N° 503 Affichage des dix commandements dans les salles de classe : un sacrilège ?

La Louisiane, premier État américain à l’imposer.

En France, lors des élections législatives, les journalistes des principaux médias ont très majoritairement appelé à voter pour les candidats appartenant à l’arc républicain, afin de faire barrage à l’éventuelle arrivée au pouvoir du Rassemblement national.

Aux États-Unis, pour les élections présidentielles, les journalistes des grands médias longuement installés, ont fait très majoritairement campagne pour la candidate démocrate, Kamala HARRIS, non pas pour son programme, ou pour ses qualités personnelles, qu’on peine souvent à percevoir, mais pour faire barrage à un éventuel retour au pouvoir de Donald TRUMP.

Après que le « danger fasciste » a été écarté en France, les journalistes français se sont inquiétés de son arrivée aux États-Unis. Depuis la mi- juillet, les artisans désœuvrés de l’arc républicain en France se sont mués en artisans actifs d’un arc anti-républicain transatlantique. Comme s’ils avaient le pouvoir de convaincre les électeurs américains, dont un grand nombre ne sait pas où situer l’hexagone sur une mappemonde, ils ont continûment et longuement dénoncés les turpitudes de Donald TRUMP, les tares de ses principaux soutiens, et les abominations auxquelles souscrivent nombre d’électeurs républicains.

Lorsque la Louisiane est devenue, le 19 juin 2024, le premier État américain à inscrire dans la loi l’obligation d’afficher les dix commandements dans toutes les salles de classe des écoles publiques, de la maternelle aux universités, les Français n’ont pas alors prêté attention à l’information diffusée dans Le Monde du 20 juin, tout occupés qu’ils étaient à consolider leur arc républicain.

Début novembre, à quelques jours des élections présidentielles aux États-Unis, la journaliste de LCI, Margot HADDAD s’est, elle, soudain souvenue qu’un gouverneur d’un État conservateur du Sud avait osé promulguer une loi faisant obligation aux établissements scolaires et aux universités d’afficher dans tous leurs locaux les dix commandements.

La promulgation de cette loi était à l’évidence pour elle, une sorte d’arriération mentale, voire une grave atteinte à la liberté de penser.

Ni dans la dépêche de l’AFP en juin, ni dans les propos de Margot HADDAD en novembre, ne se trouve le moindre rappel de ce que disent et représentent les dix commandements.

Les téléspectateurs de LCI, comme les lecteurs du journal Le Monde ont donc été invités à s’indigner d’une loi sans pouvoir juger immédiatement par eux-mêmes ce que serait le motif sérieux de leur indignation sur commande.

En quoi le fait de rappeler le décalogue, les dix commandements, gravés sur des tables, que Dieu aurait remis à Moïse sur le mont Sinaï, pourrait-il être hautement blâmable, alors que dans ce pays les présidents élus jurent serment sur la Bible depuis plus de deux siècles ?

Quand les responsables politiques américains terminent leurs discours ils les terminent souvent par « God bless America ». Ce qui a conduit le philosophe Pierre BOUTANG a forger en 1978 le néologisme « théodémocratie » pour désigner la « religion civile », la laïcité « à l’américaine », propre aux États-Unis.

Comme la plupart des Français, madame Margot HADDAD est probablement incapable de citer les dix commandements, que ce soient ceux la Torah, ceux de l’Église catholique en particulier, ceux des chrétiens en général, ou enfin ceux qu’on trouve dans le Coran.

Les dix commandements pour les Juifs

Les dix commandements pour les chrétiens

Les dix commandements dans le Coran

Pour les trois religions monothéistes les dix commandements reprennent sensiblement les mêmes interdits, qui font partie pour la majorité d’entre eux de ce qui relève du sens commun aujourd’hui dans presque toutes les sociétés évoluées, les États de droit.

1          Tu ne dois pas adorer un dieu autre que Dieu.

2          Tu ne te fabriqueras pas d’idole.

3          Tu n’utiliseras pas le nom de Dieu pour tromper.

4          Tu ne briseras pas le Sabbat.

5          Tu ne déshonoreras pas tes parents.

6          Tu ne tueras pas.

7          Tu ne commettras pas d’adultère

8          Tu ne voleras pas.

9          Tu ne commettras pas de parjure.

10        Tu ne convoiteras pas le bien d’autrui.

Les opposants à la loi votée en Louisiane font valoir que cette loi viole le premier amendement de la Constitution des États-Unis qui prohibe l’établissement d’une religion nationale ou la préférence d’une religion sur une autre.

Les Juifs, les chrétiens et les musulmans de toutes obédiences accordent aux dix commandements une grande et même importance, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas être considérés comme appartenant à une seule de ces trois religions. Il ne peut donc être question de préférence d’une religion sur une autre.

Par contre, à l’évidence, imposer les dix commandements dans les écoles, notamment le premier des commandements, c’est imposer une croyance nationale en l’existence de Dieu.

Aux États-Unis, comme cela le serait en France, il est clair que les plus farouches opposants à l’affichage des dix commandements dans les salles de classes le sont plus par rejet du christianisme que par attachement scrupuleux à la laïcité.

L’article du journal Le Monde, ci-dessous, n’indique pas si les musulmans ont manifesté beaucoup d’opposition à la loi promulguée en Louisiane. Il aurait été intéressant de chercher à le savoir.

Car en effet, en terre d’Islam, ce n’est pas d’afficher les dix commandements qui est condamnable et dangereux, mais c’est de s’afficher kouffar, et se montrer fier de l’être, fier d’être un mécréant.

En France, dans les territoires perdus de la République, les enseignants se plaignent de ne plus pouvoir enseigner la totalité du programme scolaire, notamment lorsqu’ils devraient aborder l’histoire des religions.

Samuel PATY est mort d’avoir abordé des sujets qui heurtaient les convictions religieuses de ses élèves.

Si des enseignants travaillant dans des quartiers sensibles osaient afficher les dix commandements dans leur salle de cours, et les explicitaient, ils ne courraient probablement pas ce risque. En revanche ils offriraient à leurs élèves la chance d’apprendre sereinement qu’il y a des choses qu’on doit s’interdire de faire, que l’on croie ou que l’on ne croie pas en l’existence de Dieu.

Les dix commandements en classe

La Louisiane impose l’affichage des dix commandements dans les salles de classe

« Si l’on veut respecter l’État de droit, alors il faut partir de la loi originelle, celle de Moïse », a justifié le gouverneur républicain de cet État du Sud. La grande organisation américaine de défense des libertés a remis en question la constitutionnalité de cette loi et annoncé qu’elle portera l’affaire devant la justice.

Le Monde avec AP et AFP

Publié le 20 juin 2024

La Louisiane est devenue, mercredi 19 juin, le premier État américain à inscrire dans la loi l’obligation d’afficher les dix commandements dans toutes les salles de classe des écoles publiques, de la maternelle aux universités, et ce d’ici au début de l’année 2025.

Jeff LANDRY, le gouverneur républicain de cet État conservateur du Sud, a promulgué une proposition de loi qui prévoit que les dix commandements soient affichés sur des posters ou dans un cadre suffisamment « large et avec une police adaptée pour être lisibles ». « Car si l’on veut respecter l’État de droit, alors il faut partir de la loi originelle, celle de Moïse », a-t-il dit lors d’une cérémonie de signature.

Les opposants ont remis en question la constitutionnalité de cette loi. La grande organisation américaine de défense des libertés (American civil liberties union, ACLU) a aussitôt dit qu’elle porterait l’affaire devant la justice.

« La loi viole la séparation de l’Église et de l’État et est clairement anticonstitutionnelle », a-t-elle dit dans un communiqué. Le premier amendement de la Constitution des États-Unis prohibe l’établissement d’une religion nationale ou la préférence d’une religion sur une autre. Selon l’ACLU et deux autres associations, cette loi empêchera les élèves ayant des croyances différentes de se sentir en sécurité à l’école.

Une signification historique pour les partisans de la loi

Les partisans de cette loi rétorquent que la mesure n’est pas uniquement religieuse, mais qu’elle a une signification historique. Dans le langage juridique, les dix commandements sont « les documents fondateurs de [l’]État et d[u] gouvernement national », clament-ils.

Les affiches seront accompagnées d’une « déclaration contextuelle » de quatre paragraphes décrivant comment les dix commandements « ont constitué une partie importante de l’éducation publique américaine pendant près de trois siècles ».

Selon la loi, les fonds publics ne seront pas utilisés pour sa mise en œuvre. Les affiches seraient financées grâce à des dons.

D’autres États conservateurs de « la ceinture biblique » du sud des États-Unis − comme le Texas ou l’Oklahoma − ont tenté d’adopter des mesures similaires, mais ont renoncé face aux menaces de recours juridiques sur leur constitutionnalité.

Le Monde avec AP et AFP

[Le 5 novembre 2024, 19 H05, J-M. R., Alet-les-Bains] : Intéressant rappel !

[Le 4 novembre 2024, 12 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Cachez ces dix commandements que je ne saurais voir !