N°395 Gouverner c’est prévoir !

La démographie étant l’une des sciences les plus exactes, et les plus prédictives, l’évolution du numerus clausus pour les études de Médecine depuis 1972, apparaît proprement incompréhensible et affligeante, la population française étant passée de 53 millions à 67 millions.

Avant-propos

Les Américains expliquent que leur grande réussite économique et politique est due principalement aux qualités exceptionnelles de Benjamin FRANKLIN, qualités qui leur ont longtemps servi de modèle et d’exemple.

Les biographes, qui ne tarissent pas d’éloges sur les innombrables exploits et mérites du plus célèbre des founding fathers des USA, insistent sur l’importance que Benjamin FRANKLIN attachait au travail, à l’effort, à l’ordre, à la discipline, à la cohérence, à la rigueur, et aux faits, même à ceux qui peuvent sembler les plus mineurs, comme il l’exprime dans l’une de ses citations les plus reprises : « Les petites causes ont parfois de grands effets : l’absence d’un clou perdit le fer à cheval, de fer à cheval la monture et de la monture le cavalier. »

Depuis que les déconstructeurs ont entrepris de réveiller l’humanité colonisée, les préoccupations et les recommandations de Benjamin FRANKLIN sont en passe de ne plus avoir droit de cité dans les pays occidentaux, en commençant par les États-Unis.

En abandonnant le modèle que leur a transmis Benjamin FRANKLIN, et qui a fait leur fortune, en acceptant délibérément d’évacuer les faits et le réel, pour complaire aux idéologues, les Américains ne pourront régler durablement aucun des problèmes qui hantent les États-Unis, mais conduiront inéluctablement leur pays au plus grand des chaos.

Le 36ème lancement d’une fusée Ariane à partir de la station spatiale de Kourou en Guyane, le 22 février 1990, fut un échec, plus précisément le sixième depuis le premier vol d’une fusée Ariane le 24 décembre 1979. Ce premier raté pour la fusée Ariane 4, qui ne connut en tout que 3 échecs pour 113 lancements réussis, est celui qui a le plus marqué la mémoire des Français, car il eut pour origine une cause bien regrettable.

Lorsque les experts découvrirent les raisons du fiasco du vol 36, ils furent soulagés de constater que la conception de la fusée et leurs calculs de lancement n’étaient nullement en cause. Ce que devaient confirmer la centaine de vols postérieurs parfaitement réussis, avec un taux de fiabilité du lanceur Ariane 4 supérieur à 97%.

Par contre, les Français eurent la pénible surprise d’apprendre que l’échec du vol 36 était dû à un simple chiffon stupidement oublié dans le moteur lors de son montage. Probablement un tout petit chiffon, car s’il avait été grand il est sûr qu’il n’aurait pas pu échapper à la vigilance des contrôleurs.

Après la mort de Paul VALÉRY, en 1945, des Français ont tenu à rendre hommage au poète disparu en affichant chez eux, dans un cadre, une de ses citations, notamment : « Rien de plus rare que de ne donner aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance. »

Cette maxime a reçu, et reçoit toujours aujourd’hui, beaucoup d’écho, malheureusement surtout de la part de gens qui ont la folie de se croire assez savants pour déterminer, seuls, ce qui a et ce qui n’a pas d’importance.

Le monteur qui a laissé un chiffon dans le moteur d’Ariane était très certainement un très bon technicien, car il est impensable qu’on ait confié le montage d’un moteur aussi sophistiqué que celui d’une fusée à un technicien amateur et/ou débutant. Si la compétence purement technique du coupable a pu être mise en doute, son inconséquence et son absence de conscience professionnelle n’ont, elles, fait aucun doute.

L’histoire du très couteux loupé du  lancement 36 d’Ariane est tristement emblématique. Elle devrait être rappelée à ceux qui prétendent gouverner sans se préoccuper de ce qu’ils jugent hâtivement subalterne, voire sans aucune importance.

Elle montre que les mesures politiques, le plus abouties et les mieux pensées, comme les opérations chirurgicales peuvent échouer en un instant pour quelques secondes d’inattention et un tout petit l’oubli.

Pour se redresser la France n’a d’autre choix que de regarder vers les étoiles, libérer toutes ses énergies et reconstruire, ce qui a constitué pendant des siècles sa principale richesse, un système éducatif exigeant et performant, capable de former les élites dont elle a besoin, et capable d’apporter au peuple français cohésion et sentiment de commune appartenance.

Les Français doivent se ressaisir, faire preuve de discipline, remettre en route urgemment une école où l’on apprend à lire, écrire, et compter, à tous ceux qui le veulent, et à tous ceux qui le peuvent.

Lorsqu’on posait à Confucius la question: quelle est la première qualité d’un gouvernant? Il répondait : bien connaître le sens des mots.

Lorsqu’on demande à ceux qui ont brillé en affaires et en sciences, quelle est la première qualité qu’il leur a fallu avoir? La réponse fuse :  calculer vite et bien. Sans calculette ? bien sûr !

La véritable école du commandement est la culture générale… Au fond des victoires d’Alexandre, on retrouve toujours Aristote. [Charles de GAULLE]

Depuis que le calcul mental et la culture générale ont disparu de l’école, les élites françaises sont en passe de ne plus savoir, ni compter, ni mesurer, ni estimer, ni PRÉVOIR, ni DIRIGER.

Pour mettre fin à son déclassement, la France n’a d’autre choix que de viser et retrouver l’excellence.

Il devient absolument vital que la société française recouvre l’ordre nécessaire au savoir-vivre ensemble et la discipline indispensable au travail bien fait.

Tout cela au nom d’une bonne gestion « comptable »

Contrairement à ce qu’avance la plupart des analystes économiques, la désindustrialisation de la France n’est pas une simple erreur de gestion, c’est avant tout une erreur stratégique fondamentale, due à la faillite des élites françaises, devenues indifférentes à l’avenir et à la grandeur de leur pays.

La part de l’industrie dans le PIB de la France est passée de 35% en 1970 à moins de 13% aujourd’hui. Non seulement nos « experts en Économie» ne se sont pas inquiétés de la mauvaise pente que prenait notre industrie mais ils ont longtemps salué cette tendance à la baisse comme un signe de progrès, de grande intelligence économique. Actuellement nos dirigeants politiques veulent absolument relocaliser de nombreuses fabrications, mais malheureusement leur motivation reste principalement comptable.

Après 1983, après le tournant de la rigueur, ce que le général de GAULLE redoutait est advenu. La politique de la France s’est faite à la corbeille (de la Bourse). Alors que François MITTERRAND avait été élu en 1981 sur un programme de gauche volontariste et productiviste, dès 1984 les socialistes se mirent à l’air du temps en matière de doctrine économique et industrielle. L’heure était à un partage mondialisé des tâches, les Occidentaux à la manœuvre se réservant bien sûr les activités qu’ils pensaient les plus nobles et les plus rentables financièrement : les services. Dès lors, pour les « élites occidentales » de plus en plus mondialisées, bien vendre est devenu plus important que bien faire.

Dans les classes préparatoires aux grandes écoles être « épicier », est devenu beaucoup plus attractif, voire prestigieux, que d’être « taupin ». Au point que l’école polytechnique en est venue à former dans certaines promotions, beaucoup plus de financiers que d’ingénieurs et de chercheurs.

Dans les cours qu’il a donné au Collège de France de 2012 à 2014, ayant pour intitulé : La gouvernance par les nombres, le professeur Alain SUPIOT, juriste français spécialiste du droit du travail, de la sécurité sociale a montré que :  [Notre temps était victime de « quantophrénie », de confiance immodérée et presque monomaniaque dans l’abstraction de chiffres et de nombres devenus le langage dominant de l’agir politique. Notre temps rêve d’« harmonie par le calcul », d’un gouvernement « scientifique », d’une pure administration des choses, enfin émancipés des délices et poisons de la passion politique.]

C’est la prise de pouvoir de décision par les « épiciers » et les comptables qui a conduit aux graves problèmes que la France traverse actuellement en matière de santé publique et de sécurité.

 

Triste paradoxe, les dirigeants qui prétendent gouverner en ne s’appuyant que sur des données chiffrées ne savent malheureusement pas compter.

La démographie étant l’une des sciences les plus exactes, et les plus prédictives, l’évolution du numerus clausus pour les études de Médecine, conduite par les différents ministre de la santé, depuis 1972, apparaît proprement incompréhensible et affligeante, la population française étant passée de 53 millions à 67 millions.

On peut noter avec effroi, que pendant une quinzaine d’années, de 1998 à 2001, le numerus clausus n’a ouvert qu’un nombre de places inférieur de moitié à celui de 1972. En 2018, alors que la population française avait augmenté de 14 millions, soit 26%, le nombre de places ouvertes aux étudiants en 2e année de Médecine était encore inférieur de 5% à celui de 1972.

C’est pourquoi, lorsque l’on entend aujourd’hui des responsables politiques expliquer que sans les médecins étrangers, notamment ceux venus d’Afrique, les hôpitaux français ne pourraient pas soigner les malades, on ne peut s’empêcher de penser avec colère et amertume : « à qui la faute ? »

L’exemple des étudiants en Médecine est certainement le plus emblématique de l’inconséquence et de l’impéritie dont les dirigeants français se sont montrés capables de faire preuve avec constance et obstination dans de très, dans de trop, nombreux domaines, à de trop nombreuses occasions.

L’excellence de la langue d’usage est une exigence essentielle.

De l’intervention qu’Édouard PHILIPPE a effectuée le samedi 9 octobre au Havre, sur « ses terres », la presse et les médias ont surtout retenu la petite phrase qu’il avait ciselée à dessein pour qu’elle soit reprise. Ils ont ainsi tous bien relevé que l’ex-Premier ministre d’Emmanuel MACRON voulait avant tout rétablir « l’ordre dans (les) comptes et dans (la) rue ».

À la fin de son meeting, Édouard PHILIPPE a révélé le nom du parti nouveau qu’il lançait : « Bon allez, je vais vous le dire… Ce sera Horizons, parce que pour bien faire, il faut voir loin »

Il est bien sûr indispensable de réfléchir à la stratégie du pays à très long terme. Mais il est illusoire d’espérer voir loin sans voir clair. Et pour voir clair, il faut certes rétablir l’ordre dans (les) comptes et dans (la) rue, mais il faut avant tout mettre de l’ordre dans les idées.

Car on constate, fort malheureusement, que de plus en plus de Français sont affectés par un désordre mental, un état mental caractérisé par un manque de pensées et/ou un manque de comportements cohérents, conséquents et ordonnés.

Le désordre mental qui se généralise n’est pas de nature psychiatrique mais de nature sémantique. Est-ce sous l’effet de l’inculture qui se généralise, est-ce dû à la baisse dramatique du niveau scolaire, ou est-ce en raison de la déconstruction à laquelle la langue française est soumise depuis de trop nombreuses années, toujours est-il que les Français semblent perdre le sens des mots, et l’importance de la précision et de la spécificité des termes utilisés.

En 1944, Albert CAMUS écrivait : « Mal nommer [les choses], c’est ajouter au malheur de ce monde ». Cette formulation n’a sans doute jamais été autant d’actualité.

Plus problématique encore, une partie importante des jeunes Français ne possède que quelques centaines de mots, quand il leur en faudrait plusieurs milliers pour pouvoir exprimer le fond de leur pensée et toute la richesse de leurs sentiments.

Depuis 2005, de nombreux sociologues et responsables politiques tiennent à faire de la misère sociale la première cause expliquant les révoltes qui enflamment plus particulièrement certaines banlieues de façon récurrente. L’insécurité économique est bien évidemment cause de frustration et de ressentiment. Mais il est une insécurité encore plus violente : l’insécurité linguistique. «La pénurie de mots est une des causes de la violence des adolescents».

L’indigence lexicale et grammaticale, qui ne cesse de croître en France, est à l’origine de la plupart des crises que traverse le pays, et des problèmes qu’il doit affronter. Quand les mots manquent et/ou non plus de sens, le désordre s’installe. Ceux qui n’ont pas les mots pour dire, n’ont plus que leurs poings pour faire savoir.

Crise dans l’enseignement de l’école, jusqu’à l’université. Tensions dans les rapports sociaux.

L’excellence de la langue d’usage n’est pas une simple exigence esthétique, c’est une exigence essentielle. On ne peut penser droit avec des phrases tordues. Une pensée juste, exprimée approximativement, n’est plus qu’une pensée approximativement juste.

Dans son discours à l’Académie française, à l’occasion du 300e anniversaire 
de la première édition du Dictionnaire, le jeudi 26 mai 1994, Jacqueline de ROMILLY déclarait :

« …, la pensée gagne en précision ce que le vocabulaire gagne en variété. Comment penser avec des concepts mous et flottants ? Comment penser quand les mots manquent ?

On bafouille, faute de trouver les mots, on approuve ou l’on s’indigne, sans avoir bien compris; des collègues mathématiciens découvrent que, parfois, les jeunes se trouvent paralysés devant un problème de mathématiques élémentaires simplement parce qu’ils ne comprennent pas les mots de l’énoncé. … »

La dévalorisation des apprentissages fondamentaux à l’école, le mépris de la langue française, la survalorisation de la langue anglaise affichée par certaines « élites » et certains médias, sont incompatibles avec l’excellence culturelle et scientifique que nos gouvernants et nos dirigeants prétendent redonner à la France.

Le plus mauvais service qu’on puisse rendre aux élèves et aux étudiants est de les laisser croire qu’on peut faire d’excellentes études secondaires et supérieures sans posséder de solides connaissances de base et sans maîtriser les savoirs élémentaires..

Les mauvaises pratiques langagières et syntaxiques ont malheureusement envahi tout l’espace public, administratif et politique. Il faut également déplorer que de plus en plus d’enseignants soient à leur tour victimes d’environnements linguistiques délétères parce que recrutés sans une bonne connaissance des savoirs fondamentaux qu’ils sont censés transmettre.    Extrait pages 28-29 de L’École, l’école, et encore l’école [2013.06.24]

C’est pourquoi il est indispensable de sensibiliser TOUS les jeunes scolarisés en France à l’importance de la richesse, de la justesse et de la précision des langues d’usage en général et de la langue française en particulier, car elle restera, même si elle n’a pas été leur langue maternelle, la langue dans laquelle ils auront commencé à construire leur pensée.

Tous ceux qui mythifient les sociétés multiculturelles, et multilingues, ne veulent garder qu’une vision idyllique des mondes bigarrés. Mais de même que pour être mangeable un plat doit être justement assaisonnée, une société pour être vivable, sans tension, doit rester justement mélangée.

Le multiculturalisme est une utopie ! Comme toutes les utopies, elle est pavée de bons sentiments et…mène trop souvent à l’enfer. Les pays multiculturels sont-ils tous en guerre civile ? La réponse est malheureusement oui ; il n’existe aucun pays multiculturel et multilingue qui n’ait pas connu de guerre civile, à l’exclusion notable de la Suisse.

Pour un individu, posséder plusieurs langues est un grand plus, sous réserve qu’avec toutes les langues qu’il connaît, ou qu’il prétend connaître, il puisse faire partager la profondeur, la richesse et toute la palette de sa pensée.

Un étudiant qui prétend fièrement et faussement être bilingue sur son curriculum vitae, est le plus souvent un étudiant qui ne sait pas Comment indiquer son niveau de langue sur son CV?

Car être bilingue, ce n’est le plus souvent le cas que pour ceux qui ont reçu deux langues maternelles, signifie être capable de pratiquer deux langues à un niveau équivalent.

Il y a en France des millions d’habitants à avoir la chance de pratiquer au moins deux langues à un niveau équivalent. Malheureusement on est au regret de constater que leur maîtrise de ces langues est de plus en plus faible, que la langue française fasse partie des langues pratiquées, ou non.

Les enseignants s’alarment chaque année un peu plus du très faible niveau en français des étudiants qui arrivent à l’université. Il n’y a aucune raison de croire que le niveau des étudiants se déclarant bilingues est meilleur que celui des autres étudiants.

Il est donc hautement probable qu’en France les étudiants anglophones qui se pensent bilingues n’ont pas une maîtrise de la langue anglaise supérieure à celle de la langue française, qu’elle soit leur langue maternelle ou non.

Qui peut imaginer sérieusement qu’un francophone de naissance , qui se montre incapable de formuler son discours avec justesse et précision, en français, pourra le faire en passant à l’anglais ?

Principaux acteurs et non simples spectateurs

Imaginons que tous les instructeurs d’auto-écoles soient amenés à faire le même constat et qu’ils déclarent mêmement : « les jeunes conducteurs ne respectent plus rien, ils n’ont plus ni repères ni limites ». On ne manquerait pas de leur rétorquer qu’ils sont les premiers responsables de cette situation, puisque formateurs principaux et souvent exclusifs.

Lorsque les adultes se lamentent sur le manque de repères et de limites qui seraient inhérents aujourd’hui aux nouvelles générations, ils omettent soigneusement de se reconnaître la moindre responsabilité dans cet état de fait. Il est pourtant simple de comprendre que nos enfants ne peuvent connaître des limites qu’on ne leur a pas fixées, ni avoir des repères qu’on ne leur a pas donnés.

L’éducation des enfants et des adolescents est une tâche extrêmement astreignante et fastidieuse qui devient de plus en plus dangereuse lorsque ces enfants et ces adolescents ne sont pas les siens. C’est pourquoi de moins en moins d’adultes acceptent de participer à cette mission éducative collective d’intérêt national. Pour se donner bonne conscience et pour qu’on ne vienne pas leur reprocher leur passivité, ils ont trouvé une stratégie d’évitement : déclarer « pas grave » toutes les inconduites ou les incivilités, qu’ils devraient condamner et contre lesquelles ils devraient lutter en adultes responsables, conséquents, et bienveillants.

Ceux qui font preuve de la plus grande « tolérance » espèrent ainsi trouver la plus grande tranquillité et surtout éviter tout ce qui pourrait les distraire de leur existence egocentrée. Cette paresse et cette lâcheté qui se généralisant et perdurent, ont un coût sociétal, social, écologique et économique très élevé, trop élevé pour un État dont les dépenses sont de plus en plus contraintes et forcées.

C’est pourquoi il faut absolument que les adultes et leurs enfants prennent enfin pleinement conscience qu’ils ne sont pas simples spectateurs de leur existence mais qu’ils en sont les principaux acteurs, et que les conditions dans lesquelles ils vivent ne sont pas totalement étrangères à leur mode de vie et à leurs comportements.

Lorsqu’ils revenaient au pays voir leurs enfants, les maçons creusois qui construisaient le Paris d’HAUSSMANN avaient coutume de leur dire « l’ordre et la discipline mènent toujours à une petite aisance ». Originaires de l’un des départements les plus pauvres de France, ils avaient appris dans la douleur que le désordre et l’indiscipline conduisent immanquablement à l’accroissement de la misère.

Les gardiens des grands ensembles immobiliers ont maintes fois pu constater que des équipements collectifs identiques, mis à la disposition du même nombre d’habitants dans deux cages d’escaliers semblables, restaient très longtemps fonctionnels ou étaient hors d’usage rapidement, selon que les locataires faisaient tout pour en prendre le plus grand soin ou selon qu’ils les laissaient vandaliser.

Ordre, discipline et effort,

sont des mots tabous qu’il est encore très difficile d’utiliser sans être suspecté de vouloir faire marcher la société au pas, Les pays occidentaux, mêmes les plus riches, viennent de redécouvrir, contraints et forcés, l’importance fondamentale de ces trois mots, notamment en matière sanitaire.

Le 3 juin 2022, 13H 10, J. B., Auch] : Tout d’abord bravo! C’est un des articles les plus profonds qu’ICEO ait mis en ligne. Avec une pensée claire et vigoureuse. Qu’ajouter ? 

Cet article mérite d’être largement diffusé. En effet il va à la racine du mal. Les mots justes identifient les faits à partir desquels se déroule une pensée féconde. En écho au chiffon d’Ariane, une anecdote personnelle. Un de mes amis avait au CEA la responsabilité du contrôle des centrales nucléaires. Il me disait que sa principale préoccupation (pour les questions techniques il avait des critères précis) était de chercher si un seau d’eau ou une serpillère ne se trouvaient pas à un endroit où ils auraient été oubliés….. Quant aux savoirs de base, tant en culture générale, qu’en science ou en langue parlée, tant que l’on n’aura pas su rétablir leur apprentissage, je crains que tous les beaux discours ne soient que des paroles emportées par le vent de la désinvolture….

J’ai lu récemment que les enfants qui vers l’âge de 6 ans ne maitrisaient pas le langage parlé (n’étaient pas capables de construire des phrases pour se faire comprendre) rencontraient de grandes difficultés pour maitriser plus tard la pensée écrite, sans parler de l’apprentissage des mathématiques….Il ne fut jamais désespérer, mais il serait quand même temps de voir quelques signes d’espoir

[Le 3 juin 2022, 00H 25, J-M. R., Alet-les-Bains] : Excellent article qui met d’abord en valeur le manque d’anticipation de la part de ceux qui nous dirigent depuis une quarantaine d’années. Je retiens aussi les phrases : « reconstruire, ce qui a constitué pendant des siècles sa principale richesse, un système éducatif exigeant et performant, capable de former les élites dont elle a besoin, et capable d’apporter au peuple français cohésion et sentiment de commune appartenance. Les Français doivent se ressaisir, faire preuve de discipline, remettre en route urgemment une école où l’on apprend à lire, écrire, et compter » . Et je suis bien d’accord sur l’importance de la culture générale et de l’acquisition d’une langue, claire, construite et appuyée sur la richesse d’un vocabulaire étendu pour bien formuler une pensée (ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…).

 Mais je voudrais souligner deux autres aspects fondamentaux pour la formation de nos élites dirigeantes : 1/une bonne culture historique et géographique qui, ensemble, permettent de formuler une pensée géopolitique cohérente dans un contexte international donné ; or l’inculture en ces domaines est flagrante depuis pas mal d’années ; 2/ apprendre à analyser et traiter une situation avec recul et esprit critique en s’appuyant sur la raison, plutôt que sur l’émotion, voire l’émotivité spontanée devant le moindre évènement.

Les choix politiques fondés sur l’émotion et sans prise de recul s’avèrent trop souvent calamiteux sur le moyen et le long terme, comme trop d’exemples récents nous le montrent. Pour conclure : Qualité du langage > qualité de la pensée > qualité de la réflexion anticipatrice englobant la totalité des données sont les fondements de politiques de qualité.

[Le 2 juin 2022, 11H 45, B. N., Mende] : Vous écrivez : « En 2018, alors que la population française avait augmenté de 14 millions, soit 26%, le nombre de places ouvertes aux étudiants en 2e année de Médecine était encore inférieur de 5% à celui de 1972. » Vous oubliez de noter que de 1972 à 2018 la population française a en plus beaucoup vieilli voir : Figure 2 – Espérance de vie à la naissance et taux de mortalité infantile de 1950 à 2019

[Le 2 juin 2022, 10H 35, J. M., Collioure] : Pauvre France !