N° 163 Jean-Pierre RAFFARIN – Chine – Brexit – Allemagne – France – Union européenne

Émission BOURDIN direct sur RMC, ce matin, l’ancien premier ministre a affirmé : « L’Europe est une nécessité, autrement nous sortons de l’Histoire.« .

Interrogé par Jean-Jacques BOURDIN pendant moins de 20 minutes, Jean-Pierre RAFFARIN a livré sa pensée sur la Chine, sur le Brexit, sur la France, sur l’Allemagne et sur l’Union européenne. Ce bref entretien mérite vraiment d’être écouté.

Nos « amis » Britanniques auraient aussi tout intérêt à l’écouter !

Pour tous ceux qui ont lu sur ce site web l’article N° 161 Divorce : vérité du couple -Brexit : vérité de l’Union européenne, les déclarations de l’ancien premier ministre prennent un relief particulier. Jugez plutôt !

 

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À propos des relations conflictuelles avec les États-Unis ou la Chine, à propos du Brexit

 

Jean-Pierre RAFFARIN : La seule solution c’est l’Europe, et pour que l’Europe vive, il faut que le franco-allemand soit clair et engagé, de ce point de vue là si la France et l’Allemagne se réunissaient et disaient que sur [le système] Huawei, leur position est celle-ci, qu’elle soit positive ou négative, l’Europe gagnerait en indépendance, en souveraineté, et donc en capacité de négociation.

Jean-Jacques BOURDIN : L’Europe sans la Grande-Bretagne bientôt, la Grande-Bretagne qui va peut-être vouloir démontrer qu’en étant en dehors de l’Union européenne on réussit mieux qu’en étant à l’intérieur, n’est-ce pas le risque ?

RAFFARIN : C’est un risque, mais aussi, à nous de bien montrer que la stratégie de l’Europe continentale, c’est de faire en sorte que le Royaume-Uni ne soit pas dans une situation favorable dans son nouveau statut.

Son nouveau statut doit être pénalisant. C’est ce qu’a dit le président MACRON, et je partage cet avis.

 

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À propos de la force de dissuasion nucléaire française et des accords de défense en Europe.

 

BOURDIN : Est-ce que le rôle de la dissuasion nucléaire française est d’être mise au service de l’Europe ?

RAFFARIN :  D’être mise au service de l’Europe, oui, mais son rôle c’est d’essayer de convaincre les Allemands. Dans un premier temps, alors que l’Europe est un peu en crise parce qu’il y a ce processus de déconstruction, il nous faut redonner une dynamique, je pense que cette dynamique c’est l’énergie franco-allemand. Les Allemands, ils ont été très puissants, ils ne voulaient pas d’accord. Aujourd’hui ils ont une situation politique très difficile. Ils ont devant eux une crise du charbon et de la transition énergétique, ils ont devant eux une crise de l’automobile, ils n’ont pas un avenir aussi facile que çà. Ils auront aussi besoin de la France. J’en reviens à ce que je disais pour la crise en Chine, aujourd’hui un pays a besoin des autres, l’Allemagne aussi aura besoin des autres, et elle aura besoin de la France.

BOURDIN : Elle aura besoin peut être de la dissuasion nucléaire française ?

RAFFARIN : Bien sûr !

BOURDIN : Nous sommes le seul pays en Europe, …

RAFFARIN : Bien sûr !

BOURDIN : … le seul pays à posséder l’arme atomique

RAFFARIN : … en Europe continentale

BOURDIN : En Europe oui, le seul à part la Grande-Bretagne, qui n’est plus dans l’UE, ou qui ne sera bientôt plus dans l’UE,

RAFFARIN : Oui …

BOURDIN : J’imagine, un pays de l’Union européenne est attaqué militairement, est-ce que la France doit mettre au service de ce pays son arme nucléaire ?

RAFFARIN : Évidemment la France s’engage pour l’Union européenne, il est clair que la France doit, dans cette situation là, comme elle avait avec les Britanniques dans ce type d’hypothèse, elle doit assumer ses responsabilités. Mais je pense qu’elle aurait plus de force si tout cela se faisait par un accord franco-allemand, qui serait un accord de base de cette nouvelle Europe.

BOURDIN : Un accord militaire ? Un accord …

RAFFARIN : Un accord stratégique

BOURDIN : Stratégique ?

RAFFARIN : Absolument, je crois que c’est indispensable, autrement nous sortons de l’Histoire.

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Vers une Europe de la défense, avec 26 passagers clandestins ?

 

En sciences économiques et en sociologie, on désigne sous le nom de passager clandestin celui qui cherche à tirer avantage d’un organisme ou d’une structure, sans vouloir jamais payé de juste quote-part, ni pour les frais de gestion, ni encore moins  pour les frais de création.

[Le 10 février 2020, 12 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : L’Europe de la défense est mal partie !