N° 151 Pro Memoria. À l’attention de la Commission sur la question linguistique européenne.

Dix ans après cet avertissement rien n’a changé. Bilan !

Pendant des années,  Madame  Anna Maria CAMPOGRANDE, présidente d’ Athena a dépensé une immense énergie pour mettre en garde les responsables de Bruxelles contre la folie de la politique linguistique qu’ils mettaient en œuvre [implimentaient en novlangue bruxelloise]  dans l’Union européenne.

À quelques semaines du Brexit, ICEO tient à rendre hommage à une exceptionnelle militante de la diversité linguistique pour sa clairvoyance, en mettant en ligne le texte, oh combien prémonitoire, que Madame CAMPOGRANDE  a rédigé en mars 2010. Voir l’Hommage du vice-président d’ICEO, J-M R .

Conclusion : La langue préside à la structuration de la pensée, à une vision du Monde.

Considérer la langue comme un simple et banal instrument de communication c’est comme dire que l’or est précieux parce qu’il brille.

La langue préside, avant tout, à la structuration de la pensée, elle confère une échelle d’évaluation des valeurs, une aptitude à l’application du droit, une vision du Monde.

Écrire un texte original, devant être traduit dans d’autres langues, dans une langue ou une autre, ne constitue pas du tout un fait anodin, il constitue un choix fondamental parce que la langue originale va façonner le sujet, suivant un dessin caché sous le métier.

Les anglophones ont bien compris cela et ils jouent à fond sur cet atout, ce n’est pas pour rien que certains principes fondamentaux de la Communauté ont disparus, peu à peu, de la conception de l’Europe d’aujourd’hui, tel que, par exemple, la préférence communautaire pour ne faire qu’un seul exemple parmi beaucoup d’autres. Lorsqu’on accepte d’examiner un Règlement, une Directive, une stratégie de politique communautaire et, parfois, même de se prononcer sur un texte écrit dans une seule langue originale on a déjà démissionné à contribuer efficacement à la construction européenne.

Il est vrai que, dans le contexte actuel, ce n’est pas simple de réfléchir de manière autonome, de se faire une idée précise des enjeux. On est bombardé de tous les cotés par la propagande de la pensée unique. Les fonctionnaires européens reçoivent  sans interruption, par l’Internet, des documents tous prêts dans tous les domaines sensibles de l’œuvre qui occupe les institutions européennes. Ils n’ont qu’à faire « cut and paste » plus personne n’a la nécessité de réfléchir et de s’informer de sa propre initiative. Il faut comprendre, une fois pour toutes, sous peine de faire échouer définitivement le projet d’unification de l’ Europe, que le problème auquel nous sommes confrontés n’est pas celui de faire traduire, plus au moins correctement, tous les documents officiels et non-officiels au bénéfice des citoyens européens et autres usagers.

Le véritable problème est, d’une part, celui des textes originaux, celui de la langue qu’on utilise pour penser et concevoir les textes normatifs et les stratégies, de l’autre, celui de la langue dans laquelle on soumet les documents aux décideurs pour apprécier le texte et se prononcer. Lorsqu’on arrive à une traduction, pour tout le monde, « a posteriori » les jeux sont faits, on est en plein dans un système bloqué.

Le Comité Exécutif d’Athena

[Le 8 janvier 2020, 15 H05, J. P., Montbazin] : Merci madame !