N° 318 La Guerre de Yougoslavie – une sinistre entreprise de déconstruction!

L’Allemagne à la manœuvre :  Gut gemacht, der Künstler

Après la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 et la réunification allemande dès le 3 octobre 1990, les Occidentaux ont eu la folie de penser qu’ils avaient gagné la Guerre froide, ce qui à leurs yeux apportait la preuve que leur modèle était le meilleur, et que par conséquent il avait vocation à s’imposer au monde entier.

Convaincus que leur victoire sur « l’Empire du mal » était une bénédiction quasi divine, ils ont eu la présomption de diriger seuls le monde. La fin de l’Empire soviétique, le 25 décembre 1991, n’a fait que renforcer leur conviction simpliste, pour ne pas dire infantile.

Alors que pour expliquer la montée du nazisme, tous les livres d’Histoire insistent sur les méfaits du Traité de Versailles, les Occidentaux ont cru qu’ils pouvaient désormais remodeler la Géographie en faisant fi de l’Histoire.

Les Européens de l’Ouest, qui auraient dû être les plus prudents en la matière, en raison des drames qu’ils avaient vécus pendant la Seconde Guerre mondiale, se sont montrés les plus irresponsables.

Si François MITTERRAND, rendons lui pour une fois hommage, n’avait mis immédiatement le holà aux velléités de nombre d’Allemands « réunifiés », la frontière Oder-Neisse aurait été sérieusement contestée.

Pour les responsables à Bruxelles, qui prévoyaient d’élargir la communauté européenne vers l’Est, vers la Pologne, et plus si affinité, dès que possible, il était dangereux, et surtout inutile, de modifier les frontières des anciens pays du pacte de Varsovie.

En revanche, en ce qui concerna la Yougoslavie, certains ne purent s’empêcher de rêver d’un long retour en arrière. Lorsque les républiques les plus riches, Croatie et Slovénie voulurent quitter La République fédérative socialiste de Yougoslavie, les Allemands et les Autrichiens ne firent rien pour les décourager, rien pour les inviter à la patience et à la sagesse.

Rendons une fois encore hommage à François MITTERRAND, qui fut bien seul à freiner les ardeurs sécessionnistes des Croates, des Slovènes et bientôt des Bosniaques. Il fut l’un des rares chefs d’État à dénoncer la folie de ces séparations forcées qui ne pouvaient qu’être conflictuelles, en raison de la répartition géographique des différentes minorités ethniques.

Les fédéralistes européens ont une très lourde responsabilité. Comment ont-ils pu favoriser la mise à mort d’une République fédérative constituée, au moment même où ils faisaient tout pour faire naître une Europe fédérale ?

On sait aujourd’hui que la guerre de Yougoslavie était évitable. Mais dès 1991, plus en 1994, et encore moins en 1999.

Comment ?

En refusant la sécession express de la Slovénie et de la Croatie, en expliquant aux Républiques Yougoslaves qu’elles pouvaient être toutes assurées de devenir très prochainement membres de l’Union européenne en formation, sous réserve que leur adhésion puisse avoir lieu de conserve.

Après avoir détruit la Yougoslavie, les Occidentaux ont tout fait pour détruire la Serbie.

En aidant les Américains à livrer le Kosovo à l’UCK, dans les conditions dramatiques que l’on sait, les Européens se sont montrés totalement inconséquents.

Les Russes ne manquent pas une occasion de le leur rappeler.

Les Européens qui se sont crus tout puissants pour l’éternité, en faisant allégeance aux États-Unis, commencent seulement à prendre conscience de leurs erreurs criminelles.

 

Pour essayer de comprendre ces erreurs il faut libérer la parole!

Slobodan DESPOT

Slobodan DESPOT

Milos JOVANOVIC

Milos JOVANOVIC

Jacques HOGARD

Jacques HOGARD

Les Balkans occidentaux : la paix fragile – 1995 – 2021

[Le 5 juin 2021, 1 H00, J-M. R.,  Alet-les-Bains] : Quand ont commencé les bombardements de l’OTAN sur la Serbie pour l’obliger à lâcher prise au Kosovo, en 1999, j’étais dans le nord de la Bulgarie, quelque part entre Montana et Vidin, dans une petite ville de montagne proche de la frontière serbe.

Vidin – Montana (Bulgarie)

On entendait les moteurs des avions qui survolaient la zone serbe, on les voyait parfois et on voyait aussi tomber les bombes que l’on entendait ensuite exploser. Je ne sais pas très bien ce qu’il y avait à casser de ce côté-là en Serbie.

Mais plus tard, en 2005, je suis allé en mission à Belgrade. Pour aller au ministère bénéficiaire du projet européen qui m’employait, je passais tous les jours devant la carcasse défoncée jusqu’au sol du ministère de la Défense serbe qui avait été bombardé, en plein centre-ville et en deux fois à quelques heures d’intervalle : la première fois avait fait des dégâts matériels et humains ; la seconde fois, c’était encore plus criminel, alors que les secouristes de tous bords, professionnels et civils, étaient occupés à ramasser les cadavres et à évacuer les blessés.

En 2005 – Le ministère de la défense de Serbie après son bombardement en mars 1999 – en 2015    

Donc cette seconde fois a multiplié le nombre de victimes innocentes. Le bâtiment bombardé a été laissé en l’état, à titre de témoignage et de souvenir de cette agression de l’OTAN, qui avait fait suite à une vaste campagne de désinformation dans tous les médias occidentaux pour accuser les seuls Serbes de toutes les atrocités en oubliant celles des autres, croates, bosniaques et Kosovars albanais de l’UCK.

Campagne lancée par Madeleine ALBRIGHT, la si mal nommée, qui avait faussement parlé de massacres de masse  de Kosovars albanais par les Serbes – fake-news de la même veine que celles lancées plus tard par l’administration BUSH concernant les armes de destruction massive de Sadam HUSSEIN afin de déclencher en 2003 la guerre en Irak.

À Belgrade, comme dans d’autres villes en Serbie et au Monténégro, il y a eu bien d’autres destructions que je n’ai pas vues. Mais je suis allé à Novi Sad, en Voïvodine et j’ai vu les ponts détruits sur le Danube et les usines, pourtant bien loin du Kosovo.

Et malheureusement, la France oublieuse de l’Histoire et de son alliance avec la Serbie avait cru bon de participer à ces attaques. Il y a à Belgrade, au centre du parc du Kalémegdan, un grand monument de marbre blanc célébrant l’amitié indéfectible entre la Serbie et la France.

Monument de la reconnaissance à la France – Belgrade – parc du Kalémegdan

Les Serbes ont eu l’élégance de ne pas le détruire, mais c’est peut-être aussi pour mieux nous faire honte de cette trahison par laquelle nos gouvernants ont oublié nos propres intérêts au profit de ceux des autres qui ont suscité cette guerre.

Avec le fiasco subséquent de la MINUK, on en voit le résultat au Kosovo, devenu un pays à l’économie mal en point, dirigé par des mafieux et vrai nid de djihadistes où les quelques enclaves serbes qui tentent de s’accrocher à la terre de leurs ancêtres sont en permanence soumises à toutes les menaces haineuses, les pillages, les destructions de leurs fermes, de leurs églises et les agressions physiques pour les dissuader de rester.

Par contre, il a été installé au cœur du Kosovo, tout près d’Uroševac, une base US de 300 ha avec 3 000 militaires, dite Camp BondSteel, sous couvert de l’OTAN et en complément de la KFOR pour une mission de « maintien de la paix« . Nous voilà donc rassurés sur le résultat de si bonnes et vertueuses intentions.

[Le 2 juin 2021, 12 H00, S. C., Mende ] : Quel gâchis !

[Le 8 juin 2021,0 H40, J. B., Paris] : Vous avez raison d’écrire « Rendons une fois encore hommage à François MITTERRAND, qui fut bien seul à freiner les ardeurs sécessionnistes des Croates, des Slovènes et bientôt des Bosniaques. Il fut l’un des rares chefs d’État à dénoncer la folie de ces séparations forcées qui ne pouvaient qu’être conflictuelles, en raison de la répartition géographique des différentes minorités ethniques. » – Toutefois les forces centrifuges (indépendamment même des Allemands) étaient très fortes, et la Monarchie entre les deux guerres et Tito ensuite  avaient maintenu une unité  qui pouvait difficilement résister à leur disparition. Après tout cette unité avait à peine 70 ans dont 40 de guerres chaude et froide.

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