N° 217 L’Union européenne doit aller d’urgence en «réanimation intellectuelle».

« Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. » [Albert EINSTEIN]

Ce jour 15 mai 2020, au Vietnam (98 millions d’habitants), pays qui a 1300 kilomètres de frontière commune avec la Chine, foyer initial de la pandémie, toujours aucun cas de décès dû à la covid-19.
À la même date, dans l’Union européenne, à l’exception remarquable de la Grèce (1,44) qui a rejoint la CEE dès 1981, les 15 pays qui ont un taux de morts pour 100 000 habitants, inférieur à la moitié de la moyenne européenne (8,80), et à celui de l’Autriche (7,05), sont tous situés à l’Est du continent, et pour la plupart d’entre eux sont d’anciens pays du bloc soviétique.

L’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis, qui ne représentent que 11 % de la population mondiale, comptent près de 80 % des morts de la covid-19 dans le monde.

L’Union Européenne et le Royaume-Uni qui représentent moins de 7 % de la population mondiale, comptent 51 % des morts.

Les 13 pays de l’Union européenne, les plus affectés, tous à l’Ouest de l’Europe qui représentent 5 % de la population mondiale, comptent  50 % des morts de la covid-19 dans le monde. Soit dix fois plus que dans le monde entier.

Dans le monde, la moyenne du nombre de morts pour 100 000 habitants est 3,85. Dans l’Union européenne la moyenne du nombre de morts pour 100 000 habitants est 16,76.

La Belgique a le triste privilège d’être championne d’Europe et championne du monde avec un nombre record de 77,42.

La riche Allemagne que le gouvernement et les médias français ont coutume de prendre pour référence, voire pour modèle, n’est en rien, ni mondialement, ni « européennement » exemplaire, avec un nombre de 9,48. Le pays le plus peuplé et le plus puissant de l’Europe de l’Ouest est devancé, et souvent très largement devancé, par 17 pays.

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Ce sont donc les principaux pays occidentaux qui gardent dans tous les domaines la prétention d’imposer leur vision du monde, et leur vision au monde, qui se sont montrés les plus mal armés (préparés) pour lutter contre la pandémie à la covid-19. (Voir les valeurs de l’Union européenne)

Pourquoi ?

Cette question, pourquoi ?, les Français ont été obligés de se la poser en juin 1940. Comment l’armée française que tous les experts du monde entier considéraient comme la meilleure armée du monde avait-t-elle pu être acculée à la défaite en moins d’un mois ?

En mai 2020, 80 ans plus tard, les Occidentaux sont obligés de s’interroger. Comment l’Union européenne et les États-Unis, les deux grandes puissances qui étaient considérées, hier encore, comme les plus fortes économiquement, dotées des moyens de santé les plus performants dans le monde, ont-elles pu se retrouver acculées au confinement, comme la Chine, et le reste du monde ?

C’est en s’efforçant de tirer les enseignements du drame que le pays vivait, que le Conseil national de la résistance a su élaborer le programme qui a permis à la France de se redresser, et de recouvrer rapidement sa place dans le monde.

La crise sanitaire que les Occidentaux affrontent actuellement a mis en lumière la suffisance et la vacuité de nombre de leurs modes de penser et d’agir.

Ce n’est qu’en tirant tous les enseignements de la crise pandémique actuelle que les pays occidentaux pourront relever le défi que leur a lancé un tout petit virus.

Les pays occidentaux en général et la France en particulier vont traverser une période très difficile dans tous les domaines. Personne ne sera épargné.

Ceux qui pensent pouvoir continuer à se laisser vivre tranquillement, ont toutes les malchances d’avoir un réveil douloureux.

En 1945, pour redresser leur pays ravagé par la guerre, tous les Européens se sont mobilisés en travaillant avec constance, courage et application, pour reconstruire.

Pour tirer leur pays du mauvais pas dans lequel un méchant virus les a mis, les Européens n’ont d’autre choix que de suivre l’exemple de leurs aïeux.

En 2020, l’heure n’est heureusement pas à la reconstruction. Mais la tâche est peut-être plus grande encore. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse.

Pendant des siècles l’Europe occidentale a été l’un des principaux phares de la pensée.

Ce n’est qu’en revisitant les pensées riches et fécondes des philosophes qui ont façonné le vieux continent, que les Européens peuvent espérer trouver leur salut.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les philosophes, qui étaient souvent les plus en cour avaient un point commun. Ils affichaient, à la fois, une profonde aversion pour le monde occidental, dont ils profitaient pourtant fort abondamment, et une admiration, souvent inconditionnelle, pour les démocraties populaires, qui ont toutes assez mal fini.

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« Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. »

C’est pourquoi il faut que les Européens réapprennent d’urgence à penser librement, en se libérant de tous les carcans idéologiques qui les ont conduits là où ils sont.

Lire : La «philosophie de l’inclusion», constitutive de la pensée contemporaine, révèle son impuissance en des temps où l’essence du politique redevient l’éthique de la décision et la hiérarchie des priorités, (N° 216)

« Le monde ne se détruit pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui les regardent sans rien faire. »

C’est pourquoi nous appelons tous les amis d’ICEO à sortir du confinement intellectuel dans lequel ils se croient condamnés à finir leurs jours, et à réfléchir, en faisant appel à leur mémoire et à leur expérience, à ce qu’il faudrait changer ou ce à quoi il faudrait revenir. L’Histoire récente vient de nous prouver qu’il ne faut pas s’en remettre aveuglement aux experts. Lorsqu’on constate que quelque chose ne va pas, ou que quelqu’un fait fausse route, c’est un devoir de le signaler, et c’est en plus, souvent aussi, l’occasion d’éviter d’être victime soi-même d’une catastrophe.

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Il n’y pas de limite d’âge pour penser ! Tous à vos cerveaux !

Dans un entretien au « Monde », le sociologue et philosophe estime que la course à la rentabilité comme les carences dans notre mode de pensée sont responsables d’innombrables désastres humains causés par la pandémie de Covid-19.
[Extrait de l’article publié dans le Monde le 19 avril 2020]

Né en 1921, ancien résistant, sociologue et philosophe, penseur transdisciplinaire et indiscipliné, docteur honoris causa de trente-quatre universités à travers le monde, Edgar MORIN est, depuis le 17 mars, confiné dans son appartement montpelliérain en compagnie de sa femme, la sociologue Sabah ABOUESSALAM.

C’est depuis la rue Jean-Jacques Rousseau, où il réside, que l’auteur de La Voie (2011) et de Terre-Patrie (1993), qui a récemment publié Les souvenirs viennent à ma rencontre (Fayard, 2019), ouvrage de plus de 700 pages au sein duquel l’intellectuel se remémore avec profondeur les histoires, rencontres et « aimantations » les plus fortes de son existence, redéfinit un nouveau contrat social, se livre à quelques confessions et analyse une crise globale qui le « stimule énormément ».

La pandémie due à cette forme de coronavirus était-elle prévisible ?

Toutes les futurologies du XXe siècle qui prédisaient l’avenir en transportant sur le futur les courants traversant le présent se sont effondrées. Pourtant, on continue à prédire 2025 et 2050 alors qu’on est incapable de comprendre 2020. L’expérience des irruptions de l’imprévu dans l’histoire n’a guère pénétré les consciences. Or, l’arrivée d’un imprévisible était prévisible, mais pas sa nature. D’où ma maxime permanente : « Attends-toi à l’inattendu. »

De plus, j’étais de cette minorité qui prévoyait des catastrophes en chaîne provoquées par le débridement incontrôlé de la mondialisation techno-économique, dont celles issues de la dégradation de la biosphère et de la dégradation des sociétés. Mais je n’avais nullement prévu la catastrophe virale.

Il y eut pourtant un prophète de cette catastrophe : Bill GATES, dans une conférence d’avril 2012, annonçant que le péril immédiat pour l’humanité n’était pas nucléaire, mais sanitaire. Il avait vu dans l’épidémie d’Ebola, qui avait pu être maîtrisée assez rapidement par chance, l’annonce du danger mondial d’un possible virus à fort pouvoir de contamination, il exposait les mesures de prévention nécessaires, dont un équipement hospitalier adéquat. Mais, en dépit de cet avertissement public, rien ne fut fait aux États-Unis ni ailleurs. Car le confort intellectuel et l’habitude ont horreur des messages qui les dérangent.

Comment expliquer l’impréparation française ?

Dans beaucoup de pays, dont la France, la stratégie économique des flux tendus, remplaçant celle du stockage, a laissé notre dispositif sanitaire dépourvu en masques, instruments de tests, appareils respiratoires ; cela joint à la doctrine libérale commercialisant l’hôpital et réduisant ses moyens a contribué au cours catastrophique de l’épidémie.

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N° 218 Penser (vraiment) le monde d’après : vidéo entre Natacha POLONY et Michel ONFRAY

Marianne :  visioconférence enregistrée le jeudi 14 mai 2020. Cliquer sur cet hyperlien pour voir la visioconférence. Cette vidéo entame une série de débats organisés par l’hebdomadaire Marianne.

1° Ministère des affaires étrangères :

Les Membres d’ICEO ont souvent acquis une grande et longue expérience durant leur carrière professionnelle, dans le domaine de la coopération décentralisée. Ils ont pu juger au cours du temps les forces et les faiblesses de l’appareil diplomatique français.

Ils ont pu surtout noter le grand nombre de ratés de la France en matière de politique étrangère. À l’heureuse exception de la crise irakienne, la France s’est souvent retrouvée dans le camp américain, avec tous les « succès » que nous n’aurons pas la cruauté de rappeler.

Les choix du chef de l’État, ont-ils été faits à la lumière des analyses élaborées par le corps diplomatique français, et les services de renseignements français ou non ?

La réponse à cette question est très importante.

Les méthodes de travail du Quai d’Orsay doivent-elles être revues ?

Vaste sujet de travail et de réflexion.

2° Ministère de l’Éducation nationale :

Un sujet, parmi tant d’autres : comment réformer la formation et le recrutement des enseignants, notoirement déficients ?

3° Ministère de la santé :

Comment mieux orienter les dépenses de santé ?

Dans un très intéressant commentaire notre ancien président, É. M., a pointé un des problèmes centraux de ce ministère, problème que l’on retrouve dans toute la fonction publique : comment optimiser le contrôle des dépenses ?

Cela me rappelle l’anecdote que l’on me racontait, d’un employé en arrêt de maladie pour une opération.

[Le 17 mai 2020, 23 H05, J. C., Olliergues] « Le monde ne se détruit pas à cause … » (A. EINSTEIN). Il a raison cet EINSTEIN. Il ne faut pas compter sur les pangolins et les chauves-souris pour régler les virus qu’elles, ou ils, transportent. C’est la même chose pour les puces et les moustiques, ou tous les parasites.

Mais il a tort ensuite car ce sont bien ceux qui font le mal et qui en plus ont été élus avec un programme qui portait le mal qui détruisent le monde. Et cette fois ce sont ceux qui ont voté qui sont responsables mais comment  leur faire comprendre qu’ils sont les victimes de leur ignorance et de leur ségrégativité. La solution au suprématisme blanc n’est pas dans l’élimination des blancs, mais dans l’élimination de leur suprématisme.

L’anarcho-syndicalisme d’EINSTEIN est amusant quand on sait sa formation idéologique. C’est regrettable car cela empêche tout travail d’éducation, car cela rejette l’immense majorité des gens qui regardent, et sont impuissants devant les manipulations qu’ils subissent, parfois il est vrai « veûlement ».

[Le 17 mai 2020, 19 H25, A. C., Castelnau-le-Lez] :  Suite à votre invitation [à la réflexion], je me contente de vous signaler l’intérêt du dossier dans le Midi Libre de ce jour « Crise économique : les États les plus protecteurs », et surtout la qualité et la pertinence de l’article de Paul-André ROSENTAL « La France, un élève moyen», qui apporte une juste analyse de l’épidémie actuelle par pays qui ont des caractéristiques et des moyens différents. L’efficacité de la lutte réside en tout cas d’abord dans la rapidité de la réaction.

[Le 17 mai 2020, 19 H50, A. B., Les Sables d’Olonnes] :  QUE FAIRE ? En tout cas pas se référer à Edgar MORIN, – l’EINSTEIN des sciences humaines- ex marxiste recyclé comme bien d’autres ( DEBRAY, CHEVÈNEMENT ) en pseudo gaullistes.

Tout le monde pleure sur la dégradation de l’hôpital et le maigre salaire des aides soignantes. Personne ne compare leur temps de travail à  celui de nos voisins. Merci AUBRY. Idem pour l’éducation dite nationale qui n’éduque plus grand monde. L’ascenseur social ne marche plus. On ne voit pas comment il pourrait avec une année scolaire de 145 jours alors qu’on lui demande d’intégrer une population culturellement allogène. HOLLANDE lui même à reconnu qu’entre les 30 glorieuses et maintenant, un élève du primaire avait perdu l’équivalent d’une année scolaire ( sur 5 ). Et ce ne sont plus les mêmes élèves.

Le service public est essentiellement devenu la défense des avantages des membres du service public. ICEO parlait récemment de la distribution du courrier. On est passé de deux distributions quotidiennes à une aléatoire. Et pas tous les jours.  Nous avons le taux de prélèvement le plus élevé du monde pour financer une administration pléthorique et inefficace.  Depuis DEFERRE et sa décentralisation les administrations territoriales ont été décuplées et leur productivité est nulle. Impossible de les diminuer: ce sont des électeurs.

Nous pouvons pleurer sur le thème : les Chinois vont nous bouffer… Nous leur avons confié le soin de fabriquer nos médicaments et la corde pour nous pendre. Eux savent ce qu’ils veulent et ils y travaillent… Ne nous plaignons pas des conséquences inévitables de nos propres « c…..ies ».

[Le 17 mai 2020, 10 H50, P. B., Claret] :  Sur le fond, si je partage bien sûr les idées générales, je trouve excessifs les mots en gras qui clôturent l’introduction indiquant que nos pays continuent à vouloir imposer leur vision du monde. Je pense que si c’est toujours vrai des États-Unis, ce ne l’est plus de l’Europe. Par ailleurs, je ne suis pas sûr que la référence à la défaite militaire de 1940 soit bien opportune. Enfin je rappelle qu’Edgar MORIN n’a pas toujours été très lucide, car pendant dix ans il a été membre du PCF!

A nos réflexions, et il y a beaucoup de choses à dire: ce qui est sûr c’est que les prochains mois et années vont être bien durs à vivre socialement et économiquement.
[Le 16 mai 2020, 11 H45, J-M. R., Alet-les-Bains] :  Première réponse aux questions soulevées, par une autre question :  Telles que l’on voit fonctionner les politiques de nos gouvernements, tant au niveau européen qu’au niveau mondial, on se pose la question de savoir si ceux qui nous gouvernent ont une culture historique suffisante pour analyser correctement le contexte de leurs interventions et ensuite s’ils ont une vision géostratégique des objectifs qu’ils poursuivent. Rien que l’examen de nos politiques à l’égard des pays d’Europe de l’Est semble prouver le contraire. Doit-on [continuer à] subordonner les politiques de la France aux orientations prises par l’Union européenne qui s’avèrent objectivement calamiteuses pour l’Europe au moment où le monde redevient multipolaire ?
[Le 15 mai 2020, 15 H35, J. M., Briançon] : Il faut prendre de la hauteur, pour voir loin !