
N° 528 Charles PÉGUY : un exemple à suivre par tous nos jeunes et nos fringants dirigeants.
L’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 3 août 1914. Immédiatement, Charles PÉGUY, officier de réserve, s’est porté volontaire pour partir au front. Il aimait très fort la France. Il est mort pour elle le 5 septembre, à 41 ans.
En 1914, dès le début de la guerre, après les premiers revers militaires de la France, le général Joseph JOFFRE estima que de nombreux officiers généraux (près de 40 %) faisaient preuve d’une grave incompétence. Le 15 août 1914 il annonça à tous les chefs de corps « incapables » leur mise à l’écart, voire à la retraite, par simple télégramme.
Il décida de les retirer du front et les assigna à résidence à l’arrière, notamment dans la 12e région militaire, dont la capitale était Limoges. De cet épisode est né le terme « limogeage ».
Devenu président du Conseil des ministres et Ministre de la Guerre du 16 novembre 1917 au 18 janvier 1920, seulement 360 jours avant l’armistice, Georges CLEMENCEAU, porta lui aussi un regard très critique sur les chefs de l’Armée. On lui prête ainsi cette phrase assassine : « La guerre est une chose trop grave pour la confier aux militaires. »
Comprendre de cette phrase, que CLEMENCEAU voulait dire que c’était aux hommes politiques de diriger la guerre plutôt qu’à ceux dont le métier était de se battre sur le champ de bataille, est à coup sûr une erreur, car ce médecin-journaliste était aussi sévère avec les civils qu’avec les militaires.
Il pensait simplement comme NAPOLÉON que : « La plus grande des immoralités est de faire un métier qu’on ne sait pas ». Il haïssait rien plus que l’incompétence, l’inconséquence, et la lâcheté, où qu’on les trouve.
En 2025, on cherche en vain un nouveau CLEMENCEAU pour « gagner » la guerre en Ukraine, en revanche pour ce qui est des incompétents, des inconséquents et des lâches, on n’a souvent que l’embarras du choix.
Depuis l’élection de Donald TRUMP, depuis qu’il applique le programme sur lequel il s’est fait élire, depuis qu’il abandonne l’Union européenne à son sort, les dirigeants européens veulent mobiliser 800 milliards d’euros pour bâtir dans l’urgence la Communauté Européenne de Défense dont ils parlent depuis 70 ans.
Les médias, notamment ceux du service public, et Thierry BRETON, lui-même, semblent avoir oublié que les Commissaires européens ne sont pas nommés à vie. En effet, dans la période géopolitique particulièrement mouvementée que traverse les Européens, les journalistes interrogent l’ancien Commissaire au Marché intérieur de décembre 2019 à septembre 2024, et lui leur répond, comme s’il était toujours en poste, et comme s’il était un expert omniscient.
Dépité par l’abandon militaire dont les États-Unis du président TRUMP menacent l’Union européenne, Thierry BRETON, s’appuyant sur des données chiffrées, exhorte les Européens, à éloigner la peur qui les assaille, à se ressaisir, et à mobiliser toutes leurs forces, qui, selon lui, sont très grandes.
Nombre de militaires d’active dans les pays de l’Union européenne et au Royaume-Uni

Effectifs militaires des pays de l’Union européenne et du Royaume-Uni
comparées à ceux des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, de la Russie et de l’Ukraine.

En regardant les 2 tableaux ci-dessus, on peut noter qu’au vu des effectifs militaires des pays, les Européens tous réunis ne sont absolument pas quantitativement en sous-effectifs. En faisant les mêmes tableaux quantitatifs pour les matériels, on aurait là aussi de quoi se rassurer.
Plus encore, les matériels, et moyens de les mettre en œuvre, sont très souvent considérés comme étant parmi les plus performants dans le monde.
La situation n’est donc quantitativement nullement aussi alarmante que ce que les marchands d’armes avancent.
En matière de défense, il faut malheureusement se méfier des chiffres, et d’une simple vision comptable des problèmes.
Les 27 pays de l’Union européenne, plus le Royaume-Uni, rassemblent un effectif total de plus de 1,6 million de personnes.
En France, le pays le moins mal loti de toute l’Europe, qui annonce un effectif total de 200 mille personnes, le Ministère de la défense a indiqué que l’armée de Terre ne pouvait actuellement rassembler en urgence, au maximum, que 8 mille hommes. Si tous les pays d’Europe réunis pouvaient aligner le même pourcentage de militaires en état de combattre éventuellement, cela ne représenterait en tout, au mieux, que 64 mille soldats.
Face aux centaines de milliers de combattants russes, comme au côté des centaines de milliers de combattant ukrainiens, aguerris par 3 ans d’affrontements des plus sanglants, les troupes que certains dirigeants de l’Union européenne envisagent très gravement de déployer sur le sol ukrainien, boots on the ground, représentent donc, dans la situation militaire actuelle, telle qu’elle est réellement, plus un risque de faire durer le conflit, voire de l’élargir, qu’une chance d’aider à trouver un chemin vers la paix, ou au moins une trêve durable.
Pour les spécialistes militaires, qui se sont formés sur le terrain, qui connaissent la capacité opérationnelle réelle de l’armée de Terre, de la Marine, et de l’armée de l’Air, de chacun des pays européens de l’OTAN, les chiffres ne doivent pas faire illusion.
Dans les deux pays qui restent relativement les moins mal armés en Europe, France et Royaume-Uni, la répartition des effectifs est sensiblement la même : armée de Terre un peu plus de 55 %, Marine environ 20 %, armée de l’Air environ 20 %.
Dans les deux pays les capacités réelles en moyens et matériels, chars qui peuvent se déplacer, avions et hélicoptères qui peuvent voler, sont aussi éloignées des valeurs officielles annoncées.
Il est triste qu’il ait fallu que les États-Unis annoncent l’éventualité de leur désengagement militaire en Europe, pour que les Européens ouvrent les yeux sur leur puissance militaire collective, plus imaginaire que réelle, notamment en ce qui concerne l’armée de Terre.
En novembre 2024, les dirigeants du Royaume-Uni savaient que, chaque mois, les forces britanniques perdent 300 militaires de plus qu’elles n’en recrutent, cela ne les a nullement empêchés de continuer à faire à l’Ukraine des promesses d’assistance militaire de plus en plus aventureuses, voire carrément malhonnêtes.
On pouvait lire dans Le Monde daté du 5 mars : La Commission européenne a dévoilé, mardi 4 mars 2025, un plan baptisé « réarmer l’Europe » qui ambitionne de mobiliser près de 800 milliards d’euros pour sa défense et fournir une aide immédiate à l’Ukraine.
Défense de l’Europe ou défense de la Commission européenne ? Outre le fait que la phrase du journal de « référence » est problématique d’un point de vue grammatical, elle est triste, car elle montre que les dirigeants européens gardent la faiblesse de croire que la solution du drame ukrainien est de nature principalement financière. Comme s’il suffisait d’aligner beaucoup de sous pour acquérir la victoire et acheter la paix.
Depuis 3 ans la Russie de POUTINE est comparée à l’Union soviétique de STALINE et/ou à l’Allemagne de HITLER.
Les historiens savent aujourd’hui que les éclatantes victoires allemandes de 1940 cachaient une économie aux abois. Tout manquait, l’essence, les armes, les matières premières, la nourriture, les devises. Les nazis durent organiser un immense pillage dans les pays envahis, pour pouvoir continuer à faire la guerre pendant plus de 5 ans. La seule chose qui ne manquait pas aux Allemands c’est l’aveuglement idéologique de leurs soldats et de la population toute entière.
Fort heureusement, l’exceptionnelle force mentale des soldats Allemands n’a pas suffi à leur apporter la victoire. Grâce à l’effort humain de l’Union soviétique, conjugué à la puissance industrielle de toutes les forces alliées contre les nazis et les Japonais, l’Allemagne puis le Japon ont pu être vaincus.
La quantité et la qualité des armes sont importantes, mais tout aussi importante est la force morale des combattants qui sont amenés à les utiliser.
La Russie cherche à envahir tout ou partie de l’Ukraine depuis 3 ans.
Les Européens se déclarent de plus en plus persuadés que POUTINE ne compte pas s’arrêter à l’Ukraine. La présidente Ursula von der LEYEN vient de déclarer : « L’Europe fait face à un danger clair et immédiat d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a connue dans sa vie d’adulte ».
Si, comme on peut l’espérer, les craintes de la présidente de la Commission européenne sont justifiées et fondées, les dirigeants français qui partagent sa vision de la situation internationale doivent en tirer immédiatement toutes les conséquences, notamment que : avant de penser à augmenter ses dépenses militaires, un pays doit penser à préserver ses défenses immunitaires.
Quand un gouvernement responsable envoie ses soldats à la guerre, il doit tout faire pour le moral de ses troupes, tout pour que ceux qui risquent leur vie pour la patrie conservent la ferme envie de le faire. Il prend soin de prendre en compte rapidement, de classer, et d’affronter dans l’ordre toutes les menaces urgentes et graves qui existent pour le pays.
Pour réunir dans l’Union européenne les moyens militaires nécessaires pour dissuader sérieusement la Russie d’avancer vers l’Ouest, il faut compter, des années pour les matériels, et pour les personnels des dizaines d’années. Pour former un colonel il faut prévoir jusqu’à 20 ans.
Chas FREEMAN, ancien secrétaire à la défense des États-Unis, a récemment déclaré, dans une très instructive vidéo, que pour espérer voir une défense européenne plus ou moins autonome crédible il faudrait attendre des années, des décennies. Il a précisé qu’il avait été interloqué d’apprendre de ses collaborateurs militaires, que pour former dans une armée une division pleinement opérationnelle il fallait prévoir environ 20 ans, parce que tout repose sur la formation, le moral, l’esprit, l’équipement, et la maîtrise de son utilisation, toutes choses qui ne peuvent s’acquérir que dans un temps long.
Fort heureusement, la France n’est en guerre ni avec la Russie ni avec l’Algérie, mais ses relations avec les deux pays tendent à se détériorer de conserve, à un point tel, qu’on peut sérieusement craindre le pire. Non pas la guerre, mais, horresco referens, des émeutes et des sabotages, menant à une guerre civile provoquée de l’extérieur et/ou de l’intérieur. La haine en France et la haine de la France a fini par faire des ravages.
Pour forger dans les armées de l’Union européenne la force morale dont elles ont besoin pour faire face à l’adversité, le maintien de la cohésion nationale dans chacun des pays est un impératif absolu. Or en France, en raison de politiques migratoires inconséquentes menées par les gouvernements depuis plus de 50 ans, minée par le multiculturalisme et le salafisme, un dramatique délitement de l’unité nationale ne cesse de s’aggraver.
La division de la société française a atteint un niveau tel en 2025 qu’elle représente la première menace existentielle pour le pays. Fort heureusement la fracturation du pays ne se retrouve pas dans l’armée, dont les instructeurs arrivent miraculeusement à faire encore aimer la France à des jeunes qui, pour certains, n’avaient entendu en dire que du mal.
Malheureusement la société civile est, elle, si fracturée que les autorités françaises restent paralysées par la peur des émeutes, et que les responsables politiques de la gauche extrême sont de plus en plus persuadés que l’heure du grand Khaos libérateur de toutes les énergies révolutionnaires ne saurait tarder à arriver. Pour le philosophe Raphaël LIOGIER, dans l’Antiquité, le grec khaos, qui a donné chaos en latin, désignait le vide : un vide positif, plein de potentialités, quelque chose de trop grand pour être limité par une représentation.
Les Occidentaux, attirés par le vide, habités par la haine ?
En voyant les prises de positions de nombreux responsables politiques occidentaux et en entendant leurs déclarations, dont certaines sont totalement irréfléchies, on doit absolument se poser la question.
À l’occasion de la pandémie de la covid 19 et à l’occasion de la guerre en Ukraine, on a vu les dirigeants européens chercher à régler des problèmes, qu’ils n’avaient absolument pas anticipés, à partir de données dont ils ne sont jamais donnés la peine de vérifier sérieusement la solidité.
Or, il est impossible de résoudre un problème dont les données sont incomplètes, voire totalement fausses.
Dès le lendemain de la bataille de Waterloo, le Royaume-Uni s’est mis à développer contre la Russie, son allié dans la guerre contre Napoléon, une animosité dans les mots, aussi vive que soudaine, jusqu’à ce que la guerre de Crimée éclate en 1853.
Les historiens savent aujourd’hui que les relations entre les deux pays se sont tendues, dès 1817, pour des raisons économiques et impériales, à la suite de la publication par la presse britannique du « testament de Pierre le Grand », document apocryphe créé de toutes pièces par la France en 1812 pour justifier sa guerre contre la Russie.


La formation de la Russie de 1689 à 1900 (21,8 millions de kilomètres carrés)
De façon on ne peut plus cocasse, les dirigeants du Royaume-Uni ont repris à leur compte les griefs inventés par la France. Ils ont fait le reproche à la Russie de vouloir agrandir sans cesse son territoire, au moment où l’Empire britannique, lui, continuait à ne se donner aucune limite sur les deux hémisphères. À son apogée, en 1922, l’Empire a ainsi atteint une superficie de 33,7 millions de kilomètres carrés (environ 22 % des terres émergées). Ce fut le plus grand empire jamais créé au cours de l’histoire de l’humanité. L’Empire français, métropole incluse, a atteint, lui, un maximum de 12,8 millions de kilomètres carrés en 1939.
En 2025, la superficie du Royaume-Uni est de 243 610 kilomètres carrés et celle de la France métropolitaine de 550 000 kilomètres carrés. Les Anglais ont donc réussi l’exploit d’étendre leur souveraineté sur un empire 138 fois plus grand que leur Royaume, et 259 fois plus grand que l’Angleterre. La France, elle, n’a réussi à se rêver qu’à la tête d’un empire colonial éphémère 61 fois plus grand qu’elle.
Ceci pourrait expliquer pourquoi, bien que les Français aient été les seuls à être entrés dans Moscou, les relations entre le Royaume-Uni et la Russie ont été beaucoup plus conflictuelles au cours des siècles que les relations entre la France et la Russie.
Vingt ans après la défaite de 1870 et surtout après l’unification de l’Allemagne, sous la forme d’un État-nation, qui eut officiellement lieu le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, la France redécouvrit soudain, en 1892, tout l’intérêt qu’elle avait à se faire de la Russie un solide allié, culturel, économique, et surtout militaire.
Face à la menace Allemande croissante le Royaume-Uni finit par sortir de son « splendide isolement » en signant la convention anglo-russe, datée du 31 août 1907.
Durant plus de 2 siècles, en dehors de très brèves périodes, 1907-1917, et 1941-1945, contrairement aux Français qui ont été très longuement slavophiles puis soviétophiles, les Anglais ont affiché une russophobie constante, qui n’a fait que se renforcer et s’enraciner profondément durant la période soviétique.
La russophobie, qui pousse à essentialiser « les Russes », est un racisme systémique banal, moralement condamnable, mais il est surtout une lourde infirmité qui altère le jugement et la capacité de réflexion de tous ceux qui en sont gravement atteints.
La russophobie est une pathologie très contagieuse, provenant d’une jalousie maladive. Elle est probablement née à Londres au 10 downing street, dans la tête d’un Premier ministre britannique acceptant mal que les tsars de la dynastie Romanov (1613–1917) aient réussi à bâtir si vite leur immense empire, longtemps seule puissance territoriale à pouvoir rivaliser avec celle des monarques du Royaume-Uni. À la veille de la Révolution d’Octobre, la Russie avait atteint sa superficie optimale, passant en 16 ans, de 21,8 en 1900 à 22,8 millions de kilomètres carrés en 1916.
En 2025, la Russie est redevenue le plus grand des États du monde, une fédération constituée de 85 ou 89 subdivisions, dénommées en français sujets de la fédération de Russie, possédant d’immenses richesses agricoles, énergétiques et minières. Un pays très faiblement peuplé, avec une densité de population inférieure à 9 habitants au kilomètre carré.
L’Angleterre possède, elle, le 4e plus grand nombre d’habitants d’Europe de l’Ouest, et le 25e dans le monde. Avec une densité de 422 habitants au kilomètre carré, c’est l’un des territoires les plus densément peuplés d’Europe, rien d’étonnant donc que la Russie n’ait jamais cessé d’aiguiser la jalousie et la convoitise des Anglais.
Ceci explique en grande partie pourquoi, dès le lendemain de la chute du Mer de Berlin, et plus encore après l’éclatement de l’Union soviétique, les Anglo-saxons furent les premiers et les plus nombreux à se ruer vers l’Est, en Russie et en Ukraine notamment, pour piller et accaparer, avec l’aide des autochtones qui avaient l’irrépressible désir de devenir milliardaires, tout ce qui avait pu prendre et garder de la valeur malgré 70 ans de communisme.
Tous les pays du bloc communiste ont privatisé leur économie de la même façon, les oligarques russes et ukrainiens ne sont pas nés par génération spontanée.
Dès 1994, sous la présidence de Boris ELSTINE, aveugle et/ou complice, des Russes et des Ukrainiens, qui n’avaient encore rien créé ni rien inventé, ont réussi à devenir soudainement, quasi miraculeusement, milliardaires. On sait aujourd’hui que les Occidentaux n’y furent pas pour rien.
Les grands gagnants de la ruée vers l’Est, comme les grands gagnants de la ruée vers l’Ouest, furent ceux qui acquirent les premiers, de conserve, la force de conviction que donne le revolver, la complicité des greffiers, les prêts des banques nationales, et surtout les prêts « généreux » des banques internationales les moins regardantes.
Depuis la guerre en Ukraine, les journalistes français, censés être des spécialistes des anciens pays de l’Est, semblent découvrir pourquoi et comment l’Ukraine a abandonné son arsenal nucléaire en 1994. Ceux qui s’offusquent aujourd’hui que la Russie ait hérité de l’entièreté de la force nucléaire de l’Union soviétique, après sa dissolution, ont visiblement perdu la mémoire. Ils oublient en effet que c’est dans le but d’éviter la prolifération des armes nucléaires, que les Anglais et les Américains acceptèrent, avec un grand soulagement, de cosigner le mémorandum de Budapest le 5 décembre 1994.
De même qu’il est impossible de résoudre un problème sans connaître toutes ses données, il est impossible de porter un jugement valable sur les termes d’un accord, en méconnaissant les conditions dans lesquelles il a été signé. En 1994, l’urgence n’était pas d’offrir à l’Ukraine les moyens de sa future défense, face à une éventuelle invasion venant de Russie, mais d’éviter « à tout prix » que les ogives nucléaires de l’Empire soviétique échappent à tout contrôle et deviennent l’objet de transactions avec des États voyous ou/et terroristes. Les Occidentaux redoutaient surtout alors la dispersion nucléaire, et fantasmaient sur le trafic de produits radioactifs réels, ou inventés, comme le mercure rouge.
Alors que l’URSS est née dans un bain de sang, le 30 décembre 1922, la dislocation du bloc soviétique, puis la dissolution de l’Union soviétique le 26 décembre 1991, se sont produites avec peu de morts grâce au sens unique des responsabilités de Mikhaïl GORBATCHEV. Très peu de morts violentes en effet, mais en raison des conditions effroyables dans lesquelles les populations durent survivre dans les années 90, les démographes ont vite enregistré une augmentation de la mortalité, provoquant entre 1991 (68,47 ans) et 1994 (64,47 ans) la plus forte baisse de l’espérance de vie à la naissance en Russie, et provoquant entre 1991 (69,30 ans) et 1995 (66,74 ans) une forte baisse de l’espérance de vie à la naissance en Ukraine.
Espérances de vie à la naissance de 1960 à 2022 :
Historien et démographe, Emmanuel TODD s’est rendu célèbre pour avoir prévu l’effondrement de l’Union soviétique dans La Chute finale publié en 1976. En étudiant l’évolution de l’espérance de vie à la naissance en URSS, il fut le premier à comprendre que le système politique était condamné à une mort certaine à brève échéance.
Depuis la chute du Mur de Berlin, il est de bon ton parmi les experts de vanter les mérites de l’auteur du livre qui a prédit la fin du premier régime communiste de l’Histoire. Chez certains, qui se présentent comme savants, on ne sait si les louanges qu’ils tressent à Emmanuel TODD visent à rappeler un exploit singulier, ou ont surtout pour but de faire oublier qu’il a été le seul à voir clairement ce que tout le monde pouvait voir.
Car la forme des graphiques montrant l’évolution de l’espérance de vie à la naissance dans un pays, durant 60 ans, donne l’image précise de son passé et permet de diagnostiquer son avenir le plus probable.
En comparant les courbes établies avec les données de 3 pays communistes, URSS, Chine et Corée du Nord, on comprend pourquoi le système soviétique s’est écroulé, alors que la Chine et la Corée du Nord sont restés communistes, malgré des périodes économiques, culturelles et politiques, très mouvementées.
Les courbes établies avec les données de la Russie, de l’Ukraine, des pays baltes et du Kazakhstan montrent que la maladie qui a terrassé l’Union soviétique était trop avancée au moment de l’arrivée de GORBATCHEV au pouvoir pour arriver à l’arrêter. L’amélioration que l’on note dans tous les pays, de 1984 à 1989, fut le chant du cygne pour la démographie de tous.
À l’exception notable du Kazahkstan, dans tous ces pays l’effondrement du système communiste provoqua un brutal effondrement démographique inédit, que l’on ne rencontre habituellement qu’en période de guerre.

54,05 (1960) – Corée du Nord – 73,58 (2022)

33,27 (1960) – Chine – 78,59 (2022)

64,47 ans (1994) – Russie – 73,08 ans (2019)

66,74 ans (1995) – Ukraine – 71,83 ans (2019)

– Estonie –

– Lituanie –

– Lettonie –

– Kazahkstan –

69,77 ans (1960) – États-Unis – 78,84 ans (2014)

69,87 ans (1960) – France – 82,83 ans (2019)
Alors que dans presque tous les pays en paix, de 1960 à 2022, l’espérance de vie à la naissance a crû assez régulièrement d’au moins une dizaine d’années, même dans les pays les plus développés comme les États-unis et la France, en Ukraine, elle a diminué de près de 4 ans de 1989 à 1995, devenant inférieure de près de 3 ans à ce qu’elle était 35 ans avant, et en Russie, elle a diminué de près de 5 ans de 1988 à 1994, devenant exactement inférieure de 3 ans à ce qu’elle était en 1960.

Comparaison des États-Unis, et de la France avec la Russie et l’Ukraine
En 1960, entre l’espérance de vie à la naissance aux États-Unis et celle en France, l’écart était quasiment nul (- 0,10) à l’avantage de la France. Dès 1988 cet écart s’est creusé pour aboutir en 2021 à un écart tout proche de 6 ans (- 5,99).
En 1960, entre l’espérance de vie en Ukraine et celle en France, l’écart était très faible (- 0,38) et cette fois encore à l’avantage de la France. Mais en 1984, cet écart s’était déjà énormément creusé (- 6,49) pour atteindre en 2021, l’année d’avant la guerre, un écart important de (- 12,67).
En 1960, entre l’espérance de vie en Ukraine et celle en Russie, l’écart était de (- 2,02) à l’avantage de l’Ukraine. En 1984, cet écart a commencé à légèrement diminuer (- 1,31) et est resté faible jusqu’à la fin de l’URSS, la preuve que la Russie et l’Ukraine souffraient des mêmes maux. Après avoir atteint en 1994 la valeur maximale de (- 3,07), l’écart entre les deux pays s’est de nouveau resserré et s’est inversé en 2019 en passant à + 1,25, juste trois ans avant la guerre. En 2022, l’écart entre les deux pays a atteint près de 4 ans en défaveur de l’Ukraine, à cause bien évidemment de la guerre.
On doit aussi noter que de 1994 à 2019, à la veille de l’arrivée de la covid-19, l’espérance de vie à la naissance a crû en Russie de 8,61 ans, tandis que de 1995 à 2019, elle n’a crû en Ukraine que de 5,09 ans. Dans les deux pays elle n’a dépassé sa valeur optimale de 1988 en Russie et de 1989 en Ukraine qu’en 2011.
De 1987 à 1999, le nombre des naissances est passé, en Russie, de 2,5 millions par an à 1,2 million. Le taux de natalité est resté longuement en-dessous du taux de reproduction (2,1 enfants par femme) de 1963 à 1984, puis de 1988 jusqu’à aujourd’hui. Seules les premières années des réformes engagées par Mikhail GORBATCHEV, durant la Perestroïka, ont eu des conséquences positives sur les naissances en faisant passer le taux de fertilité au-dessus du taux de reproduction.
Russie-Ukraine : tous les oligarques frères de sang
1914 : en 3 mois, les Européens ont mis le feu à la terre entière

1914 : engagé volontaire pour 3 ans à l’âge 41 ans

Écrivain et poète, Charles PÉGUY, a effectué son service militaire au 131ème RI, de septembre 1892 à septembre 1893. Lieutenant de la territoriale, maintenu sur sa demande au 276ème Régiment d’Infanterie de réserve, à la 19ème compagnie. Il y était affecté depuis 1905 lorsque, malgré ses 41 ans, il se porta volontaire pour partir au front. Le 5 septembre 1914, il fut tué par une balle reçue en plein front devant Villeroy (Seine et Marne) qui marque le lieu symbolique de l’extrême avancée de l’armée allemande durant la Première Guerre mondiale en direction de Paris.
2025 : Dix personnalités politiques âgées de moins de 50 ans, parmi les plus engagées pour stopper, voire repousser, l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
L’âge moyen des soldats ukrainiens est actuellement de 43 ans, alors qu’il était de 33 ans en mars 2022. De très nombreux soldats ont atteint un âge de plus de 55 ans.

16 mars 1989

11 juin 1986

26 mars 1985

13 mai 1983

15 décembre 1980

15 octobre 1979

25 janvier 1978

18 juin 1977

21 décembre 1977

25 juillet 1975
Comme François BAYROU l’a rappelé en février 2002, « si on pense tous la même chose c’est qu’on ne pense plus rien ». D’où l’importance des débats et de la disputatio.

[Le 10 mars 2025, 18 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Courage fuyons !