N° 500 Islande, Lichtenstein, Norvège, Suisse, et l’Union européenne

4 pays ne sont pas devenus membres de l’Union européenne, avant même que le Royaume-Uni ne la quitte, pourquoi ? 
Lorsqu’en 1980, Ronald REAGAN lança l’expression Let’s Make America Great Again, les Européens de l’Ouest comme ceux de l’Est, ne comprirent pas pourquoi le futur 40e président des États-Unis voulait redonner sa grandeur à l’Amérique, alors que sa suprématie dans presque tous les domaines était si éclatante.

En effet, quand le président américain est entré à la Maison blanche en janvier 1981, le PIB des États-Unis équivalait à 25 % du PIB mondial et celui de l’Europe des 9 équivalait à près de 27 %. Face aux deux grands pays communistes, URSS (PIB 10,8 %) et Chine (PIB 2,7 %), la somme des PIB des pays de ce qu’on appelle alors le Bloc de l’Ouest (dans l’Alliance atlantique) et du seul Japon (PIB 10 %), équivalait à près de 82 % du PIB de tous les pays du monde.

Dans les années 80, dans tous les classements par pays, en ce qui concerne le nombre de médailles aux jeux olympiques, le nombre de prix Nobel scientifiques, les budgets militaires, et les budgets de recherche, les États-Unis étaient toujours les premiers, largement devant tous les suivants, voire les seuls. Rappelons en effet que les douze astronautes qui ont marché sur la Lune, de juillet 1969 à décembre 1972, étaient tous américains.

En arrivant à la tête de l’État, le nouveau président n’aurait donc eu aucune raison de s’inquiéter, si le Pentagone ne lui avait annoncé une bien mauvaise nouvelle : dans la course à l’armement nucléaire, en 1978, l’Union soviétique avait devancé pour la première fois les États-Unis, et au rythme où les Russes menaient la compétition, l’écart entre eux ne pouvait que se creuser très fortement. En 1980, à la veille de l’élection de Ronald REAGAN, les généraux américains avaient effectivement toutes les raisons d’être inquiets, comme le montre le tableau ci-dessous.

Estimation du nombre d’ogives nucléaires actives et inactives dans les arsenaux militaires

On sait aujourd’hui le prix que l’Union soviétique a payé en voulant acquérir la supériorité numérique en matière d’ogives nucléaires. On sait pourquoi et comment la guerre des étoiles déclarée à l’URSS par les USA en mars 1983, et le Traité sur les forces nucléaires, signé entre Mikhaïl GORBATCHEV et Ronald REAGAN en décembre 1987, ont conduit à la Chute du Mur de Berlin, puis à l’effondrement du Bloc soviétique.

Après l’accord GORBATCHEVKOHL sur l’appartenance de l’Allemagne réunifiée à l’OTAN, signé dès le 16 juillet 1990, après la réunification de l’Allemagne dès le 3 octobre 1990, et après la dislocation de l’Union soviétique le 25 décembre 1991, les Occidentaux ont eu la folie de penser que l’histoire était finie, et comme FUKUYAMA l’affirmait, que la fin de la guerre froide marquait la victoire idéologique finale du camp de l’Ouest sur le camp de l’Est.

Les premiers adhérents d’ICEO, qui ont multiplié les missions dans les PECO (Pays de l’Europe Centrale et Orientale), dès le lendemain de la création de l’Institut en 1989, peuvent tristement témoigner du comportement prédateur des nombreux aventuriers qu’ils ont pu croiser alors, venus non pas pour coopérer, construire, investir mais pour piller et dépecer tout ce qui était dépeçable.

Fort malheureusement, la cupidité, l’avidité, la rapacité, fut loin d’être l’exclusivité d’individus aventuriers, isolés.

Le président GORBATCHEV eut la grande faiblesse de penser que les Occidentaux lui seraient redevables de tout ce qu’il avait fait pour mettre un terme à la Guerre froide, notamment d’avoir permis la réunification express de l’Allemagne, et le départ de toutes les troupes soviétiques stationnées en Allemagne avant le 31 décembre 1994.

Bien évidemment ces beaux cadeaux faits au camp occidental, avait une contre partie : les Occidentaux devaient s’engager à ce que les pays ayant des frontières communes avec l’URSS n’adhèrent jamais à l’OTAN. Un engagement verbal, mais on ne peut plus explicite, fut pris solennellement à Moscou le 9 février 1990 : « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’Est ». Cet engagement a été maintes fois confirmé par de nombreux témoins. Tout récemment encore, en octobre 2024, par l’ancien ambassadeur des États-Unis en URSS de 1987 à 1991, Jack MATLOCK.

Malheureusement, totalement inconséquents, persuadés d’avoir gagné seuls définitivement la partie, les Américains, se sont empressés d’oublier leurs promesses concernant l’OTAN. La Hongrie et la Pologne ont ainsi rejoint l’OTAN dès mars 1999, puis les trois pays Baltes en mars 2004.

Quatre ans seulement après son arrivée au pouvoir, Vladimir POUTINE, devenu président de plein exercice de la Fédération de Russie depuis le 7 mai 2000, était à la tête du plus grand pays du monde par sa superficie, mais à la tête d’un État qui sortait à peine d’une grave crise existentielle, économique, démographique, politique et militaire. Il n’avait donc alors d’autre choix que de regretter simplement ces états de fait, en rappelant toutefois qu’il ne fallait pas poursuivre cette politique d’expansion de l’OTAN.

Non seulement, les Américains ne prirent pas ces avertissements au sérieux, mais ils firent tout pour pousser leur avantage aux portes de la Russie. En 2007, et une dernière fois en décembre 2021, le président POUTINE renouvela ses mises en garde.

Le 12 novembre 2024, l’économiste Jeffrey SACHS, décoré à Varsovie pour services rendus à la Pologne, explique en dix petites minutes comment, selon lui, les États-Unis ont délibérément provoqué l’invasion de l’Ukraine : How the US Provoked the Invasion of Ukraine.

Paradoxalement ce sont les médias et les gouvernements européens qui restent les plus opposés à cette façon de voir l’origine du conflit, peut être parce qu’ils lisent peu, ou mal, toute la presse américaine depuis des années. Pourtant tout ce qui accrédite les propos de Jeffrey SACHS fut, et est toujours, largement documenté.

Le 8 mars 2022 on pouvait lire sur le site INVESTG’ACTION « une » explication argumentée des raisons et des causes qui avaient poussé la Russie à déclencher son « opération militaire spéciale » : Ukraine, tout était écrit dans le plan de la Rand Corporation.

À moins de deux mois de l’arrivée à la Maison Blanche de Donald TRUMP, les conseillers de Joe BIDEN s’efforcent de lui faire des misères, en essayant d’entraver les premières mesures qu’ils le suspectent de vouloir prendre concernant l’Ukraine.

Les turpitudes et les coups tordus des néo-cons Américains, ceux que George H. W. BUSH qualifiait de cinglés du sous-sol, sont malheureusement bien connus, mais cela ne peut aucunement justifier les turpitudes et les crimes des dirigeants russes, cela ne peut excuser l’agression de la Russie.

Pour la plupart des dirigeants Européens, aider sans limite l’Ukraine, le pays agressé, à vaincre le pays agresseur, la Russie, c’est non seulement un devoir moral, non seulement défendre une juste cause, mais c’est faire preuve d’une grande intelligence stratégique et géopolitique.

Malheureusement, l’Histoire nous enseigne que les décisions les plus courageuses et les plus généreuses doivent rester avant tout éclairées par la raison, et non prises sous le coup de l’émotion. On trouve sur ce site de nombreux articles qui s’efforcent de le rappeler, citons : N° 294 « Guerres justes », morale, et/ou bonne politique ?

Aujourd’hui le général de GAULLE est regardé quasi unanimement par les Français comme un monument national, comme un grand homme, comme notre grand homme du xxe siècle. Les communistes le citent désormais avec respect, l’extrême droite se l’annexerait presque après avoir tenté de l’assassiner, les socialistes s’inclinent pieusement devant sa statue, après l’avoir accusé de dérive fasciste ou de coup d’État permanent, et enfin même les héritiers des giscardiens, qui l’ont éhontément trahi, en viennent à l’encenser.

Mais, si l’homme du 18 juin 1940 est placé désormais sur un piédestal, sa pensée stratégique d’une exceptionnelle clairvoyance géopolitique tend à être totalement méconnue et/ou incomprise, voire pire, tend à être délibérément ignorée, pire encore, trahie par la classe politique française actuelle.

« La véritable école du commandement est donc la CULTURE GÉNÉRALE. Par elle la pensée est mise à même de s’exercer avec ordre, de discerner dans les choses l’essentiel de l’accessoire, d’apercevoir les prolongements et les interférences, bref de s’élever à ce degré ou les ensembles apparaissent sans préjudice des nuances. Pas un illustre capitaine qui n’eût le goût et le sentiment du patrimoine et de l’esprit humain. Au fond des victoires d’ALEXANDRE, on retrouve toujours ARISTOTE. »

Charles de GAULLE, Vers l’armée de métier (1934)

De cette citation, les élites françaises n’ont malheureusement pas retenu grand-chose, alors qu’il est aujourd’hui évident que ce n’est qu’en raison de sa connaissance approfondie de la géographie des États et de l’histoire des peuples que le général de GAULLE a su prendre les décisions difficiles qui se sont avérées rapidement si essentielles pour l’avenir de la France, en commençant bien sûr par son appel à la résistance, à Londres, dès le 18 juin 1940.

Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, pour rendre son rang à la France, et sauvegarder son indépendance, le général a dû affronter les très nombreuses manœuvres des dirigeants des États-Unis, « L’ami américain », et celles de leurs agents d’influence dans la société française, partisans d’un atlantisme de plus en plus inconditionnel.

Les partisans d’une Europe fédérale, reprochent encore aujourd’hui au chef de la France libre d’avoir ralenti, voire cherché à entraver, l’avancée de la construction de la Communauté Économique Européenne, notamment en s’opposant à l’entrée en son sein du Royaume-Uni.

C’est faire un bien mauvais procès au général qui, loin de faire obstacle à la création de la CEE, fit tout pour qu’elle prenne naissance sous les meilleurs hospices. Car, contrairement aux dirigeants européens actuels qui n’ont jamais connu la guerre, il savait qu’il ne fallait pas vouloir construire trop vite, trop grand, avant d’avoir vérifié que les blessures de la Seconde Guerre mondiale avaient cicatrisé. Il voulait éviter le risque de bâtir une Europe sur des fondations légères, avec des pays en tension.

En 2016, le vote du Brexit par les Britanniques a montré que les réserves du président français étaient parfaitement fondées.

Bien que les faits n’aient cessé de lui donner presque toujours raison, il reste acquis aujourd’hui pour une large majorité de Français que, Jean MONNET fut le bon génie de la construction européenne et que Charles de GAULLE en fut le mauvais génie.

Quelle injustice !

Jean MONNET rêvait de construire à marche forcée les États-Unis d’Europe, sous assistance respiratoire des États-Unis, sous protectorat américain, tandis que Charles de GAULLE cherchait à bâtir une Europe des États-nations à même de vivre, chacun en paix avec tous ses voisins, dans l’UE et hors de l’UE, et capables, tous ensemble, de respirer à l’aide de leurs seuls poumons.

Après la chute du Mur de Berlin, les dirigeants européens, les Allemands les tous premiers, ont cru que l’heure de la mondialisation heureuse avait sonné. Ils ont cru que sous le parapluie nucléaire américain, ils pourraient toucher éternellement les dividendes de la paix, et les rentes de la mondialisation. L’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, le 11 décembre 2001, fut saluée bruyamment par le commissaire européen Pascal LAMY, comme l’annonce d’une longue période de prospérité heureusement globalisée. En 2004, lorsque l’Union européenne, créée en 1992, est passée de 15 membres à 25 membres, les eurobéats furent aux anges. Pour eux, leurs idées allaient enfin bientôt pouvoir triompher : « Jean MONNET en rêvait, nous allons le faire ».

Après la crise des subprimes, depuis 2008, les commissaires européens ne pouvaient plus affirmer : « l’Europe c’est la prospérité, la stabilité, et la sécurité monétaire ».

Depuis février 2022, les commissaires européens ne peuvent plus répéter : « l’Europe c’est la paix ».

L’Europe de Jean MONNET vient de rencontrer le mur des réalités géographiques et historiques.

Le 22 janvier 1963, le Général de GAULLE et le Chancelier ADENAUER signaient à l’Élysée le traité de coopération destiné à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d’Allemagne.

60 ans après sa signature, les Français et les Allemands peuvent pleinement mesurer l’énorme bêtise des hommes politiques qui ont tout fait, en France et surtout en Allemagne, pour que ce traité soit vidé de ce qui représentait sa substantifique moelle, dès sa ratification.

Ce traité, qui fut sans doute un des grands chefs-d’œuvre de la pensée politique d’un géant, fut immédiatement trahit par les nains qui remplissaient alors le Bundestag.

À Bonn, alors que le général de GAULLE avait offert généreusement et intelligemment aux Allemands le cadeau d’une réconciliation historique viable et durable, les élus rescapés de l’Allemagne nazie, qui avait mis l’Europe et le monde à feu et à sang, préférèrent la paix des armes, sous le parapluie nucléaire des États-Unis, à la paix des âmes à laquelle la France les invitait.

Une fois encore, le président français avait vu juste.

En 1962, comme en 1940, il avait su voir à long terme, au-delà des apparences.

En 1940, il avait compris, avant presque toute la classe politique française, que la France avait certes perdu une bataille, mais qu’elle était loin d’avoir perdu la guerre, en raison de l’extraordinaire profondeur stratégique qu’elle gardait, à travers son Empire, et grâce à la profondeur stratégique de son principal allié, le Royaume-Uni.

En très peu de mots, dans le discours qu’il prononça le 18 juin à la BBC, le Général donne les raisons objectives pour lesquelles la victoire des alliés contre l’Allemagne nazie est quasiment inéluctable : « Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure ».

Source : Touteleurope

Pourquoi 4 pays ne sont pas devenus membres de l’Union européenne, avant même que le Royaume-Uni ne la quitte  ?

Pourquoi 4 pays d’Europe et le Royaume-Uni ont-ils refusé, et refusent encore, de rejoindre la zone euro ?

Pays Islande Lichtenstein Norvège Royaume-Uni Suisse
Monnaie Couronne I Franc suisse Couronne N Livre Sterling Franc suisse

Pourquoi tant de pays veulent-ils devenir membres de l’UE malgré la situation économique difficile qui se profile à l’horizon ?

Pourquoi le Danemark, la Hongrie, la Pologne, la Suède et la République tchèque n’ont-ils toujours pas adopté l’euro ?

Pays Danemark Hongrie Pologne Suède Tchéquie
Monnaie Couronne D Forint Zloty Couronne S Couronne T

Faut-il être adversaire de l’UE pour oser se poser de telles questions ?

Le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, souvent désigné sous le nom de « Brexit », a eu lieu le 31 janvier 2020. Il a fait suite au référendum britannique du 23 juin 2016, par lequel 51,89 % des électeurs se sont prononcés pour un retrait de leur pays de l’Union européenne. 

Données du Fonds monétaire international, 2016

Avant le BREXIT

Données du Fonds monétaire international, 2021

Après le BREXIT

[Le 16 mars 2025, 12 H00, P. C., Genève] :  La Suisse, vers une adhésion forcée à l’UE? | François SCHALLER [Antithèse – 16 mars 2025]

François SCHALLER est un journaliste suisse spécialisé dans les relations entre la Suisse et l’UE. Il a travaillé à La Presse et à L’Hebdo à Lausanne dans les années 1990, avant d’être rédacteur en chef de PME Magazine dans les années 2000 et de L’Agefi dans les années 2010. Cet entretien a été enregistré le 10 février 2025.

[Le 8 octobre 2024, 12 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] :  L’Union européenne  ????