N° 474 Révélations de Jack MATLOCK, ancien ambassadeur des États-Unis en URSS

L’ancien ambassadeur des États-Unis en URSS de 1987 à 1991, Jack MATLOCK, révèle la doctrine d’hégémonie des USA.

 

Les États-Unis ont « hérité » de la Doctrine BREJNEV, déclare le dernier ambassadeur américain en Union Soviétique, Jack MATLOCK. En tant que l’un des hommes qui ont négocié la fin de la Guerre Froide, l’ambassadeur MATLOCK parle dans une interview franche de la manière dont les États-Unis ont utilisé systématiquement et sans remords des opérations de changement de régime depuis que l’URSS a officiellement cessé de le faire et comment les motivations pour ces changements sont, comme elles l’étaient pour l’URSS, une question d’idéologie. Pour diffuser « l’ordre mondial libéral« , les États-Unis aujourd’hui iraient plus loin que leur ancien rival.

Essai de l’ambassadeur MATLOCK : The Christmas Gift that Keeps Giving

L’ambassadeur MATLOCK est né en 1929, formé aux universités Duke et Columbia, il est entré dans le service diplomatique en 1956 et est allé jusqu’à devenir ambassadeur des États-Unis en Union Soviétique de 1987 à 1991, ses fonctions à Moscou se terminant seulement quelques mois avant la dissolution du pays lui-même. Il a travaillé de manière célèbre avec le président REAGAN et BUSH Senior pour mettre fin à la Guerre Froide, ce qu’il continue de souligner s’est produit grâce à un accord mutuel et à une bonne diplomatie, et non à cause de la dissolution de l’Union Soviétique.

Révélations de Jack MATLOCK [Études sur la Neutralité – le 21 février 2024]

Les cinq dernières minutes :

Jack MATLOCK : … Il semble qu’il y ait une idée qui règne comme quoi il est avantageux pour un pays d’étendre son influence.

Cependant, comme chaque empire l’a appris, il n’y a rien qui vous affaiblit plus à long terme que d’essayer de gouverner des gens qui ne veulent pas que vous les gouverniez.

De plus, les étrangers ne sont généralement pas les meilleures personnes pour s’impliquer dans ce qu’on pourrait appeler une dispute familiale.

Ce qui se passe en Ukraine est vraiment une dispute familiale, avec tous les éléments psychologiques d’une guerre civile.

Depuis les 30 dernières années environ, ces pays sont indépendants. Nous devons nous rappeler que ce ne sont pas des pays dont les frontières ont été fixées au cours des siècles et défendues comme sacrées.

L’éclatement de l’Union soviétique signifiait que tous étaient confrontés à des problèmes très difficiles de passage à une économie concurrentielle à partir d’une économie contrôlée par l’État, entre autres choses.

Ce sont des processus très complexes, et un étranger ne peut pas aider beaucoup s’il prend parti pour un parti ou l’autre. Le mieux que vous puissiez faire est d’essayer de servir d’intermédiaire, peut être ?

Cela devrait être un rôle semblable à celui que les Norvégiens ont joué dans les années 1990, qui a presqu’abouti à une solution à deux États, Israël et la Palestine.

Mais ce type de diplomatie semble avoir été abandonnée.

Au lieu de cela le monde est divisée entre NOUS et EUX.

Ce qui, je pense, est une grave erreur.

Pascal LOTTAZ : Je le pense aussi, c’est pourquoi j’ai appelé cette chaîne : Études sur la Neutralité.

[Le 27 février 2024, 14 H00, B. B., Saint-Clément de Rivière] : Super intéressant cet entretien avec J MATLOCK.… dommage qu’il ai passé l’âge de se présenter à la présidentielle, bien que…. Cela nous permettrait peut être d’éviter le pire à venir.

[Le 23 février 2024, 19H 55, J-M. R., Alet-les-Bains] : Dans un article de la revue de géopolitique CONFLITS (n° 50, page 9 et ss.) Pierre LELLOUCHE (universitaire et co-fondateur de l’IFRI, ancien député et ancien secrétaire d’État aux affaires européennes), dit en parlant de nos dirigeants politiques qu’ils n’ont toujours rien compris à l’évolution du monde et à la perte d’influence de l’Occident ; que jamais le décalage n’a été aussi grand entre les proclamations officielles et la réalité des évènements ; que notamment, la guerre en Ukraine n’a jamais été pensée sur le plan stratégique mais que c’est une guerre émotionnelle (et j’ajoute idéologique) ; que nous avons ainsi fabriqué le cauchemar de KISSINGER, soit l’alliance de la Russie avec la Chine, plus la Corée du Nord et l’Iran, soit quatre puissances nucléaires.

Il rejoint ainsi tout ce que pensent et disent les observateurs et analystes indépendants les plus lucides qui font réellement autorité intellectuelle en la matière contrairement à ce que l’on nous débite  à longueur d’antenne sur les chaines d’info ou d’intox continue depuis deux ans : leurs prétendus experts militaires, tous retraités de l’OTAN, dans leurs débats à sens unique d’où toute contradiction est écartée,  poussent à la poursuite de cette guerre par Ukrainiens interposés en toute irresponsabilité, à la remorque de nos dirigeants sans culture géopolitique mais aveuglés par leur idéologie au point qu’ils font tout à contresens de nos intérêts bien compris.

Pierre LELLOUCHE me conforte, comme tant d’autres esprits libres et lucides (que l’on refuse d’écouter en les traitant d’adorateurs de POUTINE), dans l’opinion que j’ai déjà exprimée de longue date que si, au lieu de jouer les boute-feux, l’OTAN et l’UE (et la France en particulier) avaient, tant qu’il en était encore temps et en prenant en compte les avertissements de la Russie, incité l’UKRAINE à  garder ou adopter le statut de neutralité que son nom même lui suggérait, celle-ci aurait évité cette guerre, la mort tragique de toute sa jeunesse héroïque et la ruine de son économie. Et nous, nous ne serions pas sur la voie du déclin que chacun peut constater, pour nous être engagés dans des politiques contraires à nos intérêts bien compris.

[Le 23 février 2024, 18H05, P. C., Notre-Dame-de-la-Rouvière] : C’est avec beaucoup d’attention et beaucoup d’émotion que j’ai écouté l’ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou, Jack MATLOCK. J’ai eu la chance et l’honneur de le rencontrer une première fois à Budapest en novembre 2007, dans le cadre du Forum organisé par la fondation crée par l’ancien président de l’URSS, Mikhail GORBATCHEV. Je l’ai retrouvé en octobre 2010 à Sofia, au cours d’une nouvelle réunion du New Policy Forum.

À Sofia, 4 ans avant les événements de la place Maïdan à Kiev, la question des relations de l’Ukraine avec la Russie et l’Union européenne a été abordée, notamment par un économiste de sciences-Po (Paris), Jean-Pierre PAGÉ.

J’ai bien retenu de l’exposé documenté de Jean-Pierre PAGÉ, et de la discussion qui a suivi qu’il ne fallait surtout pas obliger les Ukrainiens à choisir entre l’Est et l’Ouest, car dans la partie Est de l’Ukraine il était impossible pour beaucoup d’imaginer rompre totalement avec la Russie.

Il est intéressant de relire la liste des participants au Forum de Sofia. On peut voir que plusieurs de ceux qui étaient présents à Sofia n’ont à l’évidence pas bien entendu les avertissements de Jean-Pierre PAGÉ : Liste des participants à la réunion de Sofia organisée par le NPF du 7 au 9 novembre 2010

[Le 22 février 2024, 12 H00, J-C. G., Montpellier] : Un exposé clair, fait par un  témoin et un acteur de l’Histoire, qui sait, lui, de quoi il parle.