N°339 Un mur qui marque l’inconséquence de ceux qui l’ont fait construire et qui affiche l’impuissance des autorités.

Un mur de la honte qui est aussi un nouveau « mur des cons« .

Avant-propos

Les Américains expliquent que leur grande réussite économique et politique est due principalement aux qualités exceptionnelles de Benjamin FRANKLIN, qualités qui leur ont longtemps servi de modèle et d’exemple.

Les biographes, qui ne tarissent pas d’éloges sur les innombrables exploits et mérites du plus célèbre des founding fathers des USA, insistent sur l’importance que Benjamin FRANKLIN attachait au travail, à l’effort, à l’ordre, à la discipline, à la cohérence, à la rigueur, et aux faits, même à ceux qui peuvent sembler les plus mineurs, comme il l’exprime dans l’une de ses citations les plus reprises : « Les petites causes ont parfois de grands effets : l’absence d’un clou perdit le fer à cheval, de fer à cheval la monture et de la monture le cavalier. »

Depuis que les déconstructeurs ont entrepris de réveiller l’humanité colonisée, les préoccupations et les recommandations de Benjamin FRANKLIN sont en passe de ne plus avoir droit de cité dans les pays occidentaux, en commençant par les États-Unis.

En abandonnant le modèle que leur a transmis Benjamin FRANKLIN, et qui a fait leur fortune, en acceptant délibérément d’évacuer les faits et le réel, pour complaire aux idéologues, les Américains ne pourront régler durablement aucun des problèmes qui hantent les États-Unis, mais conduiront inéluctablement leur pays au plus grand des chaos.

Le 36ème lancement d’une fusée Ariane à partir de la station spatiale de Kourou en Guyane, le 22 février 1990, fut un échec, plus précisément le sixième depuis le premier vol d’une fusée Ariane le 24 décembre 1979. Ce premier raté pour la fusée Ariane 4, qui ne connut en tout que 3 échecs pour 113 lancements réussis, est celui qui a le plus marqué la mémoire des Français, car il eut pour origine une cause bien regrettable.

Lorsque les experts découvrirent les raisons du fiasco du vol 36, ils furent soulagés de constater que la conception de la fusée et leurs calculs de lancement n’étaient nullement en cause. Ce que devaient confirmer la centaine de vols postérieurs parfaitement réussis, avec un taux de fiabilité du lanceur Ariane 4 supérieur à 97%.

Par contre, les Français eurent la pénible surprise d’apprendre que l’échec du vol 36 était dû à un simple chiffon stupidement oublié dans le moteur lors de son montage. Probablement un tout petit chiffon, car s’il avait été grand il est sûr qu’il n’aurait pas pu échapper à la vigilance des contrôleurs.

Après la mort de Paul VALÉRY, en 1945, des Français ont tenu à rendre hommage au poète disparu en affichant chez eux, dans un cadre, une de ses citations, notamment : « Rien de plus rare que de ne donner aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance. »

Cette maxime a reçu, et reçoit toujours aujourd’hui, beaucoup d’écho, malheureusement surtout de la part de gens qui ont la folie de se croire assez savants pour déterminer, seuls, ce qui a et ce qui n’a pas d’importance.

Le monteur qui a laissé un chiffon dans le moteur d’Ariane était très certainement un très bon technicien, car il est impensable qu’on ait confié le montage d’un moteur aussi sophistiqué que celui d’une fusée à un technicien amateur et/ou débutant. Si la compétence purement technique du coupable a pu être mise en doute, son inconséquence et son absence de conscience professionnelle n’ont, elles, fait aucun doute.

L’histoire du très couteux loupé du  lancement 36 d’Ariane est tristement emblématique. Elle devrait être rappelée à ceux qui prétendent gouverner sans se préoccuper de ce qu’ils jugent hâtivement subalterne, voire sans aucune importance.

Elle montre que les mesures politiques, le plus abouties et les mieux pensées, comme les opérations chirurgicales peuvent échouer en un instant pour quelques secondes d’inattention et un tout petit l’oubli.

Pour se redresser la France n’a d’autre choix que de regarder vers les étoiles, libérer toutes ses énergies et reconstruire, ce qui a constitué pendant des siècles sa principale richesse, un système éducatif exigeant et performant, capable de former les élites dont elle a besoin, et capable d’apporter au peuple français cohésion et sentiment de commune appartenance.

Les Français doivent se ressaisir, faire preuve de discipline, remettre en route urgemment une école où l’on apprend à lire, écrire, et compter, à tous ceux qui le veulent, et à tous ceux qui le peuvent.

Lorsqu’on posait à Confucius la question: quelle est la première qualité d’un gouvernant? Il répondait : bien connaître le sens des mots.

Lorsqu’on demande à ceux qui ont brillé en affaires et en sciences, quelle est la première qualité qu’il leur a fallu avoir? La réponse fuse :  calculer vite et bien. Sans calculette ? bien sûr !

La véritable école du commandement est la culture générale… Au fond des victoires d’Alexandre, on retrouve toujours Aristote. [Charles de GAULLE]

Depuis que le calcul mental et la culture générale ont disparu de l’école, les élites françaises sont en passe de ne plus savoir, ni compter, ni mesurer, ni estimer, ni PRÉVOIR, ni DIRIGER.

Pour mettre fin à son déclassement, la France n’a d’autre choix que de viser et retrouver l’excellence.

Il devient absolument vital que la société française recouvre l’ordre nécessaire au savoir-vivre ensemble et la discipline indispensable au travail bien fait.

Incompréhension et inconséquence

Il faut remonter soixante ans en arrière, et la construction du Mur de Berlin en août 1961, pour retrouver une pose de parpaings qui fasse autant de bruit et qui soit aussi décriée. Le vendredi 24 septembre le « différend crack » qui oppose la mairie de Paris et le ministère de l’intérieur depuis de nombreux mois s’est brutalement et bruyamment déporté en Seine Saint Denis.

En construisant à toute vitesse, sans aucune concertation, un mur à l’entrée et la sortie du tunnel qui permettait aux habitants de Pantin vivant dans le quartier des Quatre Chemins de se rendre le plus directement possible à Paris, le ministre DARMANIN a avant tout érigé un mur d’incompréhension.

Ce mur présenté comme une réponse transitoire au problèmes des graves nuisances occasionnées par les regroupements de toxicomanes, ne pourra à l’évidence que déplacer les problèmes liés à la vente et à la consommation de crack à Paris, et ne permettra en rien de répondre à l’attente des habitants condamnés à faire face aux «crackeux».

Comme tous les maux, le problème du crack doit être traité à la racine du mal, plus exactement en l’occurrence, aux racines du mal. Malheureusement, dans notre État de droit, en voie de déconstruction, tout semble se conjuguer pour interdire la mise en place de solutions pérennes.

Aujourd’hui, les fauteurs de troubles savent pertinemment qu’ils bénéficient d’un privilège exorbitant, celui de pouvoir continuer à tenir des assemblées totalement interdites par la loi, dès lors qu’elles sont racisées.

Alors qu’ils vivent l’enfer des zones de crack et qu’ils craignent leur extension, alors qu’ils n’aspirent qu’à conserver et/ou recouvrer la quiétude et la sécurité qui leurs sont dues, alors qu’ils n’ont émis aucune revendication exorbitante, certains habitants se voient actuellement accusés d’être co-responsables de leurs propres malheurs, voire même d’en être les premiers responsables.

Samedi 25 septembre sur une chaîne d’information en continu, on a pu ainsi entendre un ancien député socialiste, Eduardo Rihan CYPEL, reprocher aux complaignants d’être coupables de populisme, et de constituer de ce fait le principal obstacle à la résolution de leur problème de cohabitation avec les drogués.

Un exemple parmi d’autres qui illustre une insupportable inversion des rôles, où les habitants qui se croyaient de bons sujets découvrent qu’ils sont des quasi délinquants, en suspicion de racisme systémique et d’intolérance.

Ces accusations sont cocasses, en ce qui concerne les habitants du XIXe et du XXe arrondissement de Paris, et plus encore les habitants de Pantin car ils est facile de vérifier qu’ils sont pour beaucoup aussi bruns de peau que ceux qui troublent continûment leur sommeil.

Les toxicomanes fumeurs de crack sont en grande souffrance, sociale, sociétale, culturelle, en fin de compte sanitaire. Comme tous les grands malades, ils ont besoin avant tout d’une aide médicale, besoin d’une main tendue. Mais en raison de l’altération de la santé mentale et physique des drogués, la main qu’on leur tend ne doit pas être molle, et pour être efficace, l’assistance qu’on leur porte doit impérativement être aussi constante que résolue.

En juillet dernier on pouvait lire dans le Figaro un article intitulé : Jardin d’Éole: pourrait-on regrouper les toxicomanes dans des «centres fermés» pour les soigner?

À ceux qui répondent oui à cette question en ajoutant que les «centres fermés» constituent la seule solution viable pour traiter les consommateurs de crack qui sont en infraction permanente, et qui constituent un danger pour eux-mêmes et pour les autres, l’adjointe à la maire de Paris chargée de la Santé, Anne SOUYRIS, répond offusquée : «On ne soigne pas quelqu’un contre lui-même. Ou alors dans les dictatures… Cela nie les droits fondamentaux, et ça ne marche pas !».

« Cela nie les droits fondamentaux »

En tenant ces propos en 2021, l’élue parisienne montre que, face au problème du crack dans le Nord de la capitale, elle est restée fidèle à ses engagements idéologiques constants et à ses réalisations passées.

Anne SOUYRIS (née Anne SOUYRIS de SAINT-BRICE), membre de la Direction des  Verts entre 2006 et 2011, favorable à la dépénalisation du cannabis, fut en effet le principal maître d’œuvre de la première salle de shoot créée à Paris en 2016.

Le 12 octobre 2017 dans Le Monde, elle confirmait ses convictions en la matière, et affichait sa satisfaction pour les résultats positifs déjà obtenus.

Le 11 octobre 2016, la France inaugurait sa première « salle de consommation à moindre risque » à Paris, malgré les craintes des riverains. L’objectif : proposer aux toxicomanes de meilleures conditions d’hygiène et un accompagnement pour limiter les pratiques les plus risquées. Un pari « globalement » réussi selon la mairie de Paris, qui met en avant le bilan de cette expérimentation un an après.

Dès sa réélection en juillet 2021, la maire de Paris a relancé des projets de salles de shoot dans la capitale.

Pour respecter les « droits fondamentaux » des toxicomanes, droits qu’ils sacralisent, les édiles parisiens veulent absolument continuer à laisser aux usagers de ces lieux, quels que doit leur dépendance et leur dangerosité afférente, la liberté de divaguer sans entrave dans tout l’espace public.

Bien que cette politique soit massivement rejetée par les riverains des salles de shoot et des lieux de vente de crack, et qu’elle se montre de plus en plus insensée, les élus responsables persistent à vouloir imposer leurs vues et la philosophie de leurs actions, ou plus exactement la philosophie de leur inaction en matière d’ordre public.

Il est évident aujourd’hui pour 90% des Français, que le traitement des toxicomanes dangereux doit être imposé dans des centres fermés, pour des raisons élémentaires de salubrité publique.

Malgré cela, à la mairie de Paris, on persiste à refuser le principe des injonctions thérapeutiques, car supposé être attentatoire à la liberté élémentaire des drogués.

Ainsi, pour garantir les susnommés droits fondamentaux de quelques milliers de toxicomanes, des centaines de milliers de Parisiens sont contraints de partager leur espace vitale avec des individus qui deviennent de plus en plus dangereux, faute de soins et de réponses rapides adaptées à leur état, à leur comportement et à leur situation.

… « et ça ne marche pas »

Lorsque l’adjointe à la maire de Paris chargée de la Santé déclare : « et ça ne marche pas », on devine aisément le fond de sa pensée, que l’on pourrait résumer par : « et ça ne sert à rien ».   

En visionnant l’une des nombreuses vidéos disponibles en ligne sur les réseaux sociaux, face à l’incompréhension, l’inconséquence et l’impuissance des pouvoirs publics , on comprend aisément le désarroi et la colère des habitants des quartiers affectés par le trafic de crack.

Depuis des mois et des mois on ne sait, du ministère de l’Intérieur et de la mairie de Paris, qui fait le plus preuve de mauvaise volonté, de mauvaise foi et surtout d’incompétence.

Depuis plusieurs mois, sous la pression des habitants des quartiers envahis par le crack, la préfecture et la mairie de Paris font semblant de chercher des solutions, en se contentant de déplacer les populations en même temps que les problèmes d’ordre public. Malheureusement pour les victimes de l’incurie ambiante, la vie politique parisienne rappelle la boutade cynique d’un ancien président du conseil des ministres de la IVe République : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout ». Henri QUEUILLE.

Devant l’incapacité, et /ou la mauvaise volonté manifeste à agir pour régler les problèmes de façon pérenne, les citoyens accordent de moins en moins leur confiance aux partis, dits de gouvernement, partis qui se prétendent pourtant, toujours et encore, seuls compétents et légitimes pour diriger, qui le pays, qui la mairie.

Se met en place alors un cercle vicieux, plus les électeurs s’abstiennent, moins ils ont de chance de se voir entendus par les élus en place, et plus les électeurs refusent de leur apporter leur suffrage, moins les élus ont électoralement de raisons d’entendre leurs revendications.

À cause des taux d’abstentions records, lors des dernières élections municipales, toutes les équipes en place, qui ont pu se représenter rassemblées, ont bénéficié de primes aux sortants exceptionnelles (lire N° 324 La prime aux sortants, une belle prime en cas d’abstention).

La ville de Paris a environ 2,2 millions d’habitants. En 2020 on comptait à Paris 1,3 million d’électeurs inscrits. Au second tour des élections municipales la liste d’union conduite par Anne HIDALGO a recueilli 48,5% des suffrages exprimés. Soit, avec un taux de participation de 36%, moins de 17% des électeurs inscrits. Au premier tour la liste Europe Écologie Les Verts a recueilli un nombre de voix correspondant à 4,25% des inscrits. Au conseil de Paris, qui compte 163 sièges, le groupe de la majorité (Paris en commun) a récupéré 96 sièges, dont 23 (24%) pour les écologistes. On note ainsi qu’un groupe politique représentant moins de 5% du corps électoral peut obtenir le quart des sièges de la majorité municipale.

La gauche parisienne est une gauche très idéologisée. Dans cette gauche, les écologistes sont souvent parmi les plus idéologisés. Les habitants vivant au Nord-Est de Paris n’ont pas de chance, l’élue en charge de leur problème refuse, a priori, par principe, au nom des droits de l’homme, toute coercition.

Pour elle et ses semblables en idéologie, les mots, détention, rétention, assignation, interdiction, obligation, etc, sont des gros mots à bannir. Pour faire taire tous ceux qui osent les prononcer, les idéologues monomaniaques appellent à l’aide les «scientifiques» et les «experts», en santé publique, en sociologie, en psychologie, en psychiatrie, qui, aussi idéologues qu’eux, considèrent que la coercition : «ça ne marche pas» et donc que cela ne sert à rien.

Cela ne sert à rien?

Les Français ont appris en mars 2020 qu’une mesure qu’on ne veut pas, ou qu’on ne peut pas mettre en œuvre, peut être déclarée inutile, contreproductive, voire carrément dangereuse, avant même d’avoir été essayée.

Les populations qui subissent en permanence les nuisances liées au trafic de crack, attendent de leurs élus qu’ils traitent le problème de la consommation de stupéfiants, de façon pérenne.

Mais à l’évidence, en matière de crack, les édiles et les habitants qui les appellent à leur secours n’entendent pas le sens des mots de la même façon. Pour les habitants le problème du crack, qui nuit gravement à leur santé mentale et physique, doit bénéficier d’un traitement prioritaire. Mais pour les édiles parisiens, par principe, le traitement médical des toxicomanes ne saurait en aucune façon passer après le traitement du problème de trouble à l’ordre public lié à la vente de crack, car cela apparaitrait à leurs yeux comme une coupable discrimination et une atteinte aux droits élémentaires des consommateurs de stupéfiants.

Les Parisiens qui vivent une cohabitation forcée avec les toxicomanes, sont ainsi victimes au quotidien du mal que Jean-Louis HAROUEL, professeur émérite d’histoire du droit à l’université Panthéon-Assas dénonce depuis des années dans ses travaux. Un mal que l’on pourrait résumer comme suit :

Le principe, qui est devenu un  principe de prohibition absolue de toute discrimination  ne peut trouver sa justification qu’en invoquant l’amour suicidaire de l’autre jusqu’au mépris de soi. Il a réussi à supplanter le principe d’égalité qui, en permettant de traiter différemment diverses situations, rend possible la distinction entre l’honnête homme et le délinquant, entre le citoyen national et l’étranger en situation irrégulière. Tandis qu’à l’inverse le principe de non discrimination interdit a priori de distinguer ; il conduit à traiter uniformément des situations différentes : concrètement le citoyen vertueux ou l’étranger respectueux de la loi d’une part, et de l’autre, l’individu, national ou étranger, qui méconnait délibérément la loi.

Ce principe est un principe politiquement incapacitant, comme on le dit des gaz de combat du même nom : il paralyse l’action publique et empêche d’agir. Face à l’impuissance des édiles municipaux de la capitale et à celle des pouvoirs publics de plus en plus de Parisiens exigent l’adoption de mesures radicales. Ils rappellent avec force et colère qu’eux aussi ont des droits élémentaires, malheureusement sans être compris.

Depuis près de 40 ans, William LOWENSTEIN, a fait de la Santé des addictions le combat de sa carrière médicale, il connaît ainsi particulièrement bien les problèmes liés à la consommation des drogues les plus addictives, et les énormes difficultés que rencontrent les toxicomanes, pour consommer à faibles risques comme il les aide à le faire, et plus encore pour s’affranchir de leur dépendance aux substances stupéfiantes, même en faisant usage de médicaments de substitution comme la méthadone et la buprénorphine.

Interrogé fin septembre sur ce qu’il pense des injonctions thérapeutiques, le docteur LOWENSTEIN a tenu à mettre en garde ceux qui préconisent des mesures essentiellement coercitives, sur l’illusion qu’il y a à croire pouvoir sevrer les toxicomanes sous la seule contrainte. Comme Anne SOUYRIS, il pense qu’on ne peut pas soigner la toxicomanie de force, mais contrairement à elle il admet que la contrainte associée est souvent indispensable aussi, tant pour des raisons thérapeutiques que pour des besoins sécuritaires.

« On ne soigne pas quelqu’un contre lui-même »

Cette remarque n’a rien de nouveau, et ne vaut bien sûr pas que pour les toxicomanes. On sait en effet que l’emprisonnement et l’internement psychiatrique, à eux seuls, n’évitent ni les récidives, ni les rechutes. On sait qu’un trop grand nombre de délinquants ne cessent pas d’être délinquants en sortant de prison. On sait aussi que l’incarcération s’avère dans de très nombreuses circonstances criminogènes.

Malgré ce constat accablant la disparition des prisons et des hôpitaux psychiatriques demeure impensable et socialement impossible. En revanche ce qui est possible, pensable et indispensable, c’est la recherche d’une optimisation des mesures de détentions, de rétentions ou d’hospitalisations.

Les pompiers ont appris qu’en matière d’incendie, pour éviter qu’un feu ne prenne de l’ampleur, il fallait l’étouffer le plus rapidement possible. Ils ont appris aussi qu’il fallait tout faire, de façon préventive et curative, pour qu’un éventuel feu ne puisse s’étendre rapidement, d’où l’importance du débroussaillage, des pare-feux, d’où l’importance de la gestion précautionneuse du transport et du stockage des matières les plus inflammables. Les soldats du feu ont  appris enfin l’importance de la force  des moyens dont ils peuvent immédiatement et réellement disposer.

Depuis la création du premier bataillon de sapeurs pompiers de Paris en 1811, conscientes de l’importance de la précocité et de la puissance des moyens mis en œuvre pour circonscrire un incendie, les autorités françaises prennent grand soin de ne pas jouer avec le feu. C’est pourquoi, jusqu’à ce jour, aucun responsable politique n’a proposé de fermer des lits dans les casernes de pompiers, pour faire des économies. Aucun responsable n’a proposé de vendre des équipements, sans les remplacer, sous prétexte que cela faisait des années qu’ils n’avaient pas servi. Aucun responsable n’a eu la faiblesse de confondre rationnaliser avec rationner.

Malheureusement, en matière d’action et de prévention, la philosophie générale adoptée avec succès par les pompiers pendant plus de deux siècles, a été totalement délaissée, voire récusée, au nom de l’efficience et de la modernité économiques.

On a pu mesurer à l’occasion de la crise de la covid-19, combien les délocalisations massives et l’extension du principe de gestion en flux tendu au secteur de la santé étaient pure folie.

Le dossier « crack » avance ???

Le 25 janvier 2022 dans La Croix on peut lire page 11, dans l’article titré Porte de la Villette, les usagers de crack bientôt déplacés : Quatre mois après l’installation de quelque 150 toxicomanes à la Porte de la Villette, à Paris, les services de l’État cherchent un terrain, plus loin des habitations, vers lequel les déplacer à nouveau. […] Les services de l’État cherchent [ICEO : toujours] un nouveau lieu pour y déplacer les usagers de crack du nord de Paris.

Le 26 janvier 2022 dans Le Figaro on peut lire dans l’article titré : Paris : la mairie en colère après la décision du préfet de police de déplacer les consommateurs de crack.

Anne HIDALGO a répondu à une lettre du préfet de police Didier LALLEMENT dans laquelle il affirme que la présence des toxicomanes porte de La Villette «ne peut avoir vocation à se pérenniser». Nouveau bras de fer entre la préfecture de police et les équipes d’Anne HIDALGO. Cette dernière s’oppose à un futur «crackland» dans le 12ème arrondissement. Colère, consternation et franche opposition : telles sont les réactions que provoque l’annonce du préfet de police de déplacer une fois de plus le camp de consommateurs de crack.

Tout cela au nom d’une bonne gestion « comptable »

Contrairement à ce qu’avance la plupart des analystes économiques, la désindustrialisation de la France n’est pas une simple erreur de gestion, c’est avant tout une erreur stratégique fondamentale, due à la faillite des élites françaises, devenues indifférentes à l’avenir et à la grandeur de leur pays.

La part de l’industrie dans le PIB de la France est passée de 35% en 1970 à moins de 13% aujourd’hui. Non seulement nos « experts en Économie» ne se sont pas inquiétés de la mauvaise pente que prenait notre industrie mais ils ont longtemps salué cette tendance à la baisse comme un signe de progrès, de grande intelligence économique. Actuellement nos dirigeants politiques veulent absolument relocaliser de nombreuses fabrications, mais malheureusement leur motivation reste principalement comptable.

Après 1983, après le tournant de la rigueur, ce que le général de GAULLE redoutait est advenu. La politique de la France s’est faite à la corbeille (de la Bourse). Alors que François MITTERRAND avait été élu en 1981 sur un programme de gauche volontariste et productiviste, dès 1984 les socialistes se mirent à l’air du temps en matière de doctrine économique et industrielle. L’heure était à un partage mondialisé des tâches, les Occidentaux à la manœuvre se réservant bien sûr les activités qu’ils pensaient les plus nobles et les plus rentables financièrement : les services. Dès lors, pour les « élites occidentales » de plus en plus mondialisées, bien vendre est devenu plus important que bien faire.

Dans les classes préparatoires aux grandes écoles être « épicier », est devenu beaucoup plus attractif, voire prestigieux, que d’être « taupin ». Au point que l’école polytechnique en est venue à former dans certaines promotions, beaucoup plus de financiers que d’ingénieurs et de chercheurs.

Dans les cours qu’il a donné au Collège de France de 2012 à 2014, ayant pour intitulé : La gouvernance par les nombres, le professeur Alain SUPIOT, juriste français spécialiste du droit du travail, de la sécurité sociale a montré que :  [Notre temps était victime de « quantophrénie », de confiance immodérée et presque monomaniaque dans l’abstraction de chiffres et de nombres devenus le langage dominant de l’agir politique. Notre temps rêve d’« harmonie par le calcul », d’un gouvernement « scientifique », d’une pure administration des choses, enfin émancipés des délices et poisons de la passion politique.]

C’est la prise de pouvoir de décision par les « épiciers » et les comptables qui a conduit aux graves problèmes que la France traverse actuellement en matière de santé publique et de sécurité.

Triste paradoxe, les dirigeants qui prétendent gouverner en ne s’appuyant que sur des données chiffrées ne savent maleureusement pas compter.

La démographie étant l’une des sciences les plus exactes, et les plus prédictives, l’évolution du numerus clausus pour les études de Médecine, conduite par les différents ministre de la santé, depuis 1972, apparaît proprement incompréhensible et affligeante, la population française étant passée de 53 millions à 67 millions.

On peut noter avec effroi, que pendant une quinzaine d’années, de 1998 à 2001, le numerus clausus n’a ouvert qu’un nombre de places inférieur de moitié à celui de 1972. En 2018, alors que la population française avait augmenté de 14 millions, soit 26%, le nombre de places ouvertes aux étudiants en 2e année de Médecine était encore inférieur de 5% à celui de 1972.

C’est pourquoi, lorsque l’on entend aujourd’hui des responsables politiques expliquer que sans les médecins étrangers, notamment ceux venus d’Afrique, les hôpitaux français ne pourraient pas soigner les malades, on ne peut s’empêcher de penser avec colère et amertume : « à qui la faute ? »

L’exemple des étudiants en Médecine est certainement le plus emblématique de l’inconséquence et de l’impéritie dont les dirigeants français se sont montrés capables de faire preuve avec constance et obstination dans de très, dans de trop, nombreux domaines, à de trop nombreuses occasions.

L’excellence de la langue d’usage est une exigence essentielle.

De l’intervention qu’Édouard PHILIPPE a effectuée le samedi 9 octobre au Havre, sur « ses terres », la presse et les médias ont surtout retenu la petite phrase qu’il avait ciselée à dessein pour qu’elle soit reprise. Ils ont ainsi tous bien relevé que l’ex-Premier ministre d’Emmanuel MACRON voulait avant tout rétablir « l’ordre dans (les) comptes et dans (la) rue ».

À la fin de son meeting, Édouard PHILIPPE a révélé le nom du parti nouveau qu’il lançait : « Bon allez, je vais vous le dire… Ce sera Horizons, parce que pour bien faire, il faut voir loin »

Il est bien sûr indispensable de réfléchir à la stratégie du pays à très long terme. Mais il est illusoire d’espérer voir loin sans voir clair. Et pour voir clair, il faut certes rétablir l’ordre dans (les) comptes et dans (la) rue, mais il faut avant tout mettre de l’ordre dans les idées.

Car on constate, fort malheureusement, que de plus en plus de Français sont affectés par un désordre mental, un état mental caractérisé par un manque de pensées et/ou un manque de comportements cohérents, conséquents et ordonnés.

Le désordre mental qui se généralise n’est pas de nature psychiatrique mais de nature sémantique. Est-ce sous l’effet de l’inculture qui se généralise, est-ce dû à la baisse dramatique du niveau scolaire, ou est-ce en raison de la déconstruction à laquelle la langue française est soumise depuis de trop nombreuses années, toujours est-il que les Français semble perdre le sens des mots, et l’importance de la précision et de la spécificité des termes utilisés.

En 1944, Albert CAMUS écrivait : « Mal nommer [les choses], c’est ajouter au malheur de ce monde ». Cette formulation n’a sans doute jamais été autant d’actualité.

Plus problématique encore, une partie importante des jeunes Français ne possède que quelques centaines de mots, quand il leur en faudrait plusieurs milliers pour pouvoir exprimer le fond de leur pensée et toute la richesse de leurs sentiments.

Depuis 2005, de nombreux sociologues et responsables politiques tiennent à faire de la misère sociale la première cause expliquant les révoltes qui enflamment plus particulièrement certaines banlieues de façon récurrente. L’insécurité économique est bien évidemment cause de frustration et de ressentiment. Mais il est une insécurité encore plus violente : l’insécurité linguistique. «La pénurie de mots est une des causes de la violence des adolescents».

L’indigence lexicale et grammaticale, qui ne cesse de croître en France, est à l’origine de la plupart des crises que traverse le pays, et des problèmes qu’il doit affronter. Quand les mots manquent et/ou non plus de sens, le désordre s’installe. Ceux qui n’ont pas les mots pour dire, n’ont plus que leurs poings pour faire savoir.

Crise dans l’enseignement de l’école, jusqu’à l’université. Tensions dans les rapports sociaux.

L’excellence de la langue d’usage n’est pas une simple exigence esthétique, c’est une exigence essentielle. On ne peut penser droit avec des phrases tordues. Une pensée juste, exprimée approximativement, n’est plus qu’une pensée approximativement juste.

Dans son discours à l’Académie française, à l’occasion du 300e anniversaire 
de la première édition du Dictionnaire, le jeudi 26 mai 1994, Jacqueline de ROMILLY déclarait :

« …, la pensée gagne en précision ce que le vocabulaire gagne en variété. Comment penser avec des concepts mous et flottants ? Comment penser quand les mots manquent ?

On bafouille, faute de trouver les mots, on approuve ou l’on s’indigne, sans avoir bien compris; des collègues mathématiciens découvrent que, parfois, les jeunes se trouvent paralysés devant un problème de mathématiques élémentaires simplement parce qu’ils ne comprennent pas les mots de l’énoncé. … »

La dévalorisation des apprentissages fondamentaux à l’école, le mépris de la langue française, la survalorisation de la langue anglaise affichée par certaines « élites » et certains médias, sont incompatibles avec l’excellence culturelle et scientifique que nos gouvernants et nos dirigeants prétendent redonner à la France.

Le plus mauvais service qu’on puisse rendre aux élèves et aux étudiants est de les laisser croire qu’on peut faire d’excellentes études secondaires et supérieures sans posséder de solides connaissances de base et sans maîtriser les savoirs élémentaires..

Les mauvaises pratiques langagières et syntaxiques ont malheureusement envahi tout l’espace public, administratif et politique. Il faut également déplorer que de plus en plus d’enseignants soient à leur tour victimes d’environnements linguistiques délétères parce que recrutés sans une bonne connaissance des savoirs fondamentaux qu’ils sont censés transmettre.    Extrait pages 28-29 de L’École, l’école, et encore l’école [2013.06.24]

C’est pourquoi il est indispensable de sensibiliser TOUS les jeunes scolarisés en France à l’importance de la richesse, de la justesse et de la précision des langues d’usage en général et de la langue française en particulier, car elle restera, même si elle n’a pas été leur langue maternelle, la langue dans laquelle ils auront commencé à construire leur pensée.

Tous ceux qui mythifient les sociétés multiculturelles, et multilingues, ne veulent garder qu’une vision idyllique des mondes bigarrés. Mais de même que pour être mangeable un plat doit être justement assaisonnée, une société pour être vivable, sans tension, doit rester justement mélangée.

Le multiculturalisme est une utopie ! Comme toutes les utopies, elle est pavée de bons sentiments et…mène trop souvent à l’enfer. Les pays multiculturels sont-ils tous en guerre civile ? La réponse est malheureusement oui ; il n’existe aucun pays multiculturel et multilingue qui n’ait pas connu de guerre civile, à l’exclusion notable de la Suisse.

Pour un individu, posséder plusieurs langues est un grand plus, sous réserve qu’avec toutes les langues qu’il connaît, ou qu’il prétend connaître, il puisse faire partager la profondeur, la richesse et toute la palette de sa pensée.

Un étudiant qui prétend fièrement et faussement être bilingue sur son curriculum vitae, est le plus souvent un étudiant qui ne sait pas Comment indiquer son niveau de langue sur son CV?

Car être bilingue, ce n’est le plus souvent le cas que pour ceux qui ont reçu deux langues maternelles, signifie être capable de pratiquer deux langues à un niveau équivalent.

Il y a en France des millions d’habitants à avoir la chance de pratiquer au moins deux langues à un niveau équivalent. Malheureusement on est au regret de constater que leur maîtrise de ces langues est de plus en plus faible, que la langue française fasse partie des langues pratiquées, ou non.

Les enseignants s’alarment chaque année un peu plus du très faible niveau en français des étudiants qui arrivent à l’université. Il n’y a aucune raison de croire que le niveau des étudiants se déclarant bilingues est meilleur que celui des autres étudiants.

Il est donc hautement probable qu’en France les étudiants anglophones qui se pensent bilingues n’ont pas une maîtrise de la langue anglaise supérieure à celle de la langue française, qu’elle soit leur langue maternelle ou non.

Qui peut imaginer sérieusement qu’un francophone de naissance , qui se montre incapable de formuler son discours avec justesse et précision, en français, pourra le faire en passant à l’anglais ?

Ordre et discipline

Imaginons que tous les instructeurs d’auto-écoles soient amenés à faire le même constat et qu’ils déclarent mêmement : « les jeunes conducteurs ne respectent plus rien, ils n’ont plus ni repères ni limites ». On ne manquerait pas de leur rétorquer qu’ils sont les premiers responsables de cette situation, puisque formateurs principaux et souvent exclusifs.

Lorsque les adultes se lamentent sur le manque de repères et de limites qui seraient inhérents aujourd’hui aux nouvelles générations, ils omettent soigneusement de se reconnaître la moindre responsabilité dans cet état de fait. Il est pourtant simple de comprendre que nos enfants ne peuvent connaître des limites qu’on ne leur a pas fixées, ni avoir des repères qu’on ne leur a pas donnés.

L’éducation des enfants et des adolescents est une tâche extrêmement astreignante et fastidieuse qui devient de plus en plus dangereuse lorsque ces enfants et ces adolescents ne sont pas les siens. C’est pourquoi de moins en moins d’adultes acceptent de participer à cette mission éducative collective d’intérêt national. Pour se donner bonne conscience et pour qu’on ne vienne pas leur reprocher leur passivité, ils ont trouvé une stratégie d’évitement : déclarer « pas grave » toutes les inconduites ou les incivilités, qu’ils devraient condamner et contre lesquelles ils devraient lutter en adultes responsables, conséquents, et bienveillants.

Ceux qui font preuve de la plus grande « tolérance » espèrent ainsi trouver la plus grande tranquillité et surtout éviter tout ce qui pourrait les distraire de leur existence egocentrée. Cette paresse et cette lâcheté qui se généralisant et perdurent, ont un coût sociétal, social, écologique et économique très élevé, trop élevé pour un État dont les dépenses sont de plus en plus contraintes et forcées.

C’est pourquoi il faut absolument que les adultes et leurs enfants prennent enfin pleinement conscience qu’ils ne sont pas simples spectateurs de leur existence mais qu’ils en sont les principaux acteurs, et que les conditions dans lesquelles ils vivent ne sont pas totalement étrangères à leur mode de vie et à leurs comportements.

Lorsqu’ils revenaient au pays voir leurs enfants, les maçons creusois qui construisaient le Paris d’HAUSSMANN avaient coutume de leur dire « l’ordre et la discipline mènent toujours à une petite aisance ». Originaires de l’un des départements les plus pauvres de France, ils avaient appris dans la douleur que le désordre et l’indiscipline conduisent immanquablement à l’accroissement de la misère.

Les gardiens des grands ensembles immobiliers ont maintes fois pu constater que des équipements collectifs identiques, mis à la disposition du même nombre d’habitants dans deux cages d’escaliers semblables, restaient très longtemps fonctionnels ou étaient hors d’usage rapidement, selon que les locataires faisaient tout pour en prendre le plus grand soin ou selon qu’ils les laissaient vandaliser.

Ordre, discipline et effort sont des mots tabous qu’il est encore très difficile d’utiliser sans être suspecté de vouloir faire marcher la société au pas, Les pays occidentaux, mêmes les plus riches, viennent de redécouvrir, contraints et forcés, l’importance fondamentale de ces trois mots, notamment en matière sanitaire.

Après la longue déclaration de M. Édouard PHILIPPE, sur l’abandon du projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes au profit du réaménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantique, faite à Paris le 17 janvier 2018, tous les responsables politiques de la majorité présidentielle avaient tenu à expliquer aux Français que la décision prise par le Premier ministre était la seule possible, la décision de la sagesse, la seule susceptible d’apporter l’apaisement des esprits et le rétablissement de l’État de droit.

Le 17 janvier à 13 heures, soit une heure avant l’annonce officielle de l’abandon du projet de nouvel aéroport près de Nantes, ICEO mettait en ligne sur son site web un article intitulé : N° 73 _Notre-Dame-des-Landes, défaite de la démocratie et négation de l’État de droit ?

Un des paragraphes de cet article qui n’est plus accessible sur internet, s’avérera malheureusement prémonitoire :

La victoire des zadistes marquera rien moins que la défaite de la démocratie et la négation de l’État de droit.

En renonçant à la réalisation d’un projet qui a reçu durant des années l’onction du suffrage universel, sous le chantage à la violence, le gouvernement fait de l’État de droit un tigre de papier. En faisant la preuve manifeste de son impuissance, il justifie par avance tous les comportements délictueux, voire criminels, qui ont fait reculer le pouvoir régalien et qui ne sont jamais sanctionnés.

Tous les terroristes, tous les activistes révolutionnaires, tous les trafiquants, tous les passeurs, tous les voyous ont parfaitement reçu le message. Dans les démocraties de l’Union européenne, et en France en particulier, la sacralisation de la vie des délinquants ouvre grande la porte à tous les désordres.

Chaque année, au cours de leurs missions, des milliers de policiers sont blessés et plusieurs dizaines le sont gravement, des centaines de pompiers également. Les violences faites aux forces de l’ordre se sont banalisées, elles trouvent toujours et encore des avocats pour les excuser, et même pour les justifier.

L’interdiction qui est faite aux gendarmes et aux CRS de riposter effectivement à hauteur des violences qu’ils subissent, donne aux manifestants professionnels une nette supériorité de moyens et un incomparable avantage psychologique.

Tant que les lanceurs de cocktails Molotow pourront bénéficier de la coupable mansuétude de l’opinion publique, tant que leur vie sera considérée comme plus précieuse que celle des représentants de la loi, faire respecter la loi restera mission presque impossible. Tant que les gouvernements oublieront qu’en démocratie « force doit rester à la loi », l’affichage de leur intransigeance et de leur fermeté, qui fait aujourd’hui sourire, fera malheureusement surement bientôt pleurer.

Depuis leur victoire TOTALE, les Zadistes de Notre-Dame-des-Landes ont fait de nombreux émules, et Nantes est devenue l’école d’application de la guérilla urbaine. Les gilets jaunes se sont bien évidemment inspirés de l’exemple des zadistes nantais quand ils se sont résolus à passer à la violence.

Alors que depuis octobre 2019, des milliers de gilets jaunes investissaient tous les samedis les centres de nombreuses villes en créant le chaos et alors qu’au début de l’année 2020 les rassemblements autour des ronds-points perduraient, le gouvernement a réussi à confiner, en moins de 24 heures, près de 70 millions d’habitants, sans qu’il y ait la moindre émeute.

Avant le 17 mars 2020, aucun Français ne pouvait imaginer qu’en France, qu’au pays des Gaulois réfractaires, le gouvernement arriverait à faire un tel miracle.

Comment expliquer que le gouvernement d’Édouard PHILIPPE ait pu réussir à assigner à résidence et interdire de séjour des dizaines de millions d’habitants pendant des dizaines de jours ?

Pour des millions de Français, pour une immense majorité d’entre eux, la crise pandémique liée à l’apparition de la covid19 a représenté la première épreuve qu’ils aient dû partager avec tous les habitants vivant dans l’hexagone, voire sur la terre.

Pour la première fois de leur existence les Français les plus individualistes ont pris conscience, qu’ils n’étaient pas seuls au monde, que sans la solidarité et la complémentarité de toute l’espèce humaine ils ne pouvaient ni vivre ni survivre, et enfin, et surtout, que leur existence dépendait de leurs comportements individuels et collectifs.

Face à cette situation exceptionnelle, faces aux mesures exceptionnelles prises par le gouvernement, les Français en plein désarroi ont adopté, pour une fois, une grande discipline, une attitude tout à fait exceptionnelle pour eux.

On doit tristement noter qu’il faut que l’autorité de l’État soit tombée bien bas pour qu’on en vienne à saluer comme un exploit le fait que le gouvernement réussisse à imposer et à faire pleinement respecter, pour une fois, des décisions dont le caractère liberticide fut et reste optimal.

Le gouvernement n’est malheureusement pas devenu soudainement fort en imposant les premières mesures qu’il a prises, car il n’avait guère d’autre choix que de les prendre, et le peuple perdu et apeuré n’est pas brusquement devenu obéissant, car il n’avait guère d’autre choix que de les accepter.

Devant l’inconnu, la peur fut le commencement de la sagesse, pour les gouvernants et les gouvernés.

Alors que l’on a pu vérifier très vite que le taux de létalité dû à la covid-19 était extrêmement faible pour la grande majorité des gens, les autorités de Santé de la plupart des pays ont déployé des politiques de communication de crise des plus alarmistes et des plus anxiogènes, dont on ne pourra mesurer le coût final économique et humain que dans de très nombreuses années, mais dont on peut déjà mesurer les bénéfices pour de nombreux groupes pharmaceutiques.

En la matière, la rubrique nécrologique quotidienne du professeur Jérôme SALOMON restera certainement pour longtemps l’exercice politique morbide le plus abouti. MACHIAVEL sort de ce corps !

L’impuissance des pouvoirs publics devenue inexcusable et intolérable.

À l’occasion de la pandémie, tous les Français ont pu prendre pleine conscience de l’importance capitale que l’ordre, la discipline, et l’effort collectif avaient pour avancer vers la résolution d’un problème.

Depuis près de 2 ans, les pouvoirs publics ont reçu l’ordre stricte d’infliger des peines et de très lourdes amendes à tous ceux qui refuseraient de se soumettre aux injonctions gouvernementales dans le domaine de la santé.

Les Français ont ainsi pu vérifier que leurs dirigeants, lorsqu’ils en avaient la ferme volonté et le courage, savaient trouver très rapidement les moyens et les voies pour faire respecter leurs décrets, fussent-ils les plus contraignants et les moins populaires.

C’est pourquoi désormais, les citoyens qui ont adopté une conduite exemplaire pendant de longs mois ne peuvent plus tolérer l’impuissance et les excuses dilatoires de ceux qui ont la lourde charge de trouver des solutions à leurs problèmes, notamment en ce qui concerne les troubles à l’ordre public.

Après trois longues périodes de confinement, qu’ils ont massivement respectées à lettre, les Français ne peuvent plus accepter que leurs dirigeants continuent à tolérer passivement les agissements irresponsables et délictueux de toutes petites minorités qui dictent leurs lois.

Après s’être astreints à une très pénible discipline collective, par souci de l’intérêt général, les Français ne peuvent plus admettre que certaines catégories de populations puissent ruiner leurs efforts par leurs seuls comportements inconséquents et coupables. Ils savent en effet que les pays dans lesquels la chienlit se généralise courent inéluctablement au chaos et à leur ruine.

L’inconséquence, l’inculture, la paresse, le laisser-faire, le vandalisme, ajoutés au désordre croissant, ont un coût économique, écologique, et social faramineux. Malheureusement, pour des raisons idéologiques et lachement électoralistes les élus ne dénoncent que très rarement et ne réprouvent que fort mollement tous ces maux liés au triomphe de l’individualisme forcené occidental actuel.

Exemple des plus emblématiques, on constate que de peur de passer pour des attardés et/ou des réactionnaires, la plupart des responsables politiques tournent le regard et se taisent devant les tags qui envahissent les façades des bâtiments publics et des habitations particulières.

Pourtant certains messages qui s’affichent sur les murs sont lourds de sens. Ou plus exactement deviennent de plus en plus lourds de sens et ne devraient donc plus du tout être pris à la légère, comme s’ils ne relevaient que d’une certaine forme d’humour.

Des écrits à prendre très au sérieux et au sens littéral des mots

Dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 décembre, le mémorial de la France combattante du Mont Valérien a été vandalisé par des opposants à l’obligation du passe sanitaire. Un mois après le transfert de la dépouille du dernier compagnon de la Libération, Hubert GERMAIN, dans la crypte où reposent les héros de la Résistance et de la France libre, les deux mots peints sur le mur principal du monument, de part et d’autre de la grande croix de Lorraine, constituent une ignoble infamie.

Plus exactement une double infamie, infamie pour la forme : maculation sacrilège d’un lieu de mémoire de la nation, et infamie pour le fond : association abjecte du passe sanitaire à une mesure liberticide d’inspiration nazi.

En tenant à écrire passe sanitaire : «pass sanitaire» nos fonctionnaires pensaient évidemment faire «moderne», ils ne pensaient certainement pas qu’ils inspireraient les «résistants» d’opérette prompt à la réductio ad Hitlerum de toute injonction à caractère contraignant. En écrivant pass avec une double rune(ϟ, Sōwilō) comme celles de la Schutzstaffel,  les anti-pass ont effectué une prouesse en matière de communication et surtout en matière d’ignominie.

Les anti-pass ont effectué une prouesse en matière de communication et  en matière d’ignominie.

Les auteurs de ces inscriptions ont certainement été les premiers surpris du retentissement que leur entreprise a eu, dès que leur acte de vandalisme sacrilège a été découvert. Les tagueurs et les graffiteurs bénéficient d’une telle bienveillance et d’une tolérance depuis tant d’années, qu’ils n’imaginaient probablement pas que deux mots peints sur un mur puissent faire tant de bruit. En 50 ans, les tags et les graffitis se sont imposés dans l’espace public dans les endroits les plus reculés et sur les supports les plus inouïs, au point que ce sont les surfaces encore vierges que l’on remarque aujourd’hui.

Alors que le phénomène se répandait dans tous les pays occidentaux, non seulement les tagueurs et autres virtuoses de la bombe à peinture n’ont pas été pourchassés et lourdement pénalisés pour les dégradations et les dommages que leurs « œuvres » dangereuses et malfaisantes provoquaient dans des lieux et sur les surfaces les plus improbables , mais ils ont joui de la complicité, de la compréhension, voire de l’admiration, des idéologues les plus prompts à saluer, ce qui vient des USA et ce qui peut hâter la déconstruction du vieux monde, si détesté.

Les travaux de savants et nombreux sociologues ont donné très tôt au tag ses lettres de noblesse : Les tags spectres de la jeunesse, histoire d’une nouvelle pratique urbaine. Confondu complaisamment avec les graffiteurs, les tagueurs ont pu se prévaloir du statut d’artiste, qui eut valeur absolutoire même pour leurs agissements les plus unanimement réprouvés : graffiti : art ou vandalisme?

Les tags, apparus à New York il y a 50 ans, ont été révélés au public par un journaliste du New York Times. L’article publié le 21 juillet 1971 présente le cas d’un jeune homme de dix-sept ans, d’origine grecque, qui signe, sur les monuments et le métro, TAKI 183.

Ce tagueur devenu légendaire s’est fait remarqué en inscrivant partout son surnom inspiré de l’univers des cartoons, et un nombre indiquant sa rue de résidence dans le Bronx.

En un demi-siècle, TAKI 183 a fait des millions d’émules partout dans le monde, la fortune des fabricants de bombes de peinture et celle des entreprises de nettoyage industriel.

Les bombages se sont tellement multipliés, se sont tellement généralisés et banalisés depuis 40 ans que les tags et les graffitis les plus sauvages et les plus envahissants ont fini par être  considérés comme un moindre mal qu’il faut prendre en patience.

« force de tout voir on finit par tout supporter… A force de tout supporter on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer on finit par tout accepter… A force de tout accepter on finit par tout approuver!»

Rien de nouveau sous le soleil. Cette phrase de Saint Augustin écrite au Ve siècle, résume parfaitement  la façon dont les tagueurs ont réussi à imposer  progressivement leur façon de repeindre le monde, en couleurs.

Pour la plupart des sociologues, les tags compulsifs expriment l’expression d’un malaise existentiel de la jeunesse, vivant mal dans les grandes agglomérations.  Étonnamment , les études qui mesurent la hauteur de ce malaise évaluent mal la quantité de ceux qui en souffrent, la bombe de peinture à la main.  On connaît ainsi très mal combien les tagueurs représentent  réellement de « pratiquants » ?

Cette information d’importance, ne semble malheureusement pas intéresser beaucoup les pouvoirs publics, si prompt d’ordinaire à quantifier tous les « cas » de la société.

Ces chiffres sont certes difficiles à trouver, mais ils sont très facile à estimer. Comme leur nom l’indique,  les tagueurs signent (taguent)leurs écrits et leurs tableaux, on peut donc rapidement additionner le nombre des signatures singulières.  Dans un article publié le 30 avril 2018 dans Télérama : Graffiti illégal : cette nuit où des tagueurs ont ravagé la station Louvre-Rivoli, on trouve l’estimation faite par la RATP pour l’ensemble de son réseau.

Le rapport de la RATP rédigé en 1990 évalue à deux mille, dont deux cents « professionnels » issus de classes sociales très différentes, le nombre de tagueurs dont les signatures prolifèrent aussi dans la rue et sur le réseau SNCF.

La Métropole du Grand Paris compte environ 7 millions d’habitants. La RATP affiche un nombre de 4 millions de passagers par jour. Le pourcentage de tagueurs dans la population et parmi les usagers de la RATP est donc infime. Le pourcentage calculé à partir des données de la RATP rassemblées en 1990 est si infime qu’on peut en venir à douter de sa pertinence. Pourtant, il n’y a nul doute, les tagueurs représentent une très faible proportion de la population.

Il est facile d’en faire la démonstration. Même en imaginant que les enquêteurs de l’étude commanditée par la RATP se soient lourdement trompés, et que le nombre de tagueurs soit dix fois supérieur, ce qui est fort improbable, le pourcentage des tagueurs par rapport aux nombres d’usagers resterait très faible, puisque de l’ordre de 0,5%.

De la dictature et de l’impunité d’infimes minorités.

Dès que les graffitis et les tags se sont multipliés sur les murs de l’espace public et des propriétés privées, la question s’est posée: Tag et graffiti : art ou vandalisme?

Cette « nouvelle pratique urbaine » a clivé la société dans tous les pays où elle est apparue. D’un côté, bien sûr les détracteurs qui goûtaient mal qu’on peigne sur les (leurs) murs sans y être autorisés, de l’autre les amateurs conquis par cette forme d’expression artistique « originale », « sportive », et « tellement moderne ».

Si la qualité de la création artistique de nombreux graffiteurs est très souvent indéniable, la valeur des « œuvres » des tagueurs est généralement pour le moins fort discutable [voir les illustrations qui suivent]. Par contre, ce qui n’est pas discutable du tout c’est qu’en France, les tags, les graffitis et autres inscriptions non autorisées sur une façade ou un véhicule, sont considérés comme des actes de vandalisme, qui peuvent être punis lourdement par la loi.

Entre 2012 (tags) et 2013 (graffitis), la terrasse du 7 rue des hospices à Montpellier

En 2012, les tags sur les murs de la terrasse du 7 rue des hospices à Montpellier

En 2013, les graffitis sur les murs de la terrasse du 7 rue des hospices à Montpellier

Les inscriptions non autorisées sur une façade ou un véhicule, sont considérés comme des actes de vandalisme, qui peuvent être punis lourdement par la loi, mais ils sont tellement peu verbalisés et pénalisés, et ce depuis des dizaines d’années que les tagués, et plus encore les tagueurs, ont fini par l’oublier presque totalement.

De même qu’on parle de température ressentie, de sentiment d’insécurité, on peut parler de vandalisme ressenti. Mais contrairement à la chaleur et à l’insécurité qui sont souvent moins élevées que l’impression que les gens en ont, le vandalisme en matière de tags est bien plus élevé que le vandalisme ressenti.

Les murs qui restent immaculés sont devenus tellement rares, notamment dans les grandes agglomérations, que la notion de vandalisme est devenue de plus en plus relative. Même les opposants aux tags les plus déterminés, ont fini par se résigner, ont fini par ne plus s’offusquer, las d’être incompris, et pire encore las d’être dénoncés comme étant d’affreux réactionnaires archaïques et bornés.

Car non seulement les tagués ont parfaitement intégré qu’ils ne pouvaient espérer ni aide ni compassion, mais ils ont appris qu’ils n’avaient plus qu’un droit, celui de respecter en silence une expression « artistique » innovante.

Les spécialistes estiment que la plus ancienne peinture rupestre a 47 000 ans. L’art pictural qui s’affiche au XXIe siècle sur les murs, les parois rocheuses, les camions et les trains, n’a donc rien d’une grande nouveauté. En revanche les outils pour peindre, et certains supports sur lesquels les artistes s’expriment, eux, ressortent de techniques modernes, parfois très récentes, la bombe de peinture a à peine 70 ans.

Depuis que l’Homme peut, sait, et veut, peindre il s’efforce d’exprimer le mieux possible ses émotions à travers ses peintures. On peut ainsi considérer que, les graffiteurs d’aujourd’hui talentueux et les auteurs des peintures pariétales les plus anciennes sont, en matière artistique, pour le moins, cousins germains.

Les tags apparus en 1971 aux États-Unis, même ceux dont la calligraphie est la plus soignée et la plus recherchée, ressortent, eux, d’une approche qui rompt effectivement avec le passé. Alors que les graffiteurs espèrent être reconnus pour la qualité de leur travail, les tagueurs aspirent à la célébrité pour la quantité, l’étendu et la pérennité de leurs actions. Quand les graffiteurs cherchent la gloire à travers l’émotion que leurs œuvres peuvent susciter, les tagueurs cherchent avant tout à marquer « leur territoire », chacun affichant sa signature, qui se veut singulière, toujours plus haut, toujours plus loin, en toujours plus grand.

Alors que leurs activités détériorent principalement, esthétiquement, économiquement, et souvent exclusivement, les biens et l’environnement des populations les plus modestes, les tagueurs rêvent d’être les Robin des bois des temps modernes.

Ils sont rebelles, combattants de première ligne pour la liberté d’expression, du moins c’est ce qu’ils voudraient être et faire paraître. Mais les plus lucides savent bien que, vrais prédateurs, ils ne sont que de faux résistants et de tous petits hors la loi, assurés de l’extrême clémence des juges, au cas improbable où ils seraient reconnus coupables. Hommes adolescents ou jeunes adultes pour l’immense majorité d’entre eux, les tagueurs peuvent se lamenter, se révolter contre la société, mais ils ne peuvent pas se plaindre que la société ne fasse rien pour les entendre et les comprendre.

En France, pays qui forme autant de psycho-sociologues que tous les autres pays de l’Union européenne réunis, les études qui portent sur les motivations qui poussent les tagueurs à agir sont depuis près de 40 ans chaque année aussi nombreuses et aussi compréhensives à leur égard.

Mansuétude des psycho-sociologues [Le psychologue à l’écoute des adolescents tagueurs, 2006], mansuétude des pouvoirs publics [Étude nationale sur l’Art Urbain – Ministère de la Culture, 2019], mansuétudes des médias [Des tagueurs très recherchés L’express 2004], jamais délinquance n’a probablement bénéficié d’une plus large complaisance.

Depuis que le climat politique et culturel « pro-tags » est solidement installé, depuis des années, la plupart des tagués ont parfaitement compris qu’il était vain, voire dommageable et dangereux, de vouloir s’opposer aux tagueurs frontalement.

Devant les grandes difficultés pour prendre en flagrant délit les tagueurs, devant la quasi impossibilité de les obliger à mettre un terme à leurs agissements, les particuliers, comme les municipalités, ont fini par se résigner à lutter contre les tags sans en chercher vainement les auteurs.

En ne se préoccupant que des effets sans s’attaquer aux causes, les édiles municipaux, qui ont créé ou embauché des brigades de nettoyages pour effacer les tags, se plient aux exigences contradictoires de nombre de leurs électeurs qui souhaitent en même temps, un monde sans tag chez eux, mais pas un monde sans tagueurs chez les autres. Ainsi, pour des raisons électorales et touristiques, les habitants des beaux quartiers se retrouvent très privilégiés, car leurs immeubles sont traités en priorité.

Les deux méthodes les plus répandus pour lutter contre les tags sont, le nettoyage le plus rapide possible, dans l’espoir que les tagueurs changent de terrain de jeu de guerre lasse, et le « camouflage » sous des graffitis, avec l’espoir, souvent fondé, que les tagueurs respectent le travail des artistes : [Caen. Contre les tags, la fac en remet une couche (de graffitis)]

La politique d’évitement délibéré des tagueurs, est lourde de conséquences, nous l’avons déjà vu, sociales, mais également sociétales, culturelles et économiques.

Conséquences sociales :

«Les murs avaient des oreilles, maintenant ils ont la parole.» Comme de nombreux autres, ce slogan a résonné à travers la France durant les événements du printemps 1968. Et si la tournure est moins connue, un demi-siècle plus tard, que les plus fameux slogans «Il est interdit d’interdire» ou «Sous les pavés, la plage», elle résume parfaitement l’ambiance du moment.

Sur les murs en mai 1968, un beau florilège recomposé

Ce serait une grave erreur d’en déduire qu’avant 1968, les murs étaient muets. À la fin du XXe siècle, avant que les tags ne finissent par les recouvrir, on pouvait encore trouver en Europe des inscriptions, ou des peintures au pochoir, datant d’avant la Seconde Guerre mondiale.

Mai 68 ne marque donc pas une grande innovation en matière de peinture de rue, en revanche depuis cette date la peinture de rue n’a fait que se banaliser et se généraliser, notamment en période électorale.

En 1974, et plus encore avant 1981, sentant venir l’arrivée de la Gauche au pouvoir, de nombreux militants, anciens-soixante-huitards, ont adhéré au Parti socialiste. Cette arrivée massive de jeunes adhérents, rompus aux méthodes trotskistes du combat politique, a considérablement modifié les campagnes électorales des socialistes. C’est ainsi qu’en délaissant l’affichage traditionnel, abandonné aux vieux socialistes, les nouveaux militants ont commencé à donner largement libre court à leur imagination pour peindre au pochoir, sur les murs et sur les trottoirs, des messages chocs tel que, le devenu célèbre : PÉTAIN-D’ESTAING.

La mode des tags n’a fait son apparition en France, qu’après l’élection de François MITTERRAND, les peintures faites pour faire élire le premier président de gauche sous la Ve République n’étaient donc pas l’œuvre de tagueurs, au sens où on l’entend aujourd’hui.

Lorsqu’au cours d’un entretien radiophonique Jack LANG, ministre de la culture de 1981 à 1986, a prêté des talents d’artistes aux tagueurs, ceux qui ne partageaient pas du tout son point de vue, souvent gens de droite, ont voulu voir dans sa déclaration le paiement de la dette de reconnaissance que François MITTERRAND avait envers les militants libertaires, qui avaient peints les murs pour le soutenir.

Jack LANG, qui a tenu à saluer la « créativité » artistique des tagueurs, et ceux qui l’ont critiqué pour l’avoir fait, ont montrés par leurs déclarations qu’ils ne connaissaient pas précisément la signification du mot tag. Dans les années 80, seul un tout petit nombre de Français voulaient et savaient faire la différence entre tags et graffitis.

Si tout le monde (ou presque) comprend le sens du mot « graffiti » Il faut expliquer ici le sens du terme anglais « tag » qui, comme beaucoup de termes anglais est un mot valise : une étiquette, un identifiant, une marque /un marqueur, un repère… Avec le verbe « to tag » dérivé du substantif.

Il est donc probable que lorsque le ministre de la culture s’est exprimé, il ne pensait pas aux tagueurs stricto sensu.

Tous les graffiteurs (et les tagueurs ?), même les plus talentueux ne deviennent pas de grands artistes du jour au lendemain. Avant d’être capables d’effectuer des chefs-d’œuvre, ils leur faut faire leur apprentissage, souvent très long, et parfois jamais abouti.

Les dessinateurs s’exercent sur leurs cahiers de brouillon, tandis que les graffiteurs et les tagueurs font leurs brouillons sur des murs qui ne sont, le plus souvent, pas les leurs. Ce «détail » semble malheureusement totalement échapper à ceux qui se qualifient d’ « artistes urbains ».

Paradoxalement, alors que leurs agissements font surtout perdre de la valeur aux biens des populations les moins fortunées, la plupart de ces artistes d’un nouveau genre restent intimement persuadés d’être de gauche.

À New-York, dans la ville même où la culture du tag a pris sa source, dès 1992, les sociologues ont constaté qu’il existait dans chacun des quartiers de l’agglomération un lien de corrélation entre le pourcentage des surfaces taguées et le pourcentage d’habitants défavorisés. En d’autre termes, c’est dans les quartiers où subsistent durablement le plus de tags, que l’on retrouve le plus de pauvres.

En poursuivant leur étude, les sociologues ont mesuré l’impact qu’avaient les tags sur la valeur des logements tagués. Ils ont très vite relevé que le lien de corrélation observé était un lien de causalité.

En surveillant l’évolution démographique d’arrondissements socialement similaires au début de l’étude, les enquêteurs ont pu rapidement remarquer que la présence et la persistance de tags dans un quartier annonçait et accompagnait son appauvrissement, voire sa clochardisation.

Les responsables de l’étude se sont aperçus que plus les immeubles étaient tagués, plus ils étaient vandalisés, et que plus les immeubles étaient vandalisés, plus les revenus des habitants qui y vivaient s’avéraient faibles.

Les gardiens d’immeubles HLM ont appris d’expérience depuis longtemps que, ce n’est pas la misère qui appelle le vandalisme mais que c’est le vandalisme qui conduit à la misère.

Conséquence sociétales et culturelles :

Entre 1993 et 1998, à New-York, le nombre de meurtres par an a été divisé par plus de trois et le taux de délinquance ordinaire a aussi spectaculairement diminué. Pour réussir cet exploit le maire de la ville, Rudy GIULIANI, a appliqué les recommandations formulées par George L. KELLING (professeur de criminologie), le père de la théorie de la vitre brisée. Cette théorie tend à démontrer que ce n’est pas la délinquance qui engendre le sentiment d’insécurité mais au contraire le sentiment d’insécurité, provoqué par les incivilités, le petit vandalisme, dont les tags, qui engendre un sentiment d’impunité favorable au passage à l’acte.

Contrairement donc à ce que croyaient et croient encore de nombreux responsables politiques, très préoccupés de la justice sociale, ce ne sont pas les facteurs sociaux profonds (pauvreté, culture d’exclusion, recul des lieux de socialisation) qui sont la cause première de la criminalité mais les petits délits du quotidien qui finissent par transformer un paisible quartier en une véritable cour des miracles, où triomphe la loi de la jungle, la loi du plus fort.

Les maires bien instruits des conclusions des travaux de KELLING, et qui en ont tiré toutes les conséquences pratiques dans la façon de gérer leur ville, ont pu facilement vérifier la validité de la théorie. Sans faire encore totalement l’unanimité, l’hypothèse de la vitre brisée, n’est plus sérieusement contestée. Preuve en est le nombre de municipalités grandes et petites, qui s’efforcent d’effacer ou de masquer les tags dès qu’ils apparaissent.

Les élus et les gens touchés personnellement par le phénomène de société que représente la prolifération des tags, comprennent tous désormais que les tagueurs ne sont pas que des gentils gribouilleurs. Les voyageurs qui circulent en train, dans des wagons privés de lumière du jour, aimeraient que les médias complaisants, qui présentent le fait de taguer un train entier en 3 minutes comme un exploit, soient poursuivis et lourdement condamnés pour incitation au vandalisme.

Malheureusement, pour des raisons politiciennes à très courte vue, beaucoup trop d’élus ont cédé à la facilité et à la lâcheté. Les édiles qui ne voulaient surtout pas se montrer répressifs, « ah ! Le vilain mot ! »,  se sont contentés, comme nous l’avons déjà noté, de lutter contre les tags sans s’en prendre aux tagueurs.

Cette politique de Gribouille pour faire front aux gribouilleurs donna les funestes et calamiteux résultats que l’on peut tous les jours constater. Non seulement elle ne fit pas disparaître les tags prioritairement dans les quartiers dans lesquels cela était socialement le plus urgent, mais elle banalisa et surtout euphémisa le vandalisme infantile et l’irresponsabilité généralisée.

À les lire, les tagueurs souffrent d’une évidente blessure narcissique (altération de l’estime de soi).

« Qui aime bien châtie bien ! ».  Les parents, les éducateurs, et les dirigeants, qui ont la faiblesse d’oublier cette maxime populaire, rendent à ceux qu’ils refusent de sanctionner un bien mauvais service.

Mais, comme le consentement à l’impôt, le consentement à la verbalisation, nécessite la justification, et l’explication des sanctions encourues. Tous les jeunes qui ont été verbalisés pour conduite dangereuse, finissent par convenir que les contraventions qu’ils ont dû payer, les ont aidés à prendre conscience des risques inconsidérés qu’ils prenaient, les ont aidés à devenir adultes. La sanction leur a en quelque sorte sauvé la vie.

Déplorant la passivité de plus en plus grande dont faisaient preuve les Français face aux guerres, et face à l’injustice, déplorant leur capacité de plus en plus grande à tolérer l’intolérable,  Stéphane HESSEL, ancien diplomate et ancien résistant, publia en 2010 un essai intitulé : Indignez-vous ! Dans cet opuscule d’une trentaine de pages, il défendait l’idée selon laquelle l’indignation est le ferment de l’« esprit de résistance ». Ce tout petit livre fut un phénomène d’édition, traduit en 34 langues, il se vendit à plus de 4 millions d’exemplaires. Il est acquis que sans indignation préalable l’acte de résistance n’a aucune raison de naître. Pourquoi résisterait-on à ce qui laisse indifférent?

« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »

Cette citation du pasteur Martin NIEMÖLLER illustre parfaitement le drame que vivent les sociétés devenues hyper-individualistes, et qui deviennent de plus en plus multiculturelles.

La quête du meilleur des mondes libéro-libertaires, dans lequel il est interdit d’interdire, dans lequel toute coercition est devenue insupportable, a fait de terribles ravages dans la société, à l’école et dans la rue.

En s’affranchissant du respect des codes sociaux les plus universels et en négligeant délibérément les règles élémentaires de politesse et de savoir vivre, qui prévalaient il y a encore peu en France, et qui avaient fait de l’art de vivre à la française un modèle envié dans le monde, les adultes ont créé les causes des maux qu’ils demandent à l’État de combattre.

Ceux qui se déclarent incapables de se faire obéir par leurs rejetons, se sentent de moins en moins responsables, et encore moins coupables, attendant tout de « ceux qui sont payés pour ça ».

Les adultes qui aujourd’hui admettent difficilement être responsables de leurs actes se sentent bien évidemment encore moins responsables des actes des autres.

Dans les cultures rurales traditionnelles, notamment en Afrique subsaharienne, les enfants bénéficient de la sollicitude et de la surveillance de tous les adultes du village ou du quartier, ils sont en quelque sorte co-éduqués par le groupe au milieu duquel ils vivent.

L’égoïsme ambiant, la peur de prendre de très mauvais coups, et dans certaines situations la peur d’être accusés de racisme, ont fini par faire disparaître le sens du devoir civique et le courage physique, dans des pans entiers de la société française.

Lucides sur leurs petites et leurs grandes lâchetés, pour garder bonne conscience et sauvegarder leur tranquillité d’esprit, pour justifier leurs réserves à réagir face aux actes d’incivilités et de délinquance, les Français ont résolu de ne plus attaché d’importance à ce qui ne les touchaient pas personnellement, de faire comme s’ils n’avaient rien vu ni rien entendu.

Dans le climat de grande permissivité qui s‘est installé en France, s’offusquer de ce que l’on voit est de plus en plus héroïque, et malheureusement ceux qui osent le faire sont de moins en moins nombreux.

Ceux qui tiennent à tout prix à se montrer tolérants, à minimiser le laisser-aller, le laisser-faire, le j’m’en foutisme, les incivilités, l’ignorance délibérée des codes sociaux, la désinvolture, et les multiples formes de vandalisme, pour faire preuve de largesse d’esprit, font surtout la preuve de leur inconséquence.

Car bien sûr, tous ces mauvais comportements ne sont le plus souvent ni gravissimes ni gravement délictueux, mais leur généralisation et leur accumulation provoquent inéluctablement des désordres, qui eux, ont un coût sociétal très important et un coût économique très élevé.

En ce qui concerne les tags en particulier, les coûts économiques ont été chiffrés dans de nombreuses enquêtes (voir infra), par contre les coûts sociétaux induits ne sont quasiment jamais évoqués. Comme l’a compris George L. KELLING, le tag est un indicateur et un catalyseur de la petite et de la grande délinquance, c’est surtout une invitation à la transgression et au désordre généralisés. Lutter contre la prolifération des tags n’est donc pas un combat d’arrière-garde, un combat pour la forme, mais un combat de fond.

De guerre lasse, les médecins tagués ont fini par capituler

À Montpellier, les praticiens qui ont leur cabinet au 39 de l’avenue Charles Flahault, ont essayé de lutter contre les inscriptions maculant continument le panneau indicateur du centre médical où ils s’efforcent de travailler avec application. Au bout d’un an, ils n’ont plus cherché à sauvegarder que leur plaque professionnelle.

Le pharmacien biologiste qui s’est vainement épuisé à effacer les tags pendant des mois ne l’a pas fait par souci esthétique. S’il l’a fait, ceci semble malheureusement avoir échappé aux tagueurs, et à leurs sectateurs, c’est pour la raison simple qu’il aspire, comme la plupart des êtres humains, à donner la meilleure image de lui-même et de l’environnement dont il se sent responsable.

Tous les professionnels expérimentés, éducateurs, militaires, cuisiniers, fleuristes, etc…, savent que soigner la présentation n’est absolument pas secondaire. Car ils ont pu maintes fois vérifier que la forme c’est le fond qui remonte à la surface.

Depuis quarante ans, par facilité de langage, on a pris la mauvaise habitude de parler des tags, des graffitis, de l’art urbain (street art), et du travail des peintres muralistes, comme s’ils ressortaient tous du même phénomène culturel : la culture du tag.

Bien que les sociologues, les enseignants et les responsables politiques aient eu tout le temps de mesurer et de faire connaître l’ampleur des effets néfastes induits par cette confusion des genres, la plupart des médias continue à vouloir minimiser et à excuser les dégâts au nom de la « liberté artistique ».

Il y a à l’évidence tags [Un] et tags [Deux et Trois], et tags [Quatre] et graffiti [Cinq]

Nul besoin de faire appel à un expert en Histoire de l’art pour voir la différence qu’il y a entre les 5 photos ci-dessus. Nul besoin de téléphoner à un officier de police judiciaire pour comprendre que seul le graffiti [Cinq] a été peint sur le rideau de fer avec l’assentiment du propriétaire.

Dans la grande « culture du tag », tout ne se vaut pas, ni d’un point de vue artistique, ni d’un point de vue judiciaire. Laisser accroire le contraire, c’est faire preuve d’inconscience et/ou d’irresponsabilité.

Dans la vidéo réalisée en janvier 1991 par la RTS (Radio télévision Suisse), Graffitis, ras-le-bol, on peut voir comment, en quelques mois, la culture du tag a transformé la ville de Lausanne. Dés le début, on entend le témoignage d’un tagueur impénitent confesser : « Dès qu’on passe devant un mur c’est plus fort que nous, … , ça peut être considéré comme une maladie… Le tag, plus on en fait, mieux c’est.  … ça donne vraiment bien sur les mursc’est beau». La journaliste qui fait les commentaires explique dans son introduction ce qui fait la spécificité du pur tagueur : « Les tags ne veulent pas être autre chose qu’une signature. »

En 2008, dans le classement des 30 pays les plus propres du monde effectué par des chercheurs de l’Université de Yale (USA), la Suisse était à la première place : [1] Suisse (95,5), [2] Norvège (93,1), … [10] France (87,8),…[13] Allemagne (86,3), …[30] Espagne (83,1).

Pour établir ce classement des pays les plus propres ou faisant le plus d’efforts pour préserver l’environnement (sic), 25 indices ont été retenus, dont un seul, préservation réelle de l’habitat, peut concerner la propreté telle qu’on l’entend communément.

Dans l’étude, trois critères sont bizarrement absents : qualité du ramassage des ordures, qualité de leur traitement et de leur stockage, et importance de la pollution visuelle.

Ces omissions sont tout sauf anodines. Elles montrent que la lutte contre les tags sauvages est avant tout idéologique et culturelle.

Pour lutter efficacement contre le tabagisme passif, il a fallu d’abord faire descendre le cow-boy Malborough de son cheval. Pour lutter efficacement contre l’invasion des tags signatures il faut impérativement commencer par faire descendre les tagueurs sauvages du piédestal sur lequel ils ne cessent d’être complaisamment placés.

Tant que la prolifération des tags signatures sera considérée comme un mal anodin, il n’y a malheureusement aucune chance pour qu’elle diminue. Pour espérer qu’un mal cesse il faut qu’il soit perçu et dénoncé comme tel.

Depuis que les tags envahissent petit à petit tout l’espace public, il n’y plus grand monde pour oser s’en scandaliser. Les gens victimes de la culture du tag sauvage, qui consentent encore à s’offusquer de cette pratique, ne le font le plus souvent qu’en raison du préjudice matériel qu’ils estiment avoir subi personnellement.

Bien sûr, la culture du tag est à l’origine de nombreux préjudices matériels individuels, mais elle a aussi, et surtout, de très lourdes conséquences sociétales et culturelles induites, qui restent fort regrettablement oubliées.

Il existe peut être des tagueurs « sociétalement » et culturellement schizophrènes, tout à la fois capables de respecter, le bien d’autrui, l’ordre, la discipline, l’environnement, les économies d’énergie, le travail bien fait, l’orthographe, la grammaire, et capables de bomber les murs et tout autres supports, depuis tôt le matin jusqu’à très tard le soir. En cherchant bien on doit pouvoir en trouver quelques uns, notamment parmi les fils de « bonnes familles » qui aiment à s’affranchir des règles qu’ils veulent imposer aux autres. Ces tagueurs, d’un genre particulier, existent probablement, mais comme les poissons volants ils sont très loin de constituer la majorité de leur espèce.

Comme nous l’avons vu, les tagueurs représentent une infime minorité de la population. Le comportement de cette minorité, qui impose sa loi et ses codes, et empoisonne tout le monde, représente un exemple désastreux au sens étymologique du mot, offert à tous les regards.

La culture du tag signature, qui a réussi à souiller toutes les plus belles et les plus propres villes d’Europe, dès la chute du Mur de Berlin, représente désormais la première incitation à la désobéissance scolaire, et à la désobéissance écologique, pour tous les petits Européens.

Pour ne prendre que l’exemple de la défense de l’environnement, il est totalement illusoire d’espérer que les jeunes, qui veulent sauver la planète, adoptent des comportements écologiquement exemplaires, ramassent soigneusement leurs déchets, alors que les agissements des tagueurs, si peu réprouvés, les invitent continûment à faire n’importe quoi.

Stéphane HESSEL a montré l’importance primordiale de l’indignation individuelle et collective, préalable indispensable à tout engagement citoyen.

Aucun des défis que les Français doivent affrontés ne peut être durablement relevé, si tous les efforts qu’ils font sont annihilés en raison des comportements inconséquents, et parfois très dangereux, de certains d’entre eux.

Certains tagueurs irresponsables n’hésitent pas à taguer les feux de signalisation

Plus aucun respect : ici plaque commémorative (Montpellier), voir supra monument du Mont Valérien.

 

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« Qui aime bien châtie bien ! ».

Conséquences économiques :

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Il est urgent que la société française recouvre le minimum d’ordre nécessaire au savoir-vivre ensemble et la discipline élémentaire indispensable au travail bien fait.

Les prestations des services publics et parapublics peuvent être améliorées en optimisant la cohérence de leurs actions, mais elles ne peuvent être augmentées sans limites pour des raisons financières évidentes.

Il faut donc demander aux Français de mettre en cohérence leurs exigences, souvent contradictoires, et leurs comportements. Les difficultés que rencontrent notamment tous les ministres de l’Éducation nationale pour arriver à modifier les rythmes scolaires sont à cet égard très éclairantes.

Les adultes demandent à l’école de donner aux élèves des repères, des limites et des savoirs, mais souhaitent en même temps conserver des modes de vie incompatibles avec la bonne scolarité des enfants. Ici encore, pour ne pas entraver leur totale liberté de dire, d’écrire et de faire, ils s’efforcent de considérer sans importance les comportements qu’ils ne veulent abandonner sous aucun prétexte, en déclarant : « ce n’est pas grave ».

L’école n’est bien sûr pas épargnée par ce discours ambiant totalement incompatible avec une bonne acquisition des savoirs fondamentaux.

Le bon maître n’est pas celui qui laisse tout passer mais celui qui sensibilise à l’importance de la rigueur, de la justesse et de l’application.

Désordre et indiscipline mènent immanquablement à la misère 

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Santé, sécurité, salubrité, droits de l’Homme et quadrature du cercle

    effacé  Les mauvaises pratiques l

[Le 21 octobre 2021, 21H35, J. M., Collioure] : Pauvre France !