N° 491 France : un État de droit et une démocratie en pleine déconstruction?
« Quousque tandem abutere, MÉLENCHON, patientia nostra? » « Jusqu’à quand MÉLENCHON abuseras tu de notre patience ? »
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Surprise générale en effet, car le 5 juillet, la plupart des instituts de sondage donnaient encore le Rassemblement national en tête avec au minimum 175 à 205 sièges. Sur les 24 projections de sièges publiées durant la campagne, toutes plaçaient le Rassemblement national à la première place, certains ayant même évoqué pendant quelques jours l’élection de plus 289 élus RN.
Le 8 juillet, la quasi-totalité des journaux n’ont pas manqué de relever et condamner cette « heureuse » faillite des instituts de sondage.
À l’évidence, entre le risque de surestimer ou de sous-estimer les résultats en sièges pour le Rassemblement national, les instituts de sondage n’ont pas hésité un seul instant.
Car, étant donné la peur panique qui avait envahi la plupart des médias le soir du premier tour, on imagine facilement ce qu’aurait été la réaction des leaders d’opinion si les instituts de sondage avaient eu le malheur de sous-estimer le score électoral du RN.
Pour ne surtout pas faire le « jeu de l’extrême-droite », les instituts de sondage, comme les adversaires du RN, ont préféré avertir et inquiéter trop les électeurs que pas assez.
Alors que les campagnes électorales sont censées s’arrêter le vendredi soir à minuit, pour ce second tour, les prises de position partisanes implicites, voire explicites, n’ont jamais cessé, notamment sur les radios de service public.
Du 30 juin au soir, jusqu’au 7 juillet au soir, tout a été mis en branle pour informer dûment les citoyens d’un « possible drame ».
Aucun institut de sondage ne pouvait mesurer précisément la puissance de cette semaine d’information intensive, ni l’effectivité du « barrage républicain ».
Mais, tous les instituts ont pu parfaitement mesurer qu’il y avait une large et croissante mobilisation de nombreux électeurs pour faire barrage au RN. Tous ont indiqué que les chances pour le RN d’obtenir une majorité de sièges n’avaient cessé de diminuer du 1er au 5 juillet. S’ils n’ont rien dit, c’est pour ne pas être accusés d’avoir fissuré le barrage au RN.
Pour élire les 501 députés restants, le RN+ (RN et ses alliés) ont pu maintenir un candidat dans plus de 420 circonscriptions, en duel, face à un candidat UG dans 149 circonscriptions, face à un candidat ENS dans 129 circonscriptions, face à un candidat LR dans 58 circonscriptions. Et dans des triangulaires, face à un candidat UG et ENS dans 69 circonscriptions, face à un candidat UG et LR dans 15 circonscriptions. [Source francetvinfo]
L’union de la gauche était présente dans plus de 263 circonscriptions, ENS dans plus de 228 circonscriptions, et LR dans plus de 73 circonscriptions.
À 20 heures, le soir du second tour, les estimations ne laissaient aucun doute, le barrage au RN avait fonctionné au-delà de toutes les espérances de ses prescripteurs.
Bien que les résultats définitifs n’aient pu être connus que tard dans la nuit, le principal artisan du « barrage », Jean-Luc MÉLENCHON, sut dès la diffusion des premières estimations, que l’Union de la gauche en général et LFI en particulier venaient de réaliser une exceptionnelle prouesse politique. Quand il prit le premier la parole, en tout début de soirée, il savait qu’il pouvait afficher et savourer « son » triomphe sans aucun risque.
Il ne connaissait bien sûr pas les détails de cette élection hors norme, mais il pouvait facilement imaginer l’ampleur de la vague « barragiste ». Lorsqu’il prit la parole, il savait notamment que les élus LFI entreraient en force à l’Assemblée nationale.
Intervention de Jean-Luc MÉLENCHON, le 7 juillet 2024 quelques minutes après 20 heures.
La majorité de personnes qui constituent la nouvelle France ?
Notre peuple a clairement écarté la solution du pire pour lui. Ce soir, le RN est loin d’avoir la majorité absolue que les commentateurs lui prédisaient il y a une semaine à peine. C’est même tout le contraire.
C’est un immense soulagement pour une écrasante majorité de personnes dans notre pays, celles qui constituent la nouvelle France comme celles qui l’ont toujours aimée de passion républicaine. Ces personnes se sont senties menacées, terriblement. Désormais qu’elles se rassurent. Elles ont gagné.
Avec ses bulletins de vote une majorité a fait un autre choix pour le pays. La volonté du peuple doit être dorénavant strictement respectée.
Dès lors, aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable. »
Des résultats électoraux uniques
Aucun observateur n’avait émis l’hypothèse que :
l’union de la gauche réussirait à faire élire146 de ses 263 candidats, soit près de 56 %
ENS (Ensemble) réussirait à faire élire148 de ses 228 candidats, soit près de 65 %
LR réussirait à faire élire38 de ses 73 candidats, soit 52 %
le RN+ ne réussirait à faire élire que 104 de ses 420 candidats, soit moins de 25 %, alors qu’il avait recueilli en moyenne plus de 33 % des voix au premier tour.
1er tour : 32 9O8 657 votants – participation 66,71 % – blancs et nuls 1,58 %
2d tour : 28 867 759 votants – participation 66,63 % – blancs et nuls 5,50 %
En Lozère : 75 % de votants aux 2 tours , une élue (PS) pour 34 393 voix en tout
Des résultats électoraux problématiques et troublants.
Premier à s’exprimer le soir du dimanche 7 juillet, grisé par des résultats électoraux qui s’annonçaient exceptionnels, Jean-Luc MÉLENCHON, le « sauveur de la République », a cru que l’heure était venue de griller toutes les étapes :« Le président a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner », qui appliquera « son programme, rien que son programme, tout son programme ».
Avant d’exiger de pouvoir appliquer le programme du NPF, il avait déclaré avec le plus grand sérieux : « La volonté du peuple doit être dorénavant strictement respectée ».
Par trois fois en un mois, le « peuple » s’est exprimé.
Le parti du président, premier et grand bénéficiaire du « barrage républicain »
Onze groupes de 126 à 16 membres, et 7 députés non-inscrits
Effectif des groupes politiques -site web de l’Assemblée nationale
Opposition de Gauche 193, soutien au président 166, opposition de Droite et RN+ 189
Opposition de Gauche 193, soutien au président + Droite 213, opposition RN+ 142
Après l’accord passé entre les groupes appartenant au camp présidentiel et le groupe de la « droite républicaine », avec une base de départ de 213 voix, la députée « Renaissance » pouvait espérer réunir au troisième tour de scrutin pour sa réélection au perchoir plus de voix que son principal concurrent, le candidat communiste, qui n’avait comme base de départ que 193 voix.
Avec seulement 22 membres, les députés du Groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), avaient donc le pouvoir de faire l’élection.
Malheureusement pour André CHASSAIGNE, contrairement à ce qu’il croyait possible, voire acquis, seuls14 députés LIOT, ou non inscrits, ont voté pour lui (193 + 14 = 207), et 7 LIOT, ou non-inscrits, ont voté pour l’ancienne présidente (213 + 7 = 220).
À l’issue du vote, dans les couloirs de l’Assemblée, devant la presse, le député communiste battu laissa exploser sa colère : « Le vote des Françaises et des Français, c’est un vote qui a été volé aujourd’hui par une alliance contre nature entre la « macronie » et la droite ».
Franceinfo titra le lendemain : Assemblée nationale : l’élection de Yaël BRAUN-PIVET ne passe pas à gauche.
Le 20 juillet, après plus de deux jours de votes, l’alliance de gauche et le camp présidentiel ont fini de se partager la quasi-totalité des postes clés du Bureau de l’Assemblée nationale, laissant quelques rares postes au groupe LIOT et au groupe Droite républicaine.
Au terme de tous ces votes, le Rassemblement national (126 élus) n’est sorti avec aucun poste clé, contrairement à 2022, où avec 89 élus il avait obtenu deux vice-présidences, comme le préconise le règlement de l’Assemblée.
Dès le 8 juillet dans La Tribune, face aux résultats des élections, Bruno JEUDY posait la question que beaucoup de monde se pose aujourd’hui : MACRON sauvé par la gauche, mais pour combien de temps ?
Aujourd’hui, les Français qui ont entendu Jean-Luc MÉLENCHON affirmer le 7 juillet au soir : « Une fois de plus, la gauche unie a sauvé la République », peuvent légitiment se demander si la gauche des insoumis veut réellement sauver la République (bourgeoise) ou si elle veut, comme leur maître à penser Léon TROTSKI le leur a prescrit, tout faire pour la saccager.
Deux semaines après avoir entendu Jean-Luc MÉLENCHON les féliciter d’avoir fait barrage au fascisme, une large majorité de Français comprend que leur barrage a été dressé devant un leurre, les ennemis fantasmés de la République, alors qu’il aurait dû être érigé face au vrai danger, face aux amis de la Révolution, face aux amis de la nouvelle France, qui prouvent être chaque jour un peu plus les ennemis de l’ancienne France, voire les ennemis de la France, tout court.
Pour faire barrage au RN les Français ont reçu pendant une pleine semaine une avalanche d’avertissements, tels que ceux-ci-dessous :
Le 2 juillet :« S’il arrive au pouvoir, le RN pourra faire un usage plus liberticide de l’arsenal juridique existant ».
Le 5 juillet : Le RN au pouvoir ? « J’ai peur que la France tombe dans les bras de la Russie ».
Le 6 juillet : Ce qu’un pouvoir d’extrême droite ferait à notre justice.
Avant même d’être arrivé aux moindres responsabilités nationales, alors que leur pouvoir d’agir en bien ou en mal a toujours été réduit à néant, les élus du Rassemblant national ont été accusés de vouloir porter atteinte à la démocratie et à l’État de droit.
En matière d’atteinte à la démocratie, les accusateurs sont parfois de façon cocasse de fameux experts :
Référendum sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe, vote effectué le 29 mai 2005. Résultat : participation 69 % et 54,67 % pour le NON.
Réunion à Versailles du congrès le 4 février 2024 pour ratifier le Traité de Lisbonne. Le NON des Français au référendum de 2005 est ainsi bafoué par des parlementaires dont certains avaient appelé à voter NON au référendum.
Notre-Dame-des-Landes : un référendum pour rien ? vote effectué le 26 juin 2016. Résultat : participation 51 % et 55,17 % de OUI.
Le 17 janvier 2018, le premier ministre Édouard PHILIPPE décide d’abandonner le projet d’aéroport, contrairement à tous les engagements pris, notamment par le futur président de la République Emmanuel MACRON.
« C’est un véritable déni de démocratie (…) qui affaiblit l’État de droit, a déploré alors, dans la foulée de l’annonce de l’abandon du projet, la maire socialiste de Nantes Johanna ROLLAND. L’élue a notamment tenu à rappeler que cette décision allait à l’encontre de l’avis de 20 collectivités locales et de 180 décisions de justice ».
Avant son élection à la présidence de la République, pour endiguer l’influence croissante du courant CERES au sein du PS, le président du parti, François MITTERRAND, n’hésita pas à avoir recours aux « bons services » de nouveaux adhérents venant de diverses officines trotskistes. Il pouvait difficilement ignorer les engagements et la formation politique initiale toute particulière de ces nouveaux venus.
Les deux plus connues de ces recrues d’exception furent toutes deux formatées à l’OCI.
Lionel JOSPIN, adhéra au PS en 1971, et fut élu député en 1981 à l’âge de 44 ans. Premier ministre de 1997 à 2002, candidat à l’élection présidentielle de 2002, il fut éliminé au premier tour par le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen. Il annonça son retrait de la vie politique le soir même de son élimination.
Si Lionel JOSPIN s’est résigné à ne jamais devenir président de la République dès l’âge de 65 ans, Jean-Luc MÉLENCHON n’exclut nullement de se représenter en 2027 à l’âge de 75 ans.
De tous les anciens trotskistes du PS, il est assurément celui qui est resté le plus marqué par son premier engagement politique. En 2015, le journal Le Point publia un article donnant les noms de plusieurs « ex-trotskistes », ou plus exactement des « ex » supposés tels. C’est sans doute pourquoi l’auteur de l’article l’intitula : Trotskistes un jour, trotskistes toujours ?
En 2003 déjà, les socialistes « anciens » trotskistes se plaisaient à jouer les experts, voir : au PS, l’extrême gauche décryptée par ses « ex ».
En 2003, ni même en 2015, la situation de la France n’était pas suffisamment chaotique, ni suffisamment conflictuelle pour pouvoir espérer faire aboutir une expérience trotskiste.
En 2012, Jean-Luc MÉLENCHON avait obtenu 11,1 % des voix. En 2017, il avait obtenu 19,6 % des voix. En 2022, il a obtenu 21,95 % des voix, en arrivant juste derrière Marine LE PEN, à 400 000 voix.
En 2024, le désordre est devenu tel qu’il peut croire à ses chances lors d’une quatrième candidature à l’élection présidentielle, sous réserve que la haine de classe le cède à la haine raciale.
Une vidéo datant du 7 octobre 2012 montre un Jean-Luc MÉLENCHON haranguant ses camarades, tel un ROBESPIERRE ou un SAINT-JUST, en promettant au micro : «Comment croyez-vous qu’on transforme un peuple révolté en un peuple révolutionnaire? Comment sa conscience peut-elle s’éveiller? Par les discours, bien sûr. Mais aussi par la pratique de la lutte, insiste-t-il. La conquête de l’hégémonie politique a un préalable. IL FAUT TOUT CONFLICTUALISER.»
Culture du secret et art de l’infiltration, avec Jean-Luc MÉLENCHON le trotskisme est en action, au moment où Emmanuel MACRON n’est à l’évidence plus en marche du tout.
Pour s’en remettre, sans réserve, aux « ex »-trotskistes pour défendre, l’État de droit, les droits de l’homme et la démocratie représentative, il faut être d’une inculture politique tactique et historique abyssale.
Les membres de l’ex-majorité présidentielle, élus pour beaucoup grâce au barrage républicain, sont nombreux à être allés se coucher avant la fin de l’élection de tous les membres du Bureau de l’Assemblée nationale, ce qui a permis aux députés du NFP d’obtenir 12 postes sur les 22 de la plus haute instance exécutive de la chambre, après que LFI fut parvenue à conserver la présidence de la tant convoitée commission des Finances, grâce à l’apport de toutes( ?) les voix des élus du groupe LIOT. Les élus NFP qui représentent un tiers de l’Assemblée ont ainsi pu rafler plus de la moitié des postes.
Le mardi 23 juillet, lors de son intervention au journal télévisé du soir, le président MACRON a regretté que la composition du Bureau de l’Assemblée soit si peu représentative du vote des Français. Il ne pouvait pas ignorer que l’Assemblée étant elle-même bien peu représentative des 3 derniers votes des Français, cette mé-représentation ne pouvait qu’augmenter, si un quart des élus était tenus pour indésirables. On peut donc légitiment accuser, le président de la République de faire preuve d’une grande hypocrisie et d’une forme de cynisme.
Le lendemain, Thomas GUÉNOLÉ a accusé le NFP, et tout particulièrement LFI, de tout faire pour ne proposer au président de la République que des noms d’éventuels Premiers ministres totalement inacceptables pour lui.
Le président n’a pas eu besoin d’écouter ce politologue de renom pour comprendre le petit jeu auquel voulaient se livrer les élus du NFP, faire porter au chef de l’État la responsabilité de l’absence de gouvernement. Emmanuel MACRON, comme LFI, joue de toute évidence la montre, persuadé que le temps joue pour lui. Il ne désespère pas en effet de pouvoir débaucher quelques députés pour trouver une majorité, même toute relative, présentable.
Nul doute que les tableaux ci-dessous et les curriculum vitae de tous les élus qui appartiennent à l’arc républicain restreint, tel que défini par le président mardi soir, sont sur le bureau de tous les responsables à l’Élysée.
Députés appartenant au nouvel arc républicain tel que défini par le président
[ENS (166) + LR (47) = 213] + [PS (66) + EE (38) + PC (17) =121] = 334
ENS (ensemble) et ses alliés sortis les premiers bénéficiaires du 1er barrage républicain
Malheureusement, pour lui et pour la République cette cohabitation tranquille a peu de chance d’arriver, pour la raison simple que Jean-Luc MÉLENCHON ne sera pas assez stupide pour l’accepter. Les trotskistes, se conduisent souvent comme de fieffés menteurs, pour qu’advienne LEUR révolution, mais jamais comme des imbéciles.
Pour croire pouvoir faire sortir facilement de l’arc républicain son premier artisan, il faut être très naïf, et bien ingrat.
Si cette « éviction » s’avançait, on devine aisément que Jean-Luc MÉLENCHON ne manquerait pas de hurler en rappelant : « l’arc républicain c’est moi ! ».
Qui peut en effet décemment prétendre le contraire ? Comment les députés soutenant le président de la République, élus pour la plupart miraculeusement grâce à l’arc républicain, peuvent-ils aujourd’hui congédier le parti des militants auxquels ils doivent leur retour à l’Assemblée nationale ?
Alors qu’aux élections Européennes, la liste Besoin d’Europe, menée par Valérie HAYET, n’avait recueilli que 14,60 % des voix, les partis qui soutiennent le président de la République ont obtenus 28, 77 % des sièges dans la nouvelle Assemblée nationale, soit un gain de leur représentativité de 14,17 %.
Le Nouveau Front Populaire a permis aux « partis du Président » de bénéficier de l’arc républicain 5,5 fois plus que LFI, +14,17 % contre +2,59 %.
Le Président MACRON ne peut donc pas faire aujourd’hui comme s’il ne devait rien aux électeurs de LFI, comme s’il n’avait pas reçu de leur part un bien encombrant cadeau.
En entendant l’intervention de Jean-Luc MÉLENCHON le 30 juin 2024 en tout début de soirée, en l’entendant appeler au retrait des candidats NFP arrivés en 3e position en cas de risque de victoire du RN, sans aucune réserve, le président dut certainement rire jaune, car il savait que :
« [le] cadeau qui ne peut pas être (re)jeté n’est pas un cadeau mais un piège. » [Tad WILLIAMS].
« [le] cadeau qui ne vient pas de l’amitié est une petite chaîne qui fait de nous un petit chien. » [Lanza DEL VASTO].
Quant aux électeurs qui avaient la faiblesse de voter pour le Rassemblement national, las d’attendre que leurs doléances soient enfin prises en compte, les paroles que le fondateur de La France Insoumise prononça en conclusion de son intervention ne furent pour eux nullement une surprise : « Avec le Nouveau Front Populaire, une nouvelle France peut surgir, une France faite d’unité, de respect pour chacun et pour le vivant, partout, tout le temps, dès maintenant ».
Les plus lucides, très tristes mais pas encore totalement résignés, comprirent que ses dix derniers mots signaient leur faire part d’enterrement : « Vive La France, vive le peuple souverain, vive la République ».
Pour eux, Jean-Luc MÉLENCHON pensait à l’évidence : Vive La NOUVELLE France, vive le NOUVEAU peuple souverain, vive la NOUVELLE République. S’il n’a pas prononcé ces trois mots supplémentaires, ce ne fut que par simple superstition. Dix plus trois égalent treize, et treize cela porte malheur. Comme François MITTERRAND qu’il a tant admiré, Jean-Luc MÉLENCHON a des petites faiblesses. C’est ce qui lui conserve une certaine part de la commune humanité.
Le RN défait dans urnes, mais pas dans les têtes.
Le 8 juillet au matin, les médias ont invité les Français à respirer l’air pur enfin retrouvé. Selon la grande majorité des éditorialistes, la France pouvait être heureuse et se montrer fière d’avoir su sauver, une fois encore, rien moins que la démocratie, l’État de droit, et les droits de l’homme.
Oubliés les gens qui ne sont rien.
Oublié le manque de maîtres dans les écoles.
Oublié le manque de professeurs dans les collèges et les lycées.
Oublié le manque de médecins, de pharmacies, et de dentistes dans presque tous les départements.
Oubliée l’absence de maternités et de centres de soins à moins d’une heure de route.
Oublié le manque de logements.
Oubliée l’absence de services publics.
Oubliée l’absence de commerces de proximité.
Oubliées les zones de non-droit.
Oubliées les zones blanches où il est difficile, voire impossible, de téléphoner ou d’avoir accès à internet.
Oubliés les problèmes d’agression sexuelle et l’insécurité.
Oubliés les multiples désordres migratoires qui affectent tous les secteurs de la société française.
Oubliées enfin les 97 % des communes de 500 à 2 000 habitants qui ont placé le RN en tête aux élections européennes du 9 juin, puis au premier tour des élections législatives le 30 juin, parce que leurs habitants se savent depuis trop longtemps oubliés, abandonnés, méprisés, humiliés, et désormais mis au ban de la nation.
Par contre, malgré l’euphorie ambiante contagieuse due aux Jeux olympiques, les 10 647 914 électeurs, qui ont voté pour les candidats RN, ou leurs alliés, dès le premier tour des élections législatives, eux n’ont pas oublié les raisons pour lesquelles ils ont fait ce choix.
Toutes les études montrent qu’en Europe en général, et en France tout particulièrement, les électeurs qui rejettent la politique migratoire telle qu’elle est menée et imposée actuellement par la Commission européenne sont de plus en plus nombreux, prêts pour certains à voter pour « le diable », dans l’espoir, souvent vain, de se faire entendre et de se faire comprendre par leurs gouvernements.
Selon le sondage réalisé en décembre 2023 par l’institut CSA, 80 % des Français considèrent qu’il ne faut pas accueillir plus de migrants en France. Les sympathisants de Marine LE PEN s’y opposent à 98 % et ceux d’Éric ZEMMOUR à 100 %
Il y a 40 ans, non seulement la « gauche » a commencé à trahir et abandonner sa base électorale traditionnelle, le petit peuple, le monde ouvrier, au nom d’un mondialisme idéalisé, mais elle a commencé à dénigrer, voire à salir les petites gens, par trop « déplorables » à ses yeux.
Lorsque que les fidèles électeurs du Parti socialiste et du Parti communiste, las d’être incompris, ont commencé à « mal voter », non seulement les dirigeants politiques de gauche n’ont pas cherché à comprendre pourquoi ils les écoutaient de moins en moins, mais ils ont instrumentalisé leurs votes, trop content qu’ils passent directement de la gauche à l’extrême droite, sans faire halte à droite.
Alors que la IIIe République fut celle des avocats, la Ve République aura été celle du triomphe des énarques et des enseignants de gauche. Aux élections législatives de 1981 des records, inégalés depuis, avaient été atteints : au sein du groupe socialiste. 17 % des élus étaient professeurs du secondaire, 12 % étaient professeurs du supérieur, et 14 % étaient instituteurs.
Autre record : entre 1981 et 1984, 19,4 % des ministres étaient enseignants du supérieur, 7,5 % enseignants du secondaire, et 10,4 % enseignants d’autres professions intellectuelles ; soit 37,3 % des ministres, contre 16,3 % en moyenne entre 1959 et 1981.
C’est donc à très juste raison qu’en juin 1981, Le Monde pouvait évoquer : La république des enseignants.
Depuis la Libération, sous la IVe République, comme sous la Ve République, la gauche communiste et socialiste a réussi continument à imposer ses vues, idéologiques et pédagogiques, implicitement et souvent explicitement, à tous les ministres de l’Éducation nationale.
Alors qu’un tiers des fonctionnaires d’État ont voté pour la gauche aux élections législatives de juin 2024, les enseignants se sont encore distingués avec 51 % de vote pour les candidats de la gauche, soit un score plus important qu’aux présidentielles de 2022. Il n’y a donc aucun doute : aujourd’hui, le vote enseignant [reste] bien ancré à gauche.
Les enseignants votent à gauche et leurs anciens élèves et étudiants aussi
Pour des raisons politiciennes, depuis 1984, le Parti socialiste, aidé de ses alliés, a fait de la lutte contre le racisme en France son principal cheval de bataille. L’histoire de l’instrumentalisation et de l’invention de l’antiracisme « institutionnel » par François MITTERRAND est désormais bien connue, car abondamment documentée.
Lorsque le Parti socialiste s’est senti délaissé par son électorat populaire traditionnel, loin de remettre en question sa politique économique, sociale et migratoire, inconséquente, il n’a rien trouvé de mieux que d’accuser les électeurs qui le quittaient de manquer de fidélité, et de générosité.
Depuis le 21 mars 1983, depuis le tournant de la rigueur aucun gouvernement français n’a réussi à enrayer la chute de la production industrielle en France. Depuis sa réélection, le président MACRON veut, lui, réindustrialiser le pays.
Réindustrialiser la France n’est pas une simple lubie présidentielle nouvelle, c’est une nécessité absolue, une nécessité existentielle pour le pays.
En effet, la désindustrialisation massive, commencée dans les années 70, est telle aujourd’hui que, sans réindustrialisation, aucun des problèmes qui affectent la France depuis des décennies ne peut être résolu.
Au 2e trimestre 2024, le solde commercial FAB/FAB de la France s’est détérioré de 3,0 milliards d’euros par rapport au 1er trimestre 2024 et a atteint – 21,4 milliards d’euros., soit une somme proche du budget de la recherche prévu cette année (26,6 milliards d’euros).
Des grands pays de l’Union européenne la France est celui qui s’est le plus désindustrialisé depuis les années 70, et qui a continué à se désindustrialiser de façon totalement inconsidérée de 2000 à 2021.
Lorsqu’en septembre 2007, en Corse, François FILLON, premier ministre du président Nicolas SARKOZY, déclara : « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier », la dette publique française ne représentait que 67% du PIB de la France, soit 1 216 milliards d’euros.
En 2017, après le quinquennat de François HOLLANDE la dette était passée à 98% du PIB, de l’ordre de 2 000 milliards d’euros.
En février 2024, la dette a dépassé les 3 000 milliards d’euros, soit plus de 110% du PIB.
Pour faire face à cette situation particulièrement alarmante, la France n’a toujours pas pu trouver le premier ministre capable de gouverner le pays pendant au moins un an.
Ce qui fait la principale richesse d’une nation, c’est sa cohésion, la volonté partagée de ses habitants de construire une histoire commune.
Or depuis 1984, les dirigeants français ont presque tous mené des politiques qui ne pouvaient que fractionner la société française. Cette fracture de la société s’est bien évidemment retrouvée dans les urnes.
Une fracture de la société retrouvée dans les urnes.
Le président de la République n’a pas de chance : il est à la tête d’un pays dont plus de 30 % des électeurs votent, à son avis, trop à droite et plus de 20 % votent trop à gauche.
Au cours de l’émission L’heure de vérité du 5 septembre 1984, répondant à une question sur la nouvelle loi instaurant la représentation à la proportionnelle qui risquerait d’amplifier le phénomène LE PEN, le premier ministre Laurent FABIUS déclara : « Je pense que l’extrême droite ce sont de fausses réponses à de vraies questions. Les questions sont vraies, c’est [notamment] la question de l’insécurité dont nous avons parlé tout à l’heure. »
Pendant quarante ans, les Français ont attendu vainement que leurs dirigeants apportent les bonnes réponses aux « vraies questions » évoquées par Laurent FABIUS en 1984.
En 2023, quelques jours avant Noël, ils ont pu croire qu’une partie des réponses arrivaient, enfin.
En effet, le mardi 19 décembre 2023, après 18 mois de revirements et de rebondissements autour du projet, à la suite du sénat, l’Assemblée a enfin pu voter une loi immigration, un texte fort et ferme selon les termes du ministre de l’intérieur, Gérard DARMANIN, avec 349 voix pour et 186 voix contre, sur 573 votants, LR (62) et RN (89) joignant leurs voix à celles de la majorité. Mais cette dernière s’est divisée : sur les 250 voix qu’elle compte, 59 ont fait défaut, choisissant de s’abstenir ou de voter contre le projet de loi.
Composition de l’Assemblée nationale après les élections législatives de 2022
Michel ROCARD, premier ministre durant 36 mois est resté célèbre pour avoir fait 28 fois usage de l’article 49 alinéa 3 de la constitution, article qui permet de faire passer une loi, même lorsque l’on ne dispose que d’une majorité relative (275/289) à l’Assemblée (soit 9,3 fois par an).
Élisabeth BORNE, première ministre durant 20 mois, qui disposait d’une majorité encore plus relative (250/289), a fait usage 23 fois de l’article 49.3 (soit 13,8 fois par an).
En quittant Matignon le 9 janvier 2024, elle aurait pu avoir la satisfaction d’avoir su survivre à 31 motions de censure, dont une a failli aboutir en mars 2023, à 9 voix près, et surtout être fière d’avoir réussi, à la veille de son départ, à faire voter par l’Assemblée nationale, à plus de 60 %, une loi visant à mieux réguler l’immigration, une loi attendue depuis si longtemps.
C’était compter sans les ficelles politiciennes dont usent tous les partis politiques depuis précisément 40 ans lorsqu’il s’agit de sujets sensibles, notamment de l’immigration.
Pour des raisons démographiques, climatiques et politiques, les flux migratoires ne cessent de croître sur toute la planète. En quittant leurs anciennes colonies il y a une soixantaine d’années, les colons européens n’imaginaient pas que leurs anciens colonisés seraient si nombreux à vouloir les rejoindre sur le vieux continent.
Ceci explique pourquoi la plupart des gouvernements se sont si peu préoccupés des conditions d’accueil des immigrés et des modalités de leur cohabitation avec les Européens de vieille souche.
Alors que le principal problème à résoudre reste de l’ordre de l’arithmétique élémentaire, pour des raisons politiciennes et/ou idéologiques certains responsables politiques ont voulu faire de l’immigration un problème d’ordre moral.
Les émeutes qui ont eu lieu récemment au Royaume-Uni prouvent que ce n’est pas d’abord l’existence de partis d’extrême droite qui exacerbe les problèmes d’immigration, mais que c’est le problème de l’immigration mal gérée qui favorise la poussée de l’extrême droite partout en Europe. L’extrême droite au Royaume-Uni, n’avait jamais réussi à s’implanter électoralement. En 2010, année record de 1959 à 2023, elle n’avait recueilli que 1,9 % des suffrages aux élections générales, et n’avait envoyé aucun élu au parlement.
Aux élections du 5 juillet 2024, le parti de Nigel FARAGE, Reform UK, recueillit 14,29 % des voix, plus de 4 millions des suffrages, et envoya 5 élus à Westminster, alors que le parti conservateur passait, lui, de 43,6 % à 23,7 % des voix, et n’avait plus que 121 élus au lieu des 365 qu’il avait eu en décembre 2019.
Contrairement aux divers partis de l’extrême droite britannique, tous héritiers d’Oswald MOSLEY, explicitement fascistes, avant et après la Seconde Guerre mondiale, le parti de Nigel FARAGE, principal artisan du Brexit n’est pas fasciste, il est souverainiste et farouche opposant à ce qu’il appelle « l’invasion migratoire ».
Plus de soixante ans après la fin de la Guerre d’Algérie, ce drame ne cesse de hanter les esprits des Français qui l’ont vécu. De façon cocasse, les membres du parti socialiste, héritier de la SFIO, instrumentalisent aujourd’hui le récit de cette guerre d’indépendance, et font de tous ceux qui ont été les défenseurs de l’Algérie française des fascistes, en oubliant que c’est Guy MOLLET qui a décidé d’envoyer les conscrits combattre les combattants du FLN, et que c’est l’homme qui allait, vingt-quatre ans plus tard, abolir la peine de mort, François MITTERRAND, alors ministre de l’intérieur, qui a fait guillotiner 45 d’entre eux.
La fin catastrophique de la Guerre d’Algérie, les horreurs de l’OAS, la révolte des officiers qui voulaient rester fidèles à leurs engagements, ont permis aux premiers et principaux responsables politiques de la tragédie algérienne, qui avaient lâchement remis les pleins pouvoirs à l’armée, de fasciser de façon simpliste l’histoire de la tragédie algérienne.
Certains sont allés jusqu’à oser, sans honte, condamner des crimes qu’ils avaient parfois eux-mêmes commandités.
La fascisation des adversaires est la meilleure façon de ne rien comprendre à la complexité des sentiments humains. C’est surtout la façon la plus simple pour ne rien retenir des erreurs qu’on a commises.
Après la Seconde Guerre mondiale, tous les peuples colonisés ont demandé leur indépendance. Même après la défaite de Diên Biên Phu, en mai 1954, les dirigeants français, dans leur quasi-totalité, eurent la légèreté de croire que les populations musulmanes d’Algérie, elles, souhaiteraient faire exception.
Contrairement à ce qu’on propage allégrement en 2024, les opposants les plus opposés à l’indépendance n’étaient ni tous d’extrême droite, ni tous fascistes, ils s’affichaient simplement républicains, attachés à l’intégrité du territoire national.
Lorsque François MITTERRAND, ministre de l’Intérieur de centre-gauche, proclama le 1er décembre 1954, en porte-parole de la majorité de la classe politique: « l’Algérie, c’est la France et la France ne reconnaîtra pas chez elle d’autre autorité que la sienne », très rares étaient les Français capables de comprendre les conséquences funestes de cette déclaration.
Sous la IVe République, dès leur plus jeune âge, les petits élèves apprenaient que les habitants d’Algérie vivaient dans trois départements français. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que dans ces départements les habitants n’étaient pas tous des Français à part entière.
L’histoire de l’Algérie française est une triste et « belle histoire » d’un amour qui, de moins en moins partagé, ne pouvait que finir en drame passionnel.
Alors qu’il avait un problème complexe, politique, démocratique, démographique, social et culturel, à résoudre, le président du Conseil tout nouvellement nommé, Guy MOLLET, ne voulut retenir de son bref (trop bref) voyage à Alger en février 1956 que son aspect moral et militaire.
Avant de rentrer à Paris, Guy MOLLET déclara le 6 février au soir : « Les liens entre l’Algérie et la France sont indéfectibles ». Profondément troublé par toutes les exactions dont on lui a décrit la sauvagerie, le président du conseil ne cacha pas son émotion. Sa conviction était faite, ainsi que celle de la quasi totalité de la classe politique. On prête à Guy MOLLET une phrase définitive qu’il aurait prononcée de retour à Matignon : «On ne discute pas avec des bandits, avec des criminels de droit commun».
Pétris de bons sentiments, les dirigeants qui croient faire des guerres justes au nom de la morale, font malheureusement souvent la pire des politiques : N° 294 « Guerres justes », morale, et/ou bonne politique ?
Que ceux qui n’ont pas connu le divorce sanglant franco-algérien puissent idéaliser la vie dans les sociétés multiculturelles et multiethniques peut se comprendre, mais que des Français âgés, se prétendant gaullistes de surcroît, ne mesurent pas que la venue en France de très nombreux Algériens musulmans a tous les risques d’être aussi conflictuelle que la présence d’Européens le fut en Algérie, interroge sur leur lucidité et leur sens des responsabilités.
Les mariages forcés comme les sociétés multiculturelles subies sont par essence conflictuelles. La France a refusé de divorcer d’avec l’Algérie à l’amiable, comment peut- elle croire que sa vie de couple, qui s’est terminée si tragiquement en Afrique du Nord pourrait renaître aujourd’hui de manière apaisée dans l’hexagone ?
Les sociétés multi-ethniques et multiculturelles qui ne sont pas en tension permanente, sont extrêmement rares, si rares qu’il faut souvent ne pas les connaître profondément pour affirmer qu’elles existent vraiment.
Il suffit de demander autour de soi un nom de pays où le multiculturalisme est vécu sans problème, pour constater combien les personnes interrogées peinent à répondre. Elles commencent souvent d’ailleurs par énoncer une liste de pays où les communautés vivent plus face à face, que côte à côte, pour montrer qu’elles ont déjà réfléchi à la question qui leur est posée.
La France compte parmi tous ses départements et territoires d’Outre-mer, la Réunion, l’un des rares exemples dans le monde, avec l’Ile Maurice, de société multiculturelle très métissée, sans tension inter-ethnique. Elle compte malheureusement aussi, la Nouvelle-Calédonie, Mayotte, la Guyane, et les Antilles où les problèmes migratoires risquent de devenir insolubles, si ce n’est déjà fait pour certains.
Les sociétés multiculturelles sont des sociétés multi-conflictuelles, il ne faut pas l’oublier.
« La société multiculturelle est de plus en plus synonyme de société multi-conflictuelle ».
Une société multiculturelle est souvent, par essence, une société multi-conflictuelle.
Les sociétés les plus hétérogènes sont celles qui sont les plus susceptibles de s’enflammer, pour des raisons intérieures au pays ou pour des raisons extérieures.
Les incompatibilités d’humeur inter-ethniques et/ou inter-religieuses, les rancunes recuites, les contentieux jamais soldés, les humiliations jamais pardonnées, offrent à tous les manipulateurs de la terre la possibilité de provoquer des troubles dans toutes les régions du monde.
Les documents déclassifiés concernant les opérations clandestines et les guerres secrètes fomentées par la CIA de 1947-à 1977 permettent de comprendre comment, depuis la Seconde Guerre mondiale, la première puissance mondiale a réussi à étendre son pouvoir en n’hésitant pas à déclencher, à instrumentaliser et/ou à exacerber toutes sortes de conflits dans le monde.
Après 1977, les guerres secrètes menées par la CIA ne sont pas encore documentées, mais avant qu’elles le soient, le monde entier en connaît déjà la plupart. La guerre en Ukraine n’a pas été provoquée par la CIA. C’est ce que les dirigeants occidentaux affirment tous de concert. Dans le reste du monde, les responsables politiques sont de plus en plus rares à faire confiance aux États-Unis sur parole.
L’éloge de l’immigration chez les libéraux, autant que chez les militants d’extrême gauche, vient de leur cécité aux phénomènes culturels, pour eux, et conformément au juridisme désincarné qu’ils défendent, un individu est interchangeable avec un autre, en terme de travail, de consommation et de production, et peu importe ses origines et ses modes de vie.
Au lieu de se référer à une vision abstraite de l’humanité, réduisant l’homme à un simple résident ou un simple consommateur, les défenseurs de la démocratie feraient bien de se souvenir des leçons d’ARISTOTE pour qui :
Toute cité est une communauté de lignage. Et toute démocratie n’est possible que dans une communauté ethno-culturelle homogène. Une société fragmentée, elle, impose à l’inverse un pouvoir fort et despotique.
Ce qui permet la démocratie, et partant la citoyenneté, c’est la Philia, la connivence ethno-culturelle qui existe entre les membres d’une même Cité, la confiance mutuelle entre les citoyens.
Un conflit et un chaos communautaire empêchent toute Philia, toute confiance politique de se développer dans la cité, et partant toute démocratie.
La vie de couple est si difficile que presque toutes les sociétés en sont venues à reconnaître le droit au divorce, forcées d’admettre qu’il est impossible d’obliger à continuer à vivre sous le même toit des personnes qui ne peuvent plus, ni affectivement ni psychologiquement, se supporter. Pour sauvegarder la diversité du monde animal il n’y d’autre choix que de séparer les espèces dans des réserves selon la compatibilité des différentes cultures animales.
Parmi ses valeurs, l’Union européenne compte la lutte contre les souffrances animales, et la sauvegarde de la biodiversité. Pourquoi les dirigeants de l’Europe des 27 s’entêtent-ils à refuser d’accorder aux Européens la même compassion et la même attention qu’aux animaux ?
Paradoxalement, dans une Europe qui a refusé d’inscrire dans sa constitution ses racines chrétiennes, les références évangéliques, l’option préférentielle pour les étrangers, n’ont jamais été autant invoquées.
Ouvrir les portes à celui qui est en très grande pauvreté est un principe clé dans la Bible, mais cette option préférentielle pour les pauvres se place dans la perspective du service du bien commun.
Aider le pauvre, c’est d’abord se souvenir de ce qui nous lie, nous tient ensemble en société.
On ne peut partager que ce que l’on a, ce dont on a hérité, ce qu’on n’a pas détruit, et ce qu’on a produit.
En l’oubliant, un pays ne peut que courir à sa ruine.
À l’instar de l’Union européenne, la France continue à justifier sa politique migratoire par des considérations essentiellement morales, alors qu’il est évident aujourd’hui que comme celle de l’Allemagne notamment, les raisons sont clairement et purement démographiques et économiques.
ICEO a mis en ligne la première et la deuxième partie de ses travaux montrant que la politique migratoire de l’Europe, telle qu’elle est menée actuellement, est une politique inconséquente et à courte vue.
N° 472 De l’immigration, de l’arithmétique élémentaire, et des « valeurs » de l’Europe. Première partie et deuxième partie.
En réaction à la tribune des 6 000 chrétiens mobilisés pour faire barrage à l’extrême droite, publiée dans La Croix le 18 juin 2024, le journal a publié le 21 juin une tribune désapprouvant leur démarche car : « On ne trahit pas l’Évangile en voulant mettre un terme au désordre migratoire ».
L’auteur écrit notamment : « Que des chrétiens jugent personnellement et expriment publiquement que le vote RN leur est impossible en conscience, c’est une chose. C’en est une autre d’affirmer que l’Évangile écarte absolument un vote particulier pour tous les chrétiens et que cela doit être affirmé explicitement par les responsables religieux. Or, ces derniers sont fondés à condamner de grandes idéologies telles que le communisme et le nazisme, mais pas à intervenir directement dans des choix électoraux. »
On pourrait ajouter ces derniers mots : surtout pour des partis politique représentés à l’Assemblée nationale, et donc parfaitement légaux.
Le Rassemblement National est qualifié de parti d’extrême droite en raison des engagements politiques pris par certains des pères fondateurs du Front national, notamment pendant la Guerre d’Algérie, il y a donc plus de 60 ans, mais en lisant l’article premier des statuts du RN modifiés en novembre 2022, définissant l’objet du parti, il est difficile de trouver de quoi l’extrême-droitiser en 2024.
ARTICLE 1er − Objet
Fondé en 1972, le Rassemblement National est une formation politique qui concourt à l’expression du suffrage dans le cadre des institutions de la République française et du pluralisme démocratique, conformément à l’article 4 de la Constitution du 4 octobre 1958.
Attaché à l’égalité devant la loi de tous les citoyens français sans distinction d’origine, de race ou de religion, le Rassemblement National défend la souveraineté, l’indépendance et l’identité de la nation.
Il protège le caractère indivisible, laïc, démocratique et social de la République, ainsi que l’intégrité du territoire national, en métropole comme en outre-mer.
Attaché aux libertés d’opinion et d’expression, le Rassemblement National est favorable au gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Reste que cinquante-deux ans après sa création sous le nom du Front national, le Rassemblement national se voit toujours surtout reproché, par tous ses adversaires, pour des raisons morales, ses positions fondamentales : la préférence nationale et la lutte contre l’immigration.
Dans un article mis en ligne le 19 mai 2022 sur le site du journal numérique algérien El Watan-dz.com : Marine LE PEN et l’immigration : Inscrire la «préférence nationale» dans la Constitution, l’auteur s’offusque de cette constitutionnalisation. Le journaliste algérien suppute aussi le projet qu’aurait le RN de mettre en place un programme de re-migration. On ne peut que se réjouir de lire que désormais des Algériens peuvent être scandalisé par des expulsions de masse.
Le 7 juillet au soir Jean-Luc MÉLENCHON a pu se féliciter de la réussite de la manœuvre électorale dont il avait tracé les plans. Les médias n’ont pas manqué de saluer cette extra ordinaire victoire tactique, mais bien peu se sont interrogés sur le prix que la France, « État de droit », allait devoir payer pour cet exploit. Ce deuxième tour des élections législatives a eu en effet la couleur de la démocratie, le goût de la démocratie… mais ce ne fut plus la démocratie, telle que les Français amoureux de la République l’avaient jusque-là entendue, telle qu’on la leur avait enseignée à l’école. Cette démocratie Canada dry a apporté aux Français une preuve de plus, s’ils en avaient encore besoin, qu’en France comme dans l’Union européenne la démocratie est en pleine déconstruction.
Dominique REYNIÉ fit très justement remarqué le 10 juillet que : pour les Français, ce n’est pas rien de voir que l’on s’est ligué pour empêcher la victoire du premier parti de France.
Les résultats électoraux et le discours ferme et martial prononcé avec brio le soir du deuxième par Jean-Luc MÉLENCHON, ont été salués par la quasi-totalité des dirigeants de gauche comme marquant la force, la persistance, la pertinence, et la victoire de leurs idées politiques.
Pour voir les choses de cette façon il faut avoir singulièrement perdu toute lucidité.
Depuis quarante ans la gauche a fait de sa lutte contre les idées nauséabondes du FN-RN sa priorité. Depuis quarante-ans tous les élèves et les étudiants de France sont instruits par un corps enseignant, très majoritairement convaincu, des multiples raisons pour lesquelles il ne faut en aucun cas souscrire aux idées du FN–RN ou de ses semblables.
Depuis quarante ans tous les médias installés, en commençant par Le Monde, Libération, La Croix, L’Humanité, France Culture, France inter, FR2, FR3, FR5, France info, et la quasi-totalité de la PQR (Presse Quotidienne Régionale), n’ont eu de cesse de dénoncer les idées « fascistoïdes » du FN-RN.
Tout cela pour qu’en juillet 2027, le FN-RN et ses alliés soient à deux doigts de pouvoir envoyer à l’Assemblée nationale une majorité absolue de députés.
Tout cela pour que dans le l’Aude, bastion de la gauche en général et du Parti socialiste en particulier, les électeurs élisent dans les trois circonscriptions du département, dont celle de Léon BLUM, des candidats RN, en 2022 et en 2024. En 2012 il y eut encore dans l’Aude 3 députés PS, pour la dernière fois ?. En 2017 il y eut 3 députés LREM.
Deux élections à la proportionnelle. Entre 1986 et 2024 que s’est-il passé ?
Si pour voter RN il faut être devenu raciste, comment expliquer que les Audois le soient devenus si vite ? Comme l’ensemble des Français ?
Après l’antisémitisme, l’antisionisme instrumentalisé à son tour.
Le 7 octobre 2023, l’instrumentalisation de l’antiracisme a atteint ses limites et rencontré le mur des réalités. Face aux crimes du HAMAS, l’antisémitisme systémique dont la gauche n’a cessé d’accuser les dirigeants et les électeurs du RN-FN depuis plus de 40 ans, est apparu pour ce qu’il était, une instrumentalisation de l’antiracisme, à des fins électoralistes, inconséquente, inefficace et surtout contreproductive. Lire : N° 461 Instrumentalisation de l’antisémitisme : un fol obstacle à la lutte contre l’antisémitisme.
Lors des dernières élections européennes et législatives, sous prétexte d’antisionisme, pour complaire à l’important électorat musulman souvent important dans leurs circonscriptions, les candidats LFI, n’ont pas hésité à tenir des propos antisémites, implicites voire souvent explicites.
Jean-Luc MÉLENCHON a estimé dans une note de son blog publiée le 2 juin 2024 que « contrairement à ce que dit la propagande de l’officialité, l’antisémitisme reste résiduel en France. Il est en tout cas totalement absent des rassemblements populaires ».
Pour jauger le racisme systémique d’un pays le plus simple est d’observer les déplacements de populations, les arrivées et les départs. Pour ce qui est de l’antisémitisme, en raison de leur expérience presque bimillénaire, les Juifs sont les mieux à même d’en juger.
Après l’attaque de la synagogue de la Grande-Motte le samedi 24 août, les responsables de LFI ont été accusés d’avoir une part de responsabilité dans l’augmentation de 200 % des actes antisémites en France depuis le début de l’année.
Répondant sur LCI aux procès qui sont faits à LFI, Manon AUBRY a fermement dénoncé le 26 août, la campagne d’accusations mensongères dont était victime son parti, à ses yeux, aussi odieuse qu’injustifiée.
Comment croire que ces accusations sont totalement infondées, après que Serge KLARSFELD, l’ancien chasseur iconique de criminels nazis, au rôle considérable dans l’édification de la mémoire de la Shoah en France, a affirmé le 19 juin dernier, à la veille des élections législatives anticipées, qu’en cas de duel avec la gauche, il voterait pour le RN ?
Un récent rapport du sénat a souligné qu’en France on était progressivement passé de l’atmosphère antisémite à l’antisémitisme d’atmosphère.
Les jeunes élus de LFI qui croient, (ou feignent de croire ?), que l’antisémitisme est un racisme comme les autres, font de l’antisémitisme sans le savoir, comme monsieur JOURDAIN faisait de la prose.
Monsieur Jean-Luc MÉLENCHON, qui est né et a vécu au Maroc jusqu’en 1962, sait pertinemment que l’antisémitisme est un racisme d’exception, parce que dans l’imaginaire de tous les peuples vivant sur les pourtours de la Méditerranée, les Juifs occupent depuis des millénaires une place d’exception.
Les Juifs ont été victimes d’un racisme tout à fait particulier, n’ont pas à cause de leur couleur de peau, mais en raison de ce qu’ils sont, en raison de ce qu’ont été leurs pères, et en raison de ce qu’ils sont censés avoir tous dans la tête.
L’antisémitisme est criminel depuis des millénaires, mais plus le temps passe plus il apparaît pour ce qu’il est essentiellement : une grossière insulte à l’intelligence.
De tous les génocides perpétrés dans l’Histoire, celui d’Adolf HITLER est incontestablement celui qui aura le plus manqué son objectif. Le Führer a exterminé des millions de Juifs pour confisquer leurs richesses « indues ». En 2024, Forbes compte dix Juifs dans le top 50 des milliardaires dans le monde.
Rappelons qu’en 2024, la population juive mondiale s’élève à 15,7 millions de personnes, dont 46 % en Israël, et qu’on compte sur terre 8 milliards d’habitants.
Ce qui signifie qu’aujourd’hui parmi les milliardaires du top cinquante les Juifs sont exactement mille fois plus représentés que les non juifs. Le nazisme fut donc : un crime contre l’humanité, mais aussi une erreur politique aussi grossièrement stupide que monstrueuse.
La sur-représentation réelle ou fantasmée des Juifs dans les plus hautes sphères économiques et politiques des pays occidentaux, nourrit en leur sein un antisémitisme systémique depuis des siècles.
De même, la forte proportion de Juifs dans le Parti bolchevique, qui sera renommé Parti communiste en mars 1918, a conforté l’antisémitisme endémique dans tous les pays d’Europe centrale et Orientale, en commençant par la Russie et l’Ukraine, où il est toujours solidement installé, contrairement à ce que voudraient nous faire accroire les admirateurs de Stepan BANDERA.
Léon TROTSKI détestait que l’on mette l’accent sur ses origines juives. Durant toute sa carrière de révolutionnaire, il s’efforça de rompre les liens qui le rattachaient à ses racines. Mais il savait, pour l’avoir personnellement vécu, que c’est l’antisémitisme dont souffraient tout particulièrement les Juifs en Russie qui les avait poussés à s’engager si nombreux aux côtés de LÉNINE pour faire la révolution.
Il connaissait aussi le rôle central qu’avait joué dans la Révolution d’Octobre l’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie plus connue sous le nom de BUND.
Il savait qu’en 1901, le 4e Congrès du BUND avait débouché sur une condamnation de principe très ferme de l’idéologie sioniste. Le sionisme étant présenté comme un adversaire nationaliste dont le but était soupçonné de détourner les travailleurs juifs de la lutte des classes, d’une part, et de les isoler des travailleurs non-juifs, d’autre part.
Il cocasse qu’aujourd’hui, Jean-Luc MÉLENCHON, pétri de culture et de pratique militante trotskiste, semble vouloir ignorer le lien de causalité étroit qu’il y a toujours eu entre progression du sionisme et exacerbation de l’antisémitisme. Comment un responsable politique qui a dénoncé le mythe du judéo-bolchevisme peut-il cautionner la naissance d’une sorte mythe complotiste judéo-sionisme, accréditant l’idée que les Juifs sont nés pour être sionistes et diriger le monde.
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale les Juifs des communautés d’Europe Centrale et Orientale n’aspiraient qu’à vivre dans leur pays de naissance « heureux comme un Juif en France ».
Après la Libération et après l’indépendance de l’Algérie, les Français juifs, d’origine ashkénaze ou séfarade, furent très peu à envisager d’abandonner la France pour rejoindre l’État d’Israël, malgré toutes les avanies que la France leur avait fait subir sous Vichy. Dans les pays arabes et/ou musulmans les Juifs ne quittèrent le pays où ils étaient nés que contraints et forcés, et tous ne rejoignirent pas Israël.
Paradoxalement, les États les plus antisionistes sont ceux qui ont objectivement fait le plus pour que l’existence d’un État refuge devienne une nécessité pour les Juifs du monde entier.
Les Américains se félicitent de faire la guerre à la Russie par Ukrainiens interposés. Depuis 1948, grâce aux Israéliens et aux Palestiniens, les Occidentaux et les islamistes étaient arrivés à se faire la guerre par procuration, sans trop de dommages pour ceux qui vivaient loin du Moyen-Orient.
Aujourd’hui, les islamistes ont décidé, comme les Ukrainiens le font avec les Russes, d’élargir le front, de frapper leurs ennemis chez eux.
Les Israéliens sont les fils et les filles des Juifs qu’HITLER a voulu exterminer. Les survivants des camps de la mort ont pris soin de rappeler à leurs descendants qu’il ne faut plus jamais qu’ils prennent à la légère les menaces de mort à leur encontre. Dans Mein kampf, les desseins d’HITLER n’étaient pas totalement explicites mais suffisamment transparents pour qu’ils fussent pris au sérieux, dès son arrivée au pouvoir.
En 2024, ni le HAMAS ni l’Iran, ne font mystère de leur volonté de chasser tous les Juifs du Moyen-Orient, et de rayer l’État d’Israël définitivement de la carte.
En planifiant leur attaque terroriste du 7 octobre, en prenant de nombreux otages, les dirigeants du HAMAS savaient et espéraient que la riposte israélienne leur donnerait l’occasion de justifier a posteriori leurs crimes, et leur attirerait la sympathie du monde musulman, pour le moins. Ils savaient que les Occidentaux, en voyant les inévitables horreurs subies par la population civile, ne manqueraient pas de culpabiliser.
Les islamistes sont passés maîtres dans l’art de faire culpabiliser ceux qui osent leur barrer la route du pouvoir. Ils veulent en effet prendre le pouvoir. Ils ne s’en cachent pas, ils l’ont écrit en arabe, et dans toutes les langues de l’Europe. Les dirigeants européens semblent encore les seuls à ne l’avoir pas compris, ou bien sont-ils restés tétanisés à la lecture de ce qu’ils lisaient ? En Suisse, une femme de caractère clairvoyante, Suzette SANDOZ, n’hésite pas à dénoncer les actions des islamistes : « Ils nous culpabilisent pour détruire l’Occident ».
Les dirigeants de LFI dénoncent les crimes de guerre commis par les soldats israéliens, tout en refusant toujours de condamner les actes terroristes, les crimes contre l’humanité, commis par militants du HAMAS. Par cette attitude ils apportent la preuve que leur antisionisme affiché aujourd’hui est aussi instrumentalisé que leur lutte contre l’antisémitisme le fut hier.
Le 25 août, Jean-Luc MÉLENCHON a fait une nouvelle intervention pour exiger du Président de la République qu’il nomme Lucie CASTETS Premier ministre afin qu’elle puisse enfin appliquer le programme du NFP, en précisant bien : Premier ministre d’un gouvernement sans aucun ministre Insoumis.
Et de conclure par une formule, qui venant de lui est tragi-comique :« Nous ne voulons pas être un problème, mais une solution ».
Du 26 juillet au 11 août, les Français ont vécu une parenthèse enchantée. Durant les jeux olympiques ils ont pu croire qu’ils formaient un peuple, fort de sa cohésion soudain retrouvée, heureux d’être ce qu’il était soudain redevenu, fier de pouvoir accueillir des millions d’étrangers et de pouvoir leur présenter Paris et la France sous leurs plus beaux atours.
Ces Jeux olympiques furent une indéniable réussite qui tient de la prouesse, tant les défis qu’il fallut surmonter pour leur bon déroulement paraissaient impossibles à relever : réussite sportive bien sûr, tant en valeur absolue qu’en valeur relative, mais surtout prouesse au niveau de l’organisation.
En raison de cet indéniable succès, dont tous les organisateurs peuvent désormais se prévaloir, de nombreux commentateurs ont prêté au président MACRON l’amer regret d’avoir dissout l’Assemblée national juste avant les Jeux, trop tôt.
Les Français auraient-ils voté différemment après les Jeux ? Rien n’est moins sûr. On peut même facilement expliquer pourquoi les Français auraient encore beaucoup plus « mal voté ».
Pendant 16 jours sous le regard attentif et dubitatif du monde entier, le gouvernement, les collectivités territoriales d’Ile de France, et la mairie de Paris tout particulièrement, ont pu et su montrer un savoir-faire unique en matière de sécurité, de propreté et de mobilité.
Longuement avertis des risques fous et criminels qu’ils prenaient en maintenant l’organisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux sur la Seine, notamment par Alain BAUER, pour faire mentir les alarmistes, les autorités françaises ont fourni aux services du maintien de l’ordre, quoi qu’il en coûte, des moyens d’exception, en quantité et en qualité.
Près de 2.000 membres de forces de sécurité intérieure provenant d’une quarantaine de pays sont ainsi venus soutenir les quelque 35.000 policiers et gendarmes et les 18.000 militaires français mobilisés en moyenne chaque jour pour sécuriser les Jeux.
Parmi les 1.750 membres de forces de sécurité étrangères, la présence de 105 Qataris en France a fait sensation et pose question. En effet, pourquoi avoir fait appel à des spécialistes ressortissants d’un pays, le Qatar, qui accueille depuis des années avec bienveillance de nombreux dirigeants du HAMAS ? Par peur d’émeutes dans les banlieues ?
Les étrangers amoureux de Paris, qui viennent régulièrement en France depuis de longues années, revenus dans la capitale pour les Jeux, ont tous déclaré qu’ils avaient été très agréablement surpris par la qualité de l’accueil heureusement retrouvé qui leur avait été réservé.
Les Français qui ont assisté au Jeux dans la capitale ont noté, eux aussi, combien Paris avait fait d’efforts pour se présenter sous son meilleur jour. Ils ont découvert, à leur grand étonnement, une ville propre et tranquille, dont les fauteurs de troubles et d’insécurité avaient été prudemment préventivement écartés.
Pendant 16 jours les Français ont reçu la preuve que leurs services publics, leurs forces de l’ordre, leurs moyens de transports, leurs services d’urgence, entre autres, savaient et pouvaient parfaitement assumer les missions qui leur étaient confiées, sous réserve qu’on ne leur donne pas des missions qui leur soient totalement impossibles à effectuer, pour des raisons financières, réglementaires, juridiques et/ou politiques.
Les électeurs qui viennent d’être consultés trois fois en un mois, ont aussi reçu la preuve, en août, que leurs votes, de juin et de juillet, étaient justifiés, notamment le vote de ceux qui déplorent l’inquiétante croissance de l’insécurité physique et culturelle en France.
Les observateurs du monde entier et la plupart des médias français ont noté l’efficacité et la courtoisie dont les forces de l’ordre ont fait preuve pendant tous les Jeux. Ces policiers miraculeusement devenus efficaces et courtois, sont pourtant les mêmes que ceux sur lesquels une partie de la jeunesse de France crie : « la police tue ».
L’explication de ce miracle est toute simple. Les policiers ont la faiblesse de se comporter comme des êtres humains ordinaires. Ils sont aimables avec les gens aimables, et sévères avec tous ceux qui ne veulent respecter ni les codes sociaux ni la loi.
Il faut surtout noter que le travail des forces considérables de police a été énormément allégé par toutes les mesures préventives qui avaient été sagement prises avant l’ouverture des Jeux.
Les Français ont ainsi pu constater, à leur grande satisfaction, que lorsqu’on écarte les délinquants récidivistes les plus connus, la délinquance diminue.
Ils ont pu vérifier qu’un État de droit peut d’autant mieux agir pour le bien commun, qu’il ne se croit plus obligé de céder aux exigences des voyous et de tous ceux qui ne cessent de le paralyser pour le détruire au plus vite.
Avant le début d’incendie d’une synagogue, le 24 août à la Grande-Motte, avant la mort de l’adjudant de gendarmerie Éric COMYN, le 26 août à Mougins, avant la mort le de la petite Kamilya, fauchée par un motard le 29 août à Vallauris, les électeurs français avaient peu de raison de revenir sur leurs derniers votes. Depuis, ceux qui ont « mal voté » ont toutes les raisons de confirmer leur « mauvais vote ».
Les Français votent « de plus en plus mal », les Allemands de l’Est aussi. L’extrême droite a remporté le 1er septembre une victoire historique en Allemagne.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les Européens ressentent tous un profond sentiment d’insécurité culturel et physique grandissant.
Or on les fait vivre depuis des dizaines d’année dans un déni de réalité.
Paradoxalement c’est un philosophe de gauche, longtemps militant socialiste, Laurent BOUVET, qui a le premier publié en 2015 sur ce sujet: L’Insécurité culturelle : sortir du malaise identitaire français.
En Europe, les « experts » refusent toujours d’établir tout lien de causalité entre immigration, islam, islamisme délinquance, violence, et insécurité. Islam, Islamisme, gare aux amalgames ! C’est le refrain que tous les esprits qui se pensent libres et informés continuent de répéter à l’envi.
En 2016, le recteur de la grande mosquée de Paris, avait livré sa façon de penser à un journal de droite. Il avait peut-être tous les défauts de la terre, mais l’islam, lui, il connaissait.
Après l’assassinat d’un policier et de sa compagne au nom du djihad, Dalil BOUBAKEUR avait alors une nouvelle fois déploré que des djihadistes puissent circuler « librement en France« , estimant que « cela ne peut plus durer« .
En 2018, le recteur renouvelait ses mises en garde : « Si nous ne faisons rien, le cancer de l’islamisme nous tuera ».
Depuis sa démission en janvier 2020, on note que tout est fait pour faire oublier l’avertissement de celui qui a été recteur de la grande mosquée de Paris pendant 28 ans. Certains internautes en viennent même à se demander s’il est toujours vivant.
Depuis qu’ils cherchent à faire entrer la Turquie dans l’Union européenne, les dirigeants européens essuient une suite de déconvenues avec le monde musulman. Cela ne les empêche pas d’avoir la folle prétention de mieux connaître l’importance du voile islamisme dans l’islam intégriste que Mustafa Kemal ATATÜRK, que Gamal Abdel NASSER, ou que Habib BOURGUIBA.
En janvier 2016, dans l’entretien qu’elle avait accordé à Marianne pour traiter de la laïcité, la philosophe Élisabeth BADINTER avait déclaré : « Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe ». Et d’ajouter : « La laïcité, devenue synonyme d’islamophobie, [a été] abandonnée à Marine LE PEN. Cela, je ne le pardonne pas à la gauche ».
Quand on est foncièrement de gauche, lucide et honnête, comment en effet pardonner aux islamo-gauchistes d’exacerber, par la caution explicite qu’ils apportent au discours des Frères musulmans, les maux qu’ils prétendent combattre, avec les résultats que l’on sait.
Dans toute son histoire, la gauche a malheureusement très souvent manqué de lucidité, de perspicacité, et d’honnêteté intellectuelle, pour cause d’aveuglement idéologique et partisan.
Pour avoir accusé le général de GAULLE d’être un dictateur en devenir, pour avoir crié contre son arrivée au pouvoir en 1958 : « le fascisme ne passera pas », il faut que la gauche ait manqué singulièrement de clairvoyance.
Pour paralyser ses adversaires politiques, STALINE les accusait de tous les péchés de la terre. Avant qu’ils aient pu prononcer le moindre mot pour se défendre, il les avait politiquement et/ou physiquement prestement éliminés.
En principe, la France ne réprime pas le délit d’opinion, puisqu’elle respecte toutes les croyances et le droit au blasphème. Mais chacun sait aujourd’hui, que ceux qui ont le malheur de se trouver accusés de xénophobie, ou de racisme, ont les plus grandes peines à faire la preuve du contraire, quand bien même l’opinion qu’ils ont exprimée n’est en rien délictueuse.
Racisme systémique : une accusation mensongère ou une réalité?
Les huit Français sur dix qui s’alarment du désordre migratoire croissant qui affecte leur existence, sont accusés d’être xénophobes et racistes. Pour faire bonne mesure, pour complaire à leur électorat qui est souvent issu de l’immigration, de nombreux responsables de LFI, veulent en permanence citer la France à comparaître devant le tribunal de l’Histoire pour racisme systémique.
Que de jeunes militants ne veuillent prêter de vertus qu’à la nouvelle France est excusable, vu la façon dont on leur a appris l’histoire de leur pays.
Mais qu’un vieux responsable politique cautionne et participe à des campagnes de dénigrement national, de dénonciation calomnieuse, alors qu’elles s’avèrent, à l’évidence des faits, chaque semaine un peu plus inconséquentes et criminogènes, est totalement impardonnable.
Comment Jean-Luc MÉLENCHON peut-il laisser dire qu’il existe en France un racisme systémique depuis longtemps installé ? Certes les Juifs peuvent légitimement se plaindre de la façon dont les vieux Gaulois réfractaires les ont traités tout au cours des siècles, mais ce n’était pas en raison de la couleur de leur peau.
Les irresponsables politiques qui veulent importer en France le combat contre le racisme que mènent les noirs aux États-Unis sont aussi incultes que malfaisants.
Peut-on comparer la situation de la communauté noire des USA, dont les membres sont pour l’immense majorité d’entre eux descendants d’esclaves, et la situation des noirs venus librement vivre en France, et qui n’ont souvent de commun entre eux que leur couleur de peau ?
Peut-on confondre l’histoire des Afro-Américains qui ont commencé à faire souche en Amérique du Nord il y a plus de quatre siècles, alors qu’ils étaient esclaves, avec celles des immigrés originaires de l’Afrique sub-saharienne qui nombreux ne font le choix de venir vivre en France que depuis quelques dizaines d’années ?
Bien évidemment non. Parmi ceux qui se prêtent à ce genre d’amalgame, il y ceux qui le font par inculture, mais malheureusement il y a surtout aussi ceux qui le font pour mieux diaboliser leurs opposants politiques.
Le racisme supposé systémique dont certains militants de gauche veulent accuser les Français, est bien relatif, comparé à celui dont ont fait preuve les Américains pendant plusieurs siècles.
L’américanolâtrie fille d’une grave amnésie
La haine de soi et l’inculture a atteint désormais de tels sommets, que les journalistes, français qui n’ont d’yeux que pour l’Amérique, en viennent à accuser leur pays d’être en retard par rapport aux Américains, même dans les domaines où la France a toujours devancé les États-Unis.
La victoire de Barack OBAMA, devenu soudain très populaire en France, avait braqué en 2008 les projecteurs sur la sous-représentation des Français issus des “minorités visibles” dans les sphères du pouvoir.
En mars 2012, à la veille de la réélection du premier président noir des États-Unis, le site d’information euronews, répondant à la question : « La France pourrait-elle un jour avoir un président noir ou métis comme Barack OBAMA ? », affirmait le plus sérieusement du monde : « un métis ne serait jamais élu président en France ».
La lecture de cet article est affligeante, car son auteur prétend en effet que : « même le Français de couleur le plus populaire ne sera jamais élu président ».
Plus affligeant encore, à la veille des élections présidentielles en France, ni Nicolas SARKOZY ni François HOLLANDE, les deux principaux candidats, ni les grands médias, n’ont jugé utile de relever l’énormité de l’affirmation d’euronews, et de rappeler qu’alors que se trouvait à la tête de l’État le général de GAULLE, le poste de président du Sénat, deuxième personnage de l’État, fut assurée, de 1958 à 1968, par Gaston MONNERVILLE, bien qu’il fut un des plus farouches opposants du Président de la République, et bien qu’il fut métis comme OBAMA.
Toute sa vie Gaston MONNERVILLE témoigna de son amour de la France et de la République. Les Français qui l’ont continument élu jusqu’aux plus hautes fonctions de l’État n’ont jamais voté pour lui à cause de la couleur de sa peau, mais en raison de ses grandes qualités : intelligence, compétence et probité.
En 2017, un remarquable article de médiapart en témoigna : Gaston MONNERVILLE et les Hussards Noirs de la République.
Trente ans après sa mort, en 2021, le journal local, actuLot, lui rendit une nouvelle fois hommage : Du Lot au Sénat, Gaston MONNERVILLE, un oublié de la République
Où est le racisme systémique installé hier en France ?
Gaston MONNERVILLE : pas oublié, mais délibérément effacé
On a expliqué aux Français que la cancel culture , la culture de l’annulation était née aux États-Unis, et était apparue en France vers 2010.
Mais en fait la pratique de l’effacement est apparue dans le monde bien avant qu’on parle de culture woke. L’un des plus illustres et des plus anciens effaceurs fut Josef STALINE, qui usa le plus de l’effacement comme outil de propagande.
L’association SOS racisme, prétendument crée en 1984 pour lutter contre le racisme, est vite apparue très clairement comme un instrument de propagande destiné à servir, avant tout, les intérêts électoraux du Président MITTERRAND.
En faisant ce constat, certains n’ont pas manqué de railler le nom donné à l’association. Selon eux SOS racisme n’avait pas été créé pour pouvoir mieux lutter contre le racisme, mais pour le sauver, pour pouvoir mieux l’instrumentaliser.
On peut malheureusement légitimement s’interroger sur la sincérité des responsables politiques, de gauche en général et des socialistes en particulier, depuis le temps qu’ils déclarent vouloir réduire le racisme en France, avec les résultats que l’on connaît.
On peut surtout douter que le diagnostic, que portent les dirigeants français depuis 40 ans sur l’origine des maux dont souffre le corps électoral en France, soit vraiment le bon.
Selon eux, les électeurs français voteraient de plus en plus pour le RN, nouveau nom du FN, parce qu’ils auraient été contaminés par les pensées du RN, qu’ils seraient devenus racistes, d’où leur opposition croissante à l’arrivée de nouveaux et nombreux immigrés originaires d’Afrique, d’où des problèmes et des désordres migratoires en constante augmentation. Selon eux, pour lutter contre la montée du RN il faut donc commencer par combattre les idées du RN.
Le combat, culturel, politique et moral, que n’ont cessé de mener les principales autorités religieuses et politiques du pays, et les grands médias, vient de montrer cette année ses limites, et sa totale inefficience. Il y a donc à l’évidence une erreur de diagnostic sur les maux qui troublent le vote des citoyens français.
En décembre 2023, à la question d’un sondage demandant : faut-il accueillir plus de migrants en France, les Français ont répondu NON à 80 %. On peut difficilement imputer ce pourcentage au racisme systémique qui prévaudrait désormais en France.
Si tel était le cas, si c’était la seule raison expliquant pourquoi il y a aujourd’hui tant de votes en faveur du RN, ce parti devrait faire alors depuis longtemps des scores encore bien supérieurs à ceux qu’il fait. Ceci explique certainement pourquoi toutes les belles consciences de la classe politique française se sont efforcées de faire oublier le nom de Gaston MONNERVILLE, d’effacer l’homme dont toute l’histoire contredit le récit que cherchent à accréditer les antiracistes institutionnels, qui veulent faire passer le pilotage de la politique française par la morale, avant de le faire passer par le réel.
Les huit Français sur dix qui déclarent refuser d’accueillir plus de migrants en France, ne sont pas devenus racistes, mais sont les seuls à avoir gardé le sens des réalités et des responsabilités, les seuls à n’avoir pas délibérément oublié que mêmes les plus grands canots de sauvetage du monde ont une jauge qu’il ne faut pas dépasser, sous peine de faire naufrage.
En Europe, depuis des dizaines d’années, les flux migratoires ont tellement dépassé les capacités matérielles et culturelles d’accueil des pays, que les moyens minima, nécessaires et indispensables à la prise en charge de façon digne et efficace des migrants dès leur arrivée, ne peuvent pratiquement plus jamais être réunies.
Pendant des dizaines d’années, l’Union européenne a cultivé le génie de créer elle-même les problèmes insolubles qu’elle doit affronter aujourd’hui.
Au nom de ses valeurs, défense absolue des droits de l’homme, respect absolu des règles d’un État de droit, liberté de circulation absolue des biens et des personnes notamment, l’UE a offert, et continue à offrir, aux délinquants du monde entier, en cols blancs ou en salopettes, les conditions optimales pour exercer leurs délits et leurs crimes. Dans la deuxième partie de l’article N° 472 on trouve l’analyse des conséquences pratiques de la sacralisation de ces valeurs en France, et l’impasse dans laquelle l’importance prise par cette sacralisation conduit inéluctablement le pays.
Le soir du dimanche 8 septembre, les Français ont regardé nombreux la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, avec la tristesse de savoir, notamment pour les parisiens, qu’elle marquait la fin d’une période d’exception, un temps rare d’humanité, de fraternité, de salubrité, et de sécurité tout à fait extra ordinaire, même si, comme le pointe Le Monde, l’insécurité n’a probablement pas baissé autant durant les Jeux que ce que le ministère de l’Intérieur a tenu à faire savoir : les chiffres de la délinquance lors des JO 2024 sont à prendre avec prudence.
En Ile-de-France, du 26 juillet au 2 septembre, l’ambiance a été si inhabituellement joyeuse, et détendue, les forces de l’ordre ont été si courtoises et si aimables, que les franciliens ont probablement idéalisé les moments heureux qu’ils ont vécu entourés d’athlètes.
Néanmoins, force est de constater qu’en 2024 les désordres et les émeutes, qui émaillent chaque année en été la région parisienne, ont effectivement presque miraculeusement disparu.
De la mi-juillet jusqu’au début du mois de septembre, dans la région parisienne, on pouvait croire que la police et les voyous avaient décidé de respecter de conserve une trêve à l’occasion des Jeux. Il n’y a pas eu à déplorer une seule personne morte aux mains des forces de l’ordre, pas de « bavure policière », ni un seul policier tué, notamment pour « refus d’obtempérer ».
La taille du dispositif policier déployé à Paris pour les Jeux, explique bien sûr cela. Mais c’est avant tout l’ensemble des mesures préventives coercitives prises avant l’arrivée des athlètes, pour éloigner de la région parisienne tous les fauteurs de troubles bien connus, qui explique l‘efficacité insoupçonnée des forces de l’ordre.
Pendant les jeux on aurait pu croire que les délinquants et les sans-papiers s’étaient envolés, alors que les autorités les avaient souvent tout simplement « déplacés ».
La mise entre parenthèse temporaire de la sacralisation des droits de l’homme, et des règles de l’État de droit, ne sont pas pour rien dans la remarquable réussite des Jeux en matière de sécurité.
En 1870, l’appellation sergent de ville utilisée pour désigner les policiers en uniformes des grandes villes a été remplacée par celle de gardien de la paix civile, rapidement abrégée en gardien de la paix.
En 2024, avant les Jeux, la plupart des Français avaient oublié que le premier rôle de ceux qu’ils appellent désormais le plus souvent flics, pour les vieux, et cops ou keuf, chez les jeunes, les policiers, était d’être des gardiens de la paix civile.
Pendant et après les Jeux, les Parisiens en premiers, ont retrouvé le bonheur de vivre en paix. Ils ont redécouvert pourquoi la première tâche de l’État de droit, pourquoi sa première responsabilité devait absolument être de garantir, sur tout son sol, la liberté de se déplacer en toute sécurité, au plus grand nombre de ses citoyens et au plus grand nombre de ceux qui étaient autorisés légalement à y être.
« Je préfère commettre une injustice que de tolérer un désordre » GOETHE
Prononcée au cours du siège de Mayence en 1793, la phrase de GŒTHE sur l’injustice et le désordre a fait couler, et fait couler encore, beaucoup d’encre et beaucoup de salive.
En 1789, les Français ont cru avoir prouvé au monde que mieux valaient le désordre que l’injustice. Ils ont eu le désordre, l’injustice, et des milliers de morts innocents sur la conscience, pour ceux qui en avaient gardé une.
Deux siècles après la révolution française et un siècle après la révolution bolchevique, les Français montrent, par leurs actions et leurs déclarations, qu’ils restent nombreux convaincus qu’un monde plus juste peut naître du désordre et de la violence.
Les individus décervelés incultes qui ont la naïveté de continuer à attribuer de grandes vertus au désordre et qui se laissent embrigader dans des combats à l’évidence perdus d’avance, ont au moins l’excuse de la jeunesse et de l’ignorance.
Par contre les intellectuels révolutionnaires professionnels aux cheveux blanchis sous le harnais, qui invitent au désordre, en prétendant agir pour le bien de l’humanité, n’ont aucune excuse. Ils le savent parfaitement et ils n’en ont cure. Leur objectif n’est pas de soulager la misère du monde, mais de prendre le pouvoir.
Les dirigeants politiques qui ne le comprennent toujours pas, et qui se croient obligés d’accorder du crédit aux discours moralisateurs de la gauche révolutionnaire française, sont leurs alliés objectifs, leurs idiots utiles. Comment peuvent-ils se laisser abuser, comment peuvent-ils rester aveugle à ce qui crève les yeux, comment peuvent-ils faire semblant de ne pas entendre les discours de haine et les appels à l’émeute qui se banalisent, pour ce qu’ils sont ?
Qui peut imaginer un seul instant en France aujourd’hui, que les exactions et les actions ultraviolentes des black blocs, que l’appel à mener « l’intifada à Paris » lancé le 8 septembre 2024, ou que les discours enflammés prononcés lors du rassemblement (interdit) contre « les violences policières » le 2 juin 2020 à Paris par le collectif « justice pour Adama ! », soient de nature à faire régresser effectivement les injustices dénoncées par les manifestants?
Dans son ouvrage De la démocratie en Amérique (1835), Alexis de TOCQUEVILLE voyait un risque de tyrannie de la majorité (ou « despotisme de la majorité ») dans les pays démocratiques.
Au XXIe siècle, dans les États de droit tel que la France, le despotisme de la majorité (virtuel) a peu à peu fait place à la dictature des minorités (réelle).
Après l’affaire Malek OUSSEKINE, après la mort d’un jeune manifestant tué par le(s) coup(s) porté(s) par un policier le 6 décembre 1986, le pays qui a eu pour ministres de l’Intérieur Georges CLEMENCEAU et Jules MOCH, a tout fait pour organiser une totale impuissance à agir pour garantir la paix civile.
Force doit rester à la loi, dura lex sed lex, oui mais quelle loi ? Depuis plus de 40 ans, les Français ont pris la mauvaise habitude de répondre à cette question, à la carte. La loi de la République est ainsi devenue vide de sens pour certains d’entre eux. Les jeunes Français engagés politiquement à l’extrême gauche ont fait du contournement de la loi et de la désobéissance civile une spécialité nationale, et la plupart des migrants, avec ou sans papiers, se sont eux affranchis du respect de la loi avec la bénédiction d’« humanistes » qui croient leur porter assistance, pour de hautes raisons morales, alors qu’ils ne font que les aider de fait, de façon inconséquente, à se lancer dans des projets souvent de plus en plus suicidaires.
Le Monde faisait état le 16 septembre 2024 de deux nouveaux naufrages, les plus graves intervenus dans la Manche depuis le début de l’année. Ce qui porte à 46 le nombre total de migrants qui ont perdu la vie en 2024 en tentant de rejoindre l’Angleterre à bord de canots pneumatiques, selon une estimation du ministère de l’intérieur. On estime à plus de 23 000 le nombre de personnes qui ont réussi la traversée, et à plus de 460 le nombre d’embarcations affrétées.
Pendant les Jeux olympiques les forces de sécurité ont strictement restreint la liberté de déplacement de toutes les personnes se trouvant près de lieux sensibles. Dans les Alpes, les Gendarmes des Pelotons de Haute Montagne interdisent aux aventuriers de se lancer dans l’ascension du Mont-Blanc en tongs, au risque de se geler les pieds.
Les Européens qui refusent qu’on entrave, ou encadre, ou limite la liberté de circuler des migrants sans-papier ne peuvent pas s’émouvoir hypocritement de leur mort dans la Manche, alors qu’ils refusent de prendre les mesures adaptées, propres à les empêcher de prendre des risques inconsidérés.
« L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que, qui veut faire l’ange fait la bête.» Blaise PASCAL
Les Occidentaux en général, et les Européens en particulier, ont acquis un art consommé pour arriver à se mettre dans des situations inextricables.
Depuis plus de 60 ans, à l’image de leur mentor les États-Unis, ils accumulent les erreurs d’analyses géostratégiques, économiques, et les fautes psychologiques : vis à vis des anciens pays qu’ils ont colonisés, vis à vis des mouvements salafistes, et enfin vis à vis des pays communistes.
Après la chute du Mur de Berlin, non seulement ils n’ont pas cherché à soutenir l’homme qui leur avait offert la paix, Mikhaïl GORBATCHEV, mais ils ont trahi toutes les belles promesses qu’ils lui avaient faites, ils ont tout fait pour humilier la Russie, et participer à son éventuel dépeçage.
En 2001, grâce à l’OMC, ils pensaient arriver à faire basculer tous les pays vers l’Ouest et à asseoir ainsi définitivement leur puissance. La mondialisation et l’économie en flux tendu a certes, fait le bonheur des spéculateurs, mais le grand malheur des classes les plus populaires d’Europe.
Les Européens se lamentent aujourd’hui d’avoir voulu toucher trop tôt les dividendes de la paix. Ils se reprochent d’avoir négligé leurs budgets militaires. Ils ont malheureusement surtout oublié qu’avant de chercher à se réarmer, il fallait avant tout éviter de se retrouver désarmé.
En 2024, après avoir perdu leur souveraineté industrielle et ce qui leur restait d’indépendance énergétique, les pays de l’Union européenne sont en voie de perdre leur souveraineté alimentaire, leur identité et leur cohésion nationales.
Désindustrialisation :
En 1992, exactement 500 ans après que Christophe COLOMB a posé le pied sur l’île de Guanahani, lors de la première expédition européenne, jusqu’à l’Amérique, le lendemain de la chute du Mur de Berlin (1989), et de la disparition du bloc soviétique (1991), les Occidentaux ont eu la folie de croire que, désormais, leur hégémonie était vraiment devenue sans aucun partage.
Alors que depuis 30 ans les Européens commençaient à payer les factures de plus en plus lourdes de leurs 5 siècles de colonisation du monde, les Américains, premiers des Occidentaux, oubliant leurs origines et leurs crimes contre l’humanité, ivres d’un pouvoir qu’ils croyaient devenu sans partage, ont eu la prétention d’imposer à la terre entière leurs vues et leurs lois.
À l’Ouest, le18 janvier 1992, la déclaration de DENG Xiaoping incitant les Chinois à s’enrichir, a été entendue comme la confirmation du triomphe des idées libérales, et l’annonce de l’arrivée d’un commerce international heureusement mondialisé.
Le 11 décembre 2001, le jour où la Chine adhéra à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après quinze longues années de négociation avec les États-Unis et l’Union européenne, les Occidentaux ont cru avoir trouvé le moyen d’accéder à un gigantesque marché, de faire converger l’économie chinoise vers l’économie de marché, et de faire avancer « leur » vision de la démocratie.
Ils ont cru pouvoir se débarrasser à bon compte de leurs industries les plus polluantes, les moins innovantes, et les moins lucratives, pour se consacrer aux domaines les plus prometteurs, nécessitant des savoir-faire qu’ils se croyaient alors les seuls à posséder.
À tous ceux qui redoutaient que les Chinois deviennent rapidement de redoutables concurrents, Pascal LAMY et ses semblables ne manquaient pas d’affirmer que leurs craintes étaient totalement infondées, tant la différence entre la Chine et les pays occidentaux était grande, à leurs yeux, en matière de recherche et de développement.
Avec beaucoup de condescendance et d’arrogance, le futur directeur général de l’Organisation mondiale du commerce de 2005 à 2013, expliquait pourquoi la mondialisation serait très profitable et fort peu risquée pour les Occidentaux.
En 2001, les PIB du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine ne représentaient au total que 12 % du PIB des pays du G7, que 8 % du PIB des 20 pays dont les PIB étaient les plus élevés, et que 7 % du PIB mondial.
En 2001, le PIB des 4 BRIC ne représentait que 12 % du PIB cumulé des pays du G7
Initialement, le terme « BRIC » est un acronyme pour désigner quatre pays se regroupant à partir de 2009 : Brésil, Russie, Inde et Chine ; le terme BRIC a été forgé dès 2001 par un économiste de Goldman Sachs. En 2011, l’adhésion de l’Afrique du Sud (en anglais: South Africa) donna naissance à l’acronyme BRICS.
En 2001, Américains et Européens avaient pensé naïvement que la Chine allait se diriger vers une économie de marché, respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce, et se contenterait de ne fabriquer que ce qu’elle savait et pouvait produire alors.
Les Occidentaux rêvaient d’un mondialisme heureux, de la division internationale du travail. Les Chinois et les Indiens, œuvrant dans la salle des machines, tandis qu’eux seraient bien sûr à la barre.
Mais en devenant la première « usine du monde », la Chine a su rapidement tirer profit des règles de l’organisation pour rattraper et même dépasser les autres puissances dans presque tous les domaines, notamment la production industrielle
En 2023, le PIB des 4 BRIC représentait près de 66 % du PIB cumulé des pays du G7
En comparant le classement des 20 pays ayant les PIB les plus élevés en 2001, et leur classement en 2023, on constate que les 4 pays fondateurs des BRICS+ ont vu leur PIB progresser notablement en 22 ans.
Évolution des PIB du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine de 2001 à 2023
En 2001, Chine (7e), Brésil (12e), Inde (13e) et Russie (17e).
En 2023, Chine (2e), Inde (6e), Russie (10), et Brésil (11e).
Évolution des PIB du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine de 2001 à 2023, et évolution du PIB des 16 autres pays classés parmi les 20 premiers en 2001.
En 2024, avec l’ajout de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Éthiopie, de l‘Iran, le groupe devient les BRICS+.
Les neuf pays des BRICS+ représentent en 2024 près de la moitié de la population mondiale (44,6 %)et 30 % du produit intérieur brut mondial en valeur nominale, contre 43 % pour les pays du G7 où ne vivent que 9,7 % des habitants de la terre.
En faisant une lecture rapide de ces chiffres, les Occidentaux continuent à croire en leur « indépassable » supériorité économique, technologique et scientifique.
En 2024, l’industrie ne représentent plus que 20 % du PIB des pays du G7 et 35 % du PIB des BRICS+
En 2023, le PIB des pays du G7 devançait encore d’environ 50% le PIB des BRICS+ : 45 272 milliards de dollars pour le G7 contre 31 538 milliards de dollars pour les BRICS+.
Par contre, pour la part de l’industrie dans le PIB des pays, les 9 membres des BRICS+, et même les 4 seuls membres des BRIC, avaient dépassé les pays du G7 : 11 059 milliards et 10 357 milliards contre 9 063 milliards de dollars pour le G7.
En 2023, la part de l’industrie dans le PIB de la Chine était estimée à 38 %, en Russie 30 %, en Allemagne 28 %, en France 19 %, aux États-Unis 18 %, et au Royaume-Uni 17 %.
Dans la plupart des pays qui veulent rejoindre les BRICS+, la part de l’industrie dans leur PIB est très importante : industrie, valeur ajoutée (% du PIB). Il y a donc très peu d’espoir que la désindustrialisation relative des pays occidentaux cesse rapidement.
La liste des pays par PIB en PPA (Parité de Pouvoir d’Achat) établie en 2018 était déjà tout aussi préoccupante.
Dès 2018, les « mondialistes béats » avaient enfin compris comment la Chine avait dupé Américains et Européens à l’OMC.
En février 2022, lorsque la Russie a commencé à envahir l’Ukraine, les Occidentaux comprirent, trop tard, que la désindustrialisation massive qu’ils avaient inconsidérément laissé faire, voire souhaitée, constituait pour eux un insurmontable handicap dans la guerre qu’ils voulait faire à la Russie, par Ukrainiens interposés.
Fin de la, déjà bien maigre, indépendance énergétique.
Bien qu’il ne l’ait jamais officiellement reconnu, ce sont les Américains qui ont très vraisemblablement coupé le gaz russe venant de Russie, et conséquemment provoqué la récession de l’économie de l’Allemagne, l’un de leur plus fidèle allié, et un notable ralentissement de toute l’économie européenne.
Le plus cocasse encore, alors que les Allemands ont tout fait pour appliquer scrupuleusement les sanctions imposées à la Russie par les États-Unis, les Américains, eux, n’ont jamais cessé d’acheter l’uranium dont ils avaient besoin aux Russes.
Perte de souveraineté alimentaire :
Après la Seconde Guerre mondiale les Européens ont cru que, ni eux, ni leurs descendants, ne seraient jamais assez inconséquents pour oublier délibérément les leçons qu’ils avaient reçues durant cette période effroyable. Tous les peuples d’Europe, les envahis et souvent aussi les envahisseurs, ont eu faim pendant les longs mois de guerre.
Ceci explique pourquoi en France, dès la Libération, tous les dirigeants ont fait de l’auto-suffisance alimentaire du pays une des toutes premières priorités.
C’est pourquoi dans les années 50, dès l’école primaire, les petits élèves étaient sensibilisés à l’importance de la production de blé pour la souveraineté du pays.
En 1945, la récolte de blé en France ne s’était élevée qu’à 43 millions de quintaux, alors que l’agriculture française arrivait depuis 40 ans à souvent produire plus du double. En 1907, année record : 104 millions. Et en 1938, un an avant la guerre : 100 millions.
À la fin des années 50, tous les petits Français qui passaient le certificat d’étude, était fiers de pouvoir annoncer aux examinateurs que la France venait de recouvrer sa production en blé d’avant-guerre, et qu’elle pouvait de nouveau exporter.
En 2024, le nombre de gens capables en France d’estimer la valeur de la production de blé de l’année écoulée, est malheureusement devenue infime. Alors que les écologistes se croient experts en matière agricole, ils ne savent rien de l’évolution du rendement moyen annuel du blé France entière de 1815 à 2021.
En 2024, à l’exception notable de ceux qui sont contraints d’avoir recours aux Restos du cœur, les Français ne craignent plus ni d’avoir froid ni d’avoir faim.
Les dirigeants européens, dont aucun n’a connu les restrictions alimentaires, ou le manque de charbon, signent malheureusement de façon totalement inconséquente des traités commerciaux, ou des traités d’assistance à l’Ukraine, qui font fi allégrement de la souveraineté alimentaire et énergétique des pays de l’Union européenne.
Perte d’identité :
Le dictionnaire de politique « Toupictionnaire » renvoie en autres le mot identité à identité nationale, qu’il définit comme suit :
Définition de l’identité nationale
L’identité nationale est le sentiment qu’éprouve une personne à faire partie d’une nation. Ce sentiment est propre à chaque personne. Cependant pour la sociologie, il est une intériorisation de repères identitaires, résultant de la visibilité permanente des « points communs » de la nation, qui peuvent prendre la forme de symboles. Cette visibilité est, en général, organisée volontairement par l’État afin d’en imprégner les individus dès leur enfance.
Le concept d’identité nationale désigne aussi l’ensemble de « caractéristiques communes » (référents identitaires) entre les personnes qui se reconnaissent comme appartenant à une même nation.
Le thème de l’identité nationale peut devenir un sujet de débat politique. En France, ce fut notamment le cas lors de l’élection présidentielle de 2007 où le candidat Nicolas SARKOZY en a fait l’un de ses thèmes de campagne. Le rapprochement au sein d’un même ministère de l’immigration, de l’intégration, et de l’identité nationale a suscité une polémique dans la mesure où cela laisse supposer que les risques pesant sur l’identité nationale sont directement liés à l’immigration. La controverse a été réactivée en octobre 2009 par le lancement d’un « grand débat » sur l’identité nationale, à l’initiative du gouvernement.
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> Terme connexe : Fachosphère
> Article annexe : Racines chrétiennes, gauloises… et pourquoi pas néandertaliennes ?
Les rédacteurs du Toupictionnaire veillent, dans presque toutes les définitions qu’ils donnent, à attirer l’attention de leurs lecteurs sur les graves dangers que représenterait la montée de l’extrême droite en France et en Europe. C’est pourquoi ils ne cessent de chercher à démasquer toutes les finasseries sémantiques dont la fachosphère serait susceptible de vouloir user, bien sûr pour tromper les gens.
Leur suspicion est telle, qu’ils en viennent à voir une fascisation du vocabulaire derrière tous les mots et les groupes de mots.
Pour eux, le substantif identité est à rapprocher du mot identitaire, et l’adjectif national à rapprocher du mot nationalisme. L’expression identité nationale appartient donc pour eux au vocabulaire de la fachosphère.
De façon cocasse, ils reprochent ainsi à Nicolas SARKOZY d’avoir participé à la « Lepénistion » des esprits en créant un ministère de l’immigration, de l’intégration, et de l’identité nationale, alors qu’il est le seul responsable politique français qui ait réussi effectivement à faire reculer le vote FN (en 2007 et en 2009).
Nicolas SARKOZY : en quarante ans, les deux seuls nets reculs du vote FN, en 2007 (-6,5) et en 2009 (-3,5).
Pendant une quarantaine d’années, les dirigeants politiques de la gauche et de la droite de gouvernement ont instrumentalisé, par paresse et par commodité, l’antiracisme et la lutte contre l’antisémitisme. Refusant d’entendre les raisons de la progression du vote FN, non seulement ils n’ont rien compris à l’attente des électeurs qui « votaient mal », mais en raison de leurs actes et de leurs paroles, on pourrait légitimement les accuser d’avoir tout fait pour qu’ils deviennent de plus en plus nombreux à mal voter.
Alors qu’aux questions que pose la famille LE PEN depuis des dizaines d’années, les réponses sont d’ordre anthropologique, voire éthologique, si l’on considère que les hommes ne sont que des animaux à peine supérieurs, les responsables politiques opposés au FN-RN continuent à ne vouloir apporter que des réponses d’ordre moral et/ou social.
Toutes les espèces animales sont attachés à la défense de leurs territoires (éthologie), qui est un moyen pour elles d’augmenter leurs chances de survie en fragmentant les ressources (nourriture, nids) et en évitant une compétition trop grande.
De nombreux animaux, les saumons, les anguilles, les cigognes notamment, sont aussi très marqués par le lieu où ils sont nés, y restent très attachés, au point d’être capables de faire des milliers de kilomètres pour y faire naître leurs progénitures.
Les peuples qui ont acquis et gardé une forte identité culturelle et nationale restent très attachés, comme les animaux, à leurs origines, à leurs territoires, à tout ce qui représente pour eux leur espace vital naturel.
Tous les peuples colonisés ont fait appel à un nationalisme « libérateur » pour arriver à recouvrer leur indépendance et leur dignité.
Les électeurs qui votent RN après avoir voté FN, sont accusés de soutenir un honteux nationalisme « dominateur », alors qu’ils n’aspirent nullement à dominer qui que ce soit, mais qu’ils espèrent juste être protégés, respectés, et être considérés comme une chance pour la France, au moins autant que les immigrés.
Les électeurs, issus des classes populaires qui votent désormais RN, n’ont pas attendu que François RUFFIN fustige la dérive communautariste de Jean-Luc MÉLENCHON, pour connaître et déplorer le profond mépris de classe qu’avaient pour eux la droite et l’ « extrême centre » mondialisés, la gauche créolisée mélenchoniste, et/ou la gauche de Terra Nova.
Dans tous les pays de l’Union européenne, les électeurs d’extraction populaire qui ressentent la même sorte de mépris, font savoir leur révolte en votant pour les mêmes partis populistes, à leurs yeux, les seuls qui n’aient pas honte d’eux, les seuls qui semblent comprendre leur attachement essentiel à leur identité nationale.
Les peuples qui ont gardé vive la mémoire de leur passé, et qui peuvent rester fiers de ce que leurs ancêtres ont apporté à l’humanité, n’ont nulle envie de sortir de l’Histoire à cause de la mondialisation de leur économie et/ou de la créolisation forcée de leur culture.
Les différents peuples d’Europe, comme les Chinois, les Japonais, les Turcs, les Russes, les Vietnamiens etc, restent viscéralement attachés à la culture qui a fondé leur identité.
C’est cet attachement qui donne à tous les hommes le sentiment et l’assurance d’appartenir à une équipe, le bonheur de ne jamais se sentir seul sur terre. C’est cette certitude qui donne aux hommes la force de se battre jusqu’à la mort pour défendre leur territoire géographique et culturel, s’ils jugent que leur mère patrie est menacée.
Pour créer une identité européenne, qui tarde bien trop à venir à leur goût, les dirigeants de l’Union européenne ont eu l’idée lumineuse d’imposer à toutes les identités nationales de s’effacer devant la nouvelle identité qu’il voulait faire naître.
Ils ont déclaré on ne peut plus cyniquement que toutes les langues d’Europe étaient égales en dignité, mais que l’une d’entre elles devait être plus égale que les autres. De façon tragi-comique la langue choisie fut celle de premier pays qui a décidé de quitter l’Union européenne.
Depuis le départ des Anglais, l’Union européenne des 27, qui compte aujourd’hui 450 millions d’habitants, ne compte plus que 5 millions de locuteurs, les Irlandais, dont l’anglais est la langue maternelle, alors qu’il y a plus de 80 millions de germanophones et plus de 70 millions de francophones.
Ainsi paradoxalement, c’est l’usage d’une des langues les moins communément utilisées par les Européens qui a été imposé par les instances dirigeantes.
Les dirigeants européens ont été très longtemps, et certains semblent encore le rester, très favorables à ce que la Turquie rejoigne l’Union européenne. Pour cette raison, les députés européens ont toujours majoritairement refusé que l’Europe affiche ses racines chrétiennes.
L’Union européenne réussit ainsi l’exploit inouï, de placer aux oubliettes les principales langues qui ont façonnée culturellement le vieux continent, et de renier piteusement ses origines religieuses.
« La langue française est notre butin de guerre ». Alors que la plupart des francophones algériens reprennent à leur compte cette phrase de Kateb YACINE (1929-1989), l’un des plus célèbres auteurs d’Algérie, les Français sont de moins en moins conscients du fabuleux trésor dont ils héritent le jour de leur naissance en France : une langue, qu’ils ont la chance de pouvoir partager avec près de 600 millions de locuteurs. La population du monde francophone atteint 583 millions d’habitants mi-2024.
Boualem SANSAL, qui a acquis la nationalité française tout récemment, vient de publier en septembre un hommage à la langue dans laquelle il n’a cessé d’écrire : Le français, parlons-en !
Dans son livre, ce tout nouveau citoyen français interroge le pays qui vient de l’accueillir : « France, qu’as-tu fait de ta langue ? ».
Les Français qui se montrent chaque jour des héritiers de la langue française, indignes, ingrats, incultes et inconséquents, sont devenus incapables de comprendre ce qu’ils doivent à leur langue maternelle, ce qu’elle leur apporte, et ce qu’elle peut leur apporter longtemps encore, s’ils la chérissent suffisamment et s’efforcent de la défendre.
Déclin de la culture française :
Du discours qu’Emmanuel MACRON a prononcé à Lyon lors de son meeting de campagne pour les élections présidentielles, le dimanche 5 février 2017, la presse semble n’avoir voulu finalement retenir que quelques mots « choisis » avec soin : « il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France et elle est diverse».
Jusqu’en 2017, partout dans le monde on croyait « naïvement » qu’il y avait une culture française et on aimait la France pour sa culture. Les mots du candidat MACRON, tels que relayés par la presse, ne pouvaient donc que faire polémique dans le monde francophone et francophile, en commençant bien sûr par la France.
Quand les Français affirment qu’il y a une culture française, ce n’est pas parce qu’ils prétendraient qu’elle est supérieure aux autres, c’est parce qu’ils pensent qu’être Français c’est partager une culture commune, façonnée dans une langue bien spécifique, qui a permis à tous ceux dans le monde qui l’ont utilisée hier, et tous ceux qui voudront l’utiliser demain, de pouvoir exprimer au mieux la richesse et la complexité de leur pensée.
Le 14 mars 2017, le journal Libération est revenu sur les propos d’Emmanuel MACRON à Lyon, pour expliquer comment ses paroles, réduites aux quelques mots soulignés, avaient pu être facilement déformées par le RN et LR : « Notre culture, ça ne peut plus être une assignation à résidence. Il n’y aurait pas la culture des uns et la culture des autres, il n’y aurait pas cette formidable richesse française, qui est là, dont on devrait nier une partie, il n’y a d’ailleurs pas une culture française, il y a une culture en France, elle est diverse, elle est multiple. Et je ne veux pas sortir du champ de cette culture, certains auteurs ou certains musiciens ou certains artistes, sous prétexte qu’ils viendraient d’ailleurs. »
Le 1er octobre 2024, sur Sud Radio, l’Algérien désormais français, Boualem SANSAL est revenu sur cette déclaration d’Emmanuel MACRON qui a fait polémique. Pour lui, qu’un candidat à la présidence française ait pu laisser entendre, maladroitement ou de façon délibérément provocatrice, que la France n’avait pas de culture propre, qu’il n’y avait de culture proprement française, est affligeant : « non, la France a une culture, que pendant des siècles elle a exportée dans le monde entier ».
Les propos, contournés, contestés, prononcés à Lyon par le candidat MACRON, lors de la campagne électorale de 2017, ne sont que l’illustration de ce qui traine dans le cerveau des élites françaises mondialisées depuis la mort du Général de GAULLE, (avec un « d »).
Les Maoïstes français, admirateurs de la révolution culturelle en Chine, n’ont jamais pardonné aux travailleurs français de ne pas les avoir suivis dans leur projet politique délétère.
Après 1968, les élèves et les étudiants français ont commencé à être follement instruits, par des maîtres anciens gauchistes, dans une sorte de haine et de mépris de la France. Avoir des parents français, et des grands-parents français, est presque alors devenu une honte.
Par malheur, de plus en plus mondialisés, et pour certains même parfois fièrement apatrides, les Français considérés traditionnellement comme faisant partie de l’élite ont pris leurs distances avec la culture française, en commençant par l’abandon de leur langue maternelle.
Le 19 mai 1974, le soir même de son élection, Valéry GISCARD d’ESTAING ne trouva rien de plus urgent que de traduire lui-même en anglais sa première intervention, comme si les correspondants de la presse étrangère en poste à Paris étaient soudain devenus incapables de le faire.
En 2024, oubliant que son premier devoir est de se faire bien entendre de ceux qui l’ont élu, Emmanuel MACRON ne peut toujours pas s’empêcher de parler en anglais at every turn, all time, (à tout bout de champ).
Perte de cohésion nationale et insécurité :
Immigration :
Affaire à suivre. Analyse à poursuivre.
Sur le même sujet : de très intéressants articles.
Publié dans Le Figaro le 10 juillet 2024
ENTRETIEN – Le professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) tire les leçons de ces élections législatives 2024. Un scrutin qui, selon lui, n’a fait qu’obscurcir le paysage politique et ne permet pas de dégager de « vainqueur clair ».
Le FIGARO. – Le barrage contre le RN a une nouvelle fois fonctionné et peut-être de manière plus efficace qu’attendu. Faut-il y voir une victoire ou une défaite de la démocratie ?
Dominique REYNIÉ. – Il n’est pas possible de le dire aujourd’hui. Ce n’est pas la première fois que ce «barrage» est activé contre le Front national/Rassemblement national (FN/RN), mais il s’agissait cette fois de l’empêcher de remporter une victoire au niveau national. Cela n’avait jamais été le cas jusqu’à présent. Ce barrage a été mobilisé localement, dans telle ou telle élection municipale, législative ou régionale, mais au niveau national, la victoire du FN/RN n’avait jamais été sérieusement envisagée.
Or, c’est ce qu’autorisaient à penser les résultats du premier tour des élections législatives qui viennent de s’achever. Pour les Français, ce n’est pas rien de voir que l’on s’est ligué pour empêcher la victoire du premier parti de France, de voir que l’un des principaux artisans de ce « barrage républicain » soit LFI, un parti habitué aux provocations, au tohu-bohu, à l’irrespect des règles, à la violence rhétorique, complaisant et complice avec l’islamisme et l’antisémitisme.
Ce que les commentaires ont nettement minoré est la forte progression du vote RN, non seulement par rapport aux législatives de 2022 mais aussi par rapport au premier tour du 30 juin 2024. En nombre d’électeurs comme en nombre de députés, le RN est le premier parti de France, ce que les élections européennes avaient établi.
La campagne de l’entre-deux-tours n’a pas eu d’autre objet, pas d’autre projet que de dissuader le vote RN. Tous les regards ont été focalisés sur le parti, observé à la loupe. Simultanément, il a été dit et répété que le Nouveau Front populaire (NFP) n’avait aucune chance de gagner. Finalement convaincus que l’extrême gauche n’avait aucune chance de gagner tandis que l’extrême droite pouvait devenir majoritaire, de nombreux électeurs ont pensé que le barrage allait sanctionner les deux extrêmes, faisant surgir une majorité centrale, forcément centriste.
Mais il demeure problématique de songer qu’entre le premier et le second tour, nous avons assisté à un refoulement forcé de l’expression démocratique. Si la plupart des Français ont le sentiment que la situation n’est pas satisfaisante en matière d’immigration et de sécurité, puisque ce sont les points forts prêtés au RN, il ne faudrait pas que le « barrage républicain » soit le nom donné par tous ceux qui ont échoué à régler ces deux problèmes majeurs pour bloquer l’accès au pouvoir de ceux qui proposent de faire mieux. Il est sans doute plus facile de bloquer l’ascension d’un parti dont le succès est ancré dans l’insatisfaction en matière de sécurité et d’immigration que de régler de tels problèmes, mais autant renoncer alors à la politique démocratique.
Cependant, le « barrage » n’explique qu’une partie de l’échec du RN. Ce parti a été confronté à ses propres erreurs et limites. Son programme n’est pas sérieux, ses candidats ne sont pas prêts ; ils n’ont pas été sélectionnés avec soin, ils n’ont pas été suffisamment formés, au point que de nombreuses invitations à débattre lancées par des médias ont été refusées par des candidats RN incapables de faire face ou craignant de ne pas y parvenir. C’est le prix d’un parti depuis toujours dans l’opposition ; c’est aussi la conséquence de sa sociologie, le RN est plus que jamais le parti des ouvriers et des employés, des moins diplômés, des plus modestes, etc. La dissolution aura eu le mérite de mettre en évidence son impréparation et la nécessaire mue qu’il lui faudra opérer s’il veut l’emporter et gouverner en 2027.
Le Nouveau Front populaire, dont on disait qu’il ne pouvait pas gagner, est arrivé en tête des élections législatives. Que révèle ce résultat ? Comment l’expliquez-vous ?
On ne peut établir un verdict de « victoire » pour personne. Gagner les élections législatives, dans notre République, suppose qu’une force politique, un parti ou une coalition, obtienne au moins 289 députés et, s’il s’agit d’une coalition, qu’elle soit capable de durer. À gauche, aujourd’hui, aucun parti, aucune coalition ne satisfait ces deux critères. On ne peut donc pas dire qu’il y a un vainqueur. C’est le résultat le plus marquant et le plus préoccupant de ce scrutin pourtant décidé pour faire émerger une nouvelle majorité. De ce point de vue, au contraire, la situation est plus dégradée au terme de la dissolution.
En réalité, la gauche a remporté, comme souvent, une victoire médiatique, celle de l’interprétation des résultats, mais électoralement, elle a subi un échec important. Si, au second tour, on additionne les scores des partis du NFP avec ceux de toutes les gauches, on obtient laborieusement 27,28 % des suffrages exprimés… soit 17 % des électeurs inscrits. Les gauches reculent même par rapport aux élections européennes du 9 juin, où ce total de toutes les gauches dépassait 33,7 % des suffrages exprimés.
Comment expliquer que LFI, malgré sa dérive communautariste et antisémite, fasse aujourd’hui moins peur, semble-t-il, que le RN ?
Le journalisme, l’université, les métiers de la communication, de la culture, le monde associatif, ont une appétence connue pour les idées de gauche, peut-être parce qu’ils dépendent beaucoup des mécanismes économiques de redistribution. Cela pèse lourd sur le fonctionnement de notre débat public. C’est ce monde social si particulier, métropolitain, diplômé, aux revenus supérieurs à la moyenne, souvent protégé par un statut dérogatoire, d’une manière ou d’une autre, qui détermine la norme morale. Mais ce monde social peut se montrer parfaitement insensible, y compris à propos de sujets fondamentaux.
L’émergence d’une tolérance de gauche à l’antisémitisme constitue pour moi un événement historique et lourd de conséquences. Si un antisémitisme d’extrême droite demeure visible dans l’expression de préjugés, des propos, il est désormais surtout le fait d’une collusion cynique entre une partie de la gauche et l’islamisme, comme on peut l’observer depuis maintenant vingt-cinq ans environ, et d’autant plus aisément qu’il s’agit d’un antisémitisme d’agression qui va jusqu’à se montrer compréhensif avec le terrorisme antisémite, accueillant, répercutant et amplifiant la haine d’Israël comme on a pu le voir depuis le 7 octobre 2023. Même si Philippe POUTOU a été battu, le NPA a bel et bien été membre du Nouveau Front populaire.
Lors de ces élections législatives, il y a bien au moins une douzaine d’élus de La France insoumise (LFI) qui n’auraient pas dû être investis ou qui auraient dû être écartés après avoir été investis. Ce ne fut pas le cas, à la différence du RN. On comprend ainsi l’un des usages politiques du « barrage républicain » ; il permet à cette gauche de se retrouver confrontée à un adversaire présenté comme le plus immoral, tous les électeurs étant invités à s’engager dans ce combat aux côtés de la gauche, ce qui l’innocente en partie.
Au nom du barrage républicain, la gauche modérée s’est unie dès le premier tour avec la gauche radicale tandis qu’au second tour, on a vu des centristes se désister pour LFI. Le président de la République voulait une clarification. A-t-il au contraire alimenté la confusion ?
Hélas, il n’y a pas de clarté au terme de cette séquence électorale provoquée par la dissolution. Le débat n’a jamais porté sur les programmes de gouvernement ou sur les défis que le pays doit relever. Le scrutin n’engendre aucune majorité et il ne peut y avoir une nouvelle dissolution avant un an, ce qui veut dire, en pratique que des élections législatives sont impossibles avant l’automne 2025, si l’on ne veut pas les organiser en juillet-août 2025.
À gauche, le NFP est un artifice électoral. Bricolé dans la hâte, il ne résistera pas. Électoralement plus faible que jamais, la gauche est en miettes tandis que ses idées économiques et sociales sont incompatibles avec la réalité de notre situation. Le centre est exposé à l’érosion programmée du macronisme, tandis que la droite reste tiraillée entre ce centre en déclin et le RN, en pleine ascension. Nos institutions, notre système représentatif et de gouvernement semblent désormais complètement déréglés.
Le pays, dont on dit souvent qu’il est plus à droite que jamais, bascule donc à gauche. Ce décalage va-t-il aggraver la fracture entre les élites et le peuple ? Au-delà de cette dissolution ratée, comment en est-on arrivé là ?
Le pays ne bascule pas à gauche. Depuis dimanche soir, le commentaire fait fausse route. Il s’est égaré en suivant le premier orateur de la soirée, Jean-Luc MÉLENCHON, occupé à semer le trouble dans les esprits sur l’interprétation du vote. Or, voyez plutôt : le total des suffrages exprimés en faveur des candidats du NFP au terme second tour n’est que de 25,7 % ; si nous ajoutons tous les votes de gauche, nous atteignons laborieusement 27,3 %, soit 17,1 % des électeurs inscrits… Il est impossible d’y voir une victoire. De l’autre côté, le RN et ses alliés réunissent 37 % des suffrages exprimés ; l’ensemble des suffrages de droite représentent 46,6 % des suffrages. Au soir du second tour, les votes de droite dépassent de 20 points les votes des gauches.
C’est dans ces conditions que la politique du « barrage » devient périlleuse et donc problématique. En effet, le RN a remporté ces élections législatives, certes sans parvenir au pouvoir. Mais il atteint des niveaux électoraux sans précédent dans son histoire. Le nombre de députés RN à l’Assemblée nationale va encore augmenter fortement (+ 58 %) après avoir été multiplié par 12 ou 13 entre juin 2017 et juin 2022. Le RN représente désormais près de 80 % des votes de droite. Autant dire que le RN, c’est la droite. Mais alors, le « barrage républicain » devient un « barrage » contre la droite, un barrage orchestré par une gauche qui n’a jamais été aussi faible sous la Ve République.
Enfin, compte tenu de la sociologie du vote RN et compte tenu du nombre croissant de ses électeurs, le « barrage républicain » est non seulement en train de fabriquer une équivalence entre le RN et la droite, mais aussi entre le RN et le « peuple », le RN et le monde du travail ; puis entre le RN et les élites, le « barrage républicain » mobilisant plus fortement une France plus favorisée, plus instruite, mieux connectée ; pour finalement aboutir à l’ultime retournement d’une équivalence entre le RN et la démocratie.
La situation politique française est-elle spécifique ou s’inscrit-elle dans un processus de décomposition/recomposition qui touche toutes les démocraties occidentales ?
Ce que l’on peut observer et documenter à l’échelle de l’Union européenne est un phénomène de droitisation accompagné d’une poussée des droites populistes. Au terme des élections européennes des 6-9 juin 2024, pour la première fois dans l’histoire du Parlement européen, le nombre des élus de droite, toutes droites confondues, et sans compter les élus du centre (Renew), représente 52 % des eurodéputés. Le chiffre était de 45 % en 2019. De même, si l’on considère, par hypothèse, que tous les élus populistes de droite appartiennent à un même groupe, ils formeraient alors un groupe proche des 200 élus, soit un poids équivalent au PPE, le groupe de la droite modérée.
On notera que les trois groupes nécessaires depuis 2019 pour former une majorité au Parlement européen, associant la droite modérée (PPE), les sociaux-démocrates (S&D) et les centristes (Renew), tentent en ce moment même de contenir le nouveau glissement à droite provoqué par les dernières élections européennes. Il n’est pas certain que le PPE y résiste longtemps.
Que va-t-il se passer maintenant ? Un gouvernement stable peut-il sortir de ce chaos apparent ?
Malgré tout, il faut imaginer une réponse raisonnable à la situation qui est devenue la nôtre. Espérons que les députés auront à cœur de former un gouvernement de réparation, assumé comme tel, reposant sur une majorité modeste attachée à mettre provisoirement entre parenthèses les incessantes réformes qui ne s’imposent pas toujours et qui ne manquent pas d’engendrer des divisions et des confrontations. Les Français sont fatigués de cela. Cet effort sera difficile, car toute la classe politique se met en mouvement dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, notre irrésistible poison qui nous détruit à petit feu.
« La France est probablement le seul pays au monde où toute crise politique sérieuse pose le problème des institutions » , écrivait Georges POMPIDOU. La Ve République est-elle menacée ? Peut-on parler de crise de régime ?
Parler de « crise de régime » est parfois l’une des formes que prend notre irresponsabilité collective. On n’échoue plus, lorsque l’on croit rencontrer des obstacles dont de meilleures institutions nous délivreraient. Nous tous, politiques et citoyens, nous restons les principaux responsables de la plupart de nos problèmes et à coup sûr des plus graves.
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Propos recueillis par Quentin ROUSSEAU
Mis en ligne par Front Populaire le 9 juillet 2024
ENTRETIEN. Christophe GUILLUY est géographe. Depuis vingt ans, il est un observateur attentif et un chroniqueur inlassable des fractures qui parcourent la société française, au premier rang desquelles celles entre les métropoles et la périphérie. Depuis, ces cassures n’ont fait que s’étendre, et les élections législatives anticipées de 2024 ne devraient pas, d’après l’essayiste, changer quoi que ce soit à cette dynamique en apparence irrémédiable. État des lieux politique et culturel d’une société française qui ne se parle plus et ne se comprend plus.
Front Populaire : Au sortir du premier tour des législatives, le Rassemblement national était le premier parti de France. De quoi le vote RN est-il le nom ?
Christophe GUILLUY : Il faut, je pense, se placer dans le temps long. Le premier article que je fais sur la France périphérique a plus de vingt ans – et c’était d’ailleurs dans les pages de Libération, ce qui symboliquement est assez croustillant. Déjà, les territoires, la sociologie, la dynamique culturelle, bref la géographie qui allait porter la contestation, sous une forme ou une autre, était bien visible. Les Gilets jaunes ne sont pas arrivés de nulle part. Il y avait par ailleurs toute une logique qui était liée à cette géographie : une logique évidemment sociale, économique et culturelle.
Mon idée, c’est que cette géographie a été forgée. J’isole d’un côté les métropoles globalisées, c’est-à-dire les vitrines du néolibéralisme, et je regarde ce qui se passe ailleurs. Ce « ailleurs », ce n’est pas, comme on le dit parfois de façon simpliste, les campagnes contre les villes. C’est tout ce qui n’est pas dans la sphère du néolibéralisme globalisé et qui est en dehors des territoires qui créent la richesse et l’emploi.
J’avais donc repéré que des territoires de la France périphérique – donc des petites villes, des villes moyennes, des zones rurales – allait venir un mouvement. Un mouvement qui était évidemment lié à la situation économique, mais aussi à la situation sociale et à la situation culturelle. Ce mouvement s’est enclenché. Il est aujourd’hui autonome et agit depuis plus de trente ans dans une logique de coups de boutoir : le référendum de 2005, les Gilets jaunes, aujourd’hui le vote Rassemblement national.
Si le vote Rassemblement national a un nom, c’est donc celui d’un outil, d’un instrument, d’un marteau (pour reprendre une rhétorique communiste) qui permet à la société ordinaire de dire: « j’existe ». Ce n’est rien de plus que cela, mais c’est déjà beaucoup. C’est un instrument qu’utilise la majorité ordinaire, et non pas l’inverse. L’argument idiot et surplombant des commentateurs, journalistes, sondeurs, intellectuels et autres, selon qui le RN aurait « infusé dans la société », qu’une minorité guiderait le peuple ignorant vers des lendemains qui chantent, ne tient pas. Je crois précisément l’inverse : que le RN est l’instrument du moment.
FP : Face à cela, les adeptes du barrage, aujourd’hui baptisé “front républicain”. Une vieille stratégie, qui a une fois encore fonctionné au second tour des législatives. Mais jusqu’à quand ?
CG : C’est une fuite en avant, un « sauve qui peut » qui commence à sentir le pourrissement. Je vois en la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel MACRON un effet de cavalerie, comme on dit en finance ou en comptabilité : tout et n’importe quoi sera bon pour essayer de sauver une majorité relative. Sauver sa peau, ses postes, sa position de classe, son patrimoine. Bref, c’est un sauf qui peut, mais c’est un sauf qui peut qui imprègne de moins en moins.
La raison est selon moi un événement capital, fondamental, structurant de toutes les démocraties occidentales et de tout l’Occident. Et, si on tire le fil, c’est ce qui explique aussi l’effondrement de l’Occident : l’autonomisation culturelle des gens ordinaires et de la majorité ordinaire. C’est-à-dire que ceux-ci suivent de moins en moins les consignes de vote des partis. Par ailleurs, et mieux encore, les médias, les journalistes, la presse, les débats politiques sont toujours moins écoutés. Au grand dam de l’intelligentsia, nous avons donc une majorité ordinaire qui pense par elle-même. À rebours du « monde des intelligents », ces intellectuals-yet-idiots dont parle Nassim Nicholas TALEB, qui considèrent que parce qu’ils ont un diplôme, ils réfléchissent et ont forcément raison contre la masse… C’est une rhétorique pitoyable dont il vaut mieux, je pense, rire.
Ces « idiots intelligents »n’ont pas compris l’événement fondamental pour l’Occident qu’est l’autonomisation des gens ordinaires. Dans ces conditions, les appels au « front républicain » n’infusent pas réellement, puisque les gens ordinaires n’ont pas la télévision allumée… Les sachants parlent aux sachants, dans l’entre-soi le plus complet. Il suffit de regarder les images, prises dans les grandes villes, de ces processions « antifascistes » : ça défile contre les hérétiques… dans des villes où il n’y a plus d’hérétiques. C’est une petite bulle culturelle qui s’est persuadée d’être la majorité.
C’est d’ailleurs pour cette raison que le concept de « France périphérique » forgé justement par un hérétique, fait tiquer. Mais il désigne tout de même une réalité incontournable. Donc ils esquivent le terme qui fâche – puisque l’employer vous foudroie sur place –, en reprenant tout de même sa définition. C’est une rhétorique de clercs, de religieux.
FP : Pourquoi les « sachants » sont-ils aussi aveugles aux causes profondes du vote Rassemblement national ?
CG : L’effet bulle, l’endogamie, la métropolisation, le fait que ces gens ne croisent plus que leurs semblables… C’est-à-dire que quand on va à Paris, à New York, à Toulouse, à Lyon ou à Milan, les mêmes personnes vous racontent les mêmes choses, ont les mêmes conversations, vont voir les mêmes spectacles, ont les mêmes références, etc. C’est un modèle qui est pratiquement incestueux, et qui empêche de fait tout dialogue avec la France périphérique, et donc toute compréhension de celle-ci.
FP : Gagnants (ou à tout le moins bénéficiaires passifs) de la mondialisation d’un côté, perdants de l’autre – ou, comme vous les appelez, les « dépossédés ». Or, il semblerait que ce soient non pas deux, mais trois blocs qui s’affrontent aujourd’hui. Comment expliquer ce décalage ?
CG : Il n’y a pas trois blocs, mais bien deux, centrés sur une sociologie et sur une géographie. D’abord, un gros bloc majoritaire, constitué des classes populaires, moyennes de la France périphérique, évidemment ultra-majoritaires dans le territoire. En vérité, c’est la France tout entière. Et puis, de l’autre côté, un agglomérat de carpes et de lapins centré sur les métropoles. C’est la MACRONie et la MÉLENCHONie, qui ont d’ailleurs fait alliance pour le second tour des législatives, ce qui aurait été impossible s’il y avait réellement trois blocs qui s’affrontaient.
Il y a moins de distance culturelle entre un mélenchoniste parisien et un MACRONiste parisien qu’entre un mélenchoniste parisien et un électeur populaire de la Creuse. C’est la thèse de Jean-Claude MICHÉA du tout formé par le libéralisme culturel et le libéralisme économique : il y a ceux qui adhèrent à la métropolisation globalisée, et les autres.
La grande erreur, et c’est aussi un biais médiatique, c’est d’inventer un tripartisme qui n’existe pas, et qui permet uniquement de mettre en avant la résistance d’une « gauche » qui est morte depuis longtemps, en glissant sous le tapis la réalité sociologique et culturelle. Entre le MACRONisme et le MÉLENCHONisme, ce ne sont pas forcément les mêmes revenus, mais ce sont les mêmes milieux. Ils vivent dans les mêmes lieux, ils partagent globalement les mêmes valeurs, celles de la société globalisée et ouverte.
FP : Comment expliquer l’apparente adhésion au mondialisme des banlieues, dont beaucoup d’habitants n’ont pas des conditions de vie faciles et qui ne sont pas vraiment des gagnants de la mondialisation ?
CG : Cette adhésion n’en est pas réellement une. Le premier tour de passe-passe de la gauche, c’est de faire croire que les banlieues votent pour elle. En réalité, les banlieues ne votent pratiquement pas… Si vous regardez par exemple les députés LFI, ils sont élus dans les circonscriptions où l’abstention est la plus forte. Autant dire que la gauche, malgré son score, ne représente au final pas grand-chose.
La morale bourgeoise d’aujourd’hui est une arme de classe qui permet de verrouiller et de protéger les intérêts de la bourgeoisie des métropoles.
On observe donc une distorsion entre la réalité électorale, où la gauche fait de gros scores, et le monde réel, dans lequel la gauche n’est globalement pas attractive.
FP : Le retour du clivage gauche-droite, dont il est parfois question dans le commentaire politique, n’est-il donc qu’un trompe-l’œil qui cache un clivage entre « somewhere » et « everywhere », ou entre souverainistes et mondialistes ?
CG : C’est-à-dire que tout le monde est de quelque part, un « somewhere ». Nous avons des gens ordinaires qui défendent une décence ordinaire, et par là une société. Et nous avons une bourgeoisie égotique et narcissique qui est bien « de quelque part », puisqu’elle est dans les métropoles et entend bien y rester. C’est son territoire, et elle n’y tolère pas vraiment de classes populaires, si ce n’est des personnes venues de l’étranger dont ils se servent comme esclaves pour les tâches ingrates… Par ses habitudes de vote, cette bourgeoisie envoie un message, qui est : on est chez nous dans les métropoles.
Il y a la France populaire, de la même manière qu’il y a l’Amérique populaire, par exemple. Elle est attachée à son mode de vie, à des valeurs intrinsèques, à une certaine solidarité. Et, en face, les gens des citadelles, qui ont aussi leurs attachements. À leur patrimoine d’abord, du MÉLENCHONiste montreuillois au MACRONiste du XVIe arrondissement. Et à leur morale ensuite. De la même manière que la bourgeoisie catholique du XIXe siècle avait ses tabous qui servaient à habiller de morale sa position de classe, la bourgeoisie d’aujourd’hui fait la même chose, mais avec de la fausse morale, de la moraline. Et cette moraline constitue ses valeurs, auxquelles elle est très attachée.
Quelques exemples : l’antiracisme dévoyé qui côtoie le contournement de la carte scolaire, ou encore le féminisme dévoyé qui peut amener à masquer le harcèlement sexuel derrière des discours militants. La morale bourgeoise d’aujourd’hui est une arme de classe qui permet de verrouiller et de protéger les intérêts de la bourgeoisie des métropoles.
FP : Comment analysez-vous les records de participation de ces élections législatives ?
CG : C’est simple : il y avait un enjeu dans les deux camps. D’un côté, un enjeu de préservation de position de classe. Sans le dire, parce que la bourgeoisie contemporaine a ceci de particulier qu’elle est infantile, immature : elle n’assume pas ce qu’elle est. Au moins, la bourgeoise d’hier assumait sa position de classe. Celle d’aujourd’hui, non. Mais les gens des métropoles font évidemment tout pour préserver ce qu’ils ont, parce qu’ils sont quand même les bénéficiaires du modèle de société actuel. C’est cet instinct de survie qui les pousse aux urnes.
Et puis, inversement, la France populaire et moyenne s’est dit qu’elle pouvait avoir l’occasion de faire basculer les choses, et qu’il y avait donc là aussi un enjeu, et que tout ce qui peut faire tanguer le navire était bon à saisir.
FP : Contrairement aux pronostics des instituts de sondage, le RN n’a pas eu de majorité à l’Assemblée. Qu’en pensez-vous ?
CG : Que l’échéance est simplement retardée. Le mouvement réel de la société est autonome, et va donc se poursuivre aussi longtemps que la majorité considérera que le compte n’y est pas. Et le compte n’y est vraiment pas, et il risque de l’être de moins en moins parce que ce qui est en jeu désormais, c’est l’effondrement, ou pas, de l’État providence. C’est ce que j’appelle le « nouveau plan social à venir » : après l’industrie, ce sera au tour de la fonction publique. Et quand cela arrivera, la contestation reprendra de plus belle.
FP : En sept ans, le MACRONisme s’est petit à petit érodé dans les urnes, malgré un relatif sursaut au second tour des législatives. Cet effondrement politique correspond-il à un effondrement dans le monde réel ?
CG : Déjà, précisons que le MACRONisme n’est pas une réelle idéologie : ce n’est qu’un opportunisme du moment, des élites, de la technostructure et des classes supérieures. C’est la transcription politicienne d’une convergence d’intérêts de classe. Le MACRONisme est aussi peu solide que la société liquide qu’il appelle de ses vœux.
FP : On dit souvent que les formations politiques agglomérées autour d’Emmanuel MACRON constituent un parti « attrape-tout ». Est-ce aussi le cas, mais en inversé, pour le Rassemblement national, qui capterait toutes les colères quelle que soit leur provenance ?
CG : Le succès du Rassemblement national n’a rien à voir avec ses leaders. Il doit sa popularité au fait que les gens ordinaires identifient ce parti comme étant le parti opposé au système par excellence. De la même manière que la classe ouvrière britannique s’était servi du Brexit, non pas parce qu’elle avait une synthèse de ce qu’était réellement l’Europe, mais parce que voter pour le Brexit, c’était avant tout voter contre le système. C’est bien dans ce sens-là qu’il faut comprendre le vote Rassemblement national.
Mais bien évidemment, plus un parti monte, plus il parvient à capter des parts larges et diverses de l’électorat. C’est pour cela que le RN grignote un petit peu du côté des retraités ou des CSP+, par exemple – même si cela reste minoritaire dans ces catégories pour le moment.
Publié dans Le Figaro le 16 juillet 2024
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