N° 448 « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. »

Albert EINSTEIN

 

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».

En 1934, lorsque le plus célèbre des prix Nobel de physique prononça cette phrase, HITLER venait d’accéder au pouvoir. Les nazis sont certes arrivés au pouvoir grâce à la passivité de la majorité du peuple allemand, mais on sait aujourd’hui qu’ils n’ont pu s’y installer solidement qu’avec la complicité des nombreux Occidentaux qui avaient follement cru pouvoir faire la guerre à l’Union soviétique par nazis interposés.

Il s’en est même fallu de peu que la Grande-Bretagne parvienne à un accord de paix avec le IIIe Reich. N° 446 Les liaisons dangereuses entre l’Angleterre et le IIIe Reich.

STALINE, partisan zélé de la dictature du prolétariat, puis arrivé au faîte du pouvoir, partisan zélé de la dictature tout court, fut un horrible tyran, dénué de tout sens moral, mais doté d’une rare intelligence politique et géostratégique.

Preuve en sont certaines des décisions les plus controversées qu’il prit à la veille et au début de la Seconde Guerre mondiale.

En 1939 le 23 août : signature du Pacte germano-soviétique.

En 1939 le 17 septembre : invasion de l’Est de la Pologne.

En 1939 le 30 novembre : attaque de la Finlande Guerre d’hiver.

En 1940 le 12 mars : signature du traité de paix de Moscou avec la Finlande.

Bilan de ce conflit de 105 jours : l’URSS avait « proposé » d’échanger 5 527 km² autour de Repola et Porajärvi en Carélie soviétique, contre 2 750 km² finlandais, en modifiant le tracé de la frontière dans la région de Petsamo et sur l’isthme de Carélie, en sus de la location du port de Hanko.

Finalement, par le traité de Moscou, l’URSS obtint l’isthme de Carélie, la Carélie finlandaise, dont la seconde ville du pays (Viipuri), 10% du territoire et 20% de la capacité industrielle finlandaise, quatre iles du Golfe de Finlande, la location de la péninsule de Hanko pour 30 ans. Soit toutes les revendications d’avant-guerre, plus Viipuri.

Concessions territoriales finlandaises au profit de l’URSS.

À la fin des fins, le 10 février 1947, en signant le traité de Paris, la Finlande dut accepter une nouvelle fois toutes les exigences de STALINE.

Avant le 22 juin 1941, avant le lancement de l’opération Barbarossa, rares furent les journalistes occidentaux capables de comprendre les raisons pour lesquelles STALINE avait soudain décidé de « pactiser » avec Adolf HITLER, moins de 6 mois après la fin de la Guerre d’Espagne, et pourquoi ce dernier, à la surprise du monde entier, avait accepté de signer un pacte de non-agression avec son ennemi juré d’hier.

Après la Seconde Guerre mondiale, les historiens ont longuement analysé les conditions dans lesquelles les engagements diplomatiques et militaires de l’URSS ont été pris. Il ressort de leurs travaux que les deux dictateurs ont signé le pacte à des fins parfaitement identiques : gagner du temps pour mieux se préparer à un inévitable affrontement.

Après la Guerre d’Espagne, le tyran, Josef STALINE, fut rapidement convaincu que ni les dirigeants français ni les dirigeants britanniques n’envisageaient sérieusement de s’opposer militairement aux exigences d’Adolf HITLER, mais que par contre, ils espéraient secrètement que l’URSS serait finalement contrainte de faire le « sale boulot » à leurs places.

Après la signature des accords de Munich le 30 septembre 1938, il devint évident pour les dirigeants soviétiques, que l’URSS ne pouvait absolument plus compter sur l’aide de la France, et encore moins sur celle de la Grande-Bretagne, en cas d’une éventuelle agression de l’Allemagne nazie.

Après le 7 mars1936, après la remilitarisation de la Rhénanie, en réponse à la ratification par le Parlement français le 27 février 1936 du traité franco-soviétique d’assistance mutuelle, STALINE ne pouvait plus se faire beaucoup d’illusions sur la fiabilité de ses relations avec les dirigeants anglais et français, car leur passivité et leur lâcheté avaient apporté la preuve qu’ils voulaient la paix à tout prix, quitte à sacrifier un allié.

Moins de 20 ans après la Conférence de Paris (janvier 1919août 1920) aucun des pays vainqueurs signataires du traité de Versailles ne voulait, ni ne pouvait politiquement, se lancer dans un nouveau conflit.

Avant même l’arrivée d’Adolf HITLER au pouvoir, les dirigeants français avaient pris clairement conscience que les traités qu’ils venaient de signer, non seulement ne garantissaient pas la paix, mais présentaient tous les risques de conduire à une nouvelle guerre, notamment avec l’Allemagne. Preuve en est le lancement de la construction de la ligne MAGINOT dès 1928.

Les poilus de 1418 qui avaient cru sincèrement vivre la « der des ders », durent malheureusement rapidement se rendre à l’évidence, la Première Guerre mondiale ne pourrait pas être la dernière.

La disparition de l’Empire allemand, de l’Empire austro-hongrois, de l’Empire ottoman, et la création de nouveaux États en Europe : renaissance de la Pologne, création de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie, avaient provoqué de tels bouleversements, de tels aberrations géographiques, de tels tensions, que le déclenchement d’une nouvelle guerre était immédiatement apparue comme inévitable. Voir l’analyse prémonitoire de Jacques BAINVILLE : Les Conséquences politiques de la paix.

Dès 1919, la France métropolitaine put recouvrer ses frontières d’avant la guerre de 1870. De toutes les grandes puissances belligérantes, elle fut ainsi la seule à voir sa superficie croître, et ses frontières quasi unanimement reconnues.

Contrairement à ce que les médias occidentaux tendent à accréditer en 2023, à la sortie de la Première Guerre mondiale, la contestation des frontières ne fut pas l’apanage de l’Europe Centrale et Orientale. Le Royaume-Uni dut notamment accorder l’indépendance à la plus grande partie de l’Irlande.

La création le 30 décembre 1922 de l’Union des républiques socialistes soviétiques, à la suite de la disparition en 1917 de l’Empire russe, marqua l’avènement d’une ère industrielle et géopolitique totalement nouvelle.

Depuis la moitié du XVIIIe, dès le début de la révolution industrielle, les gouvernants des grandes puissances manufacturières d’Europe, avaient eu pour principale préoccupation la quête de grands marchés permettant de vendre la masse croissante des produits sortant des filatures et des ateliers de leur pays.

En 1850, les grandes puissances européennes produisaient à elles seules 50 % de l’acier fabriqué dans le monde.

Ceci explique pourquoi, à la veille de la Première Guerre mondiale, forts de la suprématie, militaire et économique, qu’ils avaient acquise depuis la Renaissance, les Européens avaient réussi à se partager environ 50% des terres émergées de la planète, alors qu’ils représentaient déjà alors moins du quart de la population mondiale, évaluée alors à un peu moins de 2 milliards d’habitants.

Le partage de l’espace vitale et de la richesse du vaste monde ne s’est jamais fait à l’amiable, mais la dernière période de colonisation des Européens fut tout particulièrement violente et conflictuelle.

Elle fut violente envers les peuples colonisés. Car, pressé par l’appât du gain, les Nord-Américains et les Européens ont usé abondamment de la politique de la canonnière.

Et elle fut conflictuelle en raison de la concurrence farouche que se sont livrés les empires colonisateurs.

Surface de la terre : 510 km2 – superficie des terres émergées : 148 km2

Superficies des différents empires exprimés en millions de kilomètres carrés

Guerre en Ukraine : quand les peuples humiliés recouvrent la mémoire

Les crimes commis par les Européens de l’Ouest pendant plus de 5 siècles ne peuvent en rien excuser les crimes commis aujourd’hui par la Russie. Mais les dirigeants de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne, de l’Italie, des Pays-Bas, du Portugal, et du Royaume-Uni, auraient dû avoir l’intelligence politique et diplomatique de ne pas condamner l’agression russe strictement dans les mêmes termes et dans les mêmes formes que les États-Unis.

En développant tous le même récit de la crise ukrainienne, en appliquant tous immédiatement les mêmes sanctions économiques, et en affichant tous la même volonté implacable de soutenir unanimement et inconditionnellement le gouvernement de Kiev, les Occidentaux ont eu la naïveté de croire pouvoir faire mieux comprendre leur message, et amener plus rapidement la Russie à résipiscence.

Les Occidentaux gardent l’illusion d’être mieux entendus, lorsqu’ils parlent d’une même voix, la voix de l’Amérique, alors que, bien au contraire, leur monolinguisme anglais et leur monoglottisme atlantique les rendent de moins en moins audibles pour le reste du monde.

Depuis l’exacerbation de la guerre en Ukraine, les Européens, qui semblent avoir totalement oublié leur très long passé colonial, et leurs anciens crimes de guerre, prétendent impudemment s’ériger en premiers défenseurs du droit international et en professeurs de vertus, aux côtés des États-Unis.

Cette prétention des Occidentaux en général, et de l’Union européenne tout particulièrement, à vouloir dire le bien et le mal à la terre entière, est devenue proprement insupportable pour ce que l’on nomme aujourd’hui le Sud global.

Lorsque, pour parler de l’ensemble des différents blocs pro-occidentaux – Otan, G7, UE, États-Unis, les Russes remplacent le simple mot d’Occident par le terme Occident collectif, les Européens se sentent gravement blessés dans leur dignité, et accusent tous ceux qui font usage de ce qualificatif, qu’ils jugent péjoratif et offensant, de diffamation.

Malheureusement, depuis le mardi 24 février 2022, les Européens ont tout fait pour que, ce qu’ils dénoncent comme un mythe, apparaisse aux yeux de tous les pays membres de l’ONU comme une réalité.

En attendant et en exigeant de tous les pays qu’ils appliquent, comme eux, toutes les sanctions décidées à Washington, non seulement ils n’ont pas réussi à convaincre les pays qu’ils croyaient encore pouvoir compter dans leurs prés carrés respectifs, mais ils en ont poussé beaucoup à afficher une neutralité plus que bienveillante vis à vis de la Russie.

Les indignations et les sanctions économiques sélectives des Occidentaux incitent les chefs d’États du monde entier à faire de plus en plus preuve de prudence avant de prendre parti.

Hong Kong 1997 et Macao 1999

Le 2 juillet 1964, le président américain Lyndon B. Johnson a signé la loi historique sur les droits civiques qui abolit la ségrégation raciale et les pratiques discriminatoires. Le texte devient la pierre angulaire de la lutte contre les discriminations raciales aux États-Unis.

 

NOTES

1 Il y avait 16 000 « conseillers » américains au Vietnam en 1963 puis 23 000 en 1964 ; à partir de l’opération « roulement de tonnerre (rolling thunder) en février 1965 et avec l’envoi du corps expéditionnaire en avril 1965, le nombre de jeunes Américains engagés ne va cesser de grandir : 184 000 en 1965, 385 300 en 1966, 485 000 en 1967, 536 000 en 1968 (l’apogée se situant fin 1968/début 1969) ; 475 000 en 1969 (avec la politique de « vietnamisation » de Nixon, les effectifs commencent à baisser), 334 000 en 1970, 156 800 en 1971 et 24 200 en 1972 (à la veille de la fin des combats).

2 La guerre aura fait du côté américain 58 000 morts dont 48 000 tués au combat et entre 270 000 et 300 000 blessés. La guerre aura coûté pour les seules dépenses budgétaires 150 milliards de dollars, soit 3 % du PNB pour les années les plus coûteuses (1967, 1968 et 1969). Au regard de ces chiffres on rappellera que l’Amérique n’avait dépensé qu’un peu plus de 2 milliards de dollars en Indochine entre 1950 et 1954 et 2 milliards de plus de 1954 à 1960.

2 juillet 1964

Adoption du Civil Rights Act aux États-Unis

Texte rédigé par l’équipe de Perspective monde


Lyndon B. Johnson
LBJ Library Photo: Yoichi R. Okamoto

Le président des États-Unis, Lyndon B. Johnson, signe le Civil Rights Act à la Maison-Blanche le 2 juillet 1964. Cette législation d’envergure rend illégale la discrimination selon la race, la religion, le sexe ou l’origine nationale dans les bâtiments publics, dont les écoles, ainsi que dans les pratiques d’embauche et le processus électoral.

Le mouvement en faveur des droits des Noirs faits des avancées aux États-Unis au cours des années 1950. Le président démocrate John F. Kennedy, élu en 1960, n’arrive cependant pas à faire adopter un projet de loi mettant un terme à la ségrégation. Son assassinat, le 22 novembre 1963, contribue à relancer le débat sous son successeur, Lyndon B. Johnson. Dans la Grande Société qu’il propose à ses compatriotes en mai 1964,

[Le 2 septembre 2023, 15 H35, M. L., Mont-de-Marsan] :  Ce n’est  pas plus facile aujourd’hui de savoir où est le camp du bien, qu’hier.