N° 553 Algérie, Mali, Maroc, Russie : un vote à l’ONU qui annonce d’énormes changements

La résolution nº1122, rédigée par les États-Unis, a été adoptée à 11 voix pour, 0 contre et 3 abstentions. La Russie, la Chine et le Pakistan se sont abstenus tandis que l’Algérie isolée a refusé de prendre part au vote. 

Dans la capitale Rabat, comme à Casablanca, des milliers de Marocains ont célébré le vote du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’une nouvelle résolution concernant le Sahara occidental, le vendredi 31 octobre. Le vote de l’ONU reconnaissant le plan d’autonomie proposé par le Maroc éloigne l’idée d’un référendum d’autodétermination. Et pour la rue marocaine, c’est un pas de plus vers la reconnaissance de la souveraineté du royaume sur ce territoire disputé depuis 50 ans.

Dans les faits, le Conseil de Sécurité affirme, au conditionnel, qu’une « autonomie pourrait représenter la solution la plus praticable ». Pour le Roi Mohamed VI qui s’est exprimé à la télévision, il s’agit d’un « tournant décisif ». Il appelle aussi à un dialogue entre le Maroc et l’Algérie pour dépasser « les différends », ce qui soulève des espoirs de réconciliation.

« Bien sûr ce sont nos frères, ils ont toujours été frères avec nous, malheureusement l’histoire a un peu déraillé à un certain moment, mais certainement, on va se réunir, le sang nous réunit, la religion, la paix et l’humanité. »

Les États-Unis ont fait part de leur volonté de parvenir à un accord entre le Maroc et l’Algérie « dans les soixante jours ».

L’ONU adoube ainsi la marocanité du Sahara occidental.

Le Conseil de sécurité a voté le plan marocain pour le Sahara occidental par onze voix sur quinze. L’aboutissement de quinze ans de diplomatie marocaine et de déterminisme.

La résolution nº1122, rédigée par les États-Unis, a été adoptée à 11 voix pour, 0 contre et 3 abstentions. La Russie, la Chine et le Pakistan se sont abstenus tandis que l’Algérie a refusé de prendre part au vote. La résolution prend position pour le plan présenté par le Maroc en 2007 – une autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental – le décrivant comme la solution “la plus réalisable” pour le territoire disputé.

Le correspondant d’ICEO à Meknès a lu avec un évident plaisir le tweet de Marine LE PEN, ci-dessous, au point de nous  le relayer dès qu’il en a pris  connaissance.

Pourquoi la Russie n’a t’elle pas voté contre la résolution n° 1122 ?

Les Marocains attendaient depuis un demi-siècle que l’Organisation des Nations Unies reconnaisse la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, correspondant en partie à l’ancien Sahara espagnol, territoire sous domination espagnole de 1884 à 1976,

Dès que le Maroc a recouvré son indépendance en 1956, le roi Mohamed V a courageusement accueilli des combattants du FLN dans son royaume. Il a aussi reconnu le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne dès sa création, en 1958.

Le 6 juillet 1961 à Rabat, un an avant l’indépendance de l’Algérie, à peine arrivé sur le trône, le jeune roi Hassan II, a signé avec Ferhat ABBAS, président du GPRA pour encore tout juste un mois, une convention visant à reconsidérer sereinement les frontières héritées de l’ère coloniale.

Les frontières tracées par la France et l’Espagne n’ont jamais fait oublier aux Marocains le souvenir du Grand Maroc. Dans la partie Ouest de l’Algérie de nombreuses populations avaient gardé longtemps un vivant attachement à l’Empire chérifien.

À peine arrivé à la tête du tout nouvel État, les dirigeants algériens, qui ont réussi à faire main basse sur le pouvoir, se sont malheureusement empressés de renier la plupart des engagements du GPRA, dont les accords de Rabat de 1961.

À peine indépendante, pleine d’ingratitude à l’égard des Marocains, l’Algérie s’est ainsi retrouvée en conflit armé avec le Maroc. La Guerre des sables a duré de septembre 1963 à février 1964.

Les tensions entre le Maroc et l’Algérie n’ont jamais cessé depuis.

Depuis 1962, l’Union soviétique puis la Russie n’avaient jamais cessé de soutenir le régime algérien.

Pourquoi la Russie vient-elle de mettre un terme à cette longue alliance quasi inconditionnelle ?

Bernard LUGAN apporte dans la vidéo ci-dessous une réponse à cette question fondamentale pour l’avenir des relations entre la France et l’Algérie.

Africaniste, auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire du Maroc et de l’Algérie, Bernard LUGAN analyse dans cette vidéo les évolutions récentes des deux pays. Vision économique du Maroc, projet de gazoduc depuis le Nigeria et débouchés à Tanger Med. Alliance entre l’Algérie et la Russie et retournement de situation diplomatique. Rentes mémorielle et énergétique. Une analyse pour comprendre les politiques de ces deux grands États d’Afrique du Nord.

Comme François BAYROU l’a rappelé en février 2002, « si on pense tous la même chose c’est qu’on ne pense plus rien ». D’où l’importance des débats et de la disputatio.

[Le 24 janvier 2025, 18 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Quelle belle histoire !