N° 294 « Guerres justes », morale, et/ou bonne politique ?

«C’est le destin des guerres dans nos démocraties contemporaines de passer par trois phases: l’euphorie de la cause juste, la morosité de la guerre d’usure et la préparation du rapatriement des troupes»,  Régis DEBRAY

Depuis plus de 30 ans, en toute irresponsabilité et en toute inconséquence les Américains et leurs alliés divers et variés cherchent à importer en terre d’islam, par la force, la « paix », la « démocratie » et le « respect des droits de l’homme », avec les résultats catastrophiques que l’on connaît.

Les premiers gagnants de ces « brillantes » interventions militaires sont bien sûr les ennemis islamistes de l’Amérique, qui n’ont jamais eu aussi peu de mal à enrôler de nouvelles recrues pour faire la guerre aux « mécréants occidentaux ».

Les seconds gagnants sont les actionnaires des sociétés travaillant pour le complexe militaro-industriel américain, dont les successeurs du président EISENHOWER, restent incapables de réduire l’influence néfaste sur la politique internationale des États-Unis.

L’aporie de la guerre juste

« Si donc ce n’est que par des guerres justes et légitimes que les Romains sont parvenus à posséder un si vaste empire, je leur propose une nouvelle déesse à adorer : c’est l’Injustice des nations étrangères, qui a si fort contribué à leur grandeur par le soin qu’elle a pris de leur susciter d’injustes ennemis, à qui ils pouvaient avantageusement répliquer par une guerre juste. »

Depuis ce texte écrit par Saint Augustin les Occidentaux n’ont pas manqué d’ « injustes ennemis » pour que leurs pouvoirs guerriers puissent leurs déclarer de justes guerres.

Au XIXe siècle les Européens prétendaient agir en « faveur » des peuples les moins «avancés». Certains étaient convaincus qu‘ils en avaient le devoir et même le « droit moral ». « Les races supérieures ont un droit sur les races inférieures »[discours de Jules FERRY prononcé devant l’Assemblée nationale le 28 juillet 1885.

Le Pacte de la SDN (Société des nations) de 1919 témoigne encore de cette vision du monde. Ainsi son article 22 évoque les territoires «habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne». Il affirme que «le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civilisation», et que «la meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations développées qui (…) sont le mieux à même d’assumer cette responsabilité».

Au XXe siècle, le lendemain de la décolonisation, les Occidentaux ont inventé le droit d’ingérence, restant ainsi les « justiciers » de la planète. À l’imitation des Américains, ils se sont continument efforcés de faire passer pour participation à des « guerres justes », leurs actions militaires.

Au XIXe siècle, les Européens guerroyaient « généreusement » pour « offrir » le « progrès », leur « progrès », aux populations qui peinaient trop à trouver la voie du développement.

Au XXe et XXIe siècles, les Occidentaux, n’écoutant que leur « devoir moral », ont guerroyé, de « façon désintéressée » (voir Opération Liberté Irakienne), pour faire cesser les horreurs et renverser les dictatures, du moins c’est ce qu’ils ont toujours prétendu.

Face à l’ingratitude manifeste des peuples auxquels les Occidentaux s’échinent à apporter la liberté et la démocratie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Européens devraient urgemment s’interroger sur l’universalité réelle ou fantasmée de leurs valeurs.

Ils devraient surtout s’interroger sur les raisons pour lesquelles leurs valeurs sont si mal reçues par ceux auxquels ils veulent à tout prix les offrir.

Les crimes horribles et les blessures physiques terroristes sont très rarement ignorées, ou passées sous silence, par contre, fort malheureusement, les blessures psychologiques qui ont fait naître les vocations terroristes restent souvent méconnues et leurs raisons incomprises.

Les Occidentaux, imbus de leur puissance et de leur supériorité, ont trop souvent attaché fort peu d’importance aux raisons pour lesquelles des hommes et des femmes devenaient prêts à faire le sacrifice de leur vie pour commettre un acte terroriste.

Fermement convaincus de lutter pour une juste cause en combattant les terroristes, convaincus de la victoire inéluctable du bien sur le mal, les Occidentaux remportent le plus souvent facilement la bataille militaire qu’ils livrent, mais subissent aussi souvent rapidement de cuisantes défaites politiques et diplomatiques.

Au nom de « leurs  hautes valeurs morales », ils n’ont cessé de multiplier les erreurs d’analyse, qui leur ont fait faire de grosses bêtises et commettre de grands crimes.

En diabolisant et essentialisant leurs ennemis, en cherchant à les réduire à l’horreur spectaculaire de leurs crimes, les Occidentaux trouvent toujours facilement de « bons motifs » pour faire la guerre, mais s’interdisent de trouver avec qui établir une paix durable.

La Guerre d’Algérie un triste exemple à méditer

La guerre d’Algérie fut  emblématique des erreurs commises au nom de la paix et du maintien de l’ordre « républicain ».

Devenu président du Conseil des ministres le 1er février 1956, au nom du « Front républicain » (socialistes radicaux, et divers gauche), Guy MOLLET, se rendit à Alger dès le 6 février.

Durant sa visite particulièrement mouvementée, appelée la « journée des tomates », le dirigeant socialiste fut durement ébranlé par les comptes rendus de la situation qui lui furent faits.

Avant de rentrer à Paris, Guy MOLLET déclara le 6 février au soir : ” Les liens entre l’Algérie et la France sont indéfectibles“. Profondément troublé par toutes les exactions dont on lui a décrit la sauvagerie, le président du conseil ne cacha pas son émotion. Sa conviction était faite, ainsi que celle de la quasi totalité de la  classe politique. On prête à Guy MOLLET une phrase définitive qu’il aurait prononcée de retour à Matignon : «On ne discute pas avec des bandits, avec des criminels de droit commun».

Après trois courtes semaines de réflexion, le 28 février 1956, il annonça l’envoi de nouvelles troupes en Algérie et brandit la menace de la « guerre à outrance » contre tous ceux qui refuseraient de déposer les armes. 

Le 12 mars 1956, Guy MOLLET demanda à l’Assemblée nationale le vote de pouvoirs spéciaux en Algérie :

« Le gouvernement disposera en Algérie des pouvoirs les plus étendus pour prendre toutes les mesures exceptionnelles commandées par les circonstances, en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire ».

Le texte fut adopté par 455 voix, dont celles des 146 députés du Parti Communiste Français. Seuls 74 députés votèrent contre. [ En 1956 l’Assemblée nationale comptait 581 députés].

Le 17 mars 1956, Guy MOLLET signa, avec entre autres son ministre de la Justice, François MITTERRAND, un décret relatif à l’application de la justice militaire en Algérie. Ce décret se donne pour but de « donner à l’armée sa pleine efficacité ».

C’est ainsi que, élu en janvier pour mettre fin à une « guerre imbécile et sans issue », à la tête d’un gouvernement formé par le Front républicain, Guy MOLLET confia aux officiers français en mars, la lourde tâche de ramener l’ordre « républicain » en Algérie.  Et cela avec l’aval du PCF, qui ne commencera à voter contre cette politique qu’en juillet.

Cette décision précipitée, considérée comme déraisonnable aujourd’hui, et qui eut les très lourdes conséquences que l’on sait, fut prise sous le coup de l’émotion, dans l’urgence.

L’horreur des atrocités infligées à leurs victimes par ceux que la presse appelait fellaghas, n’est pas pour rien dans cette émotion. On peut voir dans un numéro spécial de la revue mensuelle L’Algérie Médicale publié en 1957 des photos montrant les atrocités commises par les combattants du FLN et le mode de réparations de certaines mutilations, effectuées par les chirurgiens de la Faculté de Médecine d’Alger.

Action, répression, réaction, répression, révolution

En voulant ignorer cet enchainement, pour des raisons très morales, mais fort peu politiques, Guy MOLLET tomba dans le piège tendu par les révolutionnaires algériens, comme tous les gouvernants fragiles, pressés d’en finir avec ce qui les dépasse.

Le 11 avril 1956, le gouvernement rappela 70 000 soldats du contingent «disponibles» et fit passer le service militaire de 18 mois à 27 mois pour répondre aux demandes pressantes du commandement militaire. En 1956, le nombre de soldats du contingent passa ainsi de 170 000 à 400 000.

Le drame algérien prit dès lors toute son ampleur, les deux camps mobilisèrent toutes leurs forces pour gagner « leur » Guerre d’Algérie. Le gouvernement français, le pouvoir civil ordonna au pouvoir militaire de ramener rapidement l’ordre en Algérie à tout prix.

L’ordre fut intégralement exécuté. L’armée française parvint à  gagner toutes les batailles militaires qu’elle fut contrainte de livrer, notamment la bataille d’Alger. Cela lui coûta des pertes humaines relativement modérées, 60 000 blessés et 23 000 morts. Mais, si peu de soldats perdirent la vie, beaucoup perdirent dans cette guerre leur honneur, et beaucoup plus encore perdirent leur âme.

Jusqu’en mai 1958, tandis qu’à Alger, les responsables militaires remplissaient avec « efficacité » la mission que le pouvoir civil leur avait honteusement assignée, tandis qu’ils acceptaient de faire le sale boulot, de diriger le travail de basse police, que les présidents du Conseil des ministres de la IVe République leur confiaient lâchement les uns après les autres depuis 1954, voire 1945, à Paris, les civils, les responsables politiques s’entredéchiraient continûment dans des querelles politiciennes aussi médiocres qu’irresponsables, au regard des drames humains et politiques que vivait le pays.

D’octobre 1946 à octobre 1958, la IVe République a connu 25 présidences du Conseil des ministres, avec 17 présidents différents. La présidence de Guy MOLLET, la 21ème, fut la plus longue : 16 mois. La durée moyenne des 24 autres fut inférieure à 5 mois. La moyenne des 20 présidences précédant celle de Guy MOLLET ne fut que de 4 mois.

L’instabilité politique congénitale de la IVe République fut indéniablement la cause principale de l’ampleur que prit le drame algérien.

Est-ce dû à la paresse, à l’inculture, à l’inintelligence des auteurs ou à l’idéologie du temps, toujours est-il que l’histoire de la Guerre d’Algérie est rapportée de façon si simpliste et si partiale, qu’en 2021, à force d’avoir été instrumentalisée et caricaturée, elle est devenue incompréhensible, surtout pour ceux qui sont nés après la décolonisation.

L‘histoire de la Guerre d’Algérie fut particulièrement tragique, car, dans les évènements d’Algérie, la passion et l‘émotion l’ont malheureusement vite emporté sur la raison.

L’historien qui n’est pas conscient que le drame algérien fut avant tout un drame passionnel ne peut rien comprendre au déroulement des événements, et encore moins comprendre le comportement des acteurs qui ont participé à cette folie.

« Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter. » est une citation de George SANTAYANA dont la variante apocryphe la plus courante est : « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre. »

Dans le long entretien qu’il accordé à l’Élysée le 16 novembre 2020 à deux journalistes de Jeune Afrique, Emmanuel MACRON a affirmé : « Avec les terroristes, on ne discute pas. On combat ».

En entendant le président de la République déclarer son opposition complète à toute négociation avec les djihadistes, alors que la France est engagée militairement au Sahel depuis plus de 8 ans, comment ne pas songer au triste et douloureux précédent algérien ?

De l’impossibilité de vivre sous le même toit quand l’amour est mort

Guy MOLLET reste célèbre pour avoir mené une guerre qu’il avait lui-même qualifiée d’«imbécile et sans issue». S’il fut détesté autant par la gauche que par la droite, il le fut surtout par ceux qui avaient le plus soutenu ses prises de position politiques entre 1956 et 1957.

Pour Michel WINOCK, « l’indétrônable secrétaire général de la SFIO » est ainsi détesté, non pour avoir trahi, mais paradoxalement pour avoir trop incarné en son temps les ambiguïtés et les contradictions, de son parti et des Français.

Le 9 janvier 1957, après la mise en accusation de la France à l’ONU dans le conflit algérien, le président du Conseil, avec à ses côtés Robert LACOSTE ministre résident, déclara qu’il s’agissait d’une ingérence inadmissible dans une affaire intérieure française, et déclina les mesures politiques, économiques et militaires qu’il comptait prendre.

9 janvier 1957 déclaration de Guy MOLLET

En 2021, la déclaration de Guy MOLLET apparaît totalement irréaliste, alors que lorsqu’elle fut faite elle était alors la plus consensuelle qui pût être imaginée, en France et en Algérie.

Elle était si consensuelle, que le 6 juin 1958, lorsque le général de GAULLE, lança au balcon du Forum d’Alger : «Je vous ai compris», et plus encore quand il ajouta : «à partir d’aujourd’hui la France considère que, dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants : il n’y a que des Français à part entière, des Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. », la presse quasi unanime salua son discours comme étant l’assurance de la mise en œuvre effective et accélérée du plan de marche défini par Guy MOLLET, 18 mois plus tôt.

On sait aujourd’hui que les dirigeants du FLN ont eu très peur, en voyant l’immense foule mêlée et rassemblée à Alger acclamer le général de GAULLE, car ils savaient, mieux que personne que, si la République française arrivait à tenir sa promesse de liberté, d’égalité et de fraternité, cela contrarierait gravement leur projet de révolution algérienne.

Contrairement à ce qu’avait la coupable faiblesse de croire et de répéter la plupart des journalistes français à l’époque, les fellaghas n’étaient pas des délinquants de droit commun, devenus révolutionnaires par opportunité, cupidité, et/ou par hasard, mais des militants devenus terroristes par « nécessité » révolutionnaire.

En 1954, les nationalistes algériens du FLN se sont résolus à passer à la lutte armée, et à user de la violence terroriste, contraints par la situation politique qui était celle de l’Algérie alors.

Ils savaient que les Français de métropole, et les Européens d’Algérie encore moins, n’accepteraient jamais que soit accordée l’indépendance à trois départements français s’il n’y étaient pas acculés par la force. Ils savaient que, non seulement peu d’Algériens considéraient alors l’indépendance comme une priorité, mais que ceux qui la réclamaient étaient partagés entre pro FLN et pro MNA. Ils savaient enfin que pour des raisons historiques, bon nombre d’Algériens considéraient le MNA bien plus légitime que le FLN.

Pour toutes ces raisons les dirigeant du FLN ont compris qu’ils ne pourraient espérer arriver au pouvoir rapidement que par la violence la plus extrême, c’est-à-dire la violence terroriste, dirigée bien sûr contre la France, la puissance coloniale honnie par eux, mais aussi contre tous les Algériens qui oseraient contester leurs méthodes révolutionnaires expéditives.

Au pouvoir depuis exactement 12 mois, un record sous la IVe République, Guy MOLLET était bien informé de la situation lorsqu’il fit sa déclaration du 9 janvier 1957.

Il savait  que le fait que le FLN ait notablement augmenté les vagues d’attentats perpétrés en Algérie, notamment dans la capitale, était la preuve, non pas de l’accroissement de sa puissance, mais bien au contraire un aveu de son notable affaiblissement sous les coups que les militaires français pouvaient lui infliger depuis mars 1956, sans contrainte, grâce aux pouvoirs spéciaux.

Mais les indéniables succès qui commençaient à être obtenus sur le terrain par les soldats français étaient trop insuffisants pour faire cesser rapidement la guerre et surtout constituaient des freins puissants pour la recherche de solutions de paix réalistes.

Aucun acteur n’avait alors la légitimité démographique, ou démocratique, donnant l’assurance qu’il serait en mesure de faire respecter, par son camp, les engagements qu’il prendrait.

Aucune victoire militaire définitive d’un camp sur l’autre n’était donc imaginable en 1957, et aucune négociation crédible permettant de ramener la paix civile n’était sérieusement envisageable non plus.

Guy MOLLET était certainement parfaitement conscient de cela, mais sous la IVe République, l’instabilité parlementaire était telle qu’aucun responsable politique ne pouvait dire les vérités qui dérangent sous peine d’être immédiatement débarqué.

Ceci explique la teneur de la déclaration qu’il fit, le jour où les parachutistes se lançaient dans la Bataille d’Alger. Le schéma de son intervention fut simple, classique et cohérent, mais l’histoire a montré qu’à la date à laquelle elle fut prononcée, elle était déjà totalement irréaliste.

Le FLN savait qu’il menait contre la France une guerre révolutionnaire qui avait toutes les chances d’aboutir à la victoire. Car les soutiens qu’il recevait, dans le monde et en France même, devenaient chaque jour plus divers et plus nombreux.

Fort malheureusement, avant le retour au pouvoir du Général de GAULLE, les responsables politiques n’arrivaient pas à admettre que l’Algérie de papa était morte, et qu’il fallait en tirer au plus vite toutes les conséquences.

Pour des raisons démographiques, pour des raisons de civilisation et de religion, il est aujourd’hui évident que les 3 départements d’Algérie ne pouvaient plus rester des départements français, de même que l’Inde ne pouvait rester britannique après la Seconde Guerre mondiale.

Malheureusement en 1957 cette évidence était loin d’être largement reconnue, tant en France qu’en Algérie.

Le système colonial avait tellement perverti les esprits depuis trois quarts de siècle, que les plus belles intelligences restaient imperméables à ce que représente la force du nombre.

L’esprit missionnaire avait tellement converti les cœurs, que les Français les plus mécréants croyaient eux aussi au miracle des conversions de masse en matière culturelle, croyaient pouvoir faire de 10 millions d’Algériens des Français à part entière.

Parce que la plupart de ceux qui l’ont été sont morts, et d’autre part parce que l’énorme majorité de ceux qui sont encore en vie, ne souhaitent rien tant que le faire oublier, il est très difficile de trouver des Français qui osent encore confesser avoir été des partisans de l’Algérie française.

Lors du référendum constitutionnel du 28 septembre 1958 il y avait en métropole plus de 26,6 millions d’électeurs inscrits. Il y eut 22,5 millions de votants (84,94 %), 17,6 millions de vote oui (79,26%) et 4,6 millions de vote non.

On peut donc estimer que sur les 3 millions de Français qui étaient en âge de voter en 1958, plus de 2 millions de ceux qui ont voté oui sont encore vivants.

Ceux qui ont voté oui peuvent prétendre aujourd’hui qu’ils ont voté oui pour soutenir le général de GAULLE, sans pour autant être partisan de l’Algérie française. Ces cas ont sans doute existé, mais il est évident qu’ils ont été extrêmement rares car avant le 16 septembre 1959, très peu de Français pouvaient imaginer en septembre 1958 que le général de GAULLE n’était plus partisan de l’Algérie française alors qu’il venait de l’affirmer publiquement explicitement en juin 1958.

«Tout le monde a été, est ou sera gaulliste.»

On peut se demander si cette formule, souvent attribuée à de GAULLE lui-même, est vraiment d’André MALRAUX. En effet aucun de ceux qui la cite ne précise où et quand elle a été prononcée.

Que cette phrase soit apocryphe ou pas est de peu d’importance. Elle est devenue célèbre et largement rappelée parce qu’elle résume parfaitement les relations tumultueuses qu’a entretenues Charles de GAULLE avec l’ensemble des Français durant toute sa vie.

Contrairement à ce que font les hommes politiques professionnels, qui ne pensent qu’à leur réélection, le général de GAULLE ne pensait pas à plaire au plus grand nombre d’électeurs, il ne pensait pas à être politiquement correct pour ne pas heurter les «belles âmes», il pensait d’abord et avant tout à servir la France et à éclairer les Français.

Si tant de Français se déclarent gaullistes 50 ans après sa mort, c’est parce qu’ils en viennent à reconnaître les uns après les autres, que les analyses politiques et les décisions du général étaient pertinentes à terme.

Lorsque le 16 septembre 1959, le président de la République et de la Communauté française dévoila son plan longuement médité pour une solution politique du problème algérien, peu de Français comprirent que sa proposition était stratégique et tactique.

Comme Guy MOLLET trois ans plus tôt, le général de GAULLE était alors convaincu, plus que jamais, que la Guerre d’Algérie était « imbécile et sans issue » et qu’elle devait cesser au plus vite. Restait à le faire comprendre et entendre à tous le belligérants et à toutes les populations concernées en Algérie et en métropole.

Il savait que les 45 millions de Français métropolitains se rallieraient majoritairement rapidement à ses vues, trop heureux de voir enfin rentrer les centaines de milliers de soldats du contingent.

Il savait aussi que les militaires français qui lui avaient permis de revenir au pouvoir, et qui obtenaient sur le terrain d’indéniables succès, ne pourraient pas admettre ses propositions pour des raisons bien plus morales et affectives que politiques. Contrairement à ce que les idéologues «antifascistes» cherchent à faire accroire depuis 60 ans.

Il savait enfin qu’en 1959 le FNL n’avait aucune chance de sortir vainqueur d’une consultation électorale. Bien évidemment pas, si les bureaux de vote avaient été tenus par l’armée française, mais pas non plus si, par miracle, les électeurs algériens avaient pu s’exprimer librement, sous le regard d’observateurs internationaux indépendants.

Depuis la parution du livre d’Alain PEYREFITTE, en 1994, C’était de Gaulle, il n’y a plus aucun doute sur ce que fut la pensée profonde du général de GAULLE pendant le drame algérien.

Contrairement à ce qu’ont très longtemps prétendu beaucoup de ses plus fervents admirateurs, ce ne sont pas les évènements d’Alger en janvier 1960, qui ont fait changer d’avis le président de la République sur le futur qu’il imaginait et qu’il souhaitait personnellement pour l’Algérie. Preuve en sont les propos rapportés par Alain PEYREFITTE dans son livre.

Reçu à l’Élysée le 5 mars 1959 par l’homme du 18 juin, qui venait d’être élu premier président de la Ve République 2 mois plus tôt, lui-même fraichement élu député en novembre 1958, l’auteur a gardé un souvenir précis de l’échange qu’il eut avec Charles de GAULLE lors de ce qui fut leur premier entretien.

À sa grande stupéfaction, Alain PEYREFITTE découvrit ce jour là que le président ne se sentait nullement engagé par les propos qu’il avait tenus en Algérie en juin 1958. Et cela pour deux raisons simples qu’il lui expliqua de façon métaphorique, l’incompatibilité des cultures et la différence des démographies.

Alain Peyrefitte -C’était de Gaulle I -Gallimard – extraits – pages 60 à 72 – chapitre 6 et chapitre 7

France Algérie : un impossible divorce à l’amiable

Lors du drame de Mers-el-Kébir, en juillet 1940, le général de GAULLE a montré qu’il avait une exceptionnelle qualité, rare et essentielle pour un chef, la capacité de ne pas se laisser submerger par l’émotion, quelles que soient les circonstances.

C’est sans doute pourquoi il a réussi le prodige d’avoir été l’un des personnages les plus adulés, mais aussi l’un des plus détestés par les Français.

Aussi exigeant avec les Français qu’avec lui-même, de GAULLE n’était pas homme à s’apitoyer ni à s’attendrir publiquement, lorsqu’il en allait de l’avenir de la France.

Ce trait de caractère lui a valu l’animosité de tous ceux qui ne pouvaient comprendre ni son comportement, ni le sens de ses décisions stratégiques, ni la nécessité de ses décisions tactiques, et lui a valu le ressentiment de tous ceux qui ne voulaient surtout pas comprendre, aveuglés par leur terrible désespoir ou de vieilles haines recuites.

En 2021, pour une majorité de Français le drame le plus terrible qu’ils aient connu de toute leur existence est la pandémie à la covid-19. Il n’est donc pas étonnant que la peine et la douleur de ceux qui, en Algérie, n’ont eu le choix qu’entre la valise et le cercueil leur restent singulièrement étrangères.

De l’exode des Pieds-noirs, du rapatriement des Français d’Algérie, suivant l’appellation donnée à l’époque, la grande majorité des Français ne garde plus en mémoire  que la version officielle, partisane et amnésique, délivrée par les différents dirigeants politiques qui se sont succédés au pouvoir après la fin tragique de la Guerre d’Algérie.

C’est ainsi que les responsabilités politiques de tous les partis de gouvernement ont pu être soigneusement édulcorées, voire niées, et pire encore inversées.

L’exemple de l’histoire de l‘abolition de la peine de mort est, à cet égard, le plus cocasse et le plus renversant, au sens littéral du terme.

Le 18 septembre 1981, quand l’Assemblée nationale a voté, par 369 voix pour et 113 contre, la loi d’abolition de la peine de mort présentée par le garde des Sceaux, Robert BADINTER, il n’y avait que quatre mois que François MITTERRAND était à l’Élysée, et que trois mois qu’il pouvait compter au palais Bourbon sur une exceptionnelle majorité présidentielle (329 sur 481).

On sait aujourd’hui que c’est sur l’insistance du ministre de la justice que cette loi fut adoptée si promptement. Pour le garde des sceaux, l’abolition était le combat de sa vie.

Après le tournant de la rigueur en 1983, la gauche socialiste et sociale s’est résignée peu  à peu à n’être plus qu’une gauche morale et humaniste.

Quand on demande actuellement aux gens de gauche en général, particulièrement aux socialistes, ce qu’ils gardent au crédit du président qui a été à l’Élysée durant 14 ans, la réponse fuse, toujours la même : l’abolition de la peine de mort.

Ils reconnaissent pour la plupart qu’il les a beaucoup déçus, mais ils ajoutent immédiatement que l’Histoire retiendra que c’est François MITTERRAND qui a fait voter courageusement cette loi qui fut, à les entendre, SON  grand œuvre, son magnum opus, comme si BADINTER n’avait été qu’un collaborateur zélé.

François MITTERRAND. surnommé le « Florentin », avait certes un exceptionnel art de l’esquive, mais il avait surtout un don extraordinaire pour arriver à faire oublier son passé et son parcours politique original.

Étudiant en droit, sympathisant d’extrême droite avant la Seconde Guerre mondiale, prisonnier évadé, agent contractuel à Vichy, décoré de la Francisque par le maréchal PÉTAIN au printemps 1943, entré officiellement en Résistance le 28 mai 1943, (de très mauvais esprits faisant remarquer que ce fut après le 2 février 1943, date à laquelle les soviétiques ont gagné la bataille Stalingrad), François MITTERRAND n’avait rien pour devenir une figure charismatique de la gauche.

Pour ternir la réputation de François MITTERRAND les gaullistes ont souvent évoqué sa connivence dans l’affaire de l’Observatoire qui eut lieu en octobre 1959, mais jamais ils n’évoquèrent la Francisque qu’il avait reçue, pour l’avoir demandée, comme prévoyait le protocole.

En février ou mars 1943, parrainé par deux anciens « cagoulards » (Gabriel JEANTET, membre du cabinet du maréchal PÉTAIN, et Simon ARBELLOT), et après l’instruction de son dossier par Paul RACINE, il est décoré de l’ordre de la Francisque par le maréchal PÉTAIN : il est le récipiendaire no 2 202, délégué du Service national des prisonniers de guerre. Pour obtenir cette décoration, il a dû en faire la demande en remplissant un formulaire indiquant : « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain, comme il a fait don de la sienne à la France. Je m’engage à servir ses disciples et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre ».

En décembre 1965, alors que certains militants gaullistes voulaient faire état de la décoration que François MITTERRAND avait reçue à Vichy, le général de GAULLE s’y opposa farouchement, refusant de « s’abaisser à çà ».

Jusqu’en septembre 1994, jusqu’à la parution du livre de Pierre PÉAN, « Une jeunesse français», les journalistes français ne faisaient jamais état de la Francisque de François MITTERRAND, comme s’ils étaient tous mal renseignés. Ce qui est impossible, puisque le mensuel le Crapouillot avait publié durant l’été 1981 (N° 59) l’information.

François MITTERRAND a été pétainiste et résistant, pétainiste puis résistant comme des millions de Français. C’est sans doute pourquoi, quelques mois avant sa mort prochaine, hautement prévisible, les journalistes n’ont pas voulu l’accabler.

Reste à expliquer comment les journalistes ont pu encenser pendant 15 ans François MITTERRAND, pour avoir aboli la peine de mort, en oubliant de rappeler que ce « grand humaniste », avait laissé guillotiner en Algérie 45 condamnés à mort du 1er février 1956 au 21 mai 1957, alors qu’il était le garde des sceaux, ministre de la justice. 45 têtes tranchées en 16 mois cela fait une moyenne de près de 3 exécutions par mois.

Sur le « Média de l’histoire » herodote.net, on trouve un article intitulé 18 septembre 1981 La France abolit la peine de mort. Dans le chapitre La peine de mort fait de la résistance, on peut lire une simple phrase, une allusion on ne peut plus sibylline aux nombreux condamnés à morts exécutés pendant la guerre d’Algérie : « La guillotine revient en force pendant la guerre d’Algérie. ». On ne sait pas en quelle année l’article a été écrit, mais il est évident que les rédacteurs n’ont surtout pas voulu faire de peine aux mitterrandistes.

En août 2001, dans Le point, François MALYE signe avec Philippe HOUDART, un article sans tendresse : Les guillotinés de Mitterrand.

Il y a 40 ans, François MITTERRAND faisait déjà du « en même temps ».

Soixante ans après la fin des évènements, pour de nombreux historiens, ou prétendus tels, le putsch d’Alger (13 mai 1958), la semaine des barricades (du 24 janvier au 1er février 1960), le putsch des généraux (21 avril 1961), l’attentat du Petit-Clamart (22 août 1962), sont autant de faits qui apportent la preuve que l’Algérie française était une revendication d’extrême droite, d’une extrême droite fascisante.

Ayant été, pour des raisons de simple survie, les partisans les plus déterminés de l’Algérie française, et une fois rapatriés en métropole, ayant été parmi les premiers et les plus nombreux à voter pour le Front national créé par Jean-Marie LE PEN, les Français d’Algérie et les militaires qui ont voulu rester fidèles à leurs engagements, sont devenus dans la mémoire collective, les premiers et les seuls coupables du drame algérien, les boucs émissaires, les victimes expiatoires de tous politiciens qui leur ont menti, par inconscience, incompétence, inconséquence et surtout par lâcheté.

Pendant des années, par paresse intellectuelle, et/ ou par malveillance, les commentateurs politiques ont assigné les Pieds-noirs au vote Front national, comme si accusés collectivement d’avoir été « fascistes » un jour, les rapatriés d’Algérie étaient condamnés à rester « fascistes » toujours.

Des études et des analyses des plus récents scrutins électoraux, il ressort que le « vote pied-noir », ou supposé tel, n’existe plus, s’il a jamais existé. Ce vote a plus été un fantasme qu’une réalité.

La présence massive de rapatriés d’Algérie fut certainement la cause principale des premiers succès du Front national sur le littoral méditerranéen dans les années 80. Mais depuis que le vote lepéniste s’est étendu à la France entière, DOM-TOM compris, la  spécificité du vote des Pieds-noirs et de leurs descendants n’est plus quantifiable. Le vote FN puis RN s’est banalisé et largement répandu, on ne peut donc plus savoir si les enfants de Pieds-noirs votent, comme leurs parents hier, puisqu’ils votent  aujourd’hui comme tous les Français.

Car, contrairement à ce que pensent de « méchantes gens », tous les Européens n’avaient pas de tropisme pour l’extrême-droite avant la Guerre d’Algérie, preuve en est l’orientation politique des Français d’Algérie avant qu’ils ne soient contraints de quitter la terre qui les avait vu naître.

Ceux qui reprochèrent le plus sévèrement aux Pieds-noirs leurs engagements politiques insensés pendant la Guerre d’Algérie, furent ceux-là même qui se montrèrent totalement incapables de leur donner un chemin à suivre sensé.

Avant que le général de GAULLE ne parle d’autodétermination, aucun dirigeant de la IVe République n’avait su imaginer le plan de paix opératoire et réaliste, susceptible d’apporter la convivance aux communautés d’Algérie qui s’affrontaient.

Non seulement aucunes des conditions qui avaient permis à la France, de quitter , sans drame pour les Français Métropolitains, l’Indochine et la Tunisie sous la présidence de Pierre MENDÈS-FRANCE (18 juin 1954 –  5 février 1955), et de quitter le Maroc sous la présidence de Guy MOLLET (18 juin 1954 –  5 février 1955) , n’étaient réunies en Algérie, mais ces conditions représentaient précisément, pour les Pieds-noirs et pour les militaires qui avaient combattu en Indochine, ce qu’ils voulaient à tout prix ne pas vivre, ou revivre.

Démographie et démocratie finissent toujours par aller de pair

Si aucun des responsables politiques de la IVe République ne s’étaient montrés capable de faire émerger une solution au problème algérien, ce n’était ni par mauvaise volonté, ni faute d’avoir cherché à le résoudre.

À la fin du mois de mars 1956, malgré les graves déconvenues qu’il avait eu pendant son voyage du 5 février à Alger, Guy MOLLET eu probablement la faiblesse de croire qu’il arriverait, à terme, à mettre en œuvre en Algérie une solution proche de celles trouvées assez simplement en Tunisie et au Maroc.

Après la triste et douloureuse fin de l’aventure coloniale française en Indochine, le départ de la Tunisie et du Maroc sans heurts majeurs, pouvait laisser croire aux dirigeants français qu’ils arriveraient à trouver des interlocuteurs valables en Algérie aussi. Ils ne mesuraient malheureusement pas vraiment les différences fondamentales qui existaient entre ces pays.

INDOCHINE : En mettant un point final à sa présence en Indochine le 15 mai 1955, la France abandonna un territoire de 737 000 km2 et laissa à leur destin moins de 25 millions d’Indochinois. Le dernier recensement des Français en Indochine, effectué en 1937 ne comptabilisait que 36 000 Français de naissance, soit moins de 0,16 % de la population totale.

TUNISIE : Le 20 mars 1956, le jour de l’abolition du protectorat français (75 ans) en Tunisie, on comptait officiellement : 3 383 910 Tunisiens musulmans, 57 792 Tunisiens juifs, 180 440 Français, 66 910 Italiens, et quelques 8 000 autres Européens. Soit plus de 90 % de la population totale pour les Tunisiens musulmans, et 5,3 % pour les seuls Français.

MAROC : On ne connaît pas précisément la composition démographique du Maroc français, le 2 mars 1956, le jour de l’abolition du protectorat français (44 ans), mais on peut facilement l’estimer à partir des données de 1952 et celles du recensement de 1960 effectué après la restitution de la zone nord du Maroc espagnol (47 000 km2), le 2 mars 1956, donnant au Maroc une superficie totale de 446 000 Km2.

En 1952 on estimait la population totale à 9 310 000, dont 92 % de Musulmans, 2,3 %  d’Israélites et 5,7 % d’étrangers.

Le recensement de 1960 donnait un total de 11 625 000 habitants, dont Musulmans 11 070 000 (95,2 %) Israélites 160 000 (1,4 %) et étrangers 395 000 (3,4 %).

Il y avait donc moins de 5 % de Français au Maroc avant l’indépendance.

ALGÉRIE : En 1954, le dernier recensement effectué en Algérie avant l’indépendance indiquait  9 529 700 habitants pour la population totale, avec 8 449 300 de musulmans ( 88,7 %), 1 080 400 de non musulmans (Juifs, Européens et autres divers) (11,3 %)

Sur les deux tableaux récapitulatifs ci-dessous (données brutes et données relatives) on peut voir immédiatement que le problème algérien était beaucoup plus complexe à résoudre que les problèmes indochinois, tunisiens et marocains, d’un simple point de vue objectif.

Attention, le terme « colon » a été utilisé par commodité. Il est souvent impropre et infamant pour tous les Européens qui, dans les colonies et les protectorats français, n’ont jamais cherché à exploiter ni à coloniser personne.  Lire l’amical reproche (texte intégral)

Le drame algérien était si complexe que, même à l’intérieur du Parti communiste français les avis étaient restés très longtemps partagés, notamment en ce qui concerne l’attitude que devait adopter le parti vis-à-vis des soldats du contingent : prôner l’insoumission ou accepter la mobilisation ?

La crise algérienne était très difficile à régler pour des raisons objectives, mais bien plus encore pour des raisons subjectives.

Du coté français les dirigeants avaient tous entamé leur carrière politique, et tous avaient été scolarisés sous la IIIe République. Ils avaient tous appris à l’école que la « France, grande, belle et généreuse », avait apporté aux peuples colonisés, la vaccination, le train, les Lumières et l’électricité. Aucun d’entre eux, mêmes les plus favorables à l’indépendance des pays colonisés, n’imaginait que la France pourrait être un jour accusée par son propre président de crime contre l’humanité.

Pour ce qui est de l’« Algérie « française », les choses étaient on ne peut plus claires. Avant le 1er novembre 1954 aucun responsable politique n’attribuait beaucoup plus d’importance au mouvement nationaliste algérien, qu’au mouvement nationaliste breton.

Sous la IIIe République, les trois départements d’Algérie étaient considérés comme français, au même titre que les cinq départements de Bretagne. Les Français avaient appris qu’il y avait des Algériens musulmans arabophones et berbérophones en Algérie, mais ils étaient persuadés que comme pour les Basques, les Corses, les Bretons, les Alsaciens, les Juifs, les protestants, les catholiques, l’école et l’armée de la République feraient des musulmans d’Algérie des Français comme les autres.

Ceci explique pourquoi jusqu’en septembre 1959 l’Algérie Française a pu rester un rêve partagé par de très nombreux Français, de droite comme de gauche, bien qu’il ait été complétement irréaliste.

Si tous les acteurs du drame avaient eu la sagesse de faire appel à leur raison, en oubliant leurs passions, ils auraient pu aisément comprendre que l’Algérie française était un projet mort né pour d’évidentes raisons démographiques implacables.

En 2021, les recensements effectués en Algérie du temps de la colonisation sont remis en question par les dirigeants algériens, qui accusent la France de rien moins qu’un génocide.

Cependant les données documentées, même regardées avec prudence, fournissent des informations difficilement contestables. De 1901 à 1954, la population totale de l’Algérie a considérablement augmenté. Le nombre total d’habitants a été multiplié par 2,5 (3,8 à 9,5 millions), le nombre de musulmans a été multiplié par 2,7 (3,1 à 8,5 millions), tandis que le nombre de non musulmans n’a été multiplié que par 1,7 en passant de 0,6 à 1 million.

Démographie et démocratie finissant toujours par aller de pair, le pouvoir ne peut qu’échapper à terme aux représentants des populations de plus en plus minoritaires, lorsque les consultations électorales ne sont pas entachées par des fraudes.

En Algérie, tout le monde savait parfaitement cela, c’est bien pourquoi les représentants des intérêts des grands colons faisaient tant pour tenir eux-mêmes les urnes.

En donnant le suffrage universel à tous les musulmans, il était évident pour le général de GAULLE qu’il offrait à très court terme le pouvoir en Algérie à un musulman.

Son allocution de septembre 1959 en faveur de l’autodétermination en apporte la preuve la plus éclatante.

Le général était certes convaincu qu’il faudrait inéluctablement confier le pouvoir en Algérie à un musulman pour des raisons démographiques, mais comme nous l’avons vu supra il était aussi et surtout convaincu qu’il fallait le transmettre le plus rapidement possible, pour des raisons culturelles et religieuses, on dirait aujourd’hui civilisationnelles.

Il savait que la « Russie » à l’Est (Il appelait toujours Russie l’URSS) et les États-Unis à l’Ouest jouaient contre la France, surtout depuis qu’elle avait commencé à extraire du pétrole du Sahara.

Enfin point essentiel pour le général, ce qu’il appelait le boulet algérien empêchait la France de redevenir forte sur la scène internationale, et lui interdisait de recouvrer son rôle historique. Un rôle qu’il avait plus que jamais la volonté de lui faire jouer.

Il n’était donc que temps d’en finir. Comme pour toute opération chirurgicale vitale, le général était convaincu que le plus tôt serait le mieux.

L’illusion du libre choix ?

Le 16 septembre 1959, au moment où le général de GAULLE décidait de faire connaître son plan de marche vers l’autodétermination, la situation était toujours aussi mouvante et incertaine.

Mais grâce aux changements auxquels il avait procédé en 15 mois, et grâce à toutes les réformes qu’il avait lancées à marche forcée, il avait pu constater que l’Algérie avait beaucoup évolué.

Il tint à faire partager ce constat en introduction de son allocution. Allocution dont il mesurait, lui le premier, combien elle était déterminante et historique.

« Grâce au progrès de la pacification, au progrès démocratique, au progrès social, on peut maintenant discerner le moment où les femmes et les hommes qui habitent l’Algérie seront en mesure de décider de leur destin une fois pour toute, librement, en connaissance de cause. »

En commençant son allocution, le général était parfaitement conscient que nombre de ceux qui l’écoutaient auraient beaucoup de mal à comprendre immédiatement le sens de ses paroles. C’est pourquoi il prit un grand soin à prononcer son allocution posément et le plus distinctement possible. Car il tenait à se faire bien entendre, à défaut de pouvoir se faire vite et clairement comprendre.

L’équation algérienne qu’il devait résoudre était une équation à plusieurs inconnues. Pour pouvoir lever ces inconnues, le général n’avait d’autre choix que de faire des propositions  suffisamment précises pour qu’elles fassent réagir les parties concernées, mais pas trop détaillées pour garder des marges de changement et d’adaptation à la situation.

En raison des drames qui se sont produits à la suite de son allocution, on accuse souvent le général d’avoir renié ses engagements et d’avoir été un manipulateur perfide.

Depuis une soixantaine d’année, de nombreux historiens prêtent au général de GAULLE beaucoup d’arrières pensées, et cherchent à trouver dans son allocution du 16 septembre les preuves de toute sa rouerie.

Avant de chercher le double-sens que le général aurait caché derrière ses paroles, il faut d’abord se pencher sur le sens premier des mots qu’il a utilisés. Il faut réécouter son allocution, ne serait-ce que pour le plaisir d’entendre un discours parfaitement bien construit, livré dans une langue belle, remarquablement claire pour qui connaît vraiment le sens des mots.

On peut alors essayer d’analyser le sens profond du message tel qu’il a été délivré en se penchant avec attention sur le texte de la transcription intégrale de l’allocution du général de GAULLE prononcée le 16 septembre 1959.

La transcription du discours proposant à tous les Français et tous les Algériens de faire appel au suffrage universel pour trouver la solution du problème algérien fait à peine plus d’une page. L’enregistrement de l’allocution dure 7 minutes et demie.

Les préceptes énoncés par Nicolas BOILEAU ne sont pas pour rien dans la clarté et la concision du verbe du général : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ».

En raison de l’importance que l’exceptionnelle intervention télévisée du premier président de la Ve République revêtait, sa brièveté fut particulièrement remarquée.

Après une introduction de 3 minutes et demie, le général évoqua en 4 minutes, les trois réponses parmi lesquelles les Algériens et les Français devaient être invités à choisir. 2 minutes pour la sécession, 1 minute pour la francisation complète, et moins de 1 minute pour une Algérie gouvernée par les Algériens eux-mêmes, mais « en union étroite avec la France« .

Que le général de GAULLE accorde si peu de temps à la francisation et à l’union ne manqua pas de surprendre et d’inquiéter les Pieds-noirs et les militaires.

Qu’il fasse appel au suffrage universel inquiéta surtout le FLN, dont les dirigeants, impatients, n’avaient nullement l’intention d’attendre, plus de 4 ans, l’autorisation des électeurs algériens pour s’installer au pouvoir. Ils goûtaient mal d’être obligé de se soumettre à un examen, que ni les Tunisiens ni les Marocains n’avaient été contraints de passer. Ils pensaient, en bons révolutionnaires que la victoire était au bout du fusil. Enfin, ils recevaient de plus en plus d’informations apportant la preuve que le général était le premier pressé d’en finir.

C’est pourquoi, loin de se désespérer des batailles perdues tant en ville (bataille d’Alger) que dans le bled (plan CHALLE), les dirigeants du FLN restaient convaincus que le temps jouerait rapidement pour eux. En France métropolitaine et dans de plus en plus de pays dans le monde à l’Est et à l’Ouest, le GPRA (Gouvernement provisoire de la République Algérienne) créé le 19 septembre 1958, recevait en effet de plus en plus de marques de sympathie, voire de franc soutien.

Dans la liste des attentats pendant la guerre d’Algérie, on peut noter, la nette diminution de leur nombre en Algérie après la bataille d’Alger, et leur apparition en Métropole.

Mais, pendant que les militaires et les Européens se félicitaient que le nombre d’attentats aient diminué en Algérie même, et que les combattants de l’ALN de l’intérieur (Armée de Libération nationale) aient perdu une grande partie de leur capacité opérationnelle militaire sur le terrain, condamnés à se déplacer en groupes de plus en plus restreints, les dirigeants du FLN qui étaient installés en Tunisie, pouvaient eux se réjouir de la situation globale du conflit algérien qui leur devenait de plus en plus favorable internationalement.

Enfin, paradoxe que les Occidentaux ont toujours beaucoup de mal à comprendre, plus les militaires français remportaient de victoires, plus ils arrivaient à s’imposer sur le terrain, plus les combattants du FLN étaient contraints à la discrétion, voire à la désertion, plus croissait l’ascendant du GPRA sur la population algérienne.

Ce paradoxe s’explique très simplement. Pour imposer leur présence et pouvoir vivre sur le terrain les maquisards sont presque toujours obligés d’avoir recours à la coercition. Lorsque les maquisards sont contraints de s’effacer, leur effacement marque pour les habitants la fin des corvées révolutionnaires. Et par contre l’omniprésence des forces de l’ordre qui les ont chassés signe l’arrivée de nouvelles nuisances, et souvent la survenue de ce que l’on appelle pudiquement des dégâts collatéraux.

L’histoire a montré que les chefs militaires de l’armée des frontières de l’ALN étaient prêts à tout pour arriver au pouvoir, elle a aussi prouvé qu’ils ne voulaient pas le partager, surtout avec ceux qui ayant poursuivi la lutte en Algérie, se montraient de plus en plus critiques vis à vis d’eux. Ils pensaient cyniquement que plus l’armée française étrillait les maquisards de l’intérieur, plus elle leur libérait d’espace politique et militaire.

Ils avaient acquis le pressentiment, qui s’est avéré juste, que la France finirait par reconnaître, tôt ou tard, le GPRA comme seul légitime, trop contente d’avoir enfin un interlocuteur à qui remettre le fardeau et  le pouvoir algériens.

Pour le GPRA il n’était bien sûr pas question d’aider le général de GAULLE à organiser une consultation électorale loyale. Il était en effet impensable pour les dirigeants du FLN d’offrir un vrai choix au peuple algérien, tel que proposé par le président français.

De toute façon, pour répondre aux exigences du président français il fallait compter 5 ans, dans le meilleur des cas. Cinq ans c’est long quand on rêve au pouvoir suprême, et qu’on entrevoit la possibilité de le conquérir.

Le suffrage universel, couteau suisse de la crise algérienne

Le premier Gouvernement de la République algérienne fut créé le 19 septembre 1958. Bien sûr ce ne fut pas un hasard, le général en uniforme fit un mois après, le 23 octobre, une importante déclaration très solennelle au cours de sa conférence de presse à Matignon : « Et cependant, je dis, sans embarras, que pour la plupart d’entre eux, les hommes de l’insurrection ont combattu courageusement. Que vienne la paix des braves ! et je suis sûr que les haines iront en s’effaçant…« 

Alors que ni le FLN, ni le GPRA ne furent explicitement nommés, à partir de ce jour, il est apparu évident que le GPRA était désormais, de fait, un interlocuteur reconnu par la France.

En moins de 4 mois, sous la direction du général de GAULLE, le gouvernement français avait élaboré de nombreuses mesures sociales et économiques de grande ambition, propres à convaincre tous les habitants vivant en Algérie que la France était disposée à tout faire pour qu’ils puissent bien vivre ensemble, s’ils en avaient tous vraiment le désir. Le 3 octobre 1958, à Constantine le général annonça la mise en œuvre de ce qui allait rester sous le nom de plan de Constantine.

On ne sait pas si les musulmans qui ont entendu son discours ont été sensibles à son appel à la fraternité. En revanche, on sait que ses derniers mots : « vive l’Algérie et la France »,  ont beaucoup troublé les Pieds-noirs et les militaires, qui espéraient entendre « vive l’Algérie française », et se sont demandé pourquoi il avait utilisé cette formulation si particulière.

Le 16 septembre 1959, le général n’avait pas la naïveté de croire que les dirigeants FLN accepteraient facilement les conditions qu’il mettait à l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie. Il savait même pertinemment qu’elles étaient probablement inacceptables pour eux, telles qu’il les avait formulées.

Mais une nouvelle fois, sans les nommer, à travers sa proposition, le général voulait faire comprendre à tous les Français et à tous les Algériens qu’il n’était pas possible de mettre un terme à la guerre d’Algérie en refusant toute discussion avec les combattants du principal mouvement d’insurrection et en continuant de leur dénier toute représentativité.

À la fin de l’allocution, les Européens, dans leur grande majorité, et les militaires qui avaient fait l’Indochine n’avaient plus guère de doute, tout indiquait que le général de GAULLE, qu’ils commençaient à appeler la grande Zohra, se préparait à « brader l’Algérie ».

En juin 1958, les Pieds-noirs avaient vécu un moment de grâce, ils avaient cru, ou plus exactement avaient voulu croire que le général les avait vraiment compris. En septembre 1959, adieu pour eux les illusions, bonjour la trahison ?

Depuis qu’Alain PEYREFITTE a révélé que le général ne voulait plus parler d’Algérie française, en mars 1959, de nombreux auteurs veulent en déduire qu’il n’y a jamais cru, et l’accusent de duplicité.

Le général a indubitablement changé d’avis, mais tout montre que comme Guy MOLLET en son temps, influencé par l’entourage, il a cru un instant pouvoir bâtir, sinon l’Algérie française dont rêvaient les Pieds-noirs, du moins créer une Algérie à la française.

Si tel n’avait pas été la cas, on se demanderait pourquoi il a laissé se dérouler militairement, le plan CHALLE de février 1959 à avril 1961, et économiquement et culturellement, le plan de Constantine d’octobre 1958 à 1961. Précisons que dans le plan de Constantine il était prévu de n’atteindre certains objectifs qu’en 1966.

Ce que n’ont pas compris tous ceux qui ont accusé le général de trahison, c’est que, c’est précisément la pleine mise en œuvre de ces plans, qui l’a convaincu que leurs objectifs étaient irréalistes et inatteignables, pour des raisons économiques, culturelles, politiques, et diplomatiques.

Le général de GAULLE avait une exceptionnelle culture générale, et une pleine conscience de ce que furent les plus grands malheurs du XXe siècle pour les avoir souvent approchés personnellement. Il connaissait le drame des séparations vécu par les Arméniens, par les Grecs, par les Turcs, par les Ukrainiens, par les Polonais, par les Alsaciens, par les Allemands, etc. Il avait appris de l’Histoire que pour continuer à vivre à plusieurs, il fallait être plusieurs à le vouloir. Et que lorsque cette volonté n’existait pas, ou n’existait plus, la moins mauvaise solution était la séparation.

En septembre 1959, après le voyage à la frontière tunisienne et en Kabylie, qu’il avait effectué fin août, le premier président de la Ve République, était impatient de sortir de l’impasse algérienne. Il était alors persuadé que, malgré tous les efforts que la France pourrait faire les Algériens étaient, et seraient, de plus en plus favorable à l’indépendance.

Homme politique, de GAULLE était homme et aussi mari, il avait au cours de sa longue vie pu constater qu’une femme qui a été longuement battue ne reste au domicile conjugal que sous la contrainte permanente, en attendant la première occasion pour pouvoir fuir.

Le général savait que la pacification avait fait subir aux musulmans, durant cinq longues années, d’innombrables contrôles au faciès et de nombreuses violences, dont, parfois, de coupables séances de tortures. Il savait que de très nombreux Algériens refusaient l’avenir que le FLN voulait leur tracer. Malheureusement pour les Européens, il avait aussi pu constater, que ces derniers devenaient au fil du temps beaucoup moins nombreux que ceux qui soutenaient l’arrivée au pouvoir du GPRA.

Après cent trente ans de présence au Maghreb, la France devait se résoudre à descendre son drapeau.

Le principe de la séparation s’imposant, restait à l’établir le divorce de la France et de l’Algérie dans les moins mauvaises conditions. Restait à effectuer les formalités dans les plus brefs délais, en limitant les inévitables drames liés aux ruptures sans consentement mutuel.

En 1959, le général avait parfaitement perçu que les Algériens musulmans voulaient alors majoritairement devenir maîtres « chez eux », mais ce qu’il n’avait pas soupçonné, ou ce qu’il ne voulait pas croire, c’est que, une fois au pouvoir, les dirigeants du FLN feraient tout pour pousser, ou forcer, les Européens à partir.

En 2004, Jean DANIEL révèlera dans le livre, Cet étranger qui me ressemble, que dès 1960 les représentants du FLN «excluaient tout avenir [en Algérie] pour les non musulmans». Trente ans après l’indépendance, Ahmed BEN BELLA avouera qu’il ne « pouvai[t] concevoir une Algérie avec 1 500 000 Pieds-noirs ».

En septembre 1959, aucun Français de métropole ne pouvait sérieusement imaginer que les Européens d’Algérie seraient massivement contraints à l’exil avant 3 ans. Pour le général, en raison du calendrier qu’il proposait dans son allocution, la pleine indépendance de l’Algérie n’était pas envisageable avant 5 ans. Un éventuel exode des Pieds-noirs ne hantait donc alors que les Pieds-noirs eux-mêmes.

C’est précisément parce qu’ils se sont sentis seuls, abandonnés à un sort qu’ils prévoyaient funeste, que les Pieds-noirs, ont perdu toute mesure et toute raison, et ont déclenché la spirale infernale qui devait les obliger à quitter brusquement l’Algérie.

Malheureusement pour eux, les craintes des Pieds-noirs étaient tout à fait justifiées pour des raisons arithmétiques simples.

Depuis 1958, la France s’était agrandie. En 1960, en additionnant la population de la France métropolitaine, des DOMTOM et de l’Algérie, elle comptait environ 56 millions d’habitants, dont 31,5 millions ayant acquis le droit de vote.

Dans la République française, représentant à peine plus de 2% de la population, et un peu moins de 2% du corps électoral, les Européens formaient une toute petite minorité.

Le soir où les Pieds-noirs apprirent que leur sort serait finalement et définitivement scellé à la suite d’un référendum réservé aux seuls électeurs vivant en Algérie, ou y étant nés, ils comprirent immédiatement qu’ils étaient condamnés soit à l’exode, soit à la dihmmitude.

Depuis 1962, depuis leur arrivée forcée en France, les Pieds-noirs sont fustigés par les « beaux-esprits », comme s’ils étaient les seuls coupables des malheurs qui leur sont advenus.

Qu’ils se soient fourvoyés après avoir entendu l’allocution du général de GAULLE le 16 septembre 1959 est une évidence. Qu’ils soient les seuls, et les premiers coupables de leur fourvoiement est tout à fait contestable.

Car, les Européens d’Algérie n’ont eu qu’un seul tort, ce fut de croire sur parole tous les politiciens qui, sous la IVe République, qu’ils fussent de droite comme de gauche, leur ont affirmé, et les ont convaincus, que l’Algérie était la France, et leur ont fait croire en «l’inébranlable volonté française à la fois de présence en Algérie et d’évolution».

Les politiques qui n’ont cessé de répéter que les liens entre les deux pays étaient « indéfectibles » sont les premiers blâmables, incapables d’analyser la réalité de la situation, notamment démographique, incapables d’éclairer l’avenir des Européens, par manque de clairvoyance ou/et par manque de courage politique, et par manque, osons le mot, de probité.

Pouvait-il en être autrement ?

Dès la fin tragique de la guerre d’Algérie, tous ceux qui savaient et qui n’ont rien dit, n’ont eu de cesse d’épiloguer sur ce qu’il aurait fallu dire et faire.

C’est la brièveté de l’allocution du général, et son manque de précision, qui ont laissé place à de nombreuses interprétations malveillantes et alarmistes, et donné naissance à des prophéties auto-réalisatrices . Telle est l’antienne le plus souvent répétée.

Selon cette vue de l’histoire, c’est le général qui aurait été le premier coupable du drame.

Prétendre cela, c’est oublier la réalité et la complexité de la situation en septembre 1959. Lorsque le président de la République évoqua pour la première fois le principe d’autodétermination il le fit avant d’avoir pu approcher sérieusement des responsables du GPRA, ou du FLN.

Alors que depuis 1957, les dirigeants français essayaient en vain de trouver des interlocuteurs, le FLN exigeait toujours que la France reconnaisse l’indépendance de l’Algérie avant toute négociation ; négociation qui ne pouvait dès lors porter que sur les modalités pratiques de l’accession à l’indépendance, et en aucun cas sur son principe.

En 2021, les dirigeants français sont encore souvent accusés d’avoir tardé à négocier alors qu’on peut vérifier que le FLN n’a jamais voulu négocier l’indépendance.

Depuis septembre 1958, le FLN exigeait en préalable à toute « négociation », que le gouvernement français reconnaisse l’indépendance de l’Algérie, qu’il reconnaisse le GPRA comme seul représentant légitime du peuple algérien, et qu’il s’engage à lui remettre le pouvoir, et à lui seul.

Pour le FLN, des trois propositions faites par le président français en 1959, une seule pouvait être négociée, sur la forme, mais en aucun cas sur le fond.

De même, pour les Européens une seule pouvait être discutée, et seulement sur la forme.

Comme pour tout divorce qui ne peut se faire à l’amiable, il fallut faire appel à un juge pour arbitrer le contentieux.

Pour le général de GAULLE ce juge avait de nombreux visages, mais il avait un seul nom, le peuple français.

Il fallut deux référendums pour que le principe de l’indépendance de l’Algérie soit adopté par l’immense majorité des citoyens français, enfin convaincus qu’il n’était que temps de mettre fin à « une guerre imbécile et sans issue ».

Le troisième référendum s’est déroulé dans de telles conditions qu’on ne peut lui attribuer aucune valeur démocratique. En juillet 1962, les Européens avaient déjà quitté nombreux l’Algérie, et l’ALN des frontières « armée extérieures » avait commencé à prendre le pouvoir, avec la ferme volonté de ne plus jamais le lâcher.

 

Malheureusement pour le peuple algérien, seule promesse tenue !

Question du référendum 1 :

« Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs publics en Algérie avant l’autodétermination ? »

Le 8 janvier 1961 – résultat du référendum sur l’autodétermination de l’Algérie

Question du référendum 2 :

« Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et concernant les accords à établir et les mesures à prendre au sujet de l’Algérie sur la base des déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 ? »

Le 8 avril 1962 – résultat du référendum sur les accords d’Évian

Question du référendum 3 :

« Voulez-vous que l’Algérie devienne un État indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ? »

Le 1er juillet 1962 – résultat du référendum sur l’indépendance de l’Algérie

On peut constater que le nombre d’électeurs a augmenté de près 50% après les accords d’Évian.

Il faut rappeler que le délégué du FLN avait imposé à lExécutif provisoire, une question unique au référendum, et avait ajouté : « le résultat est connu d’avance« .

On n’a aucun mal à le croire

La composition du corps électoral était réglementée principalement par un décret du 19 mars 1962, comprenant les citoyens résidant en Algérie (art. 1), les citoyens inscrits sur une liste électorale en Algérie résidant hors du territoire (art. 2), et certains citoyens nés en Algérie et résidant en France métropolitaine ou d’outre-mer (art. 3).

Il est donc impensable que le décret ait été la seule cause de cette augmentation aussi massive que soudaine.

Voir : 1962, arithmétique électorale algérienne

Épilogue

Rare philosophe à oser dénoncer l’aveuglement et la complaisance des intellectuels à l’égard des régimes communistes, dans L’Opium des intellectuels, Raymond ARON notait que les grandes révolutions étaient d’abord le fait des intellectuels qui n’hésitaient jamais à persécuter ceux qui avaient le culot de ne pas observer le monde avec le même prisme qu’eux.

Quarante ans après la mort du philosophe le plus clairvoyant du XXe siècle, les intellectuels occidentaux continuent à condamner, sans jamais tenter de les entendre, les catégories sociales qui refusent leur vision biaisée du monde et de la réalité.

Depuis que la pandémie à la covid-19 a mis l’économie mondialisée en veilleuse, voire à l’arrêt, en France, les élites mondialisées ont été obligées de modifier leur regard sur « les petits, les obscurs, les sans-grades », contraints et forcés de revoir leur échelle des valeurs.

Par contre, malheureusement, rien ne bouge en matière d’analyse sociétale et géopolitique .

Les faiseurs d’opinion les plus en vue, qui tiennent très souvent à saluer depuis des années les bons côtés économiques de la mondialisation, continuent à refuser d’admettre ses mauvais côtés, notamment en matière de terrorisme. Et ils s’offusquent, pour des raisons morales et/ou idéologiques, qu’on puisse faire un lien entre immigration et terrorisme, un lien entre terrorisme et islamisme.

En 2018, le 12 juillet, croyant de façon simpliste qu’en effaçant le mot ils effaceraient la chose, les députés français ont voté à l’unanimité la suppression du mot « race » de l’article 1er de la Loi fondamentale de la Constitution de la Ve République et ont également interdit toute « distinction de sexe« 

Dans l’article 1 réécrit, qui définit les valeurs fondamentales de la République, la France « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine ou de religion », au lieu de « sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

Dès le lendemain, le Journal Libération expliquait Pourquoi le mot « race » reste[rait] dans la constitution, malgré sa suppression?

En octobre 2018, Gilles-William GOLDNADEL avocat, président de l’association FranceIsraël, a dénoncé dans son livre, Névrose médiatique sur canapé – Le monde est devenu une foule déchaînée, paru chez Plon :

« Le drame que nous vivons est, qu’un antiracisme idéologique de pacotille a perverti la lutte sincère et nécessaire contre le racisme et que son prétendu antinazisme est devenu fou.

En même temps que l’antiracisme de bazar à proscrit le mot «race», il est littéralement obsédé par la différence raciale, voit du racisme partout, surtout là où il n’existe pas, et refuse de l’apercevoir là où cela dérange sa hiérarchisation victimaire des races qui a tourné au racisme.

depuis longtemps l’antiracisme idéologique, est devenu le principal fabricant de racisme. »

En juin 2020 dans Le Figaro, Anne-Marie LE POURHIET, professeur en droit constitutionnel continuait à mettre en garde les élus de la nation qui voulaient poursuivre leur travail d‘«effacement» : «supprimer le mot race de la Constitution est contre-productif».

L’antiraciste instrumentalisé, dévoyé depuis des années, et désormais hystérisé, a conduit à racialiser les rapports sociaux et l’Histoire de France. En 2021, les Français blancs reçoivent l’injonction, de mouvements dits indigénistes, de faire repentance pour les horreurs commises sur les noirs en Afrique, au cours des siècles passés, par quelques uns de leurs lointains ancêtres. Tous les Français blancs de peau, quelles que soient leurs origines géographiques et familiales, sont ainsi sommés de porter collectivement la honte de crimes perpétrés par quelques blancs, pour la seule et unique raison qu’ils sont eux-mêmes blancs.

En 2010, le futur président MACRON refusait de s' »excuser d’être un jeune mâle blanc diplômé« .

En 2015, Delphine ERNOTTE, déclarait à son arrivée à la présidence de France TV que les « hommes blancs de plus de 50 ans » étaient trop nombreux.

Le 22 mai 2018, Emmanuel MACRON, devenu président, alors qu’il devait présenter un plan « banlieues » dans le sillage du rapport rédigé par Jean-Louis BORLOO, annonçait publiquement ne rien en faire : « Ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un un rapport, l’autre disant : On m’a remis un plan… Ce n’est pas vrai. Ça ne marche plus comme ça. »

On peut noter qu‘en moins de 10 ans le jeune mâle blanc, a adopté la lecture coloriste des rapports humains importée des États-Unis.

Jusqu’à ce jour, aucun journaliste n’a fait remarquer que l’argument, avancé par le président pour rejeter des propositions, était dangereux à utiliser, car il peut aisément être retourné, notamment au niveau international.

En effet, si un « blanc ne vivant pas dans le quartier », n’a aucune légitimité pour s’exprimer et agir en dehors de « son monde », bien que très expérimenté, qu’elle est la légitimité d’un président jeune, blanc et inexpérimenté, notamment militairement, pour imposer aux Africains noirs ses vues sur la guerre contre le djihadisme au Sahel ?

L’histoire a montré qu’il était présomptueux et imprudent de tenir des propos fracassants et définitifs. Pourtant le président MACRON a voulu déclarer : Avec les terroristes, on ne discute pas. On combat “.

L’engagement militaire de la France au Mali a été présenté comme une obligation de sécurité intérieure. Les Français ont bien compris le sens et la nécessité de l’intervention précipitée de leurs soldats en Afrique. Mais aujourd’hui ils demandent à leurs dirigeants d’intervenir autant pour ramener la paix et l’ordre en France qu’au Sahel.

Cette injonction à agir dans les zones de non droit de l’Hexagone est bien sûr une demande pour faire cesser la violence et pour mettre un terme au désordre généralisé, mais c’est aussi, et surtout, une demande de cohérence.

Toutes les mesures inconséquentes prises par les gouvernements français depuis la fin de la guerre en Algérie, ont offert aux terroristes islamistes au fil du temps des conditions particulièrement favorables pour pouvoir faire avancer leur idéologie mortifère, et pour y perpétrer leurs crimes. À quoi bon alors lutter contre la terreur islamiste en Afrique, si on la laisse s’installer et se renforcer en France.

Si les dirigeants occidentaux semblent l’avoir inexcusablement oublié, les têtes pensantes de l’islamisme l’ont parfaitement bien compris depuis longtemps. Ils ont appris de la Guerre d’Algérie que c’est le peuple français souverain qui a décidé de faire rentrer ses soldats en métropole. Et que si les Français en avaient décidé autrement, l’ALN n’aurait pas pu aisément défaire l’armée française, forte de plus de 400 000 hommes, et disposant d’un armement très important.

De retour d’Algérie les militaires français ont compris que ce n’était pas dans le bled qu’ils avaient perdu la guerre mais au Café de Flore.

Le déni de la réalité est un poison mortel pour notre démocratie, voire pour le pays. Il n’est que temps de regarder en face la haine et la violence qui montent inexorablement depuis des années en France. Malheureusement, désormais, on préfère faire le procès de l’histoire plutôt que d’en tirer des leçons.

« Le problème le plus profond touche à la dislocation de notre imaginaire collectif, de toute culture commune, de toute morale partagée. Une partie croissante de la jeunesse n’a jamais appris à aimer la France, à éprouver de la fierté à être français, quand elle n’est pas élevée dans la haine de la France, de son histoire, de sa civilisation et de sa civilité. En laissant faire, en abandonnant la culture générale, en cédant à toutes les minorités agissantes qui veulent déconstruire ce qui nous permet de vivre ensemble en éprouvant une communauté de destin, nous réduisons dramatiquement les chances de vivre en paix. C’est le socle de toute légitimité qui est atteint. Quelle autorité pour l’État, quand pour quantité de jeunes, la police n’est plus qu’une bande comme une autre? ». Quand «l’autorité de l’État est en ruine, elle n’endigue plus la montée de la violence».

Pour lutter résolument contre le terrorisme il devient donc aussi important, sinon plus, de veiller à la cohésion nationale que de réduire des groupes armés terroristes au cœur de l’Azawad.

À la suite de François MITTERRAND, pour préserver la cohésion nationale, les dirigeants français ont résolu d’éduquer à la vertu, ou plus exactement, de mettre en redressement le peuple, tout le peuple.

C’est ainsi que depuis bientôt 40 ans, tous les Français ont été mis en suspicion de racisme, d’antisémitisme, de machisme, d’homophobie, et désormais d’islamophobie.

Tout faire pour ne pas offenser l’islam, et ne pas succomber à l’amalgame entre islam et islamisme est devenu aujourd’hui une grande cause nationale.

Ne pas céder à la tentation de la confusion après chaque attentat djihadiste,  ne pas crier vengeance, ne pas nourrir d’animosité envers tous les musulmans, simplement parce qu’ils sont musulmans, ce n’est pas faire le choix de la facilité, mais c’est faire le choix de l’intelligence.

Si les Français doivent avoir la sagesse de ne pas nourrir de haine, ils ne doivent pas pour autant perdre la mémoire.

Alors que depuis 1970, en 50 ans, le nombre de jeunes français accédant à l’enseignement supérieur a été multiplié par 3,5 pour atteindre en 2021 le nombre de 2,8 millions, de 1960 à 1970 ce nombre at été multiplié par 4, soit 6 fois plus par an.

1962 Crise des missiles de Cuba

1962 Indépendance de l’Algérie, fin de la guerre

1962-1965 Concile Vatican II

1965-1973 Les conscrits américains engagés dans la Guerre du Vietnam

1966 Début de la révolution culturelle en Chine.

1968 Événements de mai.

1968 Printemps de Prague.

1969 Sortie du film Le Chagrin et la Pitié.

1969 Le premier homme sur la lune, Neil AMSTRONG.

1970 Mort du général de GAULLE.

1972 Parution du livre de Robert O. PAXTON, La France de Vichy.

Ces changements et ces évènements ont profondément et durablement fracturé la société française. C’est au cours de cette dizaine d’années que les étudiants français, les futurs intellectuels et dirigeants du pays, ont façonné leur imaginaire collectif, dans lequel la France résistante du général de GAULLE n’avait plus sa place.

Alors que de tous les pays sous occupation nazie, la France a eu de loin le pourcentage le plus élevé de Juifs qui furent sauvés, le récit national résistant a été soudain sommé de s’effacer devant un roman noir national collabo.

Non seulement cette génération, qui s’avérera la plus vernie et la plus gâtée de l’histoire de France, s’est montrée d’une ignoble ingratitude vis à vis des ses anciens, et de ses ancêtres, mais qui plus est, dans une sorte d’inexplicable plaisir masochiste, elle a tenu à afficher une haine de soi pour expier tous les crimes commis, ou pas, par ses ainés

On est ainsi passé, pour les plus zélés des « repentants » : de la fierté d’être des enfants de héros, à la honte affichée d’être des enfants de salauds.

Les caricaturistes ne furent pas pour rien dans le succès de cette vision du peuple français.

L’image du beauf, franchouillard, alcoolique, collabo et raciste, était née pour le plus grand malheur des travailleurs français, surtout les plus humbles.

La plus scandaleuse des injustices reste que, cette image du beauf fut surtout portée par des admirateurs de Jean-Paul SARTRE et de Simone de BEAUVOIR, dont on sait qu’ils ont été des résistants particulièrement discrets.

C’est en défendant avec un bulldozer le principe de la préférence nationale contre des immigrés maliens  en 1980, un 24 décembre, que le Parti communiste français manifesta pour la dernière fois une empathie agissante propre à des français de souche.

Pour la gauche bien pensante, poste soixante-huitarde, le PCF s’était livré ce jour-là aux mêmes exactions que l’extrême droite contre les immigrés. Une extrême droite qui n’avait pas encore percée dans les urnes, mais dont François MITTERRAND n’allait pas tarder cyniquement à favoriser la montée en puissance.

Après 1980, et plus encore après la création de SOS Racisme en 1984, les travailleurs français comprirent que la préférence nationale, qui prévalait sous la IIIe et la IVe Républiques, était désormais bannie, et honnie par la gauche française, qui ne redoutait rien tant que la xénophobie.

En juillet 2020, sur son blog, le Centre d’observation de la société titre : De moins en moins de Français estiment que les immigrés sont trop nombreux. L’article tend à montrer que les discours alarmistes reposent sur une surinterprétation des résultats des sondages car : « Certains Français peuvent penser que les immigrés sont « plutôt » trop nombreux dans certains quartiers sans être opposés à leur présence. »

L’article, bien qu’il se veuille rassurant, admet que pour près de la moitié des Français il y a un réel problème de cohabitation avec les populations immigrées. Bien que les médias fassent beaucoup d’efforts pour ne pas stigmatiser les musulmans, plus personne ne nie vraiment aujourd’hui que c’est avec les musulmans que la cohabitation est la plus problématique.

Peut-on sérieusement affirmer, comme certains responsables politiques le font, que cette situation est due essentiellement à une islamophobie toute particulière des Français ?

Sous-entendu, si les Français étaient plus accueillants il y aurait moins de problèmes.

En 2016 d’après l’étude citée par mediapart., la France était le pays qui comptait le plus grand nombre de musulmans en Europe : 5.72 millions. Exceptés Chypre et la Bulgarie, c’était également le pays où la proportion de musulmans était la plus élevée : 8.8%.

Les étrangers qui viennent en France ne manquent pas de s’interroger sur cet étrange paradoxe français : comment se fait-il, si le pays est si raciste, si xénophobe, si islamophobe, que les musulmans restent si nombreux à y vivre, si nombreux à y venir, et plus encore à tenter de le faire ?

Le paradoxe français a une histoire et une explication. L’histoire c’est bien sûr la Guerre d’Algérie, et l’explication est très simple. Si les immigrés de culture musulmane viennent vivre dans un « pays islamophobe » et « raciste », c’est que l’islamophobie française réelle ou supposée leur est beaucoup moins pénible que le manque de liberté de penser et de faire dans leur pays d’origine.

Les millions d’Algériens qui manifestent depuis 2 ans dans toutes les grandes villes d’Algérie, ne veulent plus être dupes du discours de leurs dirigeants. Ils ont compris que les responsables du FLN ne tiendraient jamais les promesses de la révolution algérienne. Preuve en fut l’empressement qu’ils ont mis à s’installer au pouvoir rapidement, alors qu’il était évident dès 1958 que pour des raisons démographiques, et politiques, plus l’Algérie se développerait avec l’assistance de la France, plus son indépendance deviendrait inéluctable.

En 1960, soit en moins de 6 ans, les Algériens avaient acquis la certitude qu’ils auraient la liberté de se gouverner eux-mêmes très prochainement, 60 ans après le départ de la France, les jeunes en Algérie ne savent toujours pas s’ils connaîtront la démocratie un jour.

Depuis 60 ans les dirigeants algériens font porter à la France et aux Français la responsabilité de tous leurs échecs. Depuis l’indépendance tous les dirigeants français se sont montrés d’une rare mansuétude, voire complaisants, avec leurs homologues d’Algérie.

Aujourd’hui il n’est plus possible de plaire au peuple algérien, de plaire au peuple français, et de complaire aux gouvernants algériens en même temps.

Si les dirigeants français ne comprennent toujours pas l’incohérence et l’inconséquence à long terme des politiques qu’ils mènent depuis des décennies avec les pays musulmans, et tout particulièrement avec l’Algérie, les classes populaires les plus défavorisées, celles qui souffrent le plus de la difficulté de vivre au contact de populations dont les codes sociaux leur sont de plus en plus étrangers, les comprennent de mieux en mieux et le font savoir, dans les sondages et dans les urnes.

Depuis 1984, pour tenter de masquer leur impuissance à régler les problèmes sociaux et sociétaux, la plupart des gouvernants convoquent un antiracisme quasi obsessionnel, qui fait, de ceux qu’on appelle par commodité Français de souche, les premiers, voire les seuls, responsables de leurs conditions de vie de plus en plus dégradées.

Des dirigeants politiques, complètement « hors sol », vont même jusqu’à affirmer que les principales causes des troubles de plus en plus violents constatés en France, sont la xénophobie et l’intolérance ambiantes, qui pousseraient les habitants des quartiers les plus déshérités à se révolter, par réaction.

Conclusion simple, si les habitants étaient tolérants et accueillants, et acceptaient de vivre cote à cote en France, il y aurait beaucoup moins de tensions entre les habitants, moins de face à face.

Cette façon d’aborder le problème des tensions interculturelles en France est bien sûr simpliste, mais elle est surtout une insulte à la mémoire de toutes les populations non musulmanes qui ont essayé pendant des siècles de cohabiter avec des musulmans, pour être contraints finalement à l’exil dans des conditions le plus souvent dramatiques.

Les Français et les Européens ne doivent pas oublier les crimes commis par leurs ancêtres, mais ils ne doivent pas passer sous silence, par inculture ou par lâcheté, les crimes commis par les ancêtres des immigrés venus vivre en Europe.

Laisser en octobre 2020 sans réagir sérieusement, le président turc Recep Tayyip ERDOGAN déclarer : «Les musulmans d’Europe [sont] traités comme les juifs avant la Seconde Guerre mondiale» est totalement inconséquent.

À quoi bon avoir dénoncé le génocide arménien, si c’est pour laisser le président de la Turquie proférer des propos irresponsables et grossièrement mensongers, propres à attiser la haine des Turcs vivant en France contre les Français.

Rappelons donc quelques données chiffrées pour informer les Européens et les Français qui, hier encore, ne voyaient aucune objection à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

L’islomaphobie des Français en données chiffrées. Une islamophobie toute relative !

Les dirigeants européens seraient bien inspirés de ne pas afficher, dans leurs relations internationales, des indignations morales à géométrie variable. Cela devient tellement grossier, que les Européens les moins instruits et les moins futés sont devenus capables d’en percevoir la supercherie.

Comment peuvent-ils fustiger les gouvernants russes pour avoir condamné les Pussy Riot  un groupe de punk rock féministe russe, originaire de Moscou, et ne rien dire sur le statut des femmes dans la plupart des pays musulmans ?

Comment peuvent-ils faire semblant de se scandaliser du manque de liberté religieuse en Chine, tout en entretenant avec l’Arabie saoudite les relations commerciales les plus immorales qui soient depuis la Seconde Guerre mondiale ?

Plus grave encore, en ne condamnant pas formellement et officiellement les règles et les comportements contraires aux valeurs morales occidentales dans les pays dont sont originaires les nouveaux venus en Europe, les Européens laissent coupablement accroire aux immigrés que le respect de leurs règles est facultatif.

Pour avoir de saines et durables relations internationales bilatérales, comme pour les relations dans un couple, il faut veiller à respecter un minimum de règles de réciprocité.

Les électeurs populistes européens dont le vote est tant décrié, n’ont aucune exigence excessive.

Ils aspirent tout simplement à ce que les étrangers respectent les règles en Europe, et que ces règles soient les mêmes pour tous.

L’allègement du dispositif «Barkhane» n’est plus à l’ordre du jour

Donner une perspective à «Barkhane», cette opération militaire française au Sahel qui dure désormais depuis sept ans. Emmanuel MACRON s’y est essayé mardi, à l’issue du sommet de N’Djamena avec ses homologues du G5 Sahel (Niger, Mali, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso) auquel il a finalement assisté à distance. Un an après une première réunion à Pau, où un « surge » de 600 hommes avait été décidé pour porter les effectifs français à 5 100, l’heure n’est pas à la décrue.

L’idée, évoquée ces dernières semaines par des officiers puis par le président français lui-même, n’est plus à l’ordre du jour.

On peut lire l’article intégral publié dans Le Figaro le 16 février 2021

TRIBUNE – L’intellectuel et écrivain, Régis DEBRAY, souligne que, pour la première fois depuis deux siècles, la France est gouvernée par une génération de «managers» qui n’ont participé, à titre personnel, à aucun conflit armé.

Publié dans  Le Figaro le 10 janvier 2021

«C’est le destin des guerres dans nos démocraties contemporaines de passer par trois phases: l’euphorie de la cause juste, la morosité de la guerre d’usure et la préparation du rapatriement des troupes», juge Régis DEBRAY; Clairefond

Faire simple est difficile. Marx peut aider. J’entends les Marx Brothers«Un enfant de 7 ans résoudrait ce problème!», s’exclame Groucho en maréchal, penché sur une carte d’état-major. Un silence, puis: «Faites venir un enfant de 7 ans

Que verrait cet ingénu en se penchant sur la France guerroyant vaillamment en Afrique? D’abord, qu’un cher et vieux pays pour lequel la mort de deux soldats en opération est un traumatisme national, avec un discours présidentiel et une émouvante cérémonie, est parvenu, dans sa société civile, à un point de sa trajectoire historique et à un degré de civilisation tels qu’il est pour lui déraisonnable de faire la guerre, où que ce soit. En 1418, une journée à 1000 tués sur le front était une bonne journée et, à 10.000, dans une offensive, une mauvaise journée.

Pour la première fois depuis deux siècles, la France est gouvernée par une génération qui n’a pas connu de guerre, civile, mondiale ou coloniale. Pour nos jeunes managers, enfants gâtés de l’histoire, les soldats sont des fonctionnaires en poste, tenus à des règles comptables, même si nos volontaires ont, eux, une plus haute idée de leur mission. Quand, de notre côté, rien ne vaut la vie et qu’en face la vie ne vaut rien, mieux vaudrait assigner à un service public (non encore privatisé), des tâches moins exposées: psychologiques – patrouiller en ville -, technologiques – robotiser -, et plus urgentes – la cyberguerre.

Reste qu’une nation, comme un individu, hérite de son passé certaines compulsions de répétition, des «conduites incoercibles par lesquelles le sujet se place activement dans des situations pénibles sans se souvenir du prototype et avec l’impression très vive qu’il s’agit d’une chose pleinement motivée dans l’actuel» (FREUD). L’une de ces conduites amnésiques porte en France le nom d’«opex» (opération extérieure). Soit un scénario immuable, comportant trois séquences.

Le trio utile sur les plateaux serait l’ethnologue, l’historien et le géographe, spécialistes des lieux, mais non nos leaders d’opinion.

La première est à l’euphorie.

Il est question non de conflit, mais d’intervention, pacification ou «stabilisation régionale». Les premiers succès poussent à l’optimisme. L’opération paraît de bon sens parce qu’elle n’a qu’un ennemi, partout le même: un «isme» multiface et conquérant. Hier, le communisme ; aujourd’hui, le terrorisme. Que des pays communistes aient pu en venir aux mains (URSS, Chine, Vietnam, Cambodge, etc.) prouve assez qu’il ne s’agissait pas d’une entité homogène. Le terrorisme l’est encore moins: pas de Moscou, ni de partis, ni de doctrine. Aussi ses praticiens d’occasion savent-ils fort bien s’exterminer les uns les autres (chiites et sunnites, par exemple). Quand on prend un qualificatif pour un substantif, on se trompe de sujet. On a oublié le fait national, religieux ou tribal. On escamote dans son discours une réalité complexe derrière une abstraction simpliste: définition de l’idéologie.

L’«isme» simplifie et facilite la vente à l’opinion. Le consensus est entretenu par l’expert, le baroudeur et l’intellectuel. Le premier (genre cadre de réserve) parlera tactique, matériel, renforcement des effectifs en vue du dernier quart d’heure (le «surge»). Le second (genre type bien) évoquera, retour d’une visite sur place, les affres mais aussi les difficiles vertus de l’engagement. Le troisième (genre phraseur) veillera aux majuscules, aux valeurs et à l’Occident. Jusqu’à transmuer des talibans en «freedom fighters» et des djihadistes en admirables rebelles.

Et, coiffant ce trio classique, se tient le donneur d’ordre. C’est le plus dangereux, parce que le locataire de l’Élysée ne connaît rien de la région où porter le fer, qu’il a le dernier sondage pour boussole et pense, s’il pense, à très court terme, à sa réélection.

Le trio utile sur les plateaux serait l’ethnologue, l’historien et le géographe, spécialistes des lieux, mais non nos leaders d’opinion. Le risque, avec ces savants trop discrets, serait de voir les choses se compliquer (montrant un enchevêtrement de traditions, tribus, climats, clans et confessions). La brillante invasion de la Libye s’est opérée, par exemple, sans consultation des connaisseurs du pays ni même de notre ambassadeur sur place, arabisant émérite. Un médiatique ignare servit de référence.

C’est ainsi qu’avec les meilleures intentions du monde – répondre à un appel au secours ou riposter à une atrocité (comme le massacre par le FLN algérien d’un village entier, Melouza) – des valeureux se retrouvent au milieu de populations dont on ignore et le passé, et la langue, et la religion, et la cuisine, et les structures de parenté. Les peuples n’aiment pas les missionnaires armés, et l’autochtone sait bien que les Robocop tombés du ciel repartiront un jour ; après quoi viendront les règlements de compte (ce qui incite à la réserve). Sur le papier, l’homme des droits de l’homme n’a pas de mémoire, ni de dieux particuliers, ni d’ancrage au sol. Sur le terrain, il y a des surprises.

McNAMARA, l’ancien ordonnateur de la «guerre du Vietnam», a fait ses comptes dix ans après (le temps qu’il faut à un adulte pour parvenir à l’âge de raison). «Nous ne connaissions rien du Vietnam et de son peuple. Nous n’étions pas chez nous et nous ne pouvions que perdre cette guerre d’indépendance, malgré notre formidable supériorité militaire. Et notre théorie des dominos était fausse (si le Vietnam tombe, toute l’Asie s’écroule).» Mais il n’y a pas de leçons de l’histoire, et le franc-parler d’un responsable nord-américain courageux et matter of fact n’est pas à la portée de tous. Il n’a pas empêché son pays d’enchaîner imperturbablement sur la Somalie, l’Irak, l’Afghanistan et la Syrie – même veine, même amertume. Tout se passe comme si la France, à son échelle (5000 hommes, non 500.000), entendait poursuivre la lourde tâche (seule, quoique avec le soutien logistique et décisif du grand patron leading from behind).

Avec une différence notable: le complexe «militaro-industriel» compte peu, chez nous, à côté du complexe «militaro-intellectuel» (Pierre CONESA) où le boutefeu n’est pas celui qu’on croit. C’est un vieux paradoxe: les civils qui n’ont pas l’expérience du feu ni du service militaire sont beaucoup plus bellicistes que les militaires eux-mêmes, qui sont des gens pondérés et sachant de quoi ils parlent.

Le fait qu’il n’y ait jamais de précédent fait partie du tragique de l’histoire.

La deuxième phase est à la morosité.

Il y eut certes un bon départ, dans la capitale, vu l’écrasante disproportion des capacités (maîtrise complète du ciel, des mers et des grandes villes, satellites d’observation, drones, etc.), ainsi qu’un président qui a vu bondir à domicile sa cote de popularité, exulte et bombe le torse. La posture «chef des armées» est toujours d’excellent rapport. Mais peu après commence, dans l’inattention et l’indifférence générale (on a d’autres chats à fouetter), une guerre d’usure, enlisante et sans éclat, avec ses victimes et ses bavures. On en appelle alors aux «alliés», qui rechignent, en dépit d’un crochet humanitaire par l’ONU, car seul un empire peut bricoler de chic une «coalition internationale». Ce n’est pas dans nos moyens. La grande pensée, c’est une montée en puissance de forces locales, afin que ceux qu’on était venu sauver puissent devenir les sauveteurs des sauveurs.

On parlera donc de vietnamiser, afghaniser, sahéliser (etc.) une partie mal engagée, en entraînant et encadrant une armée «nationale et souveraine». C’est l’heure de la «nation building» à la charge d’un occupant étranger: le paradoxe ne fait rire personne. Résultat: corruption, désertions, double jeu et peu d’entrain. L’armée indigène et supposée flambant neuve, chargée de protéger les protecteurs, ne rendra pas les services attendus. Elle est d’emblée déconsidérée comme une force supplétive, et le sentiment anti-intervenant gagne la population. Elle s’exaspère et manifeste. Se lèvent alors, en métropole, des questions murmurées prudemment, puis bientôt à voix haute. À quoi bon tous ces morts? Tous ces dévouements pour de l’ingratitude? Et pourquoi tant de milliards dépensés au loin quand on en aurait tant besoin sur place?

La troisième phase est l’organisation en sous-main du retour à la maison.

Elle commence par la dénonciation officielle des «lâches partisans de l’abandon», insoucieux des funestes conséquences qui en résulteraient, car, c’est évident, «on ne négocie pas avec des terroristes». Elle est le préalable obligé à l’ouverture de pourparlers secrets, bientôt publics. Mais c’est déjà tard et il n’y a plus rien d’autre à discuter que les modalités d’une retraite qu’on espère honorable, à quoi s’ajoute rarement le sort réservé aux recrutés locaux. L’Occident (l’Union soviétique n’a pas dérogé à la règle en Afghanistan) abrite une espèce invasive, mais qui a l’art, à Kaboul comme à Tripoli, de fausser compagnie sans s’occuper de la suite. Et pour cause: venue pour réparer un désordre, on laisse derrière soi un chaos.

La page sera tournée sans mot dire. Comment un rapport de forces conventionnelles de 100 à 1 peut-il déboucher à chaque reprise sur une déconfiture – c’est la question à ne pas poser, le bilan critique à éviter, ce qui permettra de recommencer à la prochaine décennie, avec d’autres présidents, moralistes et humanitaires. Le fait qu’il n’y ait jamais de précédent fait partie du tragique de l’histoire. Mais alors, on cesse de défendre nos intérêts, nos entreprises, nos compatriotes? On déchire les accords de défense, on laisse tomber nos obligés? Un réaliste à l’américaine pourrait ici souffler à ses épigones deux façons de procéder: l’opération coup de poing, aéroportée, type commando ; et/ou le camp retranché sur le terrain, comme en Irak. Cela ne résout rien sur le long terme, mais limite la casse. Un cynisme peu glorieux, certes, mais dans le conflit asymétrique où de supérieures intelligences accumulent les bêtises, inutile de rêver: le pont d’Arcole est et restera hors de portée.

Le dernier ouvrage paru de l’écrivain Régis DEBRAY est «D’un siècle l’autre» (Gallimard, 304 p., 20 €).

La rédaction vous conseille

[Le 24 mai 2021, 17 H45, J. B., Auch : Bonjour, Ma réaction à l’article dont je viens de terminer la lecture. Il m’arrive de lire « en diagonale » les articles [du site web d’ICEO].  Celui-là malgré sa longueur, je l’ai lu patiemment en entier. Certes je ne suis pas sûr que ce soit dans les missions d’ICEO, tellement c’est franco-français.

Mais quelle maitrise dans l’analyse! Quelle documentation ! Malgré ma mauvaise mémoire, je me souviens avoir vécu toute la période décrite. J’y ai néanmoins appris quelques détails (si l’on peut dire, tellement ils peuvent paraître parfois importants) mais pour l’essentiel c’était une relecture d’évènements vécus, sans nécessairement être compris au moment où ils se déroulaient. Et je me retrouve dans tout ce qui est dit.

Beau travail. Hélas, je ne suis pas sûr qu’il ait une influence décisive sur les décisions qui seront prises, bien qu’annoncées, pour certaines, dans la continuité de ce qui a été fait antérieurement, sans qu’on en ait tiré les conséquences.

Je ne sais pas comment le faire connaître, mais cela vaudrait le coup d’essayer une diffusion plus large…..   Amitiés.

[ Le 21 mai 2021, 20 H15, JM R., Alet-les-Bains]   « Tous ceux qui ont dirigé la France et la dirigent actuellement porteront devant l’Histoire une lourde responsabilité pour leur application obstinée et obstinément aveugle à mettre en place les conditions de la balkanisation de la France : territoires perdus « de la république » où pompiers, policiers, médecins ne peuvent plus entrer sans se faire caillasser, quartiers communautarisés d’où les classes populaires françaises ont fui, multiplication des émeutes avec tirs de mortiers d’artifice voire d’armes de guerre, actes de rébellion contre toute autorité et insécurité qui se généralise. A ICEO, nous connaissons les Balkans, nous savons ce qu’a produit comme résultats la dislocation de la Yougoslavie, nous savons ce qu’est devenu le Kosovo où les quelques Serbes qui y sont encore ne peuvent plus vivre en paix. Situation prémonitoire ? Nous ne pouvons que redouter que ce que nous voyons se produire en France conduise à ce que nous avons vu se réaliser de façon tragique dans les Balkans. »

[ Le 17 mai 2021, 17 H30, JC G., Montpellier] J’ai lu avec beaucoup d’intérêt cette étude. C’est un énorme travail passionnant à découvrir ; [en tant que professeur d’Histoire] je n’ai pas trouvé d’erreurs susceptibles de me faire bondir !

Un petit reproche cependant, voir le texte intégral

[Le 14 mai 2021, 17 H40, F. D., Montbazin] : Comme beaucoup d’indépendance et de révolution, les libérateurs d’hier sont devenus les dictateurs d’aujourd’hui, d’autant plus facilement qu’en Algérie le pouvoir a été confisqué par les militaires: 1 500 00 morts 1 million de déplacés pendant la décennie des années 1990.
Et le sort des harkis :30 à 50 000 morts. Pas glorieux pour les 2 pays .

[Le 14 mai 2021, 15 H35, F. D., Montbazin] : Bravo pour ce travail très fouillé, lu avec plaisir ayant voté pour Guy MOLLET pour qu’il termine cette guerre stupide et ayant voté contre de GAULLE pour qu’il ne la continue pas..;;;   Par contre ayant voté oui aux référendums. En pièce jointe à mon courriel 19 pages de souvenirs d’un officier SAS [6162] :.Mon Algérie – François D.

[Le 14 mai 2021, 12 H00, R. S., Nice] : Ancien professeur au lycée LYAUTEY de Casablanca, et journaliste à Paris, Alexandre GERBI est l’auteur de Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine, Imposture, refoulements et névroses (L’Harmattan, 2006). Il est aussi l’auteur d’un article publié en 2016 sur L’Obs avec Rue89. Vous devriez le lire rapidement pour votre information : Identité nationale : la fin de cinquante ans de mensonges ?