Accords de Minsk ont très malheureusement été enterrés avant même d’avoir été appliqués. Pour des raisons historiques et géographiques, le format Normandie aurait certainement dû être élargi à la Pologne.

Comme l’expliquait TV5 monde, à la veille de la guerre, le 8 février 2022, les Accords de Minsk, restent la seule issue diplomatique à la guerre.

Les États-Unis n’ont aucun intérêt à ce que la guerre cesse.

L’Allemagne, la France et la Pologne, sont les seules à pouvoir parler d’une voix singulière, à l’Ukraine et à la Russie.                                                                                                   …

C’est pourquoi elles ont le devoir de le faire.

Pour Winston CHURCHILL, Franklin ROOSVELT et Joseph STALINE, réunis à Téhéran en novembre 1943, il y a un point qui ne donna lieu à aucune discussion : la capitulation sans condition de l’Allemagne et du Japon avant d’envisager toute cessation des combats. Les trois principales puissances de l’axe, ne représentaient alors, à elles trois à leur maximum, que 10% de la population mondiale, tandis que les alliés représentaient près de 40%, et que les 50% restant affichaient dans leur immense majorité une neutralité bienveillante envers les alliés.

Dans la crise ukrainienne actuelle, les Occidentaux ont la grande folie de se croire encore les seuls maîtres du monde, alors que pour une population mondiale de 8 milliards d’habitants, seuls les représentants de 2 milliards d’entre eux ont tenu à sanctionner la Russie.

Les États-Unis et leurs alliés seraient bien avisés de prendre en compte sérieusement cette différence.

 

TRIBUNE – publiée dans le Figaro  le 13 mai 2022 –  Dans un texte de haute tenue, Henri GUAINO, l’ancien conseiller spécial de Nicolas SARKOZY à la présidence de la République relève des analogies entre la situation internationale née de la guerre en Ukraine et l’état de l’Europe en juillet 1914. Sans renvoyer dos à dos l’agresseur et l’agressé, et tout en distinguant le bellicisme de Moscou et le discours désormais martial de Washington, il s’alarme du durcissement des positions en présence qui ne laisse aucune place à une initiative diplomatique et à une désescalade.

Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.

J’emprunte cette image au titre du livre de l’historien australien Christopher CLARK sur les causes de la Première Guerre mondialeLes Somnambules, été 1914: comment l’Europe a marché vers la guerre.

«Le déclenchement de la guerre de 14-18,écrit-il, n’est pas un roman d’Agatha CHRISTIE (…) Il n’y a pas d’arme du crime dans cette histoire, ou plutôt il y a en a une pour chaque personnage principal. Vu sous cet angle, le déclenchement de la guerre n’a pas été un crime, mais une tragédie.» En 1914, aucun dirigeant européen n’était dément, aucun ne voulait une guerre mondiale qui ferait vingt millions de morts mais, tous ensemble, ils l’ont déclenchée. Et au moment du traité de Versailles aucun ne voulait une autre guerre mondiale qui ferait soixante millions de morts mais, tous ensemble, ils ont quand même armé la machine infernale qui allait y conduire.

Dès le 7 septembre 1914, après seulement un mois de guerre, le chef du grand état-major allemand qui avait tant plaidé pour que l’Allemagne attaquât avant d’être attaquée écrivait à sa femme: «Quels torrents de sang ont coulé (…) j’ai l’impression que je suis responsable de toutes ces horreurs et pourtant je ne pouvais agir autrement.»

«Je ne pouvais agir autrement»: tout était dit sur l’engrenage qui mène à la guerre. Engrenage qui est d’abord celui par lequel chaque peuple se met à prêter à l’autre ses propres arrière-pensées, ses desseins inavoués, les sentiments que lui-même éprouve à son égard. C’est bien ce que fait aujourd’hui l’Occident vis-à-vis de la Russie et c’est bien ce que fait la Russie vis-à-vis de l’Occident. L’Occident s’est convaincu que si la Russie gagnait en Ukraine, elle n’aurait plus de limite dans sa volonté de domination. À l’inverse, la Russie s’est convaincue que si l’Occident faisait basculer l’Ukraine dans son camp, ce serait lui qui ne contiendrait plus son ambition hégémonique.

En étendant l’Otan à tous les anciens pays de l’Est jusqu’aux pays Baltes, en transformant l’Alliance atlantique en alliance anti-Russe, en repoussant les frontières de l’Union européenne jusqu’à celles de la Russie, les États-Unis et l’Union européenne ont réveillé chez les Russes le sentiment d’encerclement qui a été à l’origine de tant de guerres européennes. Le soutien occidental à la révolution de Maïdan, en 2014, contre un gouvernement ukrainien prorusse a été la preuve pour les Russes que leurs craintes étaient fondées. L’annexion de la Crimée par la Russie et son soutien aux séparatistes du Donbass ont à leur tour donné à l’Occident le sentiment que la menace russe était réelle et qu’il fallait armer l’Ukraine, ce qui persuada la Russie un peu plus que l’Occident la menaçait. L’accord de partenariat stratégique conclu entre les États-Unis et l’Ukraine le 10 novembre 2021, scellant une alliance des deux pays dirigée explicitement contre la Russie et promettant l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, a achevé de convaincre la Russie qu’elle devait attaquer avant que l’adversaire supposé soit en mesure de le faire. C’est l’engrenage de 1914 dans toute son effrayante pureté.

Comme toujours, c’est dans les mentalités, l’imaginaire et la psychologie des peuples, qu’il faut en chercher l’origine. Comment la Pologne, quatre fois démembrée, quatre fois partagée en trois siècles, comment la Lituanie annexée deux siècles durant à la Russie, la Finlande amputée en 1939, comment tous les pays qui ont vécu un demi-siècle sous le joug soviétique ne seraient-ils pas angoissés à la première menace qui pointe à l’Est? Et de son côté, comment la Russie, qui a dû si souvent se battre pour contenir la poussée de l’Occident vers l’Est et qui est déchirée depuis des siècles entre sa fascination et sa répulsion pour la civilisation occidentale, pourrait-elle ne pas éprouver une angoisse existentielle face à une Ukraine en train de devenir la tête de pont de l’occidentalisation du monde russe? «Ce ne sont pas les différences, mais leur perte qui entraîne la rivalité démente, la lutte à outrance entre les hommes» dit René GIRARD. Menacer ce par quoi le Russe veut rester russe, n’est-ce pas prendre le risque de cette «rivalité démente»?

L’Occident voit trop la nostalgie de l’URSS et pas assez, le slavophilisme, c’est-à-dire la Russie éternelle telle qu’elle se pense avec ses mythes. Alexandre KOYRÉ a consacré un livre profond, à ce courant dont sont nées la grande littérature et la conscience nationale russes au début du XIXe siècle quand «le nationalisme instinctif aidant, un nationalisme conscient avait fini par voir entre la Russie et l’Occident une opposition d’essence». Le slavophilisme, ce sentiment de supériorité spirituelle et morale face à l’Occident, est dans le cri du cœur de SOLJENITSYNE devant les étudiants de Harvard en 1978«Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne.» Cette Russie-là ne voit peut-être pas la guerre en Ukraine comme une guerre d’invasion mais comme une guerre de sécession. Sécession du berceau du monde russe, de la terre où s’est joué tant de fois le sort de la Russie, où elle a repoussé les Polonais et les armées de HITLER. Sécession politique, culturelle et même spirituelle depuis qu’en 2018 l’Église orthodoxe ukrainienne s’est affranchie de la tutelle du patriarcat de Moscou. Et les guerres de sécession sont les pires.

Une chose en tout cas est certaine: cette guerre est, à travers l’Ukraine martyrisée, une guerre entre l’Occident et la Russie qui peut déboucher sur un affrontement direct par une escalade incontrôlée. La guerre, c’est, depuis toujours, la libération de tout ce qu’il y a dans la nature humaine de sauvagerie et d’instinct meurtrier, une montée aux extrêmes qui finit toujours par emporter malgré eux les combattants comme les dirigeants. Ni CHURCHILL, ni ROOSEVELT, n’avaient pensé qu’un jour ils ordonneraient de bombarder massivement les villes allemandes pour casser le moral de la population, ni TRUMAN qu’il finirait en 1945 par recourir à la bombe atomique pour casser la résistance japonaise. KENNEDY en envoyant quelques centaines de conseillers militaires au Vietnam en 1961 ne pensait pas que huit ans plus tard l’Amérique y engagerait plus d’un demi-million d’hommes, y effectuerait des bombardements massifs au napalm, et serait responsable du massacre de villages entiers.

Si la guerre froide n’a pas débouché sur la troisième guerre mondiale, c’est d’abord parce qu’aucun de ses protagonistes n’a jamais cherché à acculer l’autre. Dans les crises les plus graves, chacun a toujours fait en sorte que l’autre ait une porte de sortie. Aujourd’hui, au contraire, les États-Unis, et leurs alliés, veulent acculer la Russie.

Quand on agite devant elle la perspective de l’adhésion à l’Otan de la Finlande, de la Suède, de la Moldavie et de la Géorgie en plus de celle de l’Ukraine, quand le secrétaire américain à la Défense déclare que les États-Unis «souhaitent voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine», quand le président des États-Unis se laisse aller à traiter le président russe de boucher, à déclarer que «pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir» et demande au Congrès 20 milliards de dollars en plus des 3 milliards et demi déjà dépensés par les États-Unis pour fournir en masse des chars, des avions, des missiles, des canons, des drones aux Ukrainiens, on comprend que la stratégie qui vise à acculer la Russie n’a plus de limite.

Mais elle sous-estime la résilience du peuple russe, comme les Russes ont sous-estimé la résilience des Ukrainiens. Acculer la Russie, c’est la pousser à surenchérir dans la violence. Jusqu’où? La guerre totale, chimique, nucléaire? Jusqu’à provoquer une nouvelle guerre froide entre l’Occident et tous ceux qui, dans le monde, se souvenant du Kosovo, de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye, pensent que si la Russie est acculée, ils le seront aussi parce qu’il n’y aura plus de limite à la tentation hégémonique des États-Unis: l’Inde qui ne condamne pas la Russie et qui pense au Cachemire, la Chine qui dénonce violemment «les politiques coercitives» de l’Occident parce qu’elle sait que si la Russie s’effondre elle se retrouvera en première ligne, le Brésil qui, par la voix de Lula, dit «une guerre n’a jamais un seul responsable», et tous les autres en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique qui refusent de sanctionner la Russie. Tout faire pour acculer la Russie, ce n’est pas sauver l’ordre mondial, c’est le dynamiter. Quand la Russie aura été chassée de toutes les instances internationales et que celles-ci se seront désintégrées comme la SDN au début des années 1930, que restera-t-il de l’ordre mondial?

Trouver un coupable nous conforte dans le bien-fondé de notre attitude, et dans le cas présent, nous en avons un tout désigné, un autocrate impitoyable, incarnation du mal. Mais le bien contre le mal, c’est l’esprit de croisade: «Tuez-les tous et Dieu reconnaîtra les siens.» Au lieu de faire entendre sa voix pour éviter cette folie et arrêter les massacres, l’Union européenne emboîte le pas des États-Unis dans l’escalade de leur guerre par procuration. Mais que feront les Européens et les États-Unis au pied du mur de la guerre totale? Avec les obus nucléaires et les armes nucléaires tactiques de faible puissance, la marche n’est plus si haute. Et après? Après, tout peut arriver: l’engrenage tragique de la violence mimétique que personne n’aurait voulu mais auquel tout le monde aurait contribué et qui pourrait détruire l’Europe et peut-être l’humanité ou la capitulation munichoise des puissances occidentales qui ne voudrons peut-être pas risquer le pire pour l’Ukraine, ni même peut-être pour les pays Baltes ou la Pologne. Souvenons-nous de l’avertissement du général de GAULLE en 1966 lors de la sortie du commandement intégré de l’Otan«La Russie soviétique s’est dotée d’un armement nucléaire capable de frapper directement les États-Unis, ce qui a naturellement rendu pour le moins indéterminées les décisions des Américains, quant à l’emploi éventuel de leur bombe.»

Où est la voix de la France, de ce «vieux pays, d’un vieux continent qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie», qui le 14 février 2003 à l’ONU disait non à la guerre en Irak, qui en 2008 sauvait la Géorgie et s’opposait à l’adhésion de celle-ci et de l’Ukraine à l’Otan et qui plaiderait aujourd’hui pour la neutralisation d’une Ukraine qui n’aurait vocation à n’entrer ni dans l’Otan, ni dans l’Union européenne, en écho à l’avertissement lancé en 2014 par Henry KISSINGER«Si l’Ukraine doit survivre et prospérer, elle ne doit pas être l’avant-poste de l’une des parties contre l’autre. Elle doit être un pont entre elles. L’Occident doit comprendre que pour la Russie l’Ukraine ne pourra jamais être un simple pays étranger.» C’est par sa neutralisation que la Finlande a pu demeurer libre et souveraine entre les deux blocs pendant la guerre froide. C’est par sa neutralisation que l’Autriche est redevenue en 1955 un pays libre et souverain.

Faire aujourd’hui des concessions à la Russie, c’est se plier à la loi du plus fort. N’en faire aucune, c’est se plier à la loi du plus fou. Tragique dilemme. Un dilemme comme celui-ci, vécu dans la Résistance par le poète René CHAR :

«J’ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l’exécution de B. Je n’avais qu’à presser la détente du fusil-mitrailleur et il pouvait être sauvé! Nous étions sur les hauteurs de Céreste (…) au moins égaux en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de moi le signal d’ouvrir le feu, j’ai répondu non de la tête (…) Je n’ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargné à tout prix. Qu’est-ce qu’un village? Un village pareil à un autre?» Et nous, que répondrons-nous aux regards qui nous imploreront d’arrêter le malheur quand nous l’aurons fabriqué?

Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.

[Le 21 mai 2022, 9H 55, J. N., Nantes] : Sur le site de l’IRIS, Pascal BONIFACE incite à la prudence et à la lucidité :  « Le président ukrainien Volodymyr ZELENSKY a multiplié les critiques et exigences à l’égard des Européens, utilisant parfois des mots forts pour témoigner de son mécontentement et obtenir satisfaction. Le président ukrainien est même allé jusqu’à attribuer à certains anciens leaders européens une part de responsabilité dans l’invasion menée par la Russie. Il n’a cependant pas exprimé de telles critiques à l’égard des États-Unis.

Ce tropisme américain dont fait preuve le dirigeant ukrainien est une des raisons pour lesquelles il appartient aux Européens de ne pas confondre vitesse et précipitation quant à une potentielle intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne. L’émotion provoquée par la guerre ne doit pas occulter les règles mises en place par l’Union Européenne, ni empêcher les responsables politiques européens de mener leur propre politique. »

Guerre en Ukraine : l’émotion ne doit pas faire perdre la raison [Le 20 mai 2022 – internet de l’IRIS]

[Le 20 mai 2022, 18H 45, J. B, Auch] : A cet article pondéré et plein de bon sens, on ne peut évidemment qu’adhérer. A une nuance près : pour négocier (ce qui devrait normalement permettre de trouver un compromis de sortie de guerre) il faut être deux, un de chaque coté. Or à priori POUTINE n’a pas donné de signe qu’il voulait le faire. Et si l’attitude actuelle américaine est effectivement inquiétante, au début leur président était réticent à engager les États Unis dans cette galère. Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’attaque russe et de la résistance ukrainienne qu’il a changé de position. Et tant que POUTINE ne semblera pas prêt à la négociation il n’y a pas semble-t-il d’autre solution que de matraquer à outrance l’armée russe, avec tous les dangers signalés dans cet article.        Espérons que d’ici peu chacun retrouvera la raison…

[Le 19 mai 2022, 10H 55, É. N., Lyon] : Certes, pendant la Seconde Guerre mondiale, les  puissances de l’axe, ne représentaient que 10% de la population mondiale, tandis que les alliés représentaient près de 40%, mais ce qui rendait la victoire de l’Allemagne et celle du Japon totalement impossible, c’était le manque de matières premières de ces deux pays.

La Russie est beaucoup moins isolée aujourd’hui que ne l’était les puissances de l’axe hier, mais surtout elle regorge de toutes les matières premières dont les Occidentaux manquent vitalement actuellement. La Sibérie a vu naître Dmitri MENDELEÏV, et dans le sous-sol de la Russie on trouve, en quantité, tous les éléments chimiques qu’il a classés.

[Le 19 mai 2022, 10H 15, J. B., Paris] : Comme la plupart du temps votre position me semble la bonne. Ce problème devrait être à l’ordre du jour du triangle de Weimar. Je communique la prise de position de ICEO à un diplomate franco polonais qui fait Partie du groupe permanent du suivi de Weimar. Cordialement.

[Le 19 mai 2022, 10H 05, P. D., La Chapelle-Basse-Mer] : Lors d’un discours à Dallas ce mercredi 18 mai, l’ancien président américain George W. BUSH a offert à ses spectateurs un redoutable lapsus. Un formidable aveu, 19 ans après « l’opération spéciale américaine » en Irak.

Le lapsus de George W. BUSH qui critique l’invasion «de l’Irak» en parlant de l’Ukraine.

[Le 19 mai 2022, 9H 25, D. V., Nantes] : Votre article ne manquera pas d’être fortement critiqué, par tous ceux qui, par Ukrainien interposés, veulent faire la guerre à la Russie, jusqu’à la victoire totale.

Les va-t-en-guerre sont malheureusement très nombreux, même parmi les dirigeants politiques, qui devraient être les premiers à rechercher une issue viable au drame qui affecte l’Ukraine.

Kaja KALLAS, la première ministre d’Estonie, vient ainsi de déclarer que dialoguer avec le président russe était vain et que la solution à la guerre en Ukraine ne pouvait être «que militaire». Pour être bien comprise elle a ajouté : « On ne doit pas laisser de porte de sortie à POUTINE»

Ces déclarations apportent la preuve que sous le parapluie américain, la dirigeante d’un tout petit pays, parce qu’à la tête d’un pays membre de l’OTAN, peut se croire autorisée à déclarer n’importe quoi.

Chercher à infliger une blessure mortelle à l’ours russe, alors qu’on est à la porter de ses griffes, est proprement confondant.  

[Le 18 mai 2022, 15H 45, J-M. R., Alet-les-Bains] Excellent article, argumenté et pondéré, qui pose clairement l’équation du problème à tous nos gouvernants européens et à nos médias qui nous matraquent quotidiennement d’opinions unilatérales et de faits présentés sans esprit critique : que les peuples se laissent aller à l’émotion devant le tragique de la situation vécue par le peuple ukrainien (mais n’oublions pas celle, tout aussi tragique, vécue par les russophones du Donbass depuis huit ans), c’est humain et normal ; pour des gouvernants en charge de leurs peuples et de leur avenir, on attend autre chose que des décisions prises sous le coup de l’émotion ; on doit exiger d’eux des décisions prises sous l’analyse de la raison et l’anticipation des effets sur le long terme des engagements et des sanctions que l’on veut prendre, sans négliger la défense de nos intérêts nationaux bien compris. Ce sont les fondamentaux d’une politique internationale et de la diplomatie qui la porte.

[Le 17 mai 2022, 21 H35, J-M. M., Rodez] : Aux foux, halte au feu !