N° 460 La mémoire du président Mikhaïl GORBATCHEV honorée par la Faculté de droit de Montpellier

Le jeudi 26 octobre 2023

Cérémonie de dévoilement de la plaque commémorant la venue de l’ex président de l’URSS Mikhaïl GORBATCHEV dans l’amphithéâtre URBAIN V de la Faculté de droit de Montpellier le vendredi 25 novembre 2011.

Le 26 octobre, jusqu’à 9 H30, le déroulement de la cérémonie se présentait sous les meilleurs auspices. L’heure d’arrivée à la gare Saint Roch du conférencier était fixée à 11H 38. Andreï GRATCHEV ne devait commencer son exposé qu’à 16 heures. Les organisateurs pensaient donc avoir prévu suffisamment large pour pouvoir rester sereins.

C’était compter sans les aléas de la SNCF, dont les retards ont malheureusement tendance à se montrer de plus en plus fréquents et de plus en plus longs.

Le TGV pour Montpellier, dans lequel Andreï GRATCHEV avait pris place, devait quitter la gare de Lyon à 8H 26. Mais, après une attente de près d’une heure, mauvaise nouvelle, une annonce prévint les passagers que leur train allait avoir 3 heures et demie de retard, au moins.

Immédiatement, branle-bas de combat, à Paris et à la Faculté de droit de Montpellier.

Grâce, à l’exceptionnelle réactivité du conférencier, à celle du personnel de la faculté, et à la visioconférence, la cérémonie put se dérouler selon le programme prévu, au grand soulagement des organisateurs.

26 octobre 15H54, dernière inquiétude pour la liaison avec le conférencier 

15H55, le président de l’Université peut enfin orchestrer l’évènement 

Le doyen de la Faculté s’exprime le premier 

Il dit la grande satisfaction qu’il a de pouvoir participer à une telle cérémonie    

Andreï GRATCHEV suit l’évènement avec attention et une grande émotion   

15H 58, le secrétaire général d’ICEO a la parole à son tour   

Tout d’abord un grand merci à M. le Doyen CLAMOUR pour sa longue patience à répondre à nos attentes dans la préparation de cette cérémonie pour la pose de la plaque commémorative que nous dévoilons ici aujourd’hui.

Ensuite, très brièvement, quelques mots pour dire mon admiration particulière pour l’œuvre accomplie en peu de temps par le président GORBATCHEV : il fut un visionnaire trop mal compris et suivi.

Il lui a fallu beaucoup de courage et d’abnégation pour sortir des pesanteurs du régime et lancer les réformes qu’il voulait entreprendre dans un contexte idéologique et politique hostile, tant dans la classe soviétique dirigeante que dans l’encadrement social et économique. Dans ces épreuves, il a bénéficié du soutien moral constant de son épouse Raïssa dont il faut aussi saluer la mémoire.

Je voudrais aussi souligner pour ma part ce concept de « MAISON COMMUNE » qu’il a tenté sans relâche de promouvoir auprès des États européens pour leur proposer un partenariat constructif et durable après la dissolution du Pacte de Varsovie. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été payé de retour : aucun soutien réel, beaucoup de réticence et de duplicité des Occidentaux en réponse à ses avances répétées. Belle occasion perdue pour l’avenir de l’Europe ! Et s’il faut chercher les origines et les causes lointaines du conflit actuel, à mon avis, elles sont là.

Paix à son âme et hommage à son action.

16H 02, le président de l’Université commence son intervention   

lorsque l’ancien ministre d’État, Jean-Claude GAYSSOT, fait son apparition  

le président reprend la parole, pour dire tout l’honneur qu’il a eu de pouvoir

accueillir en 2011, dans cet amphithéâtre, l’ex-président   Mikhaïl GORBATCHEV   

 16H 12, le président remercie le dernier intervenant 

La plaque commémorative est alors dévoilée   

sous les applaudissements de l’assistance

La plaque répond aux codes graphiques adoptés par la Faculté de droit

Article publié dans Midi-Libre le 27 octobre

À la suite de la cérémonie de dévoilement de la plaque commémorant la venue de M. GORBATCHEV à Faculté de droit de Montpellier -Vidéo conférence d’Andreï GRATCHEV.

Avec un retard d’un quart d’heure, la conférence suivie d’un débat commence

l’assistance est tout ouïe et ravie

À la demande du doyen de la Faculté de droit, Andreï GRATCHEV a aimablement accepté de rédiger un résumé de son intervention. 

Le monde de Mikhaïl GORBATCHEV

(Intervention d’Andreï GRATCHEV lors de la cérémonie organisée pour l’inauguration de la plaque commémorative consacrée à la participation de Mikhaïl GORBATCHEV à la session du Forum politique mondial à Montpellier en Novembre 2011).

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Mikhaïl Sergeevitch GORBATCHEV – dernier Secrétaire Général du Parti Communiste de l’URSS et premier Président démocratiquement élu de ce pays, Prix Nobel de la Paix – a réussi, en moins de six ans de son action politique (19851991), à marquer profondément le cours de l’histoire russe et la marche du monde.

En novembre 2011 Mikhaïl GORBATCHEV est venu à Montpellier sur l’invitation de la Présidence de la région du Languedoc-Roussillon et de l’ICEO pour participer à la réunion du New Policy Forum [Forum politique mondial] sur le thème « La Méditerranée, les vagues des changements. Le monde en évolution et la responsabilité des politiques ». Le 25 novembre il est intervenu à la faculté de droit de l’Université de Montpellier devant les étudiants et les professeurs de l’Université.

En cette année 2023, douze ans après la venue de Mikhaïl GORBATCHEV et plus d’un an après sa disparition en août 2022, l’inauguration d’une plaque commémorative consacrée à cet événement peut nous servir de bonne occasion, non seulement pour rendre hommage à la mémoire de ce grand homme politique, mais aussi pour rappeler le bilan de son action historique à la tête de l’ex-URSS et pour évoquer son testament politique mais aussi pour comparer la situation, en Russie et dans le monde d’aujourd’hui, avec le projet initial gorbatchévien.

Pour cela souvenons-nous de l’image de l’État soviétique et du climat international à l’époque où GORBATCHEV fut élu secrétaire général du Parti communiste – c’est à dire chef suprême de l’État soviétique, deuxième superpuissance mondiale. L’URSS des années 80 était, non seulement le plus vaste pays du monde, mais aussi le dernier Empire héritier de la Russie tsariste. Il contrôlait, en plus de son territoire, les pays de l’Europe de l’Est intégrés dans les structures du Pacte de Varsovie, tout comme une large famille de ses alliés dans le tiers monde qui s’étendait du Pacifique jusqu’ à l’Amérique Latine en passant par le continent africain.

Or, au bout de presque 70 ans, depuis sa création par son fondateur Vladimir LÉNINE, après la révolution russe de 1917 pour réaliser un projet bolchévique utopique qui devait offrir une voie alternative à l’histoire mondiale, ce géant qui était considéré comme le rival stratégique principal du bloc occidental dirigé par les États-Unis, manifestait des signes nombreux d’essoufflement.

Certes, dans le courant du 20ème siècle, l’URSS avait réalisé la transformation de l’ancienne Russie arriérée en une puissance globale incontestable et une société moderne. C’étaient bien les peuples de l’Union soviétique qui avaient apporté une contribution majeure dans la victoire des forces démocratiques contre le nazisme dans la seconde guerre mondiale. C’était aussi l’URSS qui avait réalisé l’exploit de l’envoi du premier homme dans l’espace, Yuri GAGARINE. Or, le prix de ces réalisations et les sacrifices supportés par le peuple soviétique pendant des décennies ont fait naitre, au sein de la société, le rejet du régime totalitaire et l’exigence de la modernisation du système politique et de la démocratisation de la vie sociale, pour faire face à l’évolution du monde.

Sur la scène internationale le colosse soviétique, empêtré dans la confrontation sur trois fronts en même temps (avec les pays de l’OTAN à l’Ouest, le monde musulman en Afghanistan et la Chine en Extrême-Orient) était plus que jamais isolé. Son économie s’écroulait sous le poids de la course aux armements imposée par le bras de fer avec le monde occidental et le pays ne pouvait plus se le permettre. Mais surtout c’étaient les nouvelles générations de soviétiques qui rejetaient de plus en plus ouvertement le système autoritaire et archaïque qui coupait le pays du reste du monde et barrait la route au développement et à la modernisation.

Mikhaïl GORBATCHEV est devenu le symbole et le porte-drapeau du projet de rénovation démocratique du pays et de son ouverture au monde. En seulement six ans, grâce à ses projets de réformes connus sous les noms de « Perestroïka » et de « Glasnost », il a permis à la Russie de tourner la page de son passé soviétique et de mettre fin au régime totalitaire. S’inspirant de la Nouvelle Pensée Politique, qu’il a placée à la base de la politique extérieure de la deuxième superpuissance nucléaire, il a écarté la menace de troisième guerre mondiale, déclenché le processus du désarmement nucléaire et rendu possible la chute du Mur de Berlin et l’unification de l’Europe.

Or, la chance offerte par GORBATCHEV à son propre pays et à la politique internationale n’a pas été utilisée. Les demandes de GORBATCHEV, adressées à ses partenaires occidentaux afin de faciliter la transition de l’économie étatisée et militarisée soviétique en une économie sociale de marché avec l’aide d’une sorte de « Plan Marshal » qui pouvait amortir le prix social des réformes, n’ont pas été entendues.

Son projet de « Maison Commune européenne » qui devait permettre l’intégration de l’Union soviétique dans la famille européenne a été rejeté sous la pression des forces pro-atlantistes, représentées surtout par les pays baltes et les pays de l’Europe de l’Est, soucieux de se séparer de la Russie, même post-communiste, par un nouveau « rideau de fer ». Les promesses faites à GORBATCHEV par les dirigeants occidentaux de ne pas élargir l’espace stratégique du bloc de l’OTAN en direction des frontières russes furent oubliées, tout comme leur engagement de remplacer l’ancien système de sécurité européenne basée sur la confrontation des blocs militaires par un système collectif.

Dans son propre pays, la résistance des forces conservatrices et la montée des courants nationalistes qui ont profité de l’affaiblissement de l’État centralisé ont provoqué l’éclatement de l’État fédéral et l’interruption du processus de réformes, forçant GORBATCHEV à la démission. Ses successeurs à la tête de la Russie, Boris ELTSINE suivi de Vladimir POUTINE, en rompant avec la voie des réformes démocratiques ont choisi de faire revenir le pays vers son passé d’État impérial autoritaire se méfiant de la coopération avec l’Occident.

Suite à cela, la Russie post-soviétique et le monde occidental sont sortis de la fin de la guerre froide non pas comme des partenaires souhaités par GORBATCHEV mais comme des rivaux qui dérivent vers une nouvelle confrontation. « A qui la faute ? » et « Que faire ? » – telles sont les questions fatidiques que ne cessent de se poser les responsables politiques mais aussi des représentants des peuples de l’Europe et du reste du monde qui redoutent la réapparition des nouvelles lignes de division disparues à la fin des années 80, suite à l’action courageuse de GORBATCHEV.

Renonçant à leurs propres promesses de s’engager de concert avec la Russie dans l’élaboration des nouvelles règles de conduite sur la scène internationale pour aboutir à l’élaboration d’un Code de Nouvel Ordre International, les pays occidentaux sont tombés dans le piège du paradigme de la « fin de l’histoire » qui devait consacrer le triomphe historique de l’Occident sur son rival soviétique.

Se sentant libérés des contraintes imposées par les impératifs d’équilibre stratégique entre l’Est et l’Ouest, les capitales occidentales se sont lancées dans les opérations de remodelage du monde selon les moules occidentaux. Cette politique des « mains libres » a pris la forme d’une succession d’actions unilatérales entreprises à travers le monde par ceux qui se sont attribué le rôle de nouveaux maitres.

De telles actions, au lieu d’apporter une accalmie dans les rapports internationaux résultant de la fin de la guerre froide et de la disparition du danger du conflit nucléaire, ont provoqué l’éclatement des « crises de nouvelle génération » : prolifération des conflits régionaux et des guerres locales, des guerres interethniques et des litiges territoriaux. Des guerres sanglantes dans l’ancienne Yougoslavie, en Irak, en Libye et en Syrie en sont devenues des exemples parlants.

Les deux phénomènes les plus significatifs qui ont marqué la scène internationale suite à ces tentatives de gérer les affaires du monde d’une façon unilatérale sont le réveil de l’islamisme radical et celui du revanchisme impérial russe qui ont provoqué les deux crises graves : le nouvel embrasement de la situation au Moyen-Orient et la guerre en Ukraine qui mettent le monde entier en danger de glissement vers un conflit mondial.

En rappelant les heures les plus sombres de l’époque de la guerre froide, dont la Nouvelle pensée politique proposée par GORBATCHEV aurait permis de sortir, cette situation critique souligne l’urgence et la nécessité de repenser son message et de revenir à sa vision d’un monde uni, humain et responsable qu’il nous a laissée.

17H30, après un exposé de 40 minutes et presqu’autant de temps de débat,

Andreï GRATCHEV salue l’auditoire qui l’a écouté avec une grande attention

À la suite de la vidéo-conférence d’Andreï GRATCHEV

18 heures 30 vidéo-débat d’Andreï GRATCHEV avec les membres de l’association « Les amitiés russes de Montpellier »

20 heures 15 dîner amical des responsables d’ICEO avec les responsables de l’association « Les amitiés russes » 

Quelques photos souvenir de ces deux moments – 1° dans l’amphi Urbain V et 2° au restaurant La Faluche

[Le 9 novembre 2023, 14H 45, J. P., Montpellier] : Bonjour ICEO, J’ai été très heureux et honoré de faire un bout de chemin avec ICEO et encore bravo pour ce moment exceptionnel que fut la venue de GORBATCHEV à Montpellier! Bien amicalement.

[Le 6 novembre 2023, 19H 45, R. R., Valleraugue] :  Coucou ICEO! Merci encore pour ces infos qui sont passionnantes !

[Le 3 novembre 2023, 18 H30, A. B., Nîmes] :  Cérémonie émouvante et exposé particulièrement intéressant. Je peux en témoigner.

[Le 27 octobre 2023, 23 H30, G. C., Le Crès] :  Trois vidéos souvenir d’une soirée très sympathique et très émouvante.