N° 467 Un vrai pas vers la paix en 2024, ou une année à hauts risques.

2024 : un geste fort hautement symbolique pour la paix, ou une année pleine de dangers !

À la veille du Nouvel An, à quelques heures de sa déclaration de vœux aux Français, le président Emmanuel MACRON doit encore penser et repenser au message qu’il doit délivrer à la nation.

Le 31 décembre 2023, son intervention revêtira une importance toute particulière, pour lui, et pour tous les Français qui attendent son message.

En lisant dans la presse les commentaires des analystes politiques qui anticipent sur ce que pourraient être les contours du discours présidentiel, on ne peut qu’être affligé par l’indigence et l’inconséquence de leurs prévisions, faites à partir des quelques bouts d’informations qu’ils ont réussi à glaner en provenance de l’Élysée.

Samedi 30 dans Sud Ouest on trouve par exemple :

« Le président de la République veut donner un second souffle à un second quinquennat souvent à la peine. Élections européennes, Jeux olympiques, rendez-vous diplomatiques, réformes… Les défis sont multiples.

Un nouveau cap et un nouvel élan. Emmanuel MACRON espère tourner la page d’une année mouvementée et amorcer une relance de son quinquennat, lors de ses vœux à la Nation dimanche, en attendant le grand « rendez-vous » qu’il a promis en janvier aux Français et celui des JO avec le monde. »

Tous les commentaires se ressemblent plus ou moins, car tous ont été rédigés à partir des mêmes éléments de langage généreusement fournis par l’Élysée.

Il y a dans ces prévisions une troublante non contextualisation des supposés propos du président. Comme si sa déclaration ne se faisait pas dans une période particulièrement troublée.

Depuis le 24 février 2022, depuis l’entrée des soldats russes en Ukraine, les pays de l’Union européenne en général, et la France en particulier, payent cher, économiquement et diplomatiquement leur fidélité au camp occidental.

Depuis le 7 octobre 2023, depuis les horreurs commises par le Hamas, la France, où vivent le plus de Juifs et de musulmans de toute l’Europe, se trouve extrêmement divisée, alors qu’elle doit faire face à une situation culturellement, socialement, politiquement et diplomatiquement des plus incertaines.

Les responsables politiques français avaient la faiblesse de croire qu’il suffisait de répéter en boucle « Il ne faut surtout pas importer en France le conflit israëlo-palestinien. »  pour exorciser le mal.

Le mal est malheureusement aux portes du pays. Il suffit de consulter les sites internet propalestiniens francophones pour comprendre que l’heure est grave. Le moindre incident peut provoquer des affrontements interethniques et/ou interreligieux en Europe et/ou en France.

Après avoir provoqué deux guerres mondiales, les Européens ont prétendu construire un monde sans guerre : « L’Europe c’est la paix ». Ils avaient juste oublié un détail, pour maintenir la sécurité, il faut maintenir l’ordre, et pour maintenir l’ordre il faut des forces de l’ordre.

Les Européens n’ont malheureusement plus les moyens, ni de leurs indignations, ni de leurs exigences morales, ni même celles qu’ils affectionnent le plus, les indignations à deux vitesses.

À 7 mois des jeux olympiques à Paris, la France doit absolument tout faire pour que naisse urgemment au Moyen-Orient un espoir de paix, aussi mince soit-il.

Le 8 octobre les dirigeants français ont affiché très nombreux leur soutien inconditionnel à Israël.

Mais dès le 26 octobre le représentant français à l’ONU a voté la résolution A/ES-10/L.25, alors que seuls 14 États ont voté contre, dont les États-Unis et Israël.

Le mardi 12 décembre, l’Assemblée générale de l‘ONU a réclamé à une écrasante majorité « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Gaza. La résolution a été adoptée par 153 voix pour (dont la Chine, la France et la Russie, contre 10 (dont Israël et les États-Unis).

En 2023, sur 193 États membres de l’ONU, 139 reconnaissent  l’État d’Israël et l’État palestinien. Malheureusement pour la paix ce ne sont pas les mêmes.

En 2023, sur 193 États membres de l’ONU, 139 reconnaissent l’État d’Israël.

En 2023, sur 193 États membres de l’ONU, 139 reconnaissent l’État palestinien.

L’État palestinien n’a accédé à l’Unesco qu’en 2011, grâce à une demande de l’Algérie, et n’a été admis comme État observateur non-membre de l’ONU, que le 29 novembre 2012, avec 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.

En décembre 2023, toujours non membre officiel de l’ONU, l’État palestinien bénéficie du soutien d’un nombre considérable d’États, malgré les crimes commis par le Hamas, entité palestinienne.

Le 12 décembre, le vote de la résolution de l’ONU réclamant « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Gaza, a montré qu’Israël, bien que victime, bien que reconnu par autant d’États que la Palestine, bénéficie en ce moment de 15 fois moins de soutiens que la Palestine.

Ces données n’ont bien sûr pas échappé au président français, qui mesure chaque jour un peu plus les conséquences dramatiques que pourraient avoir, dans certains territoires perdus de la République, la poursuite de bombardements israéliens massifs sur la bande de Gaza.

Comme les États-Unis, et la plupart des Occidentaux, la France exige de Benyamin NETANYHAOU, avec de plus en plus d’insistance, qu’il éteigne l’incendie qu’il a lui-même provoqué.

Bien que reconnaissant tous à Israël le droit absolu de se défendre contre le Hamas, avec un cynisme et un aplomb confondants, les pays de l’OTAN, « experts en frappes chirurgicales », demandent aujourd’hui à Tsahal de bombarder avec plus de discernement, et de respecter un cessez-le-feu.

Même ceux qui prient pour la paix savent qu’elle ne tombe pas du ciel. Pour faire éclore la paix il faut lui donner toutes les chances de fleurir, en commençant par éliminer les obstacles les plus évidents.

Le gouvernement israélien, les dirigeants du Hamas, et les dirigeants de l’État palestinien, actuels, ont tous fait la démonstration de leur incapacité quasi congénitale à penser une paix viable en Palestine, ne laissant à leurs ennemis que le choix entre la valise ou le cercueil.

Il faut donc offrir d’urgence aux Juifs et aux Arabes d’Israël et de Palestine la possibilité de se choisir d’autres dirigeants.

Depuis l’apparition des trois religions du Livre, les Juifs, les chrétiens et les musulmans, se déchirent pour garder Jérusalem pour eux tous seuls. Il est temps que la famille humaine acquière la sagesse d’apprendre à partager, et de vivre dans l’indivision.

À la veille du premier jour de cette nouvelle année, explorer les chemins qui pourraient conduire à un commencement de paix entre Israéliens et Palestiniens paraît insensé. Mais, aujourd’hui, la seule chose vraiment insensée est de s’interdire de penser et de croire la paix possible au Moyen-Orient.

Dans l’article N° 465 Internationalisation des lieux saints ou guerre sans fin ? l’ICEO veut offrir aux Juifs et aux Arabes d’Israël et de Palestine un plan de marche vers la paix, modeste, mais réaliste et crédible, susceptible de faire naître une espérance.

Souhaitons qu’en 2024 cette espérance puisse être très largement partagée.

[Le 3 janvier 2024, 12 H10 B. B., Saint Clément de Rivière] :  Merci  pour  cet excellent article, qui démolirait la presse mainstream (et pas que)  si l’on y croyait encore.

[Le 1er janvier 2024, 12 H10 J-M. M., Rodez] : L’année 2023 se termine fort mal. En effet, la situation en Europe Orientale comme au moyen-Orient est particulièrement dangereuse. Le refus des uns et des autres de faire en sorte que l’Ukraine reste une zone neutre nous a amené à une situation  de blocage où le conflit va s’éterniser. Les belligérants vont être considérablement affaiblis, démographiquement , comme économiquement.  Au moyen-Orient, la situation est tout aussi dangereuse. A la cruauté, la folie meurtrière du Hamas, Israël répond par une guerre totale. Je ne sais si l’objectif final est de chasser les palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Si cela est le cas, cela est très grave. Les pays du sud vont associer tout  l’Occident à cet événement. Toute initiative comme la proposition de créer en Palestine une zone internationale ou les trois religions monothéistes puissent célébrer leur culte dans le respect mutuel est pleine de bon sens.

Que 2024 voit la victoire de la sagesse sur toutes les postures tactiques minables !

[Le 31 décembre 2023, 14 H15, J-C. G., Montpellier: Peu de choses à redire sur la forme ; sur le fond, c’est excellent.

[Le 31 décembre 2023, 13 H25, E. L., Caen: Enfin une proposition concrète argumentée dans l’article n° 465. Félicitations à ICEO pour ce travail ingrat, mais au combien utile. Le président serait bien inspiré de faire état de votre proposition d’internationalisation des lieux saints comme préalable à toute interruption des combats.