N° 559 Boualem SANSAL : des propos pesés, aussi dérangeants en France qu’en Algérie.
Deux mois et demi après sa libération, Boualem SANSAL vient enfin d’offrir à la Nouvelle Revue Politique un témoignage sur les conditions et les raisons de sa détention durant 361 jours dans les prisons algériennes.
Les propos que l’écrivain franco-algérien, Boualem SANSAL tient dans l’entretien qu’il a accordé à la Nouvelle Revue Politique, le 23 décembre, sont particulièrement émouvants, surtout bien sûr, pour tous ceux qui ont œuvré pour obtenir sa libération.
ICEO, s’honore d’avoir été de ceux-là dès novembre 2024.
ICEO invite tous les lecteurs de ce site web à regarder en intégralité la vidéo de l’entretien de Boualem SANSAL avec Arnaud BENEDETTI, fondateur du comité de soutien à sa libération, présidé par l’ancienne ministre Noëlle LENOIR.
Quel bonheur d’entendre les propos mesurés et réfléchis d’un être sage, nullement aigri par le ressentiment, malgré près d’un an de détention arbitraire.
Quelle chance pour les Français et les Algériens d’avoir en partage un homme d’une telle hauteur de vue, et d’une telle richesse humaine.
De retour en France après un an de détention en Algérie, l’écrivain franco-algérien Boualem SANSAL a livré un témoignage rare dans un entretien accordé à La Nouvelle Revue Politique, animé par Arnaud BENEDETTI. Il décrit un retour à la liberté « très difficile » après douze mois vécus « dans la soumission », l’isolement et la privation de tout déplacement, au point, dit-il, d’avoir le sentiment que son esprit s’est « ratatiné ».
L’écrivain explique avoir traversé deux phases en prison : d’abord l’affrontement pour survivre au quotidien, puis l’apprentissage d’une forme d’adaptation, « comme dans le judo », pour ne pas s’épuiser. Placé en quartier de haute sécurité, surveillé en permanence et détenu à deux en cellule, il raconte une vie rythmée par les rumeurs, les bribes d’informations rapportées par d’autres détenus, et des visites espacées de son épouse derrière une vitre, sous écoute, où l’essentiel passait parfois par des gestes.
Sur le plan judiciaire, SANSAL affirme avoir compris très tôt que sa condamnation était jouée d’avance, évoquant une « justice téléphonée » et un dossier monté par les services secrets après son arrestation le 16 novembre à l’aéroport d’Alger. Il dit avoir écrit régulièrement au président Abdelmadjid TEBBOUNE et à des responsables algériens pour dénoncer ce qu’il juge absurde et politiquement opportuniste, estimant que son arrestation s’inscrivait surtout dans un rapport de force entre Paris et Alger, sur fond de tensions régionales et de dossiers bilatéraux sensibles.
L’écrivain dit avoir été porté par la mobilisation en France, qu’il a découverte progressivement depuis sa cellule, avant d’élargir son diagnostic à la relation franco-algérienne et à la stratégie d’influence d’Alger. SANSAL conclut enfin sur l’écriture, qu’il n’a pas encore totalement reprise, refusant de « tomber dans la facilité » du récit carcéral, mais affirmant avoir mesuré, plus que jamais, « la force des mots », au point d’imaginer un futur livre autour d’un terme qui l’a marqué en prison : « la légende ».
Comme François BAYROU l’a rappelé en février 2002, « si on pense tous la même chose c’est qu’on ne pense plus rien ». D’où l’importance des débats et de la disputatio.
[Le 30 décembre 2025, 13 H25, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Quelle tristesse de constater le peu d’intérêt que l’entretien de Boualem SANSAL a suscité dans la grande presse. Quelle honte pour les journalistes qui ont relayé le discours d’Alger. En France, le président TEBBOUNE n’a pas de souci à se faire, les médias, terrorisés, sont couchés. En Algérie par contre, il lui faut faire de plus en plus attention, les Algériens les plus jeunes, notamment ceux qui ont accès à internet, savent les dirigeants ne pourront pas bénéficier encore longtemps de la rente mémorielle. Une crise internationale peut venir bouleverser d’un coup l’ordre établi dans la corruption, la prévarication, et la spoliation.
[Le 30 décembre 2025, 1 H55, A. P., Lorient] : « Eh bien ! de tout cela, je prends acte au nom de la France et je déclare, qu’à partir d’aujourd’hui, la France considère que, dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants : il n’y a que des Français à part entière, des Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. » Paroles prononcées à Alger par le général de GAULLE le 4 juin 1958.










