N° 466 Professeur Ousmane DOUMBIA : quid des relations de la France et du Mali ?

Lors de son (trop) bref passage à Montpellier, le professeur DOUMBIA a répondu, sans filtre, aux questions posées par des africanistes chevronnés, soucieux de la tournure des relations franco-maliennes.  

Responsable du service des relations internationale de l’Université Montpellier I de 1989 à 1999, président d’ICEO de 1989 à 1993, le professeur Jean CASTEL confiait à la fin de sa vie que ce dont il était le plus heureux et le plus fier était que la quasi totalité des étudiants étrangers, dont il avait accompagné la formation en France, aient tenu à conserver des liens étroits, scientifiques et amicaux, avec lui et ses principaux collaborateurs, après être rentré dans leur pays d’origine, où ils ont pu presque tous faire de brillantes carrières et occuper de hautes fonctions.

Doctorant malien accueilli au laboratoire de Chimie Thérapeutique en 1984, Ousmane DOUMBIA a soutenu sa thèse de doctorat à Montpellier le 17 octobre 1988.

En 1996, il a été déclaré lauréat du concours d’agrégation en Pharmacie du CAMES à la grande joie de tous ceux qui l’avaient aidé à préparer l’épreuve, au premier rang desquels on trouvait bien sûr le professeur CASTEL.

Professeur à la faculté de Pharmacie de Bamako, il a occupé avant de prendre sa retraite plusieurs postes de haute responsabilité, notamment : directeur du laboratoire national de la Santé et secrétaire général du ministère de la Santé.

Comme tous les doctorants étrangers qui ont préparé et passé leur thèse au Laboratoire de Chimie Thérapeutique dirigé par le professeur Jean CASTEL, le professeur Ousmane DOUMBIA a gardé des liens d’estime et d’affection très étroits avec les anciens membres de son laboratoire d’accueil en France, après son retour au Mali.

Du 16 au 19 novembre, le professeur Ousmane DOUMBIA a effectué un (trop) bref passage à Montpellier, pour aller se recueillir une nouvelle fois sur la tombe de celui qui fut son maître et son ami.

Quel avenir pour les relations officielles de la France et du Mali ?

Lors de sa courte visite, au cours d’un entretien enregistré pour diffusion sur Radio Maguelone, le professeur DOUMBIA a aimablement accepté de répondre très librement aux questions rédigées par le secrétaire général d’ICEO actuel, Jean-Marie ROUSSIGNOL, africaniste émérite éminent.

Le professeur Ousmane DOUMBIA de retour à Montpellier où il a passé sa thèse de doctorat en 1988 

Le secrétaire général d’ICEO a envoyé par courriel les questions qu’il aurait aimé poser de vive voix au professeur DOUMBIA, s’il avait pu se libérer pour le rencontrer.

Faut-il croire vraiment que tous les Maliens seraient soudainement devenus anti-français, même si les comportements « amateurs » du président MACRON en Afrique sahélienne peuvent justifier un mécontentement ? Nos liens anciens, quoi que l’on pense du ratio actif / passif de la colonisation (qui a quand même mis fin à certaines guerres inter-ethniques), seraient-ils complètement rompus ? Moi qui ai travaillé si longtemps en Afrique sans ménager ni mon temps ni ma peine au service des pays qui m’employaient dans les ENAs ou autres instituts d’administration, en bonne entente et amitié avec mes homologues africains, cela me chagrine beaucoup.

– Que faire de la diaspora malienne en France ? Si les ponts sont rompus, va-t-elle retourner au pays ?… Il y a déjà des clivages qui s’y forment et la jeunesse africaine s’y laisse séduire par les mauvais prêcheurs qui veulent la persuader qu’elle est brimée en France.

– Un islam pacifique dans les pays du Sahel pourra-t-il perdurer face aux attaques plus ou moins terroristes de tous les mouvements islamistes embarqués dans un nouveau djihad de conquête ? comment évaluer et juger ces divers mouvements ?

– Que serait l’évolution souhaitable des rapports traditionnellement conflictuel entre Touareg du nord et peuples sédentaires du Sud ? (Touareg sans « s » car c’est déjà un pluriel de Targui).

– Comment apprécier les rôles respectifs des États-Unis, de la Russie et de la Chine pour l’avenir dans le pays ? Font-ils vraiment mieux que la France ?

Podcast de l’entretien avec le professeur DOMBIA diffusé sur Radio Maguelone le 3 décembre à 12H 30.

[Le 8 décembre 2023, 13 H25, M. M.,  Sète] :  Deux photos souvenirs d’avril 1986 que j’ai retrouvées.

Ousmane DOUMBIA 2 ans après son arrivée en France

Hamid ZAÏD 2 ans après son arrivée en France

[Le 3 décembre 2023, 23 H45, O. D.,  Bamako] : De retour au bercail après un excellent séjour dans votre beau pays, malgré, évidemment, la grisaille, la pluie et le froid parisiens. Cette visite a été pour moi un retour aux sources voire un pèlerinage, ponctué de moments de grande émotion. J’ai ressenti alternativement des sensations d’immenses bonheurs (votre rencontre et les moments passés avec vous) et de tristesse avérée (le recueillement sur la tombe du maître CASTEL). Malgré (peut-être à cause) de ce mélange d’aigre et de doux, j’attends impatiemment les prochaines retrouvailles. Recevez, mes sincères remerciements pour l’immense bonheur offert pendant ce bref séjour. Amitiés sincères.

[Le 17 novembre 2023, 23 H45, J-M. R., Alet-les-Bains] : Le professeur Ousmane DOUMBIA connait-il Mamadou THIAM, qui fut directeur général du CAFRAD à Tanger dans les années 1990, puis devenu expert des Nations Unies à son retour à Bamako, en poste à la Maison de l’Afrique ? Il a été coordinateur d’un projet Nations-Unies chargé du développement institutionnel dans les années 20072008 ; je crois qu’il a été aussi magistrat à la Cour suprême, sans en être sûr mais actuellement il doit être à la retraite depuis 4 ans et depuis lors je n’ai plus reçu de ses nouvelles. J’espère qu’il n’est pas décédé. Nous étions restés amis et correspondions de temps en temps mais, depuis près de 4 ans, donc sa retraite, Mamadou ne répond plus à mes messages et cela m’inquiète car je l’aimais bien. Ousmane pourrait-il se renseigner pour savoir ce qu’il est devenu et lui demander de m’envoyer à nouveau de ses nouvelles ? A l’avance, merci.