N°425 Au Sahel, voilà pourquoi le plus court chemin vers la guerre passe par la « démocratie »

Le jour même de la parution de son ouvrage, Les Guerres du Sahel, des origines à nos jours, l’auteur, Bernard LUGAN, a présenté et commenté son livre, pour Radio courtoisie.

Bernard LUGAN, est historien, ancien professeur à l’École de Guerre et à l’ESM (École Spéciale Militaire) de Saint-Cyr de Coëtquidan. C’est un spécialiste de l’Afrique connu et reconnu mondialement, notamment en Afrique. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages sur l’Afrique, et directeur de la revue numérique l’Afrique Réelle.

Bernard LUGAN et Radio courtoisie sentent si fort le soufre que, l’historien géographe africaniste, avant même que ses livres soient lus, et la chaîne de radio de débats, avant que les vidéos de ses enregistrements soient regardées, sont marqués par le sceau de l’infamie réservé à l’extrême droite.

Ceci est fort regrettable, car en refusant d’écouter a priori des propos qui peuvent nous déranger, on se prive de la chance d’arriver à comprendre enfin certains de tous ceux qui ne pensent pas comme soi.

La situation au Sahel est si difficile à analyser pour un Occidental, qu’il serait fou de refuser de prêter la moindre attention aux propos d’un expert, d’un spécialiste qui risque juste d’éclairer les idées.

L’armée française a été invitée à quitter le Mali. Il serait utile aujourd’hui d’essayer de comprendre pourquoi.

Quelles sont les origines des guerres du Sahel ? – Bernard LUGAN – Ligne droite le 15 février 2023

[Le 18 février 2023, 21H 45, M-C; O-M., Siegen] : Merci, très intéressante la critique exposée là. Je commençais à croire que la mauvaise image de la France relevait uniquement de la propagande de POUTINE.

[Le 18 février 2023, 7H 15, A. P., Caen] :  Vouloir imposer la démocratie, le suffrage universel, et le multipartisme, à des pays anciennement colonisés, multiculturels et multiethniques,  où la majorité de la population était analphabète à l’heure de l’indépendance, et le reste très largement pour les femmes, c’est vouloir la guerre de tous contre tous.

Le discours prononcé par un responsable de l’UNESCO, à Téhéran, en 1968, reste malheureusement d’une brulante actualité : d’abord savoir lire : L’analphabétisme et les droits de l’homme -UNESCO. – [1968]

[Le 17 février 2023, 3H 50, N. N., Saint-Nazaire] : Le fameux discours de La Baule prononcé le 20 juin 1990 par François MITTERRAND, apparaît de plus en plus cocasse.

« Il nous faut parler de démocratie. C’est un principe universel qui vient d’apparaître aux peuples de l’Europe centrale comme une évidence absolue au point qu’en l’espace de quelques semaines, les régimes, considérés comme les plus forts, ont été bouleversés. Le peuple était dans les rues, sur les places et le pouvoir ancien sentant sa fragilité, cessait toute résistance comme s’il était déjà, et depuis longtemps, vidé de substance et qu’il le savait. Et cette révolution des peuples, la plus importante que l’on eut connue depuis la Révolution française de 1789, va continuer… Si bien que l’histoire reste encore en jeu. Il faut bien se dire que ce souffle fera le tour de la planète ».

« La France n’a pas à dicter je ne sais quelle loi constitutionnelle qui s’imposerait de facto à l’ensemble des peuples qui ont leur propre conscience et leur propre histoire et qui doivent savoir comment se diriger vers le principe universel qu’est la démocratie »

« La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ; il y aura une aide normale de la France à l’égard des pays africains, mais il est évident que cette aide sera plus tiède envers ceux qui se comporteraient de façon autoritaire, et plus enthousiaste envers ceux qui franchiront, avec courage, ce pas vers la démocratisation »

Celui qui a dit ces mots, et celui qui les a écrits, Érik ORSENNA, ont tous deux parfaitement connu le Parti socialiste français, héritier de la SFIO.

François MITTERRAND est devenu Premier secrétaire du PS au Congrès d’Épinay en 1971, et Érik ORSENNA a rejoint la section des écrivains du Parti socialiste français en 1974, la même année que Régis DEBRAY et Max GALLO.

Tous ceux qui ont adhéré au PS en 1974 pour rejoindre le courant de Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, le CERES, ont vite appris comment étaient effectués les recollements des votes dans les sections, quand ils avaient réellement eu lieu. Ceci est parfaitement documenté, notamment dans le premier livre de Pierre GUIDONI.

On peut dire, sans caricaturer, qu’historiquement les élections au PS ont toujours eu un caractère tribal. Sinon comment expliquer, que les votes d’orientation qui sont censés se faire après des débats d’idées, donnent des résultats complètement différents, d’une baronnie socialiste à une autre, comme si tous les militants, pensaient comme leur baron. Gaston DEFFERRE reste célèbre au PS pour son exceptionnelle force de conviction, qui était bien évidemment une simple force de corruption.

Le 23 janvier 2023 sur franceinfo Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, qui contestait encore la victoire de son rival, Olivier FAURE, lança : « J’ai décidé de ne plus me taire » [je dénonce] « des pratiques qui relèvent de la fraude et qui ont cours au PS depuis trop longtemps ».

Aujourd’hui les Africains francophones regardent beaucoup les chaînes françaises, juste pour le plaisir d’entendre les blancs leur faire la morale.

En entendant les fortes paroles de Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, les anciens qui ont si mal reçu la leçon de François MITTERRAND faite à La Baule, ont probablement ricané en pensant qu’il aurait dû commencer par faire appliquer ses recommandations dans son propre parti.

[Le 16 février 2023, 18H 25, O. D., Bamako] – Mon long ( ?) commentaire, bien amicalement :

Je vous remercie de m’avoir donné l’opportunité d’écouter Mr Bernard LUGAN, un monsieur d’une très très grande connaissance géopolitique et historique de l’Afrique en général et du Sahel en particulier. À l’évidence, prétendre analyser ou porter un jugement sur les propos/affirmations de cet expert serait prétentieux de la part d’un scientifique ayant eu la chance d’assumer quelques responsabilités administratives dans son pays et cela pour un court délai.

En effet, Monsieur LUGAN nous parle, à juste raison, de millions, de milliers et de centaines d’années d’histoire et de géopolitique et moi je n’ai pas cette connaissance encyclopédique. D’ailleurs, tous ceux de ma génération ou un peu plus jeunes, sortis de Sciences Po et de l’ENA, en ont eu pour leur grade. En disant cela, je ne blâme pas Mr LUGAN car il est dans son rôle. Les hommes politiques français d’aujourd’hui auraient dû prendre exemple sur leurs aînés comme le dit si bien Mr LUGAN.

Puisque je suis invité à donner mon avis sur cette émission radiophonique, je le fais très modestement en précisant tout de go qu’il est toujours difficile de juger/critiquer des assertions portant sur plusieurs thèmes (histoire, géographie, politique et anthropologie : homosexualité) et s’étalant dans le temps (millénaire et voire plus) : des vérités d’une époque peuvent devenir des contre-vérités plus tard.   

Exemple tiré de la vidéo : « Les problèmes/conflits/guerres entre les Nomades et les Sédentaires sont aussi vieux que le monde ; mais ils ont été, la plupart du temps pour ne pas dire toujours, gérés en toute intelligence et par le dialogue dans l’optique de préserver les intérêts des uns et des autres. »

Les rapports/relations entre les hommes, les nations et les continents sont fondés sur ce principe et à chaque fois que l’équilibre est rompu, on assiste à des mécontentements/conflits/ruptures.

Juste pour dire, qu’il n’y a «rien de nouveau sous le soleil». En 1960, après la fameuse décolonisation, nous avons assisté au remplacement des pays colonisateurs par les pays du Bloc socialiste-communiste, chacune de ces deux entités défendant ou développant, selon ses stratégies, ses intérêts socio-politico-économiques. Le Mali, mon pays, sous le leadership/clairvoyance de feu le président Modibo KEITA a opté pour le socialisme basé sur un développement souverain et inclusif de la nation.

Comme je l’ai écrit dans un précédent commentaire à un de vos articles, le Mali avait décollé par la formation adéquate des cadres (adéquation entre Formation et Emploi), la création d’un tissu économico-industriel correspondant aux besoins des populations, l’éducation citoyenne et civique des jeunes générations etc.

Modibo KEITA, et beaucoup d’autres dirigeants africains nationalistes et dévoués pour la cause des paisibles populations africaines, sont passés à la trappe.  

Vous me direz que je m’éloigne de Mr LUGAN avec sa conception néocoloniale, certes parfumée (diviser pour mieux régner), de la politique étrangère française, celles des russes et/ou des chinois. Je vous répondrai oui et  non.  

Au crépuscule de ma vie et ayant vu ce que j’ai vu, qu’ils soient Français, Russes, Chinois ou Turcs ils «roulent» pour les intérêts/émancipations/bien-être de leurs Peuples : aux Présidents/Autorités/Dirigeants africains d’en faire pareillement, c’est-à-dire opter pour des partenariats Gagnant-Gagnant.  

En écrivant cette conclusion, je fais preuve de beaucoup d’optimisme, car, qu’ils soient Russes, Européens, Chinois ou autres, très peu de nos dirigeants ont une véritable empathie pour leur peuple. Ils pensent d’abord à leurs propres conforts et à ceux de leurs proches et sympathisants, l’intérêt supérieur de la nation venant bien après.

 Je ne dis pas cela par amertume ou par fatalité car « aujourd’hui », j’ai choisi de vaquer à mes affaires (François FURET).